Les petits joueurs 16 : Sonic Super Teams, Gummiland, Froggie, Après l’orage, La course des loutres
Cette rubrique « enfant » vous est présentée avec le concours de nos petits cobayes (joyeux et consentants) toujours prêts à essayer de nouveaux jeux !
Tutur : 6 ans, est biberonné aux jeux de société : ses deux parents sont fanas et il les voit jouer depuis toujours (dès la maternité). Du coup il a toujours très envie de jouer aux jeux de grands, d’avoir ces cartes et de manipuler le matériel. Bon public, il aime à peu prêt tout.
Sonic Super Teams
Quoi d’autre qu’un jeu de course sur un thème Sonic ?
Dans Sonic Super teams, chaque joueur aura le contrôle d’une équipe de deux personnages venant de l’univers Sonic. La partie est organisée en manches. À chacune d’entre elles, chaque joueur aura une main de six cartes, qu’il devra toutes jouer, une à son tour. Chaque carte étant de la couleur d’une équipe, on fait avancer un personnage de l’équipe en question du nombre de cases indiquées.
Et oui, on va faire progresser notre équipe mais aussi celles des autres ! Vous allez me dire que cela n’a pas de sens, mais si. En effet, certaines cases (les anneaux) vont doubler le déplacement alors que les pics vont au contraire ramener le déplacement à 1. Les loopings devront être franchis en une seule fois sous peine de revenir à la case précédente.
Soyons clair, un jeu à licence venant d’un studio Asmodee, tous mes warnings étaient au rouge. Bon, j’aime bien Sonic, mais ça ne me fait pas plus rêver. Et alors avec ces huit personnages dont la plupart sont complètement inconnus de la plupart des gens, ça enthousiasme moyennement. La qualité du matériel et certains choix éditoriaux n’avaient d’ailleurs rien pour me rassurer.
Tout ça, ce ne sont que des à priori, car surprise, le jeu est assez sympathique. On imaginait un titre assez plan plan, mais on se retrouve en réalité avec pas mal de choix à faire. En effet, il faudra utiliser les cartes de notre équipe au mieux, mais aussi gaspiller celles des autres. Quel plaisir d’utiliser un 6 adverse pour déplacer un personnage dans une fosse à pics et donc ne le faire avancer que d’une case.
Jouer une carte c’est laisser passer l’opportunité d’en maximiser une autre, et l’expression “choisir c’est renoncer” a souvent du sens.
Quoi qu’il arrive, tout le monde progressera quand même sur le parcours, grâce aux bonus que l’on piochera ici ou là, et la partie sera souvent serrée. Malheureusement, la longueur du parcours semble assez mal calculée : en effet, on fini la partie en ayant pioché une fois et demi le paquet de cartes. Ce qui veut dire qu’une moitié des cartes ne sera jouée qu’une fois, et que si c’est majoritairement des cartes de votre équipe, vos chances de victoire sont assez hypothétiques, quelle que soit la façon dont vous avez joué.
Reste que pour les enfants, il y a un risque important de créer de la frustration s’ils ne peuvent pas déplacer les personnages de leur équipe assez souvent. Car même si on “gaspille” les cartes des autres joueurs, on les fait quand même avancer. Cela dit, cette situation n’est pas si fréquente, et Tutur a beau tout ignorer de Sonic, c’est une course où on avance vite (parfois), et il en est ravi. Sonic super teams n’est pas le jeu du siècle, mais c’est une proposition correcte.
Un jeu de Max Gerchambeau
Edité par Zygomatic
Gummiland
Les gummis sont des petits monstres-bonbons aux fruits. Votre objectif va être d’en capturer un maximum et de les mettre dans votre gummi-box. Les gummis, une fois capturés, vous donnent des fruits qui servent à en capturer d’autres. À chaque tour, vous sortez deux cartes gummi de votre box, qui resteront disponibles tant que vous ne vous en êtes pas servies. Puis, vous pouvez utiliser les gummis devant vous pour en acheter un autre, en dépensant les fruits nécessaires. Tout ce joli monde retourne ensuite dans sa boîte, et on recommence. À la fin, c’est celui qui a le plus de gummis qui sera gagnant.
