SpaceCorp 2025-2300 : L’aventure spatiale

SpaceCorp de John H. Butterfield nous propose de nous extirper de notre bonne vieille terre pour partir aux confins de la galaxie à la découverte de nouvelles planètes. Une aventure au long cours puisqu’elle va se dérouler sur plusieurs générations, presque 300 ans. SpaceCorp se positionne dans un univers hard science, un genre où les technologies ou même les sociétés sont considérées comme vraisemblables par rapport à nos connaissances scientifiques actuelles. Un peu comme Terraforming Mars, de l’anticipation réaliste.

On le disait, l’histoire du jeu se joue sur 300 ans, toute l’aventure étant découpée en trois époques, trois plateaux et trois decks de cartes différents. On peut d’ailleurs enchaîner les époques ou bien en jouer une seule le temps d’une soirée et reprendre un autre soir.

Spacecorp débute pendant l’ère des navigateurs, l’humanité sort de son berceau pour aller tutoyer la voûte céleste et partir à la découverte des premières planètes. Mais ce n’est qu’un début…

Cette boîte noire, ce titre, tout nous invite à l’aventure spatiale.

 

Mécanique simple ou simpliste ?

Une énorme boite, une règle de 24 pages, des jetons à profusion, un plateau de jeu central et personnel, et pourtant, tout le jeu fonctionne avec un deck de cartes. À son tour, le joueur actif doit jouer une action et une seule, et pour cela il va pouvoir jouer une ou plusieurs cartes : rechercher, consiste à prendre des cartes dans l’offre centrale, le voyage sert à déplacer son vaisseau vers un autre système, bâtir à s’installer sur la surface de la planète et produire, comme le dit bien son nom, à produire des ressources et surtout des points de victoire.

 

 

Dans le cas du voyage, le joueur va jouer une ou plusieurs cartes de sa main, éventuellement ajouter les cartes Infra construites plus tôt, comptabiliser les valeurs et en fonction du résultat, déplacer son vaisseau plus ou moins loin. C’est là que SpaceCorp devient mathématique, en gros je vais avoir besoin de 1 pour décoller, auquel j’ajoute une pénalité de gravité (en effet m’extirper de la pesanteur terrestre me coûte 2 voyage), ensuite je regarde la valeur pour sortir du système solaire, si l’astre sur lequel je veux atterrir, alunir, argh poser mon astronef indique aussi une pénalité de gravité, et enfin je peux poser mon petit cube (on est vraiment peu de chose).

 

 

Fastidieux ? Oui et non, en fait c’est finalement plutôt simple à intégrer, la gymnastique demande surtout de l’attention, pour bien lire le plateau. Tout le jeu fonctionne comme cela. Maintenant que vous savez comment on décolle et atterrit, voyons comment on explore, et comment on construit… Noooon ne partez pas ! En fait, c’est exactement pareil, une question de valeurs à ajouter, et de pénalités à soustraire. 

 

Au début on est cantonné dans un coin du plateau, et tout au fond, nous avons Mars en ligne de mire. Quand on observe le plateau et les valeurs à atteindre pour y arriver, cela nous semble un doux rêve. Mais pas de panique, petit à petit, on va se déplacer de corps célestes en planètes pour atteindre l’inatteignable, Mars la rouge. 

À la fin de notre tour, chacun vérifie sur le plateau Contrat si des prérequis sont remplis, si oui on place son marqueur et on gagne des mégacrédits (les points de victoire) sinon, on continue. C’est une course, purement et simplement.

 

 

Le hasard de la vie

Avec l’action explorer vous piochez une tuile aléatoirement qui vous indique le bonus que vous remportez, et en sus, le type de structure que vous allez pouvoir construire ici. Sur cette planète, on a découvert de l’eau, wouhouu…! Je vais donc pouvoir construire un laboratoire (pour faire de la recherche) ou bien un site industriel. Si j’avais découvert de la vie, j’aurais accès à d’autres bonus, etc.

Oui, cela se gère au hasard, et cela peut dépiter certains joueurs, surtout quand une découverte favorise la réalisation d’un contrat. Par chez nous, au contraire, nous avons apprécié cette approche, car cet aléa va dans le sens de l’immersion.

Alors, 24 pages pages de règles pour un gameplay aussi basique ? Oui, j’avoue, c’est un peu étonnant. Néanmoins ça fonctionne bien et on se prend au jeu. Nous vivons bien une grande aventure spatiale. La partie se termine quand on atteint la fin d’une époque, cela peut survenir de différente manière, quand on a réalisé collectivement 6 contrats sur les 7, ou quand il n’y a plus de cartes disponibles. Cette fin intervient au bout d’une heure de jeu environ (à 2 joueurs). 

 

Oui, mais c’est pas vraiment fini, vous rangez le plateau navigateurs et vous sortez celui des planétaires, désormais l’humanité a fait le grand saut dans l’hyperespace ! Elle est partie coloniser les planètes au-delà de Mars. Vous changez aussi de deck de cartes et découvrez de nouvelles actions. Chic ! C’est que l’on se sentait à l’étroit. En revanche, pour traverser la ceinture d’astéroïdes, il nous faudra subir des radiations, et donc perdre quelques précieux crédits, ou bien tout simplement prendre son temps et construire des boucliers anti-radiations (sinon, quelques cartes nous permettent aussi de nous protéger des radiations).

