Sylvion : Shadi brûle-t-il ?
« Give a Little Bit » – Supertramp – 1977
Sylvion c’est d’abord une boîte de jeu. L’illustration évoque un monde onirique (le très justement nommé Onivers) dans l’esprit d’un livre pour enfant. Le logo Filosofia en bas à droite nous assure qu’il s’agit bien d’un jeu et pas uniquement d’une expérience contemplative.
Avant même d’ouvrir la boîte vous aurez peut-être la même réaction que moi en la soupesant avec ses 16 cm de côté pour 580 g. Oui, j’ai mesuré et j’ai pesé.
Que peut-il y avoir de si lourd dans cette boîte pour peser autant ?
Le livret de règle est pris dans les flammes. Il nous apprend qu’il va justement s’agir d’empêcher la forêt de Sylvion d’être détruite par le Ravage et ses élémentaux de feu. Le tout à base de cartes symbolisant les méchants élémentaux, nos unités sylvestres, nos points de vie et les animaux qui viendront nous aider à les préserver.
La mise en place est simple et des règles d’initiation nous permettent de nous lancer rapidement dans notre première partie, en solo ou à deux en coopération.
On peut déjà remarquer des règles avancées dans le sommaire ainsi que deux extensions incluses (sous la forme de cartes et de règles supplémentaires) et une variantes pour moduler à loisir les parties. Le Ravage est ici incarné par un pion représentant le mal flamboyant :
Les règles sont limpides, très bien écrites et joliment mises en page. Le travail d’édition est remarquable d’originalité pour un jeu de carte. La boîte n’est pas qu’un réceptacle pour les nombreuses cartes mais l’occasion d’entrer dans ce petit monde pas féérique mais tout de même attachant.
« It’s Raining Again » – Supertramp – 1982
On va devoir affronter les unités combattantes du Ravage avançant inexorablement vers la forêt de Sylvion, un peu comme dans un Tower Defense (un genre de jeu vidéo issu du mod DotA pour Warcraft III). Il faut les empêcher d’épuiser nos forces vitales et terminer la partie en pleine forme pour gagner.
Les tours de jeu sont très simples côté Ravage. On révèle les quatre nouvelles cartes sur le dessus des piles ennemi. Certaines sont des élémentaux (de force 0 à 3 pour autant de points de dégâts), d’autres font avancer tous les élémentaux en jeu d’une case et enfin, on a les cartes embrasement : Tous les élémentaux se transforment en version améliorée. Attention, les inoffensifs élémentaux à 0 deviennent des monstres à 4 par ce biais.
Lors de notre tour, on pose des cartes en payant leur coût avec d’autres cartes de notre main. Les dilemmes sont nombreux et on va donc devoir gérer le flux de cartes dans notre main.
Les premières parties ne sont pas trop difficiles et la victoire est largement accessible, mais avec les règles avancées c’est déjà beaucoup plus tendu.
« Two of us » – Supertramp – 1975
Sylvion se joue de 1 à 2 joueurs. Il est jouable seul mais n’étant pas grand fan des réussites, je trouve le principe bien plus intéressant à deux, exactement comme dans le cas de S.O.S. Titanic (Ludovic Maublanc et Bruno Cathala chez Ludonaute).
À deux joueurs, on pose des cartes en faisant payer leur coût à notre équipier, ce qui crée des discussions surréalistes pour votre entourage :
« Tu payes mon hibou mais je te fais piocher 3 cartes. Comme ça tu peux payer mon arbre à 4. Par contre, garde tes hérissons au cas où. »
Tout ceci a du sens, vous verrez.
Dans le jeu à deux, toujours, on alterne les tours mais sans que l’autre ne soit passif, vous l’aurez compris. L’un dépense et l’autre paye. Et de toute façon, on discute. C’est un véritable jeu d’équipe contre l’avancée inexorable de ces méchants élémentaux.
Au bout d’un moment vous trouverez que le jeu ronronne. Ce sera le moment de passer à la version avancée : De nouvelles cartes dans les deux camps et les phases de Mobilisation et Démobilisation. Un piment bienvenu qui rendra le tout beaucoup plus tendu, beaucoup plus tactique avec de nouvelles possibilités offertes par les nouvelles cartes.
