Notre planète vit des moments difficiles. Réchauffement climatique, pollution, etc… Tout cela en raison des activités humaines, et ce n’est pas un sujet évident à aborder avec nos petits joueurs. Le moment opportun pour sortir Ocean Crisis, édité en 2019 au salon d’Essen, et le proposer à mon petit joueur de bientôt 6 ans, Sim’Meeple.

Ocean crisis est un jeu coopératif pour les enfants dans lequel nous nous trouvons confrontés à une pollution bien connue : la profusion de déchets plastiques qui se retrouvent dans l’océan. Nous allons incarner des enfants qui devront lutter pendant 6 tours contre la pollution des eaux.

Dans une mécanique proche de l’iconique Pandemie, la ville va rejeter chaque tour des tuiles de détritus dans la rivière : pailles, sacs plastiques, canettes, …, qui  suivront le cours d’eau jusqu’à  s’écouler dans l’océan.

Ces saletés iront alors faire grossir le fameux « Great Pacific Garbage », 7ème continent de plastique (existant réellement dans le Pacifique et faisant la modique taille de trois fois la France, 1.8 trillions de morceaux de plastique. Des chiffres à faire froid dans le dos).

Notre objectif : lutter contre cette profusion d’ordures avant que celle-ci n’arrive en mer. Si six tuiles sont ainsi acheminées sur le continent de plastique, la partie est perdue. Il va donc falloir intervenir vite !

Pour mobiliser nos forces, chaque joueur va pouvoir affecter des actions, sous forme de meeples, sur deux possibilités : nettoyer les eaux en ramassant les déchets, ou développer des améliorations. Cette phase se fait en simultané, et les joueurs sont libres de discuter sur la stratégie de comment s’y prendre.

L’action « Nettoyer » consistera à choisir une tuile déchet sur une zone de la rivière ou l’océan, et jeter un dé pour obtenir une valeur au moins égale à la valeur de la tuile. Cette tuile sera alors défaussée. Sinon, elle est tout de même « réduite » (on a quand même œuvré un peu à son éradication), et la tuile sera d’une valeur inférieure pour les prochaines tentatives.

L’action « Améliorer » va demander à placer nos meeples dans le centre de commandement et ainsi construire des chemins vers des initiatives de nettoyage améliorées. On pourra ainsi lancer une initiative « se retrousser les manches » et ramasser entièrement les déchets d’une zone, ou alors construire une usine de traitement qui réduira les déchets en sortie de la ville, ou encore solliciter l’aide des enfants de l’école pour avoir des meeples supplémentaires, etc …

Les améliorations seront indispensables pour éviter de se faire surcharger par l’arrivée continue des détritus.

Une fois la phase action terminée, les problèmes commencent. Tous les déchets restants avancent d’une zone vers l’océan, puis les courants océaniques les transporteront en haute mer (gérée via une roue à tourner en fonction d’un jet de dé), et enfin les déchets partent vers le continent de plastique. Un nouveau tour débute en ajoutant des déchets sur toutes les zones de la rivière et l’océan (car oui, les gens jettent aussi des trucs sur la plage).

On est donc dans une course contre la montre pour éviter de se faire dépasser par ces tonnes de résidus de pétrole, et ce, six tours durant.

Le jeu propose plusieurs niveaux de difficulté et surtout des missions annexes où, généralement, une espèce animale sera en danger (tortues, requins, hérons).

Chaque mission annexe propose un défi différent, plus ou moins difficile. Il faudra, en plus de nos actions de lutte contre le plastique, aller sauver des œufs de tortue sur la plage, nettoyer une zone mazoutée, ou libérer des oiseaux pris dans des filets. Et cela n’est pas une mince affaire, car les choix seront difficiles.

Plastic beach

La zone où j’habite est un exemple flagrant d’incivilités liées aux détritus jetés sur la voie publique : restes de Fast Food, canettes, décharges sauvages. Les gens autour de chez moi ont un respect tout relatif de la propreté urbaine. Via ce jeu, j’ai pu aborder avec Sim’Meeple les impacts de transformer l’extérieur en poubelle.

Sur la mécanique du jeu, celui-ci est donné à partir de 8 ans, mais 6 ans est largement abordable si on se cantonne au jeu de base, sans les missions annexes.

Les choix sont dans l’ensemble simples à faire, le jeu étant plutôt basé sur ce qu’on doit traiter en priorité.

J’ai laissé Sim’Meeple faire ses propres choix et, s’il n’a pas encore une stratégie anticipée, il a bien compris la répartition entre nettoyer les eaux et construire des chemins pour faire des améliorations, l’importance de traiter les zones qui débordent. Rajoutons à cela sa satisfaction chaque fois qu’il réussit à traiter une tuile déchet, et ne pas se sentir en situation d’échec en cas de jet raté vu qu’il y a quand même un effet bénéfique sur la tuile, petit twist bien trouvé sur la gestion de la frustration. 

Le matériel et les illustrations sont plutôt infantilisants et illustrent bien la thématique, tout en montrant que les animaux sont mis en danger par la pollution. Et évidemment, pas de plastique dans la boîte.

On pourra dire qu’il serait mieux de faire un jeu qui traite des solutions en amont, comme le tri des déchets ou la limitation d’usage du plastique, plutôt que sur les actions de nettoyage, trop tardives.

C’est vrai, mais cette pollution existe déjà, tout le monde ne se sentant malheureusement pas concerné, et il est intéressant d’aborder la problématique par ce biais. Cela peut porter ses fruits, concrétisé sur Sim’Meeple qui ne veut plus utiliser de pailles (mais qui laisse traîner son pot de yaourt par terre dans la cuisine, mais c’est un autre sujet…). Pour moi, l’objectif de sensibilisation est atteint.

À savoir que ce jeu est utilisé comme outil pédagogique dans les écoles vietnamiennes. Le livret de règles fait aussi mention de l’importance du tri des déchets, où on constate que l’Allemagne, par exemple, est largement en avance sur la France, dans les méthodes comme la mentalité de la population (En Allemagne, on trie les bouteilles par type et tout est consigné !).

Nous avons donc avec Ocean Crisis un chouette jeu écologique pour aborder la pollution plastique. La lutte contre la pollution plastique doit se faire à tous les niveaux (de la réduction de production plastique, jusqu’au recyclage, en passant par le tri), et ce jeu permet d’aborder toutes ces problématiques en insistant sur les conséquences. S’il est orienté pour jouer avec des enfants, et probablement trop simpliste pour des joueurs aguerris, il propose une mécanique intéressante et accessible pour un public familial, sur un thème bien retranscrit, et surtout très d’actualité.

LUDOVOX est un site indépendant !

Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :

Et également en cliquant sur le lien de nos partenaires pour faire vos achats :

Partagez cette publication