Small is beautiful #2 : Soupe de nombres, Kitty Paw, Scotland Yard cartes, Bobbidi Boom
Noël arrive, vous avez dépensé sans compter pour offrir à votre neveu préféré cette énorme boîte comprenant 128 figurines, boîte réclamée à corps et à cris et oubliée deux jours plus tard au profit du nouveau « birdy prout prout » sur son smartphone. Vous êtes ruiné. Tout cela ne serait pas grave s’il n’y avait pas l’anniv de la frangine qui tombe dans une semaine.
Comment s’en sortir dignement et éviter les pièges ? En jetant un œil avisé sur quatre petits jeux… à petit prix.
Vous vous la jouez cérébral : « Soupe de Nombre » (Edge – 9.90 €)
Ce paquet de cartes est-il vraiment un jeu ? Si l’extrême sobriété des illustrations est réussie (on ne fuit pas) le but de cette soupe est de faire des multiplications, des soustractions, des additions afin de parvenir à un résultat imposé. Bref, il s’agit plus d’une sorte de casse-tête mathématique qu’autre chose réellement, malgré l’accroche dynamique au dos de la boîte qui essaie de nous convaincre que c’est trop le jeu hyper fun : « On peut jouer n’importe où : sur le sable, à même le sol, à la plage, dans un aéroport, à la cantine, en attendant le métro ou vos amis dans un bar » wouh ouh ouh !
Des chiffres, une somme : comment y parvenir ? Il y a des règles (un double décimètre hahaha blague de matheux, désolé). D’abord, on crée un carré de 4 x 3 (= 12 ! ouais !) cartes avec des nombres et des chiffres.
Puis on tire des cartes pour créer une somme : celle qu’il faudra réussir à atteindre en moins de coups possible. Car cette soupe, tel un Rasende Roboter est un jeu où le gagnant n’est pas le plus rapide mais celui qui a trouvé le chemin en moins de coups.
Vous démarrez où vous voulez, mais ensuite il faudra vous servir uniquement des cartes adjacentes et jamais deux fois la même.
Honnêtement, ce jeu n’est pas pour moi, je suis d’une lenteur hallucinante et c’est seulement au troisième tirage que j’ai pensé qu’on pouvait diviser ! Ce jeu ne risque pas d’être le party game de l’année et pourtant je l’apprécie. Il me fait réfléchir et je suis content quand je parviens à trouver le bon chemin. Beaucoup mieux que le poussif Opération Pharaon et tout aussi bien que les dominos de Mathable, ce paquet de nombres parvient à élever le niveau tout en étant distrayant. Un objet inclassable mais pas aussi rebutant que son thème le laisse penser ! On pourrait d’ailleurs même ajouter « pédagogique » à la liste de ses qualités.
Vous vous la jouez Sherlock : « Scotland Yard » (Ravensburger – 10.50€)
Complètement passé inaperçu (bon, c’est vrai que cette cover ne vend pas du rêve), ce petit Ravensburger affiche pourtant un indice imparable qui aurait dû nous interpeller : le nom des auteurs, Inka et Markus Brand (Descendance).
Suivant la tendance allemande actuelle (l’adaptation des jeux de plateau en jeu de cartes puis en jeu de dés – Châteaux de Bourgogne, Broom service, Camel cup, etc), voici donc la version cartes du célèbre Scotland Yard, celui où de valeureux policiers tentent de coincer Mister X.
Scotland Yard version cartes reprend l’imagerie du jeu de plateau, en moins immersif (adieu le plan de la ville) et suit son principe de base (la chasse à l’homme) dans une superbe adaptation. Ce jeu à rôles cachés (parmi les joueurs, qui est Mister x ?) est à la fois simple et plus complexe que son emballage un peu discount le laisse croire.
Le but est donc pour Mister X d’échapper aux enquêteurs, tandis que les enquêteurs doivent trouver qui incarne Mister X (attention cela peut changer en cours de partie !). Pour ce faire, les deux camps disposent de plusieurs actions : fausse piste, interrogatoire, recherche, planque, etc.
Les 3 cartes « loupes » font partie de l’interrogatoire aussi : dès qu’elles sont toutes retournées, l’enquêteur peut regarder le jeu d’un joueur.
Il y a également trois piles de cartes (les « tickets ») correspondant aux types d’actions. Pour se placer sur une pile, le ticket joué doit être supérieur au ticket qu’il recouvre mais inférieur au ticket à sa droite, on a donc une gestion importante de ses cartes.
Certaines actions sont réservées aux enquêteurs, certaines à Mister X. Si on est bloqué, on pioche et ce n’est pas bon, car Mister X gagne si la pioche de tickets est vide !
Malgré ce côté légèrement calculatoire, il reste une grande part de hasard dans le tirage des tickets et dans la découverte de Mister X (le jeu peut s’arrêter si vous tirez dans la main du joueur la carte X).
Ce jeu reste donc un vrai titre familial, malin, avec une mécanique assez fouillée, un chouia de gestion de cartes si on veut vraiment la jouer consciencieux et une dose de bluff permanente pour diriger les soupçons sur les autres.
Une fois de plus avec les jeux outre-Rhin, il faudra oublier l’habillage pour passer un bon moment. Ce jeu le mérite, certaines parties se finissant sur le fil du rasoir, à la carte près.
Vous vous la jouez casse-tête visuo-spatial : « Kitty Paw » (Bombyx – 13.50 €)
La boîte avec cette face de LoL Cat aux yeux déformés mérite d’entrée la litière (je sais, je sais, il y en a qui aiment…). À l’intérieur, des tuiles chatons plates façon cube 3D font ron-ron. C’est kitsch et en plus ça nous refait le coup du puzzle / rapidité, genre Tangram express : reproduire le modèle avant les autres, crier « Kitty paw ! » ou « miaou ! » et frapper dans la main du joueur qui a terminé. Ohlala ! Ne partez pas.