Il y a un côté très pokémon dans ce Gummiland : on collectionne les monstres que l’on met dans une boîte, et ceux qu’on a attrapé nous aident à en capturer d’autres. D’un point de vue mécanique, il y a aussi du deckbuilding dans ce jeu, puisqu’il faut choisir si on prend des gummis qui vont plutôt nous permettre de marquer des points, ou nous aider à en attrapper d’autres. Concrètement, les différences ne sont pas flagrantes, et clairement les enfants ne les verront pas. Les gummies sont recto-verso, avec un côté indiquant ce qu’il faut pour les capturer, et l’autre ce qu’ils offrent comme avantage pour en capturer d’autres. Les enfants ne savent donc pas vraiment ce que chacun apporte. Alors bien sûr un code couleur est là pour aider, mais il n’est pas si clair, et la différence entre les gummis roses (qui donnent des fraises) et les rouges (qui ne donnent rien mais font des points) n’est pas flagrante flagrante.
L’idée de collection en revanche va plutôt à vos rejetons, ainsi que le petit gummick (ahah) pour sortir les gummis de leur boîte.
À part cela, on prendra souvent le seul gummy possible, et il est assez difficile de déterminer quel sera le meilleur choix à faire. On peut se dire que parfois il faut attendre pour en prendre un plus intéressant, mais ce n’est pas évident.
À noter néanmoins que le jeu propose trois boîtes “secrètes” avec de nouveaux gummis et de nouveaux effets, qui rendent peut être le jeu plus excitant, mais il faut reconnaître que le jeu n’a pas vraiment donné envie de les explorer.
Après l’orage
Derrière son titre poétique, Après l’orage nous raconte une histoire terrible : après un orage, un mouton s’est trouvé séparé de son troupeau par une rivière qui a emporté le pont. Vous dirigez ensemble un couple de bergers qui va essayer de le reconstruire pour faire traverser le bêlant animal. Si vous y parvenez, c’est gagné. Mais attention : le mouton peut tomber dans l’eau, se faire manger par le loup, ou ne plus pouvoir traverser si le castor a volé trop de rondins du pont. Bref, cette histoire peut assez mal finir.
D‘un point de vue mécanique, nos bergers vont tourner autour du plateau et activer les tuiles sur lesquels ils s’arrêtent : on lance un dé qui nous donne une couleur de tuile, et on déplace un des bergers (de notre choix) sur la prochaine tuile de cette couleur dans le sens horaire. On résout alors l’effet de la tuile sur laquelle le berger ou la bergère s’est arrêté. Certains sont bénéfiques : couper du bois, ajouter du bois sur le pont et faire avancer le mouton, tandis que d’autres nous forceront à faire avancer le loup à la poursuite du mouton, à casser nos outils ou à faire avancer le castor qui essaie de voler les rondins de notre pont. De plus attention, chaque action positive peut être négative si on n’y prend garde : couper du bois quand il n’y en a plus de disponible, ou construire le pont sans avoir de bois coupé, fera avancer le loup. Et si le mouton avance alors que le pont n’est pas suffisamment construit, plouf, dans l’eau !
Voilà, en gros, le principe du jeu. Pour plus de détails, il y a un ludochrono.
Il me semble que ce jeu est peu connu, et c’est dommage car pour moi il mérite de l’être. Il est indiqué à partir de 6 ans, mais peut se jouer plus jeune (je remercie mon ludicaire qui me l’a conseillé). Dans une première approche, Après l’orage semble être un jeu coopératif classique pour enfant : on jette le dé, on réalise l’action, on ne se pose pas trop de questions, et on verra bien si on gagne.
Sauf que l’on aura toujours un choix, à savoir quel berger faire avancer. Et celui-ci ne sera pas si anodin. Certaines fois, le choix sera évident mais parfois, le jeu sera plus subtil : si je dois choisir entre avancer le loup ou le castor, il faudra que j’estime lequel est le plus dangereux à ce moment du jeu. Plus si évident, surtout qu’il s’agit souvent de menaces à long terme. Toutes sont d’ailleurs réellement susceptibles de nous faire perdre et ne sont donc pas juste hypothétiques. De plus, même nos actions “positives” comportent leurs risques, il y aura un sens du timing pendant la partie à saisir. Il faudra par exemple veiller à ne pas faire avancer le mouton trop vite sur le plateau, ou ne pas épuiser notre réserve de bois, au risque de ne pas pouvoir construire quand on devra le faire. Si j’ai deux actions bénéfiques à ma disposition, il faudra peut-être aussi que je me demande quel berger est intéressant à déplacer, par exemple parce que je saute des tuiles embêtantes. Enfin, une action permet d’échanger la position de deux tuiles, et là encore, il faudra se demander quelles sont les plus pertinentes à déplacer.
Petit bémol, certaines tuiles, celles qui ont un effet relance, sont un peu complexes à comprendre, et n’apportent d’ailleurs pas grand chose. Ça mériterait presque une règle maison.
