Spring Meadow vaut-il mieux que Cottage Garden et Indian Summer ?
Il va falloir attendre encore de longues semaines avant que le printemps ne revienne. Heureusement, nous avons les jeux de Uwe Rosenberg, auteur prolifique, bucolique, polyominique et germanique. Avec Spring Meadow, c’est en montagne, en tant que randonneur, que Uwe nous transporte. Aller déranger la quiétude des marmottes en train de s’éveiller de leur hibernage sera notre justification pour aller placer des tuiles polyformes. Mais que vaut ce titre en comparaison des précédents parus dans la même veine ?
Spring Meadow est en effet le troisième et dernier opus de la « série bucolique » d’Uwe Rosenberg, qu’on ne présente plus. Ce cycle a été initié par Cottage Garden (Ludochrono, Just Played ici) en 2016, suivi de Indian Summer en 2017 (Ludochrono). Vers lequel des trois aller selon vos préférences, c’est ce que nous allons tenter de mettre en évidence aujourd’hui dans ce Just played un peu particulier.
Spring Meadow est un jeu pour 1 à 4 joueurs, d’une durée de 45 minutes environ, où vous allez poser des polyominos pour marquer des points. Cette fois, nous le disions, cela sera à l’occasion d’une promenade en montagne, où nous serons à l’affut pour entendre siffler les marmottes.
Chaque joueur dispose d’un plateau enneigé en ce début de printemps, parsemé de terriers de marmottes (à ne pas confondre avec celui des taupes !).
Un ensemble de tuiles polyominos de différentes formes est présent sur un plateau central de 25 cases. Ces tuiles disposent parfois d’un petit trou.
Le principe du jeu va être de remplir son plateau personnel avec les polyominos. Il faudra remplir du bas vers le haut pour représenter la prairie qui reprend ses droits sur la neige.
Le choix des polyominos se fera sur le plateau central en fonction du positionnement du jeton « Balise indicative ». Le joueur actif va pouvoir prendre une tuile de son choix dans la ligne ou colonne de la balise (voire en diagonale à 3 joueurs).
Le placement se fera sur son plateau où il faudra remplir des lignes le mieux possible, à la manière d’un Tetris, si ce n’est que les tuiles ne chutent pas. On peut les positionner où on veut, dans le sens de son choix. Il est même tout à fait autorisé de placer sa tuile où bon nous semble sur notre plateau.
Les joueurs vont tout de même s’efforcer de placer les trous des tuiles sur les terriers de marmotte, ce qui leur confèrera des points additionnels. Regrouper les trous des tuiles, sans qu’ils soient nécessairement sur des terriers, permettra d’avoir de précieuses tuiles « rocher » pour remplir les espaces libres de votre plateau. Deux trous adjacents donnent droit à un rocher d’une case. Trois trous, un rocher de deux cases. Et ainsi de suite jusqu’à quatre cases.
Il est aussi possible de recouvrir un terrier de marmotte, sous condition de mettre un jeton « marmotte » sur un trou de polyomino déjà placé sur un terrier.
Quand le jeton balise se trouve face à une ligne contenant zéro ou un polyomino, alors un décompte se passe. Les joueurs comptent chaque ligne complète en partant du bas pour 10 points chacune, jusqu’à la première ligne incomplète, qui, elle, ne comptera que le nombre de cases remplies. Tout terrier de marmotte situé sous un trou de polyomino et non recouvert par une marmotte rapportera aussi un point. Enfin, le joueur provoquant ce décompte aura un bonus de deux points pour cette manche.
Celui avec le score le plus élevé gagne la manche, il bouche tous ses terriers avec des marmottes, puis on remplit la grille pour continuer la partie.
Le premier joueur à remporter deux manches est proclamé grand randonneur de la montage (et aura droit à une part de croziflette en plus le soir).
Pas de marmottes dans le jardin !
Sans surprise donc, il y a des similitudes entre les trois jeux du cycle bucolique de Rosenberg. Beaucoup de similitudes. La comparaison était inévitable. Ouvrons le match !
Sur le design, Spring Meadow est sobre dans l’ensemble et plus épuré que les deux précédents opus. Les tuiles sont toutes identiques, là où Cottage Garden proposait des tuiles représentant des fleurs ou objets différents du jardin. Indian Summer offrait aussi des tuiles feuilles différentes, donnant de la couleur à son plateau. Pourtant, on trouve des fleurs différentes en moyenne montagne où vivent les marmottes. Point gagné par Cottage Garden !
