les petits joueurs #21 : Cartaventura Odyssée – Super Peluches – Palaeontologist game
Chaque mois, notre chronique Petits joueurs vous propose plusieurs jeux pour différents ages de l’enfance. Joués entre parent chroniqueur et enfant.
Tutur : 6 ans, biberonné aux jeux de société : ses deux parents sont fanas, il les voit jouer depuis la maternité. Il a toujours très envie de jouer aux jeux de grands, d’avoir ses cartes et de manipuler le matériel. Bon public, il aime à peu près tout.
Sim’Meeple est un petit joueur de presque 6 ans. Il ne joue pas (encore) à Agricola, mais il est tombé dans le chaudron ludique depuis ses 2 ans (bien aidé par son papa). Sortir une boîte de jeu est un vrai plaisir pour lui. Ne pas faire un jeu au retour de l’école ? Impensable. Par contre, si comprendre des règles n’est pas un problème, ne pas gagner est encore difficile à accepter.
Cartaventura Odyssée : Le trésor de Libertalia
Voici la déclinaison pour enfants des jeux de la gamme Cartaventura. Gamme que, je le précise d’entrée, je connais peu puisque je n’ai joué qu’à Lhassa. Et qui m’a moyennement convaincu je l’avoue.
On reprend donc le principe de Cartaventura : des cartes carrées que l’on pose un peu comme des tuiles, qui forment à la fois un paysage et proposent des lieux à visiter. D’un point de vue gameplay, on est sur quelque chose de très proche du livre dont vous êtes le héros : on décide tous ensemble des lieux que l’on veut visiter et de nos réactions face aux différentes situations, ce qui nous indique quelle carte lire etc. Le but est d’aller au bout de l’aventure.
Nous allons incarner dans ce jeu un jeune matelot enrôlé dans un équipage de pirates. À travers les trois scénarios du jeu, il faudra trouver un havre de paix pour nos compagnons, en évitant les pièges qui pourraient nous conduire à être capturé par le chasseur de pirates : chaque fois que l’on fait un « mauvais choix », ce dernier se rapproche de nous, et s’il se rapproche trop, c’est game over et il faut recommencer.
Le jeu se base donc énormément sur de la lecture. Difficile pour Tutur de jouer uniquement avec des enfants, à 6 ans on apprend tout juste à lire. Ce n’est pas un problème : on a plutôt ici un moment privilégié parent/enfant, c’est lui qui fait les choix, et on lit l’histoire avec lui. On est ainsi plus proche du moment de lecture que d’un jeu à proprement parlé. C’est une activité que l’on fait souvent avec d’autres œuvres (Ma première aventure notamment), et l’on passe toujours un bon moment.
Cartaventura est un peu un « die and retry » et il faudra apprendre quels sont les choix à éviter pour pouvoir finir l’histoire. Mais la bonne idée, c’est justement que l’histoire est séparée en trois épisodes, proposant des parties de durée relativement courte, parfaite pour des enfants : si on perd, on peut recommencer en se rappelant des choix qu’on a fait, et la défaite n’est donc pas si problématique. Le jeu reprend également le fait d’avoir des fins différentes, notamment avec des cartes qui seront remplacées d’une aventure à une autre, ce qui donne donc envie d’y retourner. Cette édition, d’un point de vue gameplay, est pour moi parfaitement adaptée pour le public ciblé.
Il en est tout autrement de ce que nous raconte l’histoire. Cartaventura a, il me semble, pour objectif de coller à la vérité historique. Objectif gardé ici. Et c’est là que le bât blesse : si on regarde ce qu’étaient vraiment les pirates, on est bien loin de la version édulcorée et romancée présentée d’habitude aux enfants. Et, à mon avis à raison : j’ai eu de nombreux moments de gêne vis à vis des situations rencontrées : ah, on est capturé et… condamné à mort. Est ce qu’on épargne ce marchand ou est-ce qu’on coule son navire (et donc qu’on le tue) ? Et surtout « papa, c’est quoi des esclaves, et pourquoi ils sont dans un bateau ? »… Bref plusieurs situations (surtout dans l’épisode 2 cela dit) qui ne sont, selon moi, pas du tout adaptées à un enfant de 6 ans. J’imagine que cela peut dépendre d’un môme à un autre, mais clairement ce ne sont pas des choix et des thèmes que je veux proposer à mon fils à cet âge.
Nous avons certes fini l’aventure, mais je ne pense pas que nous referons le jeu pour voir les autres fins possibles.
Un jeu de Arnaud Ladagnous, Thomas Dupont
Illustré par Guillaume Bernon, Jeanne Landart
À partir de 6 ans
Palaeontologist game
Ah, Noël. C’est toujours l’occasion pour les enfants de recevoir des jeux édités dans un circuit disons alternatif, et qui passent complètement sous nos radars. Des jeux dont souvent l’auteur n’est pas crédité, avec un matériel d’une qualité discutable, des illustrations passables, d’une originalité absente (quand ils ne copient pas autre chose), avec un titre bateau, et qui ne sont souvent en plus pas très bien testés et qui ont plein de problèmes de règles. Des jeux dont on ne parle donc en général pas dans ces colonnes.
