Scooby-Doo : Le jeu de plateau – Un peu de Pandemic, beaucoup de nostalgie

Au détour du marché de l’occasion, sans attente particulière, voilà que je tombe sur Scooby-Doo : Le jeu de plateau. Étincelle immédiate dans mes neurones, renvoi aux heures passées devant la télé à regarder les aventures du Scooby-Gang, agrémentées de magnifiques doublages en français.

 

On parle bien de ceux-là évidemment !

 

À ne pas confondre avec Scooby-Doo : Escape sorti 2 ans plus tôt, Scooby-Doo : Le jeu de plateau est issu du financement participatif, crée par le duo d’auteurs Guilherme Goulart et Fred Perret (coauteurs d’Arcadia Quest) et édité par CMON en 2022. N’ayant pas (en ma connaissance) brillé d’une promotion exceptionnelle, celui-ci fût rapidement tombé dans l’oubli. Heureusement, votre geek fossoyeur est là pour déterrer et remettre en lumière ces titres intéressants. Et tout cela pour vous !

 

 

Quoi de neuf Scooby ?

Scooby-Doo : le jeu de plateau, est un jeu coopératif en partie inspiré de Pandemic, dans lequel vous incarnez les personnages du Scooby-Gang qui ont animé notre enfance. À chaque partie, vous affronterez un monstre parmi les trois proposés, dans la boite et votre objectif sera de construire tous les pièges requis pour l’attraper avant qu’il n’ait causé trop de dégâts. Pour cela, vous devrez collecter à travers le plateau de jeu un certain nombre de jetons Ressource panachés sur quatre types différents, puis vous rendre sur le lieu de fabrication.

Il existe plusieurs conditions de défaite, par ailleurs déjà vues dans les jeux du même genre, comme par exemple l’épuisement de la pioche de cartes, ou encore une accumulation trop importante de jetons sur le plateau.

 

 

On y retrouve bien entendu des clichés du dessin animé, à savoir les personnages emblématiques sous forme de grosses figurines en plastique, le van hippie (la Mystery Machine), pouvant transporter vos personnages sur le plateau ainsi que les monstres et lieux dignes d’Halloween tel que le clown fantôme et ses traces de pas sur le plateau. Ne vous attendez pas non plus à trop d’éléments thématiques immersifs. À l’image des Pandemic, le jeu se limite à des cartes en main et des jetons sur le plateau. Il n’y a pas d’illustration sur les cartes, et pas non plus de texte narratif.

 

Pour gagner la partie, il faudra construire ces 4 pièges en apportant les ressources demandées au magasin.

 

On pourrait regretter également que certains moments emblématiques des dessins animés ne soient pas représentés, comme par exemple l’élaboration des stratagèmes et actions décisives en groupe. Au lieu de cela, l’équipe devra se répartir sur l’ensemble du plateau pour agir efficacement. Idem, la traditionnelle découverte de l’identité du monstre en fin d’épisode n’aura pas lieu : on ne retirera pas le masque du fantôme pour y découvrir le gardien du parc. Enfin, les personnages ont chacun une capacité spéciale, mais là aussi elle ne sera pas trop thématisée et se traduira plutôt en termes d’effets équilibrés sur le plateau de jeu. Tout cela répond à un choix justifié : la priorité est donnée à la cohérence du gameplay et non au thème, et sur ce plan il est bien réussi. Pour ceux qui connaissent le jargon, s’il fallait situer le jeu sur une échelle AmeritrashEurogame, je le placerais vers le milieu.

 

La mécanique sous le capot de la Mystery Machine

La lecture des règles et la mise en place se font rapidement et sans accrocs. À l’inverse des Pandemic, le tour de jeu débute par une phase qui ne dépendra pas de l’influence d’un joueur alpha. Chaque joueur piochera à tour de rôle deux cartes Action (pour faciliter votre lecture, je ne les appellerai pas « cartes Scooby-Gang »), et devra secrètement en choisir une pour la jouer face cachée. Même si un partage d’information très vague est autorisé, on ne pourra pas divulguer le contenu de nos cartes. Le choix sera individuel et secret.