Mais surtout, on va pouvoir faire de nouveaux types de recherches, que ça soit génétiques ou bien de type « révélation », chaque fois que l’on joue ce genre de cartes, on déplacera un petit marqueur sur une roue de progrès, dès que le marqueur a fait le tour complet on peut prendre une carte de l’offre des progrès : des cartes permanentes qui offrent une dimension stratégique plus intéressante (en bonus on empoche quelques crédits).

 

Les cartes progrès de l’ère 3 interviendront plus tard

 

Dans cette nouvelle ère, de nouveaux contrats à réaliser sont disponibles. Entre chaque époque, on pourra garder une des bases que l’on aura construite.
La dernière époque alourdit le tout avec de nouvelles mécaniques : désormais c’est l’ère des pionniers on part coloniser les différents systèmes.

Si le jeu de base est un peu limité, petit à petit il s’y ajoute de nouvelles actions. Trois plateaux et trois terrains de jeux différents. C’est la bonne idée de ce SpaceCorp. Comme nous le disions plus haut, on peut jouer trois heures et traverser les trois époques, ou bien décider de jouer l’une d’elles, on peut aussi jouer les trois époques de manières séparées, une heure par soir par exemple.

Retour sur Terre

Au final j’ai adoré cette aventure spatiale, malgré le manque de contrôle évident, malgré son gameplay assez basique, notre partie fut épique ! Mon équipage et moi-même avons tenté de nous extirper du système solaire pour nous installer sur la coordonnée spatiale Lagrange solaire, puis nous avions en ligne de mire la belle Mars, projet ô combien ambitieux, mais que voulez-vous sans ambition, il n’y a pas de talent … Dans l’époque suivante, l’humanité a continué son grand voyage et terminé dans des systèmes solaires lointains. Enfin, dans l’ère des navigateurs, on avait vraiment abandonné notre bonne vieille Terre. En effet sur le dernier plateau, cette fois, on colonise de nouveaux systèmes. C’est que l’on a des technologies incroyables, comme les nanos-mineurs, les extrudeuses, les cyborgs…! Mon adversaire a lui aussi vécu une aventure qu’il consignera dans les registres.

 

Voilà une belle proposition ludique, néanmoins, je ne la conseillerais pas à tout le monde, d’abord parce que c’est véritablement un jeu solo qui peut se jouer à plusieurs, et non un vrai multi qui peut se jouer en solitaire. En solo on tire une carte qui nous indique ce que fait  l’IA adverse ce tour-ci, si je tire cette carte (voir photo ci-dessous) alors j’installe son cube dans la zone Alpha du Centaure. Si j’avais prévu d’y aller, il serait trop tard.

 

 

Si le gameplay est plutôt basique, il n’est pas moins exigeant. D’ailleurs il est souvent nécessaire de se référer à notre aide de jeu pour s’y retrouver et connaitre les conditions pour bâtir un type de construction. On se retrouve donc souvent avec notre règle qui fait office de table des lois et des aides de jeu qui sont heureusement très bien faites, avec des petits icônes pour indiquer quelles époques sont concernées. De ce côté là, le jeu est impeccable, heureusement.

 

Crédits photo : Pablo R. M

 

À deux joueurs, le temps d’attente entre les tours est correct, en plus mon adversaire était comme moi, plutôt attiré par la thématique, on ne faisait pas que déplacer nos cubes sur le plateau, on découvrait les différents astres, on s’y installait, découvrait de l’eau, on y insufflait de la vie.
Je le mentionnais, le hasard, présent, fut complètement accepté à notre table. Et pourtant, je dois avouer qu’il m’a bien gâté, tout me souriait tandis que mon adversaire peinait un peu, mais au final, sur la dernière ère, il a bien rattrapé son retard. Si la roue a tourné, je l’ai finalement emporté de vraiment très peu. Pour nous, le résultat était un peu anecdotique, on a surtout cherché à vivre une épopée, on s’est un peu éloignés du scoring. Mais pour quelqu’un qui recherche un défi plus neuronal et qui n’apprécie pas trop le hasard, cela peut faire beaucoup. De même, je ne tenterais pas l’expérience à plus de deux joueurs, l’interaction n’étant pas assez significative.

Spacecorp est un bon jeu pour qui sait ce qu’il vient y chercher, mais attention cette grosse boîte noire est vraiment trompeuse et on imagine aisément les déceptions. Sachez où vous mettez vos boots !

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1 Commentaire

  1. MiKL 11/08/2021
    Répondre

    Le souci de ce jeu, en plus d’être particulièrement long, est que les premiers au classement recoivent des bonus au début de chaque période et les derniers des malus… au final cela m’a parut être du win/win lose/lose.
    A quatre joueurs, j’ai fais l’erreur de trainer sur la première époque arrivant dernier, je n’ai jamais pu remonter vu que je cumulais malus sur malus au fil de la partie. Que la partie fut longue….

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