Et pourtant je vais vous parler d’un spécimen reçu cette année. Il coche pourtant les premières cases : il n’y a pas de nom d’auteur, le titre n’évoque rien, il ne fait pas vraiment envie à l’œil, et le matériel est vraiment de mauvaise qualité.
Le jeu nous demande de créer un plateau de petites alvéoles en plastique, au dos desquelles se trouvent des fossiles. Ce plateau sera surélevé, et un œuf de dinosaure est placé dessus (avec à l’intérieur un dinosaure en plastique qui ne sert absolument à rien). À notre tour, on lance un dé qui nous indique une des deux couleur d’alvéole. Il faudra alors taper avec un petit marteau sur une des alvéoles de cette couleur pour la faire tomber. S’il y a des fossiles dessus, paf on aura des points. Sauf qu’à force d’enlever des éléments, la structure s’affaiblit et finit par s’écrouler, faisant perdre des points au responsable de la chute.
Une fois la première partie jouée, on découvre que le jeu coche la case des approximations de règles (On ne sait pas quoi faire si on fait tomber une alvéole qui en déloge d’autres dans sa chute). Mais c’est un peu la dernière que l’on coche.
En effet, nous avons ici un jeu très hasardeux, sans aucun doute. Un jeu jouet aussi, qui repose en effet exclusivement sur son matériel. Et celui-ci a beau être moche au possible, et bien il fait le job : il y a un côté assez amusant à voir cette structure tenir uniquement grâce à l’élasticité du plastique qui permet de maintenir les alvéoles ensemble assez longtemps. Certes, le début est un peu long, mais arrive un moment où le choix de l’alvéole à enlever devient primordiale. On passe alors à cet habituel mais toujours agréable moment « patate chaude » : chaque coup peut être le dernier, et on stresse quand arrive notre tour, pour être soulagé quand on a évité l’effondrement. Bref, il y a de l’émotion.
On remarquera aussi que cette structure en équilibre est plutôt originale. Les jeux de ce genre misent d’habitude plutôt sur la verticalité que l’horizontalité, et c’est donc une réflexion différente qui est proposée aux enfants. Et même aux adultes d’ailleurs, car la lecture des zones de tensions n’est pas toujours si évidente que cela.
J’ai donc ici, vous l’aviez deviné, une surprise plutôt agréable, pour un jeu dont les finitions sont certes critiquables, qui n’est pas le jeu du siècle, mais qui réussit pourtant à surprendre un peu. Merci Papa Noël !
À partir de 5 ans
Super peluches
Les super héros ont envahi la chambre des enfants. Non, on ne parle pas ici de ces ringards que sont Superman, Batman ou autre Pokémons, ce sont les … Super Peluches !
Dans ce jeu, il va falloir récupérer un maximum d’étoiles via les cartes Super Peluches. Le jeu se termine à la fin du tour où un joueur a obtenu sa troisième carte peluche. On comptera alors les étoiles sur les cartes, et celui qui en a le plus aura le droit de ranger sa chambre parce qu’il y a des peluches partout et que papa va passer l’aspirat… euh… aura gagné.
Pour récupérer une carte, on aura la mécanique éprouvée du jet de dés relançables, permettant de récupérer des jetons équipement selon la face affichée. Jusqu’à trois lancers sont possibles pour avoir ce qu’on veut, sachant qu’une face peut bloquer le dé, une autre donne plus de jetons mais en donne aussi aux adversaires. Une fois le set de jetons équipement requis est récupéré, on peut prendre la carte super peluche parmi celles disponibles.
Sim’meeple a, au premier abord, été bien attiré par Super Peluches. Il faut dire que les illustrations ont tout pour plaire à nos petits joueurs. Super croco, Super panda, tant de héros qu’on rêverait d’avoir dans sa chambre d’enfant. Si la mécanique du jeu est fluide et efficace, elle n’est pas révolutionnaire. Elle reste néanmoins intéressante pour une première initiation à la gestion de ressources. En effet, il est très (presque trop) facile de remplir notre plateau joueur de jetons Équipement, ce qui en fait des parties rapides.
Néanmoins, Sim’meeple a encore trop de difficulté à accepter la défaite pour pouvoir apprécier le jeu. La frustration peut être bien présente, particulièrement sur la course pour récupérer une carte convoitée. Or lui prendre une carte super peluche juste sous le nez alors qu’il la voulait vraiment (parce que c’est Super peluche tigre et qu’il est trop cool, Super peluche tigre), et c’est le drame assuré. Les parties n’étant pas particulièrement palpitantes et sur des mécaniques déjà rencontrées dans d’autres jeux, il a rapidement délaissé ce jeu.
Un jeu de Moritz Schuster
Illustré par Mathieu Leyssenne
Edité par La Boite De Jeu
À partir de 6 ans
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Doc.Fusion 02/02/2023
Merci pour ces compte-rendus, toujours très attendus de mon côté.
Meeple_Cam 02/02/2023
Pour Palaeontologist, on dirait une re edition (ou copie) de SOS pingouin, non ?
fouilloux 02/02/2023
Oh punaise je viens de voir, mais oui complètement!
Fabien 06/02/2023
c est exactement ce que je pensais (mais ce sont des hexagones, alors que la banquise ce sont des carres)