Nous avons donc ici un jeu qui peut être simple, mais qui peut aussi faire naître pas mal de réflexion, et accompagnera bien votre enfant dans sa découverte des jeux. Ajoutons à cela du matériel de bonne qualité avec un style graphique très sympathique, et vous avez un jeu que je recommande chaudement.
Un jeu de Jean-Luc Renaud
Illustré par Panka Pasztohy
Edité par Zoe Yateka
Froggie
Froggie est un petit jeu de parcours dans lequel on va jouer des grenouilles qui font le tour d’un étang. À notre tour, on lance un dé, on regarde la couleur qu’il affiche et on se déplace vers la case suivante de la même couleur. Si elle est occupée par un adversaire super, on se rend à la prochaine case libre. Une mouche sur le dé nous emmène à la prochaine case avec une mouche. Chaque fois que l’on a fait un tour de l’étang et que l’on dépasse notre case de départ, on retourne un pétale de notre nénuphar. Quand on les a tous retourné, c’est gagné et on peut y poser notre grenoubille (oui j’invente des mots) pour un très joli effet… mais qui ne sert à rien niveau gameplay. Le jeu propose un mode “avancé”. À la place des mouches, on aura sur le dé des faces avec deux couleurs, qui nous proposera de choisir entre deux couleurs pour nous déplacer.
Vous avez littéralement toutes les règles du jeu, mais vous pouvez aussi les voir ici en vidéo.
Le jeu a une indéniable présence sur la table, une fois les grenouilles dans leur nénuphar. Comme cela signe la fin de la partie, ce n’est qu’un gadget, mais suffisant pour que les enfants adorent. C’est une course, il y a du hasard donc des retournements de situation, c’est simple, agréable à manipuler… Pour les adultes, plus dur de trouver à se mettre sous la dent, et la partie est surtout longue pour ce format, c’est le principal écueil. Sauf qu’encore une fois, les enfants adorent et voudront beaucoup y jouer. À vous de voir votre niveau de dévouement, mais lorgnez plutôt sur d’autres jeux du même genre.
Un jeu de Antje Gleichmann
Illustré par Oliver Freudenreich
Edité par Haba
La course des loutres
On continue sur un autre jeu de parcours, la course des loutres. Alors déjà, warning : l’auteur du jeu en question est un des membres de l’équipe, il est donc possible que j’ai un léger biais.
Un jeu de parcours donc, que je vous explique ici en vidéo, ou maintenant à l’écrit. Cette fois, nous aurons une petite troupe de bébés loutres qui devront aller au bout de la rivière avant les autres. À notre tour, on lance deux dés, sur lesquels apparaissent des animaux. On choisit une de nos loutres, et on la déplace vers la prochaine case disponible représentant un des deux animaux (on choisit lequel) sur le parcours. Ah, et voilà le grand retour de la règle classique de nos jeux d’enfance: si on fait un double, on rejoue (ce qui s’explique par le fait qu’on a eu moins de choix à notre tour). Le premier à amener toutes ces loutres à la fin du parcours a gagné.
Le jeu propose plusieurs niveaux de difficultés, avec des parcours plus ou moins longs, et une arrivée plus ou moins facile à atteindre. On peut ainsi moduler la durée de la partie. On reste dans du très classique en matière de jeu de parcours pour les enfants. Néanmoins, on y ajoute un ou deux twists intéressants. Notamment le fait de choisir quelle loutre avancer, ce qui implique des petits choix stratégiques pour les enfants. Attention, cela veut aussi dire que si vous espérez que parfois vos enfants gagnent, il faudra accepter d’un peu mal jouer parfois.
Comme Froggie on retrouve les joies de ce type de jeu, notamment le fait de dépasser un joueur s’il est sur notre case de destination. Mais cette fois, la multiplication des loutres rend l’événement plus fréquent, et permet de vrais retournements de situation.
Côté matériel, on pourra noter le design sympa des illustrations. Carton rouge en revanche pour la boîte et son thermoformage, beaucoup trop grande pour ce qu’elle contient. Bref, sans révolutionner le jeu de parcours, La course des loutres fait clairement honneur au genre et ne vous décevra pas.
Un jeu de Frederic Vuagnat A.K.A. La Loutre
Illustré par Jay Fleck
Edité par Auzou
Rendez-vous fin septembre pour une nouvelle mise à table des Petits joueurs.
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bgarz 03/09/2022
Merci pour cette nouvelle rubrique.
Serait-il possible de rajouter l’âge et la durée des parties des jeux pour la prochaine fois ? Merci.
fouilloux 06/09/2022
Bonjour,
Sans présumé de ce que fera l’équipe de rédaction, l’info est accessible sur la fiche des jeux. (Mais oui ça pourrait valoir le coup de l’indiquer) merci du retour!