Origin, le commencement !
Oubliez tout ce que vous savez, ou croyez savoir sur la genèse de l’homme. Ce que je m’apprête à vous révéler est la véritable histoire de l’humanité, celle qui vous a été dissimulée pendant tant d’années, celle qui n’a pas sa place dans les manuels scolaires… N’ayez crainte et approchez près de moi : je ne vous veux aucun mal, je souhaite simplement rétablir la vérité.
Il était une fois l’homme…
Au commencement, l’homme (oui, et la femme, vous avez raison) n’était qu’un frêle bipède blotti au cœur du continent africain. Rien ne semblait le prédestiner à se lancer dans une lente mais irrémédiable conquête de la planète tout entière : petit et faible, comment les autres espèces auraient-elles pu entrevoir la possibilité d’une telle évolution ?
Ce rêve des grands espaces n’est parti que d’un simple quiproquo, une querelle que l’histoire n’a pas souhaité retenir (les historiens supposent qu’il s’agissait d’une sombre brouille à propos de style vestimentaire).
La belle cohésion du groupe s’étiola et la fragile unité de la race humaine explosa. Ainsi naquirent différentes tribus qui émergèrent de ce choc primal, chacune ayant ses couleurs propres (toujours en lien avec ces problèmes de haute couture) : le rose, le bleu, le jaune, et le vert.
C’est sur ce désaccord que chacune des tribus décida de suivre sa propre voie, et que l’Homme commença à quitter le cocon protecteur de l’Afrique pour aller « voir du pays ».
Cependant, ce nouvel avenir de l’humanité s’accompagna d’un phénomène inattendu : lors de ses déplacements à la surface du globe, l’humain évolua. Celui (oui, celle si vous préférez… mais cessez de m’interrompre toutes les cinq minutes !) qui n’était qu’une petite créature chétive se développait : l’être devenait plus grand et plus fort, tandis que sa couleur de peau s’adaptait aux différents climats rencontrés.
D’après les experts que j’ai pu rencontrer, la conquête du monde fut progressive. En simplifiant les éléments caractéristiques d’un humain à l’extrême, on parvient à isoler trois critères : taille, épaisseur et couleur. Afin d’expliquer la propagation des tribus sur les continents, on peut alors distinguer trois phénomènes :
l’Evolution
C’est, à priori, la cause principale de la déferlante humaine sur la planète. À chaque modification de son aspect physique, l’homme conservait deux caractéristiques à l’identique pendant que la dernière se transformait (toujours de manière égale ou supérieure).
la Migration
À d’autres moments, le simple déplacement d’une tribu d’un territoire à un autre expliquait ces mouvements migratoires. Il est admis que ce déplacement dépendait de la vitesse des membres de la tribu concernée, et donc de leur taille moyenne.
l’Echange
Parfois, les mouvements de tribus étaient plus agressifs et certaines n’hésitaient pas à tout simplement prendre la place d’autres.
À la conquête de l’Ouest… et des autres points cardinaux !
Ah, la nature humaine… Une espèce animale douée d’intelligence (oui, enfin, pas tout le temps) et curieuse… C’est peut-être cette nature aventureuse plutôt que son attirance pour les styles vestimentaires qui est à l’origine de son développement sur la Terre.
Courageusement, certaines tribus franchirent des détroits se dressant avec fierté devant eux, mettant ainsi au jour de nouvelles terres.
D’autres préférèrent se concentrer sur de lucratives zones de chasse, leur apportant la nourriture nécessaire à leur survie.
Toutes cependant cherchaient à améliorer leurs conditions de vie : cela passait par l’innovation. Pendant leurs déplacements, les tribus découvraient de véritables révolutions technologiques dépendantes des zones dans lesquelles elles s’installaient.
Un plateau permet de connaître en permanence les innovations disponibles sur les différentes couleurs de territoires (jaunes qui ressemblent à du vert clair (!), oranges, violets, ou marrons).
Lorsqu’un pion tribu entre dans une zone, le joueur peut choisir de piocher trois cartes de la couleur concernée, et d’en conserver une, ou de ne piocher qu’une carte (qu’il conserve) et un jeton innovation. Vous noterez que la couleur marron ne propose pas de cartes : le joueur pourra alors s’emparer de deux jetons innovation de la colonne ou d’un seul de n’importe quelle colonne.
Cependant, les jetons innovation s’acquièrent uniquement dans un ordre croissant : un jeton de niveau 2 ne peut être pris que si le joueur possède déjà un jeton de niveau 1, …
Les cartes sont de différents types : les jaunes donnent des actions à effet unique, les oranges apportent des pouvoirs permanents, et les violettes sont des objectifs. À son tour, une tribu ne peut mettre en jeu qu’une seule carte de chaque couleur, et ne peut détenir plus de deux objectifs dans sa main.
