Osmosis : ce n’est pas la paire que vous cherchez

 

On découvre le jeu d’association d’idées avec Dixit en 2008, on y rejoue à loisirs, et il a fallu du temps pour s’en lasser. Depuis, la voie était ouverte vers d’autres jeux du genre pour l’image (Mysterium, Qui Paire gagne, Shadows : Amsterdam, Similo, One Key, Ensemble, Au creux de ta main, Focus..), et les mots (Codenames, Mots malins, Decrypto, So clover, Hot & cold, Just one…). Osmosis arrive en bout de chaîne, car s’il est de la famille, il propose une expérience qui se situe plus dans le meta game, au dessus de l’association d’idées d’images et de mots. Agnès Largeaud et les Jeux Opla nous livrent un jeu coopératif pas comme les autres.

 

Comment osmoser ?

 

On a parlé de jeux d’association d’idées, et on a bien sur la table 7 cartes qui représentent des illustrations simples, ou des mots. Associer ces cartes par paire, trio, ou opposition serait aisé si nous pouvions communiquer sur ce qu’elles représentent, mais il n’y aurait alors pas de jeu. On a pourtant le droit de parler mais on est très limité dans notre communication. On ne pourra évoquer que ce avec quoi on associe telle carte, ou si elle pourrait aller avec une autre, si elle s’oppose avec encore une autre, mais sans jamais les citer ou évoquer quelque chose qui serait de l’ordre de sa représentation. Un jeu d’association d’idées et de communication dont le langage va se former grâce à une grammaire que le groupe de joueurs va développer, on vit ça également dans DaDaDa sorti récemment.

 

 

Une paire évidente 

Quand les cartes sont dévoilées en début de manche, chacun de son côté va les associer et se raconter des choses entre elles, dans sa tête. J’associe facilement la pioche et le diamant dans mon mon univers, ma culture, mon vécu, c’est évident, mais cette paire est-elle aussi évidente pour d’autres joueurs autour de la table ? C’est ce qu’il faudra arriver à établir afin que lors du vote, chacun forme avec ses propres cartes numéro, la paire, le trio, la double paire etc, une majorité soit exprimée sur les mêmes associations. Ludochrono 

 C’est l’heure de la révélation qu’on se rend compte que chacun a des évidences qui ne sont pas les mêmes que les autres, et que proclamer “mais cette paire est évidente !” n’a pas suffi comme argument pour que chacun se comprenne.

 

 

Vous le savez déjà que vous n’avez pas la même façon de voir le monde, d’associer les choses que d’autres personnes. Est-ce que vous allez vous amuser à Osmosis ? Et bien tentez l’expérience, je vous le souhaite en tout cas, car même quand on n’a pas la même culture, les mêmes évidences, et que chacun est parti sur son idée et n’a pas réussi à se faire comprendre, on s’amuse, et comme souvent dans ce type de jeu, les réussites sont gratifiantes, mais les échecs sont très fun. 

Pour ne pas en rester à “ mais enfin cette paire est évidente », on va inventer la façon de pointer une ou plusieurs cartes sans jamais se rapprocher du thème et ce qu’elle évoque. On aura la possibilité de proposer d’associer l’une des cartes de cette paire évidente avec une autre qui formerait bien un trio et ça raconterait une histoire avec une carte qui arrive avant puis une autre après, et si l’autre personne dit “oui tout à fait“, on pourra avancer de proche en proche pour arriver à se comprendre avec le reste du groupe. Mais si ça n’évoque rien à personne, il se peut que des gens proposent un autre type d’association.

 

Puis il y a cette grammaire que nous allons mettre en place quand le groupe se comprend assez bien afin d’avancer vers des missions où les associations deviendront plus compliquées car ce ne sera plus une paire ou deux paires mais des paires ordonnées, ou un quatuor + une paire. Le jeu propose aussi des variantes bien plus contraignantes pour le groupe, imposant par exemple à l’un des joueurs de guider le groupe vers un vote contenant une carte imposée. De quoi s’amuser très longtemps avec les 220 cartes recto-verso.

 

 

Une manche on joue avec les illustrations, puis on retourne les cartes comportant des mots de l’autre côté. Et l’expérience est légèrement différente quand il s’agit des mots ou des illustrations. C’est Charlotte Lacroix qui illustre son premier jeu avec des visuels qui évoquent d’une façon assez stricte un objet, un mouvement, un événement…, mais chacun y verra un écho à sa propre expérience. 

Le livret de règles ne contient pas que la règle du jeu, mais bien plus, comme souvent chez les Jeux Opla. Il nous invite après quelques parties à découvrir l’histoire de Sabina Spielrein, qui nous parle de psychanalyse et comment ce jeu lui aurait permis de continuer à communiquer sous un régime répressif.

 

Jeu méta

Ce qui me plaît le plus dans Osmosis, ce sont ces phrases qui n’ont de sens que dans ce contexte de jeu et qui, si on se positionne en tant que spectateur, ne veulent rien dire, ce langage que l’on aura créé le temps d’une partie.

Osmosis n’est pas un énième jeu de communication et d’associations d’idées. Il me fait un peu penser à ce qu’on fait dans Hot & cold, se comprendre en tournant autour du pot, et c’est très plaisant.

 

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Depuis sa création en juin 2014, Ludovox a à cœur la pertinence et l’intégrité des contenus proposés par une rédaction indépendante et l’établissement d’une charte que vous pouvez retrouver ici. Cet article a été écrit avec une copie presse du jeu. Si vous aimez notre travail, n’oubliez pas de nous soutenir sur Tipeee

 

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