Pandemic : La Chute de Rome – Franchirez-vous le Rubi-cube ?
Pourquoi parler d’un énième opus de la gamme Pandemic, qui date de plus de 2018 pour commencer 2022 ? Et bien figurez-vous qu’à cette période, à l’instar de son grand frère Pandemic: Iberia, à peine après avoir été mis en vente, ce jeu connut une rupture de stock soudaine, si bien qu’il demeura jusqu’à présent peu connu du public. Les fans de la licence attendent depuis plus de deux ans sa réimpression et leur petit vœu vient juste d’être exaucé. Comme un miracle de l’an neuf ! Ayant entendu dire qu’il s’agissait là d’un opus majeur, je me suis empressé d’en acheter un exemplaire pour vous le faire découvrir.
Qu’est-ce qui le démarque du reste de la gamme ?
Qui dit Pandemic, dit forcément jeu coopératif où l’action se déroule sur une carte géographique et où chacun des joueurs aura un rôle avec des compétences. Vous le savez, il faudra nous débarrasser ensemble de ces satanés cubes qui s’incrusteront inlassablement sur le plateau. Et vous le savez, il faudra payer nos actions avec des cartes Ville pour arriver à nos fins.
Si cela ne vous dit rien, eh bien bienvenue dans le monde du jeu de société contemporain. 😉 Nous pouvons vous dépanner avec notre Ludochrono sur Pandemic premier du nom pour vous expliquer les grandes lignes du concept.
Dans cette version de La Chute de Rome imaginée par Matt Leacock & Paolo Mori, le thème porte sur les grandes invasions barbares qui ont précipité le déclin de l’empire romain, au début du Ve siècle.
Les fameux cubes représentent donc des unités barbares, contre lesquelles vous devrez combattre, mais aussi que vous pourrez recruter si vous parvenez à créer des alliances avec eux. L’objectif de victoire sera pour chaque faction barbare, soit de forger une alliance avec elle, soit d’éliminer sa présence de la carte.
Un peu à l’image de Pandemic : Montée des eaux, le mécanisme d’arrivée de cubes sur le plateau est admirablement adapté au thème. Ils suivent maintenant des routes migratoires en partant de leurs réserves situées à l’Est de la carte et en déferlant progressivement vers Rome. Pour limiter leur avancée, il faudra couper ces routes en plaçant des unités de légionnaires et des forts. Une dimension fortement stratégique donc.
Bien entendu, les actions des joueurs et les capacités des personnages ont également été adaptées au thème. Ici le nerf de la guerre sera vos troupes de légionnaires. Vous pourrez construire un fort pour en recruter, mais vous devrez aussi les balader avec vos pions Personnage. Ce sont eux qui mèneront les troupes au combat. Evidemment, tous les personnages n’auront pas le même talent pour gérer les batailles. En effet, chaque personnage aura une capacité passive, qui se déclenchera pendant les combats, sur certaines faces d’un dé. On y revient dans le chapitre suivant.
Enfin, les classiques remèdes, objectifs de victoire, sont remplacés par des alliances avec les tribus barbares. Il sera donc possible d’enrôler leurs unités parmi vos légions, mais ce ne sera aussi simple que pour retirer des cubes Virus dans le jeu de base. Il faudra en effet pouvoir défausser en plus une carte de la bonne couleur.
L’aléatoire : le bouleversement !
Oui, c’est l’entorse ultime à la règle, ce qui peut faire hérisser les poils des Eurogamers les plus puristes : l’issue de vos batailles sera déterminée à l’aide d’un lancer de dés. Oui ! Chaque joueur pourra lors de ses déplacements emporter avec lui 1 à 3 unités de légionnaires. Votre objectif sera de placer ces unités en contact avec les cubes ennemis et de les mener au combat. Vous lancerez donc 1 à 3 dés selon le nombre d’unités que vous mobiliserez.
Pour poser le contexte, je ne suis pas amateur de jeux où l’issue des actions est déterminée par des dés. Mais je dois admettre qu’ici, les faces des dés de combat sont plutôt bien dosées. Il y aura peu de pertes sèches et punitives (même si le fiasco est toujours possible), donc pas d’impact majeur dû au hasard sortant, mais un résultat dans l’ensemble modéré.
De plus, thématiquement, cette part de hasard s’avère tout à fait justifiée et se marie bien avec le jeu. Qui oserait prétendre qu’une bataille est gagnée d’avance ? On se souvient d’Alésia… Bref, c’est un pari qui aurait pu être casse-pipe, mais de mon point de vue, l’ajout de ces dés dans un jeu si déterministe est pour moi une franche réussite.
Verdict : Veni Vidi Vici ou Væ victis ?
Il n’y a pas tant à rajouter sur cet opus. Il confirme le talent de Matt Leacock et de ses collaborateurs pour toujours réussir à adapter ce système de jeu à un nouveau sujet. Ici, rien ne semble plaqué. Certes, on défausse encore et toujours des cubes du plateau, on utilise toujours des cartes Ville, mais chaque mécanique de jeu aura une traduction thématique. L’ensemble propose des situations stratégiques intéressantes et différentes des autres jeux de la gamme, car il faut repenser à une manière de lutter contre un nouveau mécanisme de prolifération des cubes (barbares).
En résumé, si vous avez aimé un ou plusieurs épisodes de la saga Pandemic, celui-ci fait partie des meilleurs à mon gout, pour les raisons évoquées plus haut. Vous ne serez pas déçu·e, d’autant plus que la qualité du matériel et la beauté des illustrations en font un bel objet ludique. Si vous ne connaissez pas Pandemic mais que vous souhaitez découvrir un bon jeu de stratégie, difficile mais au niveau de complexité raisonnable, il sera aussi fait pour vous.
En revanche, tout comme pour Pandemic : Montée des Eaux, si vous n’accrochez pas au principe, alors ne tentez même pas celui-ci, car on reste globalement dans un système de jeu très similaire.
Enfin les joueurs et joueuses en solitaire pourraient bien trouver chaussure à leur pied, car le jeu propose accessoirement un mode solo assez solide qui selon moi vaut le détour (enfin !!). Je vous donne rendez-vous dans un très prochain article « Solo Is Beautiful » pour vous le faire découvrir.
AVE !
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Shanouillette 11/01/2022
J’ai adopté l’expression franchir le rubicube, merci 😉
Groule 11/01/2022
Ahah je suis fier de moi !