One key, mais où est passée cette fichue clé ?
One key est un jeu de déduction familial, utilisant des cartes savamment illustrées, le tout étant coopératif et asymétrique, pour 2 à 6 joueurs. Je vous entends d’ici vous écrier « Encore un jeu de déduction avec des images ?! », il est vrai que ces derniers temps, une flopée de jeux de ce type ont vu le jour, depuis le franc succès de Mysterium et avant cela, de Dixit (on pense dernièrement à Shadows Amsterdam, Detective club, Greenville 1989, etc).
Alors, que peut bien apporter One Key par rapport à ses prédécesseurs ?
Ne serait-ce qu’une pâle imitation, qu’un énième décalquage du même concept ?
Voyons cela…
À la recherche de la clé perdue
Dans One Key, vous allez chercher dans votre grenier un objet de valeur qui a disparu… une clé (aaahhh c’est donc ça le titre). Bon, je n’irai pas plus loin dans le thème, car pour de vrai, il n’est pas vraiment tangible.
Il vous faudra choisir un Meneur qui aura la lourde de tâche de faire deviner à ses camarades une carte, en s’aidant de nombreuses autres cartes. Oui oui, je sais, on a dit qu’on cherchait une clé, en fait c’était juste un prétexte pour vous faire jouer, thème un peu plaqué comme je vous le disais !
La mise en place ne vous prendra que quelques secondes : le Meneur va piocher 11 cartes et en choisir une à faire deviner (vous pouvez également la choisir totalement au hasard, ça évite tout biais quand on joue avec des gens que l’on connaît).
Le Meneur va ensuite les disposer toutes sur la table, accessibles à ses camarades et juste en dessous, on placera 3 petits cartons, un vert, un orange et un rouge.
L’épreuve de l’élimination
Le jeu va ensuite se dérouler en 4 manches durant lesquelles les joueurs vont devoir éliminer progressivement des cartes jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une seule…celle choisie par le Meneur, on l’espère pour vous !
Lors du premier tour, le Meneur pioche une carte et la place auprès d’un petit carton orange, vert ou rouge, selon que cette carte corresponde “ un peu “, “ beaucoup “ ou “ pas du tout “ à la carte qu’il doit faire deviner. Avec ce seul indice, les autres joueurs vont devoir éliminer une carte.
Au cours des 3 manches suivantes, le Meneur va piocher 3 cartes et les placer derrière son paravent, dans les emplacements (malin !) prévus pour.
Cette fois, il utilise les petits jetons (vert, orange ou rouge) pour indiquer la correspondance de chaque carte avec celle à trouver.
Toutes ces manipulations sont réalisées derrière son paravent, à l’insu des autres joueurs. Lorsque le Meneur va leur révéler ce qui se cache derrière le paravent, seules les images seront visibles, les indices eux auront été placés face cachée.
C’est là toute la malice et aussi le petit plus de One Key par rapport à ses aînés : les joueurs vont devoir choisir eux-même la carte pour laquelle ils souhaitent un indice et laisser parler leur instinct. Dit comme ça, ça paraît étrange, pourtant cet aspect peut vite se révéler capital pour vous orienter et faire les bons choix.
En effet, prenons un exemple concret : vous hésitez fortement entre plusieurs cartes, celles que vous voyez ci-dessous à gauche. Les cartes indices sont représentées à droite.
Peut-être voudrez-vous voir l’indice de la carte 15 pour avoir un lien sur le côté dessin (crayons de couleur) des cartes 7 (l’homme dessine), 12 (la bouteille d’encre) et 19 (le chat fait un croquis) ? Mais vous allez peut-être préférer voir celui du 32, la forme ronde des donuts pourrait sans doute vous aider à éliminer d’autres cartes, non ?
Bref, vous pouvez orienter votre piste, affiner votre recherche avec cet aspect de choix sympathique.
Comme repris sur le plateau compte-tour, à la 1ère manche vous éliminez 1 carte, 2 à la 2ème manche, 3 à la 3ème…et oh surprise, 4 à la dernière manche ! Et les manches vont ainsi s’enchaîner, jusqu’à ce que les joueurs aient éliminé toutes les cartes sauf la bonne… ou jusqu’à ce qu’ils se soient trompés.