Les cartes Action comportent toutes une valeur d’initiative, ainsi qu’un effet. Cet effet comporte toujours une valeur de déplacement (0 à 4 lieux), et parfois un effet supplémentaire (renforcement d’une action de lieu, protection contre le monstre, etc).

 

 

À première vue, on pourrait regretter qu’il n’y ait pas autre chose à faire que de se déplacer, mais c’est ce qui fait en partie la simplicité du jeu et la rapidité des prises de décisions. De plus, la diversité des actions est apportée par les lieux du plateau. Chaque lieu sur lequel on choisit de s’arrêter propose une ou deux actions parmi :

  • Collecter des ressources utiles à la fabrication des pièges,
  • Défausser des jetons Monstre du plateau (voir plus loin),
  • Replacer des jetons Visiteur sur le plateau (voir plus loin),
  • Reconstituer la pioche de cartes,
  • Etc.

 

On évaluera donc les besoins les plus prioritaires, puis on choisira le meilleur compromis entre bouger vite et bouger là où les actions de lieu sont les plus utiles. Le gameplay et les sensations sont donc proches de ceux de Pandemic, mais avec des twists intéressants.

Ensuite on piochera également une carte pour le monstre, et on dévoilera l’ensemble des cartes mises en jeu. On classera alors les cartes par ordre d’initiative.

 

Cartoon Omg GIF by Scooby-Doo

La Frousse : si un personnage croise le monstre sur son trajet, le groupe défausse 2 cartes Action.

 

C’est là que la discussion et le travail de groupe interviennent. En effet, une fois l’action du monstre dévoilée, il faudra peut-être changer vos plans personnels et décider de vous déplacer dans un autre lieu que celui que vous aviez prévu à la base. Le twist est que si le Monstre vous croise (ou inversement) sur son parcours, il fera perdre deux cartes Action à l’équipe.

Il va également faire fuir les habitants de ces lieux, risquant à terme de créer des lieux hantés. En effet, chaque lieu a trois emplacements occupés par des jetons Visiteur. Le Monstre retire un jeton à chaque fois qu’il passe quelque part. Un lieu vidé de ses jetons Visiteur devient une sorte de no man’s land. Ces derniers aggraveront la situation de la partie : trois lieux hantés, et la partie est perdue.

On devra aussi veiller à éviter la prolifération des jetons Monstre. Chaque Monstre aura sa propre mécanique pour les semer sur son trajet, et leur conférera un effet unique. C’est pour moi la menace la plus directe, car placer 5 de ces jetons sur le plateau est quasi-synonyme de défaite. Certaines lieux vous permettront ainsi de replacer des jetons Visiteurs ou de défausser des jetons Monstre, et il faudra parfois prioriser en ce sens.

 

 

J’ai apprécié la phase de choix secrète que chaque joueur devra effectuer, et j’ai trouvé les discussions de groupe intéressantes. Comme tout bon jeu coopératif, il sera question de comprendre quelle est la plus grande priorité parmi les préoccupations sur le plateau. Il faudra parfois réparer les dégâts au détriment de la collecte de fournitures. Du classique mais efficace.

 

Quelques mécaniques sont empruntées ici et là à d’autres jeux connus et qui ont fait leurs preuves :

  • Par exemple, il m’a renvoyé certaines images que j’ai gardées d’adaptations inspirées de Pandemic, à savoir la gamme des Horreur à Arkham, jeu de plateau (ou des Contrées de l’Horreur) où il sera possible d’utiliser l’action proposée par un lieu en s’arrêtant dessus sur le plateau. On voit cela dans de nombreux autres titres depuis.
  • Autre exemple, les cartes Actions que l’on utilise pour tous les personnages (amis comme ennemis) ont une valeur d’initiative associée à un effet. On devra classer ses cartes dans l’ordre et résoudre leur effet. Cela n’est pas sans rappeler le fameux Gloomhaven.

 

Un petit bémol pour la Mystery Machine, qui a presque plus une vertu décorative qu’autre chose. Son utilisation est circonstancielle et son effet n’est pas extraordinaire (étendre le déplacement d’un personnage et en prendre un autre au passage). Mis à part cela, le gameplay dans l’ensemble créée des situations intéressantes et le jeu se joue de manière fluide. Pour ma part, qu’importe le mélange ou l’origine des mécaniques si l’alchimie est bonne, comme en cuisine !