En revanche, Spring Meadow est le jeu avec le plus beau plateau. Il représente une carte IGN qui a fait vibrer le randonneur qui est en moi, là où Cottage Garden et Indian Summer présentaient des plateaux un peu pauvres. Point gagné par Spring Meadow !
D’un point de vue mécanique, on constate (heureusement) une évolution au cours des trois jeux. Cottage Garden installe le principe de la grille où on va choisir son polyomino, ainsi que les plateaux personnels à remplir, puis remplacer. Indian Summer enlève la grille et fige les plateaux, mais rajoute les polyominos à trou, à placer astucieusement pour avoir des bonus. Spring Meadow revient avec la grille de polyominos, et conserve les polyominos à trou tout en simplifiant leur utilisation, et propose un plateau fixe à chaque joueur. Spring Meadow a-t-il conservé le meilleur des deux opus précédents ? Je serai tenté de dire que oui. Point gagné par Spring Meadow.
Néanmoins, au niveau de la complexité, Spring Meadow est d’un niveau un peu en dessous des deux précédents. Indian Summer est le plus poussé avec sa gestion de différents fruits de la forêt, complexité d’ailleurs un peu exagérée à mon ressenti. Cottage Garden demande un équilibre sur l’avancée des pistes de score. Mais attention, Spring Meadow peut être plus simple, sans être simpliste. Il va falloir tout de même se creuser la tête pour faire correspondre nos trous de polyominos, placer nos terriers à marmottes… Il sera aussi le plus rapide à expliquer. Match nul Cottage Garden/Spring Meadow !
Enfin, en termes de plaisir de jeu, le choix est cornélien. S’il fallait en garder un, il me serait difficile d’en conseiller un plus que l’autre tant les jeux sont proches. Mon préféré serait probablement à Cottage Garden parce qu’il y a des p’tits chats parce qu’il est plus coloré et c’est finalement celui où je me suis senti le plus investi dans le thème. Indian Summer est sans doute celui qui m’a donné le moins de plaisir. Spring Meadow sera néanmoins le plus facile à sortir, notamment parce qu’il est celui qui se rapproche le plus d’un Tetris. Néanmoins, bien que les trois jeux reposent sur une mécanique de fond similaire (pose de polyominos), les sensations sont un peu différentes car les objectifs de pose varient. Dans Cottage Garden, on essayera de remplir ses jardins le plus rapidement possible. Dans Indian summer, on essayera de profiter le plus possible des bonus. Dans Spring Meadow, on tente de monter le plus haut possible. Point à égalité entre les trois jeux.
Sachez aussi que Spring Meadow propose un mode un joueur, où le but est d’atteindre un maximum de points. Pas très motivant au premier abord, mais je me suis surpris à enchaîner trois parties tout de même, et ne pas être réfractaire à y revenir, comme on ferait une réussite. Un mode campagne est aussi présent, mais sans grand intérêt à mon sens.
Enfin, côté digital, sachez que Spring Meadow n’a pas encore eu droit à son portage numérique, alors que Indian Summer et Cottage Garden ont été développés par Digidice. Ces adaptions pour nos petits écrans sont d’ailleurs plutôt bien réalisées. Avantage Indian Summer/Cottage Garden !
Bilan et résultat du match
Nous avons dans le cycle bucolique de Rosenberg trois jeux très proches, mais ayant chacun des petites spécificités différenciantes que j’espère avoir bien mises en évidence ici. Il sera donné à chacun de faire son choix entre les trois selon ses attentes et il est d’ailleurs probable que cela se joue sur une affinité avec le thème (vous êtes plutôt jardinage, balades en forêt ou élevage de marmottes vous ?).
Tout en étant sur une mécanique de base similaire et une intention éditoriale proche, Uwe Rosenberg a réussi à faire ressortir des sensations de gameplay différentes. De mon jugement initial qui était « Uwe, arrête de faire le même jeu avec une parure différente », je m’aperçois qu’il parvient à donner à ses jeux une identité propre et propose un cycle où chacun a son petit intérêt. Qu’en sera-t-il avec New York Zoo ? Cela sera une autre histoire !
Notez que l’on trouve dans la boîte de Spring Meadow une mini-extension coopérative pour Cottage Garden : « Les lapins de Pâques ». Petit geste fort apprécié.
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