PEL est devenu l’un des événements ludiques majeurs de l’année. On se retrouve à Paris entre fin juin et début juillet pour la onzième édition de ce festival entièrement organisé par une équipe de bénévoles.

Dans le 12e arrondissement, sur le site de la pelouse de Reuilly qui n’est malheureusement pas faite de grains d’herbe, Paris Est Ludique ouvre ces portes en plain air au public samedi 1er et dimanche 2 juillet, et pour la première fois aux professionnels le vendredi après midi, marchant ainsi sur les traces de Vichy et Cannes. Avant de revenir sur les jeux que nous avons pu y découvrir, attardons-nous sur l’organisation d’un tel événement, qui a rassemblé 18 000 visiteurs.

L’association Paris est ludique ! est une association portée par un conseil d’administration de cinq personnes, créée en avril 2020 pour être spécifiquement dédiée à l’organisation du festival.

Dès septembre, les choses commencent par un bilan du précédent épisode. Puis l’organisation avance jusqu’en février où les bénévoles vont choisir à quelle équipe se joindre parmi quinze missions : exposants, jeux à volonté, paillantes (équipe chargée du bon fonctionnement du festival les jours J). Dès les mois de mars, les inscriptions éditeur, exposant et presse ouvrent. Pendant ce temps, les équipes d’animation se mettent en place : l’équipe JDR élabore des scénarios, l’équipe jeux XL cogite pour créer des nouvelles versions grandeur nature de jeux…

Entre le montage et le démontage des 300 chapiteaux et 2000 tables de jeux, certains parmi les 220 bénévoles auront passé une semaine sur le festival.

Onze espaces sont gérés par des bénévoles, mais il y a bien sûr une grosse partie Exposants. Imaginez un peu l’organisation des planning pour que les bénévoles de chaque équipe puissent se réunir afin de proposer au public et aux pro la meilleure expérience. Simple à se rappeler pour les entrées, c’est gratuit en dessous de 8 ans, et c’est 8 € pour les deux jours. Toutes les autres infos sont là.

Comme nous avons l’habitude de le faire, nous vous proposerons plusieurs reportages couvrant une bonne partie des jeux proposés par de très très nombreux éditeurs.

Parlons un peu à présent des premiers jeux découverts :

Hamlet

C’est un petit village comme il en existe tant dans le monde du jeu de société, avec sa carrière, sa scierie, son champ de blé, et puis tous ces lieux spécifiques qu’il faut construire pour faire  produire leurs ressources propres. Les tuiles à construire coûtent des ressources que l’on va juste avoir besoin d’acheminer à l’aide d’ânes ; une ressource fort utile l’âne dans ce jeu. On prend et livre principalement, pour gagner des sous pour embaucher plus d’ouvriers qu’on envoie travailler, sans que les emplacements soient bloquants. Tout cela fonctionne plutôt bien, mais n’oubliez pas vos lunettes ! Sinon, impossible de jouer tellement les nombreux pictos sont minuscules. Une particularité d’Hamlet, ses tuiles à construire qui ont une forme vraiment atypique et parfois impossible à placer, car on doit respecter certaines règles de type Carcassonne. Je dirais que c’est l’élément en trop dans ce jeu, et qui empêche de s’amuser avec ses ânes. Une mécanique qui pourrait être intéressante, et qui le sera si on passe la première épreuve visuelle et qu’on se familiarise avec les tuiles en forme de boomerang, l’envie n’est pas au rendez-vous pour moi

. Et au centre, l’église reste à construire, sa construction sonnera la fin de la partie.

 – Natosaurus

Un jeu de David Chircop
Illustré par Yusuf Artun
Edité par Grrre Games
Date de sortie : Septembre 2023

Biomos

Construire sa planète, c’est un sujet qui revient souvent en ce moment, allez savoir pourquoi. Dans Biomos, à chaque tour, l’un après l’autre on va choisir l’un des jetons paysages tirés du sac en tissus, et le placer dans sa petite rampe. C’est un arc de cercle creux dans lequel on viendra glisser tour après tour les douze jetons paysages. Cette suite de différents paysages nous permettra de remplir des objectifs qui seront les points de la partie. Certains objectifs seront remplacés, mais ceux rapportant le plus de points seront remportés par une personne et non remplacés.

