Small is beautiful : TRUT, POCKET OPS, DODELIDO, APOCALYPSE AU ZOO DE CARSON CITY
Je peste souvent contre les énormes boîtes remplies de vide que l’on nous propose plus que régulièrement. Une grosse boîte, c’est plus de visibilité sur un rayonnage en boutique, c’est aussi un format de gamme adopté par un éditeur pour justifier son prix et c’est un « doudou » rassurant pour le consommateur qui imagine que, puisque c’est gros, c’est bien (uh uh naïfs que nous sommes !) mais c’est finalement un encombrement dont on se passerait bien à la maison.
Aujourd’hui, loin des monstres de volume et de poids dont on nous a récemment parlé tels que Gloomhaven, ou Kingdom Death, voici une nouvelle rubrique qui prendra en charge quatre jeux qui tiennent dans la paume de la main, aux mécanismes différents et dont le seul dénominateur commun, conjointement avec leur petit format et leur prix (aux alentours de 11 euros), est la dose de plaisir qu’ils procurent.
POCKET OPS (Geek Attitude Games)
Pocket Ops aurait pu s’appeler Splinter Cell mini. Vous êtes à la tête d’une équipe d’espions qui tente d’infiltrer une base ennemie et de craquer les codes d’entrée. Vous avez avec vous des espions de base mais aussi des spécialistes aux compétences variées et qui ont un effet en arrivant sur le plateau (assassin, commando, messager, sniper…). Il faudra placer intelligemment vos hommes tout en devinant les mouvements de l’adversaire afin de le bloquer ou de l’empêcher de s’installer sur le plateau. Pour plus de rejouabilité, vous aurez le choix d’un spécialiste par manche.
La boîte regorge de matériel : jetons en bois, plateau de jeu, cartes, même une machine infernale en carton. Oui madame, tout cela dans un si petit espace !
Pocket Ops est un jeu à deux qui revisite le morpion à coups de guessing (« je pense que mon adversaire veut se placer sur la case H », « si j’étais lui c’est le moment que je choisirais pour sortir mon spécialiste »). Guessing donc et bien sûr, bluff sur le placement de votre espion. À chaque tour, l’adversaire sélectionne une carte correspondante à l’endroit où il suppose que vous allez arriver. Il trouve, vous perdez votre espion, il rate, vous laissez votre espion. Voilà, c’est aussi simple que cela. Le premier à aligner 3 espions a gagné.
Pocket ops et son format mini s’emporte partout, se joue rapidement, et permet, grâce au pouvoir des spécialistes, quelques retournements de situation. On se retrouve vite à enchaîner les parties. C’est léger et fonctionne parfaitement.
Tout aussi léger et beaucoup moins sérieux :
APOCALYPSE AU ZOO DE CARSON CITY (Opla)
Opla, n’est pas le genre d’éditeur qu’on imagine se complaire dans la tripaille et le canardage de morts aux canines aiguisées. D’ordinaire, il s’acoquine plutôt avec les arbres, la neige et les manchots (L’Empereur, La glace et le ciel…), mais pas cette fois ! Ce soir, on sort les flingues !
La nouvelle petite boîte, parle bien de zanimaux mais zaussi de zombies et de zozos zurvivalistes. Le cœur du jeu est simple : libérer les animaux et dégommer les zombies ou les membres des équipes adverses. Mais puisque nous parlons zombies affamés, il faudra bien faire attention à ne pas se faire croquer et devenir à votre tour un mort vivant, certains pourraient se méprendre et vous tirer dessus…
On vous explique tout cela dans un livret bourré d’humour. C’est toujours un plus.
Ce jeu est tiré, comme Opla l’avait fait avec Lincoln, le cowboy, d’une bande dessinée. Cette fois, il s’agit de la série éponyme de Guillaume Griffon. Les dessins sont particuliers, ne plaisent pas à tout le monde, mais sont adaptés au thème et, pour ma part, accrocheurs.
Sur un carré de 5 x 5 cartes symbolisant le zoo, vous allez envoyer les quatre membres de votre équipe sauver les animaux et dézinguer du mort-vivant (cela rapporte des points).
Pour ce faire, c’est facile : si vous arrivez dans le zoo, placez-vous ou vous voulez. Si vous êtes déjà dedans, vous ne pouvez vous déplacer que d’une case. Arrêtez vous sur la carte visée et prenez là. Attention, au dos des cartes, il y a parfois un zombie affamé qui va vous sauter à la gorge. Là, pas de sérum miracle, vous perdez votre homme.
Vous pouvez, également vous attaquer aux autres joueurs. Il faut dans ce cas que la force de l’attaquant soit supérieure ou égale à la force de la cible.
Apocalypse… est un jeu où il faut choisir l’endroit où l’on se place et se déplace, où la malchance peut vous faire perdre vos membres les plus costauds (ah zut ! vous avez retourné la mauvaise carte, vous voilà mordu) et où l’on rigole de ses mauvais choix.
Le jeu est rapide, amusant. Quatre joueurs sont peut-être trop pour tenter quelques stratégies (le terrain est vite encombré et on a du mal à se déplacer sans tomber sur quelqu’un) mais voilà un bon jeu apéro, à l’image de la bande dessinée, joyeusement crétin et décalé.