« Just Another Nervous Wreck » – Supertramp – 1979
Pour le coup je ne vais pas dévoiler (spoiler, si vous insistez) le contenu des extensions 1 et 2. Simplement donner leur noms respectifs (tout un programme) :
- Trahisons et hauts faits
- Les éléments.
Concernant le fameux pion Ravage il est l’occasion d’incarner sur le champ de bataille le fameux méchant. Sa présence est l’occasion de nouvelles règles donnant un peu plus d’entrain à ces pénibles élémentaux de feu. Pour le coup ça ronronne plus du tout quand il prend la peine de pointer ses flammèches d’un peu trop près.
Le plaisir de la découverte est un des atouts de ce jeu plus retors qu’il n’en a l’air. La montée en puissance des forces attaquantes nous oblige à bien anticiper les cartes, mais à ce niveau vous devriez commencer à bien les connaître. Si on peut parler de metagame dans le cas de Sylvion il est assez agréable et très accessible.
Dans les règles de base, nos cartes tournent en une pioche/défausse continuelle. Une carte sacrifiée pour payer la pose d’une autre reviendra relativement vite en jeu.
Dans la version avancée, on va choisir les cartes que l’on va engager mais pendant la phase de Démobilisation on devra retirer définitivement du jeu des cartes. Cette couche supplémentaire offre des options stratégiques intéressantes et le jeu d’équipe joue à fond.
Et pour finir, il sera relativement difficile de survivre aux assauts des forces du Ravage, sans parler de refaire le plein de vie avant la fin… L’assaut final étant souvent mortel.
« Listen to Me Please » – Supertramp – 1997
En conclusion, j’ai trouvé l’expérience très agréable. Sans avoir une très grande profondeur de jeu, la modularité des règles offre un challenge intéressant. Quelle que soit la personne avec qui on joue, on peut moduler les règles pour se lancer dans un défi à notre mesure. Et on sent une réelle progression dans l’apprentissage des situations.
Ce n’est pas le jeu enfantin que je pensais, et j’avoue avoir ressenti une grande satisfaction dans certaines parties remportées de justesse grâce à des choix judicieux de notre équipe. Dans ta face le Ravage ! Ce qui veut dire aussi qu’on a pris de super trempes (oui, j’avoue. Mes titres ne visaient qu’à amener ce pauvre jeu de mot pourris).
Le tout s’inscrit dans un univers imaginé par Shadi Torbey et décliné dans d’autres jeux chez Filosofia, avec toujours l’illustratrice Elise Plessis aux pinceaux. Assurément deux personnes que j’aurais à cœur de suivre, à commencer par voir quelles sont leurs actu au festival de jeux de Cannes qui approche à grands pas, ne serait-ce que pour découvrir les plans futurs pour cet univers et son évolution.
Un jeu de Shadi Torbey
Illustré par Elise Plessis
Edité par Filosofia, Z-Man Games
Distribué par Asmodee
Langue et traductions : Anglais, Français
Date de sortie : 05-2015
De 1 à 2 joueurs
A partir de 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 15 minutes
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TheGoodTheBadAndTheMeeple 29/01/2016
Une comparaison avec les précédents épisodes aurait été la bienvenue, Onirim n co qui sont du meme accabit.
Très bien écrit sinon.
Djinn42 29/01/2016
J’entre dans le monde d’Onirim par Sylvion et j’ai très envie de poursuivre la découverte avec les autres titres.
Dr. Jacoby 29/01/2016
Pour moi c’est le meilleur de la trilogie, je trouve la phase de draft excellente ! Par contre comme tout le temps chez lui les parties d’initiations sont plus difficiles à gagner que les « vraies » parties ce qui peut être extrêmement frustrant/ décourageant . Ah dernier truc, ne pas oublier de piocher une carte lorsque l’on se fait détruire une fontaine, le jour où j’ai remarqué que j’avais omis d’appliqer cette règle ça a révolutionné mes parties 🙂
Djinn42 29/01/2016
Le genre de petite subtilité qui change la vie. Un peu comme penser mettre un pantalon par-dessus son slip.