La particularité intéressante est qu’on peut venir glisser son nouveau jeton où l’on veut dans sa rampe, créant sans cesse des opportunités sur les objectifs en jeu. On tente ainsi de poursuivre plusieurs objectifs, de construire une suite de paysages qui sera payante dans le temps. Le matériel est simple tout en étant différent de ce qu’on connait, Biomos est une belle planète à découvrir.

 – Natosaurus

Un jeu de Gricha German
Illustré par Baptiste Perez
Edité par Subverti
Date de sortie : Juillet 2023

Ancient Knowledge

Ancient Knowledge est un jeu qui a buzzé même s’il n’est pas encore sorti ! Sorti de l’esprit de Rémi Mathieu, il s’agit d’un jeu de tableau-building qui sortira chez Iello sous le label Expert. Il s’agit de collectionner les merveilles et de les faire marquer. Mais attention, chaque merveille que vous jouez vient avec une certaine quantité de connaissances sur elle. Et en fin de chaque tour, les monuments construits glissent tous vers l’oubli. Lorsqu’un monument « tombe », si vous n’avez pas sauvegardé (retiré) ses connaissances, hop, vous avez des points négatifs. Il faudra donc récupérer des monuments vous permettant de se combiner à d’autres, de sauvegarder des connaissances, ou des artefacts qui offrent des bénéfices particuliers. Si les combinaisons s’avèrent satisfaisantes et que les joueurs ont accès à un grand nombre de possibilités, on est clairement dans du solitaire. N’y jouez pas à quatre et préférez le petit comité. Malgré des dehors attrayants grâce à de très belles illustrations et une certaine fraîcheur mécanique, le thème disparaît très vite.

Ancient Knowledge a le charme des eurogames un peu modernes : on se rend compte bien vite que cet opus vient grignoter sur les plates-bandes d’Earth. Je suis un peu moins convaincu, j’ai mes réserves, mais temps long excepté, est-ce que j’ai passé un mauvais moment ? Pas du tout : j’ai plutôt envie de réessayer, ou de le faire découvrir.

– Umberling

Un jeu de Rémi Mathieu
Illustré par Adrien Rives, Emilien Rotival, Pierre Ples
Edité par Iello
Date de sortie : automne 2023

Pass pass

Un pass pass c’est un collection de quatre cartes, une de chaque couleur. Trois pass pass et c’est gagné. Chaque tour, les joueurs vont jouer des cartes, sans contrainte de poser une couleur demandée. Seulement la couleur a quand même un sacré rôle dans l’histoire, car à l’issu du tour on comptabilise la somme pour chaque couleur. Dans la couleur majoritaire, la personne qui a joué la carte la plus élevée choisit l’une des cartes du pli à mettre dans sa collection, la personne suivante prend les deux cartes de valeurs les plus basses. Une seule carte pour la personne qui remporte ? Oui, car parmi les cartes, certaines présentent des diamants. À la fin de la manche, une carte vaut 1 point, un diamant vaut 1 point. À L’issu des trois manches, si personne n’a remporté la partie avec trois pass pass, c’est la somme des points qui fera le vainqueur.

C’est un jeu de plis inhabituel, qui demandera une partie pour calculer ses couleurs et comment résoudre le pli. Mais passé ce petit moment de déconstruction, vous saurez mener des petites alliances de tour et des coups de maître. Est ce qu’une main faible est un problème ? bien sûr qu’un 11 remportera plus facilement une ou deux cartes, mais le 1 peut aussi tirer son épingle du jeu, c’est une question de timing, et le sel du jeu. Attardez-vous sur ce jeu, il saura sans doute vous emmener vers des terrains plissés inconnus. Moi je vais le garder dans mon sac cet été.

 – Natosaurus

Un jeu de Alexandre Droit, David Paput
Illustré par Ulric
Edité par Funnyfox
Date de sortie : Mai 2023

Path of Civilization

Gros jeu de gestion euro, Path of Civilization a défrayé la chronique non par son auteur (Rest In Peace, que nous avions bien aimé, et la moitié de Turing Machine), mais plutôt par son illustrateur, à savoir une intelligence artificielle générative. Si à titre personnel je trouve le résultat plutôt moyen et la pertinence éditoriale de ce choix discutable, je ne m’étendrai pas plus sur le sujet, pour revenir au jeu, qui devrait sortir à l’automne.