Un peu crétin et carrément malin :
DODELIDO (Gigamic)
Dodelido est le nouveau jeu de Jacques Zeimet. Voilà des années que Jacques triture dans tous les sens son obsession des formes, des couleurs et de leurs combinaisons. Jacques vous le connaissez, c’est le papa de Salade de cafards et de Bazar Bizarre, ces jeux qui poussent votre cerveau (lent) à mille pirouettes seconde.
Dodelido n’échappe pas à ces mécanismes tordus. Ici, sur trois piles (et quelque soit le nombre de joueur) il faudra poser une carte et selon les combinaisons qui apparaissent, donner le nom de l’animal ou de la couleur majoritaire. Classique.
Bien sûr, cela va se corser lorsque deux animaux et deux couleurs identiques seront présents, il faudra alors dire « dodelido ! ». Et s’ils sont trois et une couleur identique ? Ahaha, c’est encore différent !
Cela va se compliquer encore lorsque la « tortue » apparaît. La tortue est l’élément le plus génial du jeu. Quand elle arrive il faut simplement dire « euuuuuh » avant de donner la réponse. Dit comme ça, c’est sûr, ça ne vend pas du rêve, pourtant, c’est elle qui fait le jeu, croyez-moi.
Je passe sur le « crocodile » qui remet une dose de « le dernier qui pose la main a perdu » et dont le côté rapidité n’a pas vraiment sa place dans le jeu. Vous pouvez lui inventer une autre utilisation.
Je vais y aller franco, Dodelido est un des meilleurs jeux auquel j’ai joué cette année. Je l’emmène avec moi systématiquement et pour l’instant il a toujours fait l’unanimité (je vais d’ailleurs finir commercial chez Gigamic à force de présenter leur produit à tout va haha !).
Malin et rapide:
TRUT (Robin Red Games)
Tout d’abord proposé sur KS, ce petit jeu traditionnel remis sur le devant de la scène par RRG, avait cassé la baraque (à son niveau) en réunissant 832 contributeurs et en étant financé à 1700%. Rien que ça. Aujourd’hui disponible en boutique, il est temps de se pencher dessus, surtout que les illustrations, toutes différentes, ajoutent un certain charme désuet au jeu.
Trut est un jeu de plis minimaliste rapide et nerveux. Rapide car chaque manche se joue avec seulement 3 cartes et que la plus forte valeur gagne. Nerveux car durant cette manche, n’importe qui peut décider de taper sur la table (Trut !) et annoncer alors qu’il va remporter la manche. Bien sûr l’équipe adverse peu contrer… ou pas.
Le Trut est donc le ressort principal de ce jeu car il rapporte beaucoup. La partie se mesure en bâtonnets courts et longs. Il faut 7 longs pour gagner. Sachant que 3 courts = 1 long. Si on joue pépère, ça peut durer ! Le Trut accélère le processus en engrangeant directement du long.
Subtilité du jeu, on peut bluffer en déclarant Trut, si les adversaires ne contrent pas et se couchent, vous gagnez ! Contrer et ne pas réussir vous fait également perdre des bâtons.
N’attendez pas de Trut une profondeur de jeu extrême, il est ce qu’il est, à savoir un jeu de comptoir qui se joue vite : une manche peut durer moins d’une minute. La chance y est présente, parfois vous n’avez en main que des 1 et des 2, parfois les grosses cartes. Un peu comme au poker, il y a des moments où vous bluffez et où vos adversaires se couchent, leur jeu étant sûrement plus désastreux que le votre. Un jeu nerveux quand vous avez dix minutes à tuer ou pour décider de qui paie la prochaine tournée !
La boîte est agrémentée de 3 cartes goodies qui rendent le jeu plus chaotique, vous verrez si vous les incluez ou pas.
► Quatre petits jeux à petits prix. Quatre bonnes surprises. Une fois de plus, le plaisir ne se cache pas dans des boîtes surdimensionnées. Ayez l’œil, la bonne pioche est parfois dans l’invisible !
(Le visuel de cet article est emprunté au documentaire du même nom de Jeremy Beasley (2015) qui suit 4 personnes ayant décidé de vivre dans une « petite maison »)
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Grovast 17/11/2017
Bonne idée de rubrique, et en l’occurrence fort instructive : 3 jeux sur 4 que je n’avais fait qu’apercevoir sans savoir vraiment ce ce que c’est. Me voilà mieux informé, merci l’ami MB.
morlockbob 17/11/2017
Merci. C est l’idée. On devrait remettre ça régulièrement.
MeepleRumble 18/11/2017
Trut me fait de l’oeil depuis un moment, je suis contente de savoir qu’il arrive en boutique !
Carson City je l’ai testé, sympa, et j’adore les illustrations !
Pocket OPS je ne connaissais pas du tout mais ça m’intéresse, merci pour la sélection !
Djinn42 18/11/2017
Grand fan d’Apocalypse au zoo de Carson city (au point d’écrire le nom du jeu en entier). La BD est fameuse, le jeu s’intègre joliment dans l’univers, si on peut dire ça.
Il a l’air bêtement bourrin et finalement il est bien plus fin qu’il en a l’air. Mais c’est un peu bourrin quand même.
J’aime beaucoup les blocages, les jeux de position. Et les morsures qui dirigent la prise de risque.