L’origine, l’abscisse et l’ordonnée
→ Le Matos :
Maintenant que vous avez pu acquérir de solides bases en histoire, nous allons pouvoir parler du jeu Origin. Comme vous avez pu le comprendre, il s’agit d’un jeu de placement à objectifs secrets, à l’instar de Takenoko. À l’ouverture de la boîte, on se rend compte que Matagot (l’éditeur) ne s’est pas moqué de nous : le matériel est tout simplement somptueux ! Après avoir retiré les règles qui trône sur le dessus du thermoformage (soient 8 fascicules pour les 4 langues avec les versions normale et junior du jeu), on se retrouve avec pléthore de matériel. Ce qui saute aux yeux en premier sont les pions en bois du plus bel effet.
Cependant, on est également étonné par la présence de très nombreuses cartes. En fait, le jeu est multilingue et on retrouve les textes des cartes en français (bah oui), en anglais, en allemand et en hollandais. L’initiative est agréable même si je me suis empressé de glisser les cartes supplémentaires sous le thermoformage (aussi surprenant que cela puisse être, j’ai conservé la version française).
Par ailleurs, on trouve un ensemble de jetons innovations, détroits, chasses, et de petits socles circulaires pour différencier les tribus.
Le plateau de jeu est très agréable et bien lisible malgré une petite faute d’édition sur la couleur de certains territoires : les zones en vert clair correspondent à la couleur jaune lorsqu’elles sont mentionnées sur les cartes… dommage mais pas dramatique. On déplore également quelques surépaisseurs de colle sur le plateau (peut-être un défaut sur mon exemplaire ?).
Le thermoformage quant à lui est un peu fin (il n’a cependant pas encore cassé après une quinzaine de parties), et ne permet pas de caler l’ensemble des pions en bois correctement lorsqu’on range le jeu sur sa tranche.
De plus, une fois le matériel rangé dans sa boite, celle-ci ne ferme plus complètement, laissant un jeu d’un demi-centimètre.
→ Mes impressions
Le moins que l’on puisse dire à la fin d’une partie est que le jeu respecte étonnamment bien son thème. On a véritablement l’impression d’assister à l’évolution de l’humanité prenant ses quartiers à la surface du globe, même si les mécanismes peuvent sembler être abstraits.
Le jeu est accessible à un large public familial et est conseillé à partir de 9 ans pour sa version normale. Personnellement, je n’ai pas essayé la version junior tant elle simplifie à l’extrême les règles du jeu, qui ne sont pas forcément très complexes au départ. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elles sont inutiles, comme j’ai pu le lire sur le net, mais qu’on en fera vite le tour et qu’on passera rapidement à la version normale.
Origin est un jeu de placement très opportuniste, car il est indéniable que le hasard des cartes (et principalement celui des objectifs) joue un rôle important dans la course à la victoire. Etant limité à deux objectifs dans sa main, et ne pouvant en valider qu’un seul par tour, on ne peut qu’espérer que ceux-ci s’enchaînent de manière fluide et en accord avec le placement de ses petites troupes (après quelques parties, on parvient à mieux anticiper son positionnement). Cependant, les cartes violettes ne sont pas le seul chemin vers la domination de ses adversaires, et on peut marquer des points autrement. En effet, la récupération des jetons détroits, chasses et innovations sont autant de voies lucratives (même s’il me paraît délicat de faire totalement l’impasse sur les objectifs).
Dans mon cœur, il a remplacé son aïeul (deux ans d’écart tout de même, soit une éternité !) Takenoko (bien que j’apprécie de jouer du bambou de temps en temps). Pour toutes ses qualités et malgré ses défauts, Origin est un très bon jeu familial qui permettra de passer un bon moment avec ses proches autour d’une table de jeu.
► Le jeu est jouable sur la plateforme de jeux en ligne BGA depuis le 15/11/2017.
Merci à LSD graph pour les illustrations de l’article.
Un jeu de Andrea Mainini
Illustré par Null Nephyla
Edité par Matagot
Langue et traductions : Anglais, Français, Allemand, Hollandais
Date de sortie : 2013
De 2 à 4 joueurs
A partir de 9 ans
Durée d’une partie 45
LUDOVOX est un site indépendant !
Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :
Et également en cliquant sur le lien de nos partenaires pour faire vos achats :
morlockbob 31/12/2017
Pas tout neuf celui-la, un jeu très agréable et très beau passé inaperçu. Trouvable en occase uniquement je pense. Bonne idee d être revenu dessus a l aube de l origine de cette nouvelle année
😉
Stefan Matagot 01/01/2018
Toujours disponible en boutique, et aussi sur Boardgamearena.com pour y jouer online.
yoda37 31/12/2017
Excellent jeu, disparu sous la masse des sorties…
christ 31/12/2017
Ce jeu est très bon mais je préfère TAKENOKO,
mais c’est que mon avis ,
bonne année à tous
christ
Laurent Denis 01/01/2018
merci pour cette mise en lumière d’un jeu qui reste un de mes coups de coeur pour faire découvrir le jeu moderne à un public non averti (je le préfère aussi à Takenoko). J’aime le fait de devoir adapter ses stratégies au tirage, il y a en a suffisamment de disponibles pour pouvoir s’adapter. Le matos, avec les pions bois, est vraiment de très bonne facture.
Allez le tester sur BGA.
Peut être un jour verra-t-on un reprise d’édition avec des nouveautés, qui sait (le jeu le mériterait)