Path of Civilization est donc un jeu de civilisation et non de tricot : on y dispose de cinq cartes, que l’on place sur un tableau contenant quatre emplacements. La carte qu’on ne placera pas sera sacrifiée sur l’autel des cartes nulles sans trop de remords (bye bye, carte !). Les cartes génèrent des ressources servant soit à acheter de nouvelles cartes, soit à jouer sur certains tableaux (la guerre, la religion, les merveilles, les leaders : des poncifs du jeu de civ’). Ces tableaux sont ceux qui vont générer le scoring, ou rajouter de petits (ou gros) bonus (les leaders, par exemple, sont une carte qui vient au centre de notre plateau déclencher des effets. 

Si ce jeu de civ’ avait de quoi me plaire, je me suis trouvé embêté. Tout d’abord, malgré son ouverture totale au début de la partie, on s’enferme vite dans un processus : chaque achat de carte oblige à déborder un peu sur un autre domaine, on se sent dans un script (du moins, moi). Bien sûr, vous pouvez dévier du trajet optimum, mais vous vous exposez à effectuer des actions sous-optimales. En court comme en long, je me suis senti un peu trop comme dans un tableur excel et non comme dans un jeu, et pourtant j’aime les jeux de gestion. Dommage, fromage.

– Umberling

Un jeu de Fabien Gridel
Illustré par Intelligence Artificielle
Edité par Captain Games
Date de sortie : automne 2023

Quickshot

Dans ce jeu de cartes pour 3 à 7 joueurs, il faudra être le dernier survivant, ou avoir la carte la plus élevée devant soi à la fin des quatre manches. On retrouve le lien de parenté avec Love letter, autre création pour laquelle est connu Seiji Kanai.

À partir d’une main de cinq cartes distribuées au hasard, chacun joue simultanément une carte, le leader jouant en premier face visible. D’abord on annule les doublons, puis on résout les pouvoirs des cartes par ordre croissant. Certains joueurs seront peut-être éliminés du jeu dès le premier tour ce qui n’est pas grave, une partie durant moins de 10 minutes. Le leader est celui qui a la carte la plus élevée (sauf pouvoir indiquant le contraire), et lui seul pourra repiocher une carte pour les prochains tours. Les autres auront de moins en moins de choix. Toutes les cartes du jeu ne sont pas jouées (5 fois 8 pouvoirs), donc on ne peut pas compter les cartes et anticiper les coups des autres, mais on est là pour rire quand quelqu’un est éliminé (soi-même ou une autre joueuse). C’est rapide, nerveux, et ça donne envie d’en refaire une.

– Manu

Un jeu de Seiji Kanai
Illustré par Pauline Detraz
Edité par Bankiiiz
Date de sortie : Septembre 2023

Elawa

Voilà un petit jeu qui prend peu de place dans la ludothèque et sur la table. Des cartes sont posées pour former un cercle, on peut en prendre une à son tour, ou réaliser une carte prise précédemment en dépensant les ressources requises. Comment prend-on ces ressources ? C’est ça qui est très simple et accessible dans ce jeu : la carte que l’on choisit nous donne également le nombre de graines que l’on va pouvoir prendre après cette carte dans le cercle. Je parle de graine pour faire référence à l’Awalé, vous l’aurez déjà remarqué, Elawa est un mot anacyclique (un cas particulier  d’anagramme qui se lit de droite à gauche). Le tout est donc de choisir la bonne carte qui va nous apporter les ressources convoitées. Chaque carte nous donne un scoring de fin de partie, soit direct, soit par condition (x PV par carte jaune ou symbole panier…).

Compréhension immédiate du jeu certes, mais il faudra attendre son tour pour choisir son action, car tout bouge tout le temps. Hautement opportuniste, on y trouvera l’intérêt de faire découvrir un jeu à des personnes qui n’ont pas encore plongé dans le bain.

 – Natosaurus

Un jeu de Corentin Lebrat, Johannes Goupy
Illustré par Elsa Roman
Edité par Bombyx
Date de sortie : Juin 2023

On vous donne rendez-vous dans très peu de jours pour la suite du reportage.

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