Perspectives : enquête sous un autre angle

Matthew Dunstan et David Neale viennent de commettre un nouveau concept.

La description précise comme mécanique centrale. Car pour ce jeu d’enquête, l’observation précise, la description concise et exhaustive est requise pour comprendre l’intrigue et répondre aux questions.

Une enquête se résout en trois actes. Un acte est composé d’une mise en situation de douze cartes qu’on se distribue à tous les joueurs en respectant l’ordre. Chaque carte est un document, une photo ou un élément qui nous parle de l’histoire à résoudre. Ces cartes vont rester dans notre main, on ne se les montre pas, en revanche on peut se les décrire, et c’est d’ailleurs de cette façon que petit à petit nous allons mettre notre histoire en perspective.

Nous pouvons décider durant chaque acte de révéler l’une des douze cartes qui nous semble essentielle. Une fois que nous pensons avoir compris et que nous sommes capables de répondre à la question posée au début, nous cachons toutes nos cartes et prenons connaissance de quatre questions : l’une qu’on connaissait dès le début, et trois autres que l’on découvre. Après avoir donné nos réponses, la solution nous est présentée, puis nous pouvons passer à l’acte 2, puis l’acte 3, qui se situent dans une proximité temporelle du premier.

Chaque acte est une enquête à part entière et globalement indépendant les uns les autres, et il faudra attendre le dernier, l’acte 4, qui est la résolution de toute l’affaire, nous reprenons alors les 36 cartes, les mettons sur la table pour les consulter et voir l’indicible.. Quatre nouvelles questions nous attendent en conclusion de cet acte final. Un point par bonne réponse pour se mesurer sur l’échelle de Sherlock.

 

Éparpillés façon puzzle

Ainsi chacun se voit confié une partie des éléments qui vont permettre de comprendre. La tension réside dans la description des pièces afin que le groupe s’accorde sur le lien entre les éléments. La chronologie des événements, le point de vue d’où est photographiée la scène, qui est ce personnage, quel est son parcours, voilà les axes que les enquêteurs vont suivre dans les actes. Il s’agit de faire des liens, identifier les lieux, les personnages, le moment, d’où l’importance de la description renforcée, l’échange. Une fois les éléments compris, les pièces du puzzle rassemblées, il est temps d’exploiter ces éléments à présent compréhensibles. Le puzzle mental est assemblé.

 

Pour chaque acte, un puzzle ; pour l’ensemble de l’affaire, un méta puzzle lié par des éléments moins visibles mais qui vont alors révéler tout leur sens.

Ce même mécanisme que le binôme Dunstan-Neale avait développé en audio dans Echoes. Pas de sons ici, mais de l’image à faire parler. Il s’agit d’une grande enquête découpée en actes afin de focaliser les enquêteurs, et une fois chaque acte résolu, l’histoire est révélée. Un puzzle de 36 pièces.

À l’instar de son grand frère audio, il y a souvent un élément clé à comprendre pour que l’ensemble prenne un sens bien différent, le twist qui met les protagonistes sous une autre perspective.

 

carnet de notes conseillé

 

Les trois enquêtes sont indépendantes, et de difficulté similaire, avec certaines particularité, l’une demande quelques calculs qui pourront déplaire aux moins matheux. Une part de violence criminelle rend les enquêtes peu accessibles aux plus jeunes. Rien de visible, pas de trace de sang, un jeu d’enquêtes parle souvent d’intentions criminelles.

 

Profondeur de champ

Si chaque acte de l’enquête est décorrélée des autres, il est vraiment préférable d’enchaîner tous les actes dans la même session de jeu qui prendra pas loin de deux heures. Ne boudons pas notre plaisir, le meilleur dans ces propositions d’enquête est de bien maîtriser la compréhension des pièces, et il n’est pas utile de se précipiter. Passer encore quelques minutes à tout revoir pour ne rien rater, comprendre l’importance de chaque élément est presque le meilleur moment. On croit alors maîtriser son sujet, jsuqu’au moment où on voit des choses en arrière plan, une autre lecture nous attend peut-être. Reste à vivre la révélation des réponses qui peut apporter une pleine satisfaction quand on a tout compris.

Ce qui est parfaitement accessible dans les trois enquêtes, les histoires sont à démêler certes, mais la pelote se défait sans trop de nœuds. Chaque élément a son rôle, peu de choses sont superflues dans les images. Le style graphique est très lisible, c’était essentiel, tout repose sur la compréhension des images par des personnes différentes qui vont se décrire ces images.

On l’a vu, il est fondamental de décrire en détail les scènes, un exercice dans lequel nous allons progresser au cours des parties. Trois enquêtes, trois univers confiés à des illustrateurs différents. Nagaraja (vol d’une relique dans un musée) par Vincent Dutrait, The Dregs (empoisonnement au sein d’un groupe de rock Californien) par Looky, et Bons baisers du Buenavista (assassinat d’un ambassadeur en Amérique du Sud) par Ann et Seb. 

La boîte est attractive a plus d’un titre. L’ambiance qui s’en dégage reprend les codes du polar en noir et crème sur fond orange, très réussie, mais c’est également un tutoriel qui propose une petite enquête sur les tranches de la boîte intérieure, cette fois illustré par Julien Rico.

 

 

une des quatre tranches du tutoriel, l’œuf volé. Vous avez vu les différences ?

Les éléments qui différencient Perspectives d’autres jeux d’enquête coopératifs originaux :

Sherlock Q System propose avant lui des cartes distribuées aux joueurs qui sont des documents d’enquête. Q system demande de faire le tri des informations, ne garder que les documents qui semblent faire partie de la trame principale, et se souvenir des éléments plus accessoires. Ici pas de mémoire, pas de tri, rien n’est masqué.

Echoes, on l’a évoqué, c’est de l’audio, là où est Perspectives est de l’image à décrire.

Enquête express dans lequel nous avons 5 mn pour prendre connaissance des cartes document, sans les révéler. Une grosse part de lecture rapide et mémorisation pour ensuite rassembler les éléments dans la description commune et la discussion.

Le futur Fil rouge (on en parlait sous le nom de code Une vie) de Julien et Tom Prothière à venir chez Lumberjack, dans lequel nous avons des images en main, qu’on va se décrire, et qu »on classera dans l’ordre chronologique des événements. Ce jeu n’est pas une enquête mais joue sur l’émotion de la vie qui se dévoile à nous.

Mon point de vue

Pour une fois, je dirai que ces enquêtes sont préférables à plus de deux (ma configuration préférée pour les enquêtes plus classiques), afin que les éléments soient répartis. Trois à quatre cartes chacun, trois à quatre voix qui se répondent est le bon dosage pour des parties idéales. Le jeu se prend en main immédiatement, pas de règle, on entre dans le vif du sujet. 

Très agréable petite touche de nouveauté dans le jeu d’enquête, la description précise de la scène qu’on a dans la main, ce qui n’empêche pas l’histoire à démêler, à comprendre, qui satisfait pleinement mon cerveau amateur de résolution d’enquête. La façon de nous proposer l’affaire peut sembler être un artifice, pas facile de justifier pourquoi on ne peut pas se montrer ces documents, mais l’exercice est intéressant. Les enquêtes proposées sont d’un niveau de complexité juste ce qu’il faut pour rester une douce gourmandise.

 

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1 Commentaire

  1. Morlockbob 27/11/2023
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    J allais proposer d’en parler tant la surprise a été bonne.

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