Face à la difficulté de certains choix (quand vous n’avez eu que des indices oranges, vous ramez à fond, et c’est frustrant !), les joueurs disposent d’un joker unique : ils peuvent demander à voir un indice supplémentaire pour la carte de leur choix.
Trois minutes chrono
One Key est un petit jeu très rapide, une partie ne peut pas excéder les 20 minutes, puisque chaque manche ne dure que 3 minutes ! Non seulement vos parties seront tellement vite passées que vous pourrez les enchaîner – ce qui est pas mal quand vous perdez rapidement ou que vous avez l’impression de subir les indices orange – mais en plus, exit les temps morts, puisque dès que les joueurs ont choisi l’image pour laquelle ils veulent voir l’indice, le Meneur commence à préparer la prochaine manche. Lui aussi n’aura que 3 minutes pour attribuer un indice à chaque image et pour garder une oreille attentive au débat qui agite ses camarades.
Car oui, le rôle du Meneur est bien sûr central, comme dans Mysterium, il se doit non seulement de donner les bons indices, mais surtout de comprendre comment réfléchissent ses partenaires pour tenter de les orienter dans la bonne direction (est-ce qu’ils se focalisent plus sur les détails, les positions, les couleurs, les formes, les associations d’idées…).
N’est pas bon Meneur qui veut ! Et pourtant ce jeu a fait un carton lors de mon dernier week-end j2s, j’en ai vu très peu refuser une seconde partie (sans compter les “Moi ! Moi !” insistants des enfants à qui vous demandez qui veut être le prochain Meneur).
La quantité importante d’images (84 exactement) permet une belle rejouabilité. Les illustrations (de Naïade) sont d’ailleurs magnifiques, variées, colorées et très enfantines. J’ai particulièrement apprécié la diversité des formes des cartes, qui peut parfois être un indice en lui-même…
… Mais qui se révèle être une vraie plaie quand il s’agit de les mélanger ! Essayez-donc, vous verrez, après seulement 3 parties j’avais envie de les lancer par-terre pour les mélanger…c’est une technique comme une autre paraît-il. Le seul problème, c’est que vu la qualité des cartes, je ne vous le conseille pas vraiment. J’ai été très déçue de constater qu’elles sont très fines et qu’elles s’abîment très vite (surtout quand les marmots mettent leurs pattes dessus…).
Même constat concernant le paravent (aussi fin que les cartes) et le porte jeton qui est en plastique, et bien que très pratique d’usage il me semble un peu cheap. On est loin du beau et solide matériel de Mysterium !
À noter la présence d’une application (gratuite), qui loin d’être nécessaire, est très bien faite et agréable à utiliser. À défaut d’avoir mis un sablier dans la boîte, cette application sera le timer qui rythmera chacune de vos manches, non sans une petite musique d’accompagnement, qui varie selon le niveau.
Pour conclure, je dirais que si vous aimez les jeux de déduction coopératifs, joliment illustrés, très rapides et que vous n’êtes regardant ni sur le thème, ni sur la qualité du matériel… alors testez One Key !
Il s’avère un petit jeu très abordable (tant au niveau des règles que du prix, environ 26€), familial (plus que Mysterium), fun, avec des parties courtes et tendues, et une rejouabilité qui permettra d’enchaîner les sessions aussi bien à la demande des enfants que des adultes. Bref, il révolutionne pas le genre, certes, mais ce qu’il fait, il le fait bien.
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Grovast 13/05/2019
Deux parties d’essai ici qui m’ont conduit sensiblement aux mêmes conclusions.
Libellud continue d’explorer sa veine de prédilection, et ça donne une sorte de Profiler avec des illustrations.
Loin d’être estomaqué, mais son accessibilité comparable à celle de Dixit (selon l’enfant à partir de +/-8 ans ça peut passer) est un plus.
Shanouillette 13/05/2019
Très agréable mais difficile ! On retrouve une sorte de quintessence des précédents jeux de Libellud, le temps limité de Shadows et l’asymétrie de Mysterium, mais le thème et le matos il est vrai n’est pas travaillé comme dans ce dernier.