Les bonnes surprises ne sont pas là où on les attend. Et tant mieux !
Si vous aimez jouer avec les animaux et les perspectives (mais surtout les perspectives), vous allez être servi. Ce jeu est plus complexe qu’il n’y parait (le « Que se passe-t-il quand sept chats trouvent des cartons ? Une partie folle de cache-cache ! » lu dans l’accroche est à l’opposé de ce que l’on va affronter). Le jeu consiste à assembler tous ces minous en une composition prédéfinie. La partie ira crescendo sur 3 niveaux de difficulté. On ne va pas vous caresser dans le sens du poil, sachez le !
Comment ça se joue ?
Si au début, vous devez « simplement » assembler vos chatons en les collant les uns aux autres, la deuxième phase intègre le carton (les chats aiment se cacher dans des cartons, ouuuuuh c’est mignon !), une simple carte que vous devez glisser et positionner parmi les tuiles. Simple, ben voyons. Phase 3, ce sont les tuiles elles-mêmes qui se grimperont dessus, ou se glisseront dessous.
Le plus rapide à terminer sa figure gagne, mais si vous vous êtes trompé, attention au malus !
Ce jeu est un véritable casse-tête, difficile, pas fait pour les enfants ni ceux dont la perspective visuo-spatiale (30 points !) en est restée à Super Mario Bros 1. Ce sont de vrais défis, des trucs de balèzes.
Quelques parties plus tard, la boîte est toujours aussi laide à mes yeux, le parti pris des minets toujours aussi mystérieux (et pourquoi des chats aux yeux explosés ?), mais cette fois, je leur mets double dose de croquettes, ils l’ont bien mérité.
Vous vous la jouez sorcières : Bobbidi Boom (Fever games – 14.95€)
Fever Games, l’éditeur italien, était venu à Essen avec Topiary, un jeu de pose de tuiles (Essen 2017 – Topiary – Fever games) qui fit rapidement parler de lui, est-ce pour cette raison que Bobbidi Boom fut moins médiatisé ?
Voilà un jeu familial, léger, de « stop ou encore » saupoudré de flocons de «deck building » et de « memory » où l’on va tenter d’être le dernier à ajouter des ingrédients dans le chaudron.
Chaque joueur possède une pile de cartes ingrédients posées face cachée.
À son tour il peut :
1/ …en découvrir une. On compte alors le nombre d’ingrédients identiques visibles chez tous les joueurs, et selon leur nombre, le chaudron dans lequel ils baignent explose (la table de jeu est LE chaudron). Le joueur maladroit qui a tout fait péter a perdu et ne joue plus la manche en cours. Les autres continuent. Une manche dure 2 minutes.
2/ … passer et il ne joue plus.
Le dernier joueur encore « debout » gagne un point de victoire et prend une carte spéciale dans le marché, puis les autres joueurs, en partant de celui qui a tenu le plus longtemps à celui qui a perdu en premier, se servent.
Cette carte spéciale (qui vaut également des points de victoire) est inclue dans leur pile ingrédient (petit effet deck-building) et on mélange. Au joueur de savoir ce qu’il a en stock (petit côté memory) pour passer ou pas.
À la lecture des règles on se dit que wahou, pas étonnant que ce jeu soit passé inaperçu. À y jouer, même si cela reste léger et énormément basé sur la chance, on se laisse prendre le temps d’une partie. Les tours sont rapides et on rit toujours de voir le voisin exploser (ne sortons pas cette phrase de son contexte. Merci). Les cartes spéciales ont bien souvent des effets pervers et aident à accélérer la partie, donc pas le temps de s’ennuyer. Elles ajoutent un peu de pression en tombant au bon moment… ou pas !
Bobbidi Boom est sympathique mais ce n’est pas non plus le jeu qu’il faut absolument posséder, il y en a de bien meilleur dans cette catégorie. Pour l’instant il n’existe pas en VF, mais si vous voulez l’acquérir, sachez qu’il n’y a pas de texte sur les cartes. Une vidéo explicative très claire (en anglais) est disponible via l’éditeur et le jeu est trouvable sur certains sites marchands bien connus.
Ouf ! Même « l’Agence tous risques » n’aurait pas fait mieux. Vous voilà prêt à affronter avec panache les fêtes de fin d’année. Que je vous souhaite bien bonnes. À l’an prochain !
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Tasmat 22/12/2017
Super série d’articles, hâte à la suivre.
Je conseille d’essayer Pocket Mars et Birdie Fight ! Après ils sont en anglais, mais Birdie Fight n’a pas de texte sur les cartes
morlockbob 22/12/2017
Merci pour les tuyaux. Birdie Fight semble difficile à trouver.
TheGoodTheBadAndTheMeeple 22/12/2017
Alors dire que Kitty Paw est laid, c’est n’avoir jamais joué à un jeu japonais ! c’est parfaitement le design classique de 80% de leur production…
Certes tu n’aimes pas 🙂 Mais c’est loin d’être laid, y a bien pire dans le minimalisme jap…
Tous les chats Kawai ont les yeux explosés !
morlockbob 22/12/2017
comme je le dis « la boite est laide à mes yeux ». Je n’aime pas non plus le style des jeux touffus allemands (bien et malt, château de bourgogne…) qui est aussi le design de 80 % de leur production.
Mon jugement a sûrement été faussé par l’abus de Oink Games. Commencer par le beau m’aura fait croire des choses…