 

Pour les pas trop petits et les grands et pour pas trop longtemps

Bien entendu, le jeu est à des années lumières des titres cités ci-dessus en termes de complexité. Il reste très accessible sans être pour autant simpliste. C’est bien dosé : ni trop complexe, ni trop léger pour un public familial. Nous avons joué plusieurs parties à deux adultes et deux adolescents, la configuration semblait parfaite.

 

Certification 100% jouable en camping

 

Trois Niveaux de difficulté sont proposés (indépendamment du Monstre). Lors de ma partie de découverte, j’ai joué au niveau normal. J’ai été plusieurs fois inquiété, à deux doigts de perdre, mais je m’en suis sorti au final assez aisément. La difficulté facile sera réservée aux débutants, ou à un public jeune pouvant aller jusqu’à 8 ans selon les cas. En difficulté difficile, chaque objectif que vous accomplirez au cours de la partie ajoutera une contrainte supplémentaire pour corser le jeu. Par exemple, le Monstre gagnera en déplacement, vous jouerez avec un pion Monstre de moins, etc. Très rapidement, j’ai senti la panique monter sous le poids de la difficulté. Nous avons gagné cette partie de justesse avec une tension palpable et nous avons dû prendre le temps de bien planifier toutes les actions.

En somme, il conviendra donc un public familial aussi bien qu’à un public de joueurs initiés à condition d’être fan de la licence.

 

Plus décevant, il n’y a seulement que trois monstres dans la boîte. J’ai regretté cela étant donné son prix relativement élevé, même si le matériel est qualitatif. Le reste de la gamme faisait partie de l’exclusivité Kickstarter. Je trouve la proposition un peu juste. Deux monstres de plus n’auraient pas été du luxe. La durée de vie sera donc limitée, tout au plus 5 à 10 parties. Cependant compte tenu des bonnes sensations de jeu et du gameplay intéressant, il sera sans nul doute possible de ressortir le jeu après quelques mois de pause, pour rallumer la flamme nostalgique.

 

Scooby-Doo, je crois que le fanfan, le fantôme est devant nous ! Ouh Ouh Ouh Sammy !

 

En Bref

Scooby-Doo : le jeu de plateau est pour moi un bon jeu coopératif, pour un public familial mais qui peut aussi plaire aux initiés fans de la licence, car son gameplay est assez bien pensé et le niveau difficile apporte du challenge. Il pioche dans les valeurs sûres qui ont déjà fait leurs preuves, et il en fait un assemblage sans défaut majeur : une dominance de Pandemic (les cartes Action, les jetons à défausser ou à replacer sur le plateau), une pointe d’Horreur à Arkham (les lieux et leurs actions), une once de Gloomhaven (les cartes Action avec une valeur d’initiative couplée à un effet). Ces perceptions sont personnelles et on peut aussi bien imaginer d’autres titres aux mécaniques similaires.

Ainsi, il n’apporte pas de grande nouveauté, mais on ne verra pas le temps passer car le jeu est intéressant. Chaque tour de jeu générera de bonnes réflexions d’équipe. Le prix élevé (environ 55 euros) se justifie par les 8 figurines de grande taille qui habillent le plateau, mais je regrette que la boîte ne contienne que 3 monstres qu’il va falloir affronter en boucle. Deux de plus auraient bien fait l’affaire.

En somme, pour aimer Scooby-Doo : le jeu de plateau, il faudra donc vérifier cette checklist :

  • Être attaché au thème de Scooby-Doo, condition absolument nécessaire !
  • Ne pas être en quête de nouveauté dans le gameplay. Les joueurs blasés de Pandemic auront du mal.
  • Rechercher un jeu qui créée simplement une belle émulsion d’équipe, avec un bon équilibre entre choix personnels et choix collectifs.

 

Si cette liste est bien cochée, ce sera certainement un bon parti, à condition d’y mettre le prix !

 

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