Vous aimez les jeux de plis qui changent de l’ordinaire ? Bienvenue dans l’univers de l’auteur Yusuke Matsumoto dont c’est le premier jeu, édité par Engames. Nokosu Dice a été l’un des jeux remarqués lors du dernier salon d’Essen, seule opportunité de le rentrer dans sa ludothèque si on n’a pas prévu un voyage au Japon.

On en parle aujourd’hui alors qu’il n’a pas encore de localisation prévue en France, car il a plein de particularités ce jeu de plis. Sont-elles indigestes ou épicent-elles les parties des tappeurs de plis ? Un jeu de cartes et de dés, un jeu où le chiffre peut être plus fort que l’atout, un jeu où on va voir se réaliser avec jubilation sa mise de plis, où on va encore plus aimer faire tomber les adversaires.

Ils appellent ça le whist

Si je vous dis qu’il va falloir faire le nombre de plis que vous avez choisi en début de partie, vous allez me répondre Cat in the box, Wizard.. et d’autres ont déjà fait ça, sans parler du prochain Aurum. Mais il y a plusieurs choses qui diffèrent dans Nokosu dice. Il y a que le nombre de plis que vous devrez faire va se dessiner lentement au cours de la partie, et ce sera le dernier dé que vous n’aurez pas joué qui va définir votre contrat. Oui le dé ! On commence par distribuer des cartes bien sûr, puis s’ensuit une phase de draft de dés pour en avoir 5 chacun. Le dé restant sera la couleur d’atout et même un peu plus que ça, le même dé (disons le 1 rouge) sera le super atout.

Ma main de cartes et le choix des dés est encore en cours.

Ce dernier dé que tout le monde a laissé va définir deux choses : la couleur d’atout (rouge), et la valeur qui est encore plus forte que l’atout (le 1). Dans n’importe quelle couleur oui. Ainsi mon 7 rouge que je crois plus fort que tout dans un jeu de plis classique pourra être coupé par un 1 d’une couleur. Et le super atout le 1 rouge est au dessus, là c’est sûr personne ne pourra me prendre mon plis… sauf si quelqu’un joue un autre 1 rouge après moi. Et oui, une seule carte de chaque type (de 0 à 7), mais le tirage de dés peut ajouter un ou plusieurs supers atouts.

Tout est dans l’ordre d’importance : le chiffre plus fort que la couleur.

Le jeu de levées est ensuite “classique” (must follow, droit de pisser), on pourra tout de même choisir de jouer une carte de sa main, ou l’un de ses dés. La différence est que nos dés sont visibles de tous et révèlent en partie nos possibilités. En jouer un permet d’enlever des informations aux autres, mais va également réduire les possibilités de contrat, car on l’a dit, le dernier dé restant donnera le nombre de plis à faire pour son contrat personnel. Et ça vaut plutôt grandement le coup de réussir son contrat car on va encaisser 10 points par personne qui ne réalise pas son contrat. Vous voyez la méchantise sous-jacente du jeu ?

Une part de maîtrise classique dans un jeu de plis, les cartes dans quatre couleurs, et une part d’aléa donnée par les dés pour les valeurs mais aussi les couleurs car les dés sont tirés au hasard d’un sac. Une part de visible (les dés) qui va permettre d’aller chasser la personne qui est en train de réaliser son contrat. Si on voit qu’elle a déjà trois plis et que son contrat s’oriente vers un 3, on pourra tenter de lui faire prendre un pli supplémentaire pour la faire tomber et garder une plus grosse part du gâteau.

Tous égaux grâce au dé

Ne pas avoir une bonne main peut ainsi être gommé par les dés que l’on choisit, mais aussi par le fait de pouvoir revendiquer de faire zéro pli en prenant le dé noir.

Ce dé se prend lors de la phase de draft, pour annoncer un zéro pli. Ça semble simple, ça ne l’est pas, on ne nous laissera pas faire, d’autant qu’en gagnant son contrat de cette façon là, on a un bonus de 10 points supplémentaire au scoring.

On classe ses dés sur sa petite tablette.

C’est assez remarquable dans ce jeu comme la main n’a pas une vraie importance, il n’y a pas de mauvaise main, il va juste falloir savoir dérouler son jeu et s’adapter en permanence. Se laisser la possibilité d’avoir jusqu’à la fin le bon nombre de plis. Alors oui gagner des plis c’est bien, ça rapporte 1 point le pli, mais remporter un contrat est bien plus juteux. Ne faire qu’un pli, si vos trois adversaires ne font pas leur contrat vous fait quand même 31 points. Une façon très élégante de gommer la chance du tirage.

La position du dernier joueur a son importance, peut-être est-ce la vraie “chance” du jeu, car le dernier choisit le dé qui va rester comme super atout. Entre le 1 rouge et le 5 bleu, je peux arriver à lire avec mes cartes en main et les dés choisis qu’elle est ma meilleure probabilité de remplir mon contrat. On sera tous premier joueur, pas d’inégalité. Être le dernier à décider de la valeur et de la couleur est peut-être la meilleure opportunité de décider de prendre le dé noir, car nous avons alors le plus de données disponibles pour savoir si on a un risque de prendre un pli avec une carte ou un dé la valeur ou couleur d’atout.

Être dernier lors d’une levée est une place de choix également : je prends en coupant avec un chiffre, avec un atout, juste avec la plus forte carte de couleur, ou je laisse filer le pli si j’au déjà rempli mon contrat ou si je veux laisser ce pli à un adversaire qui n’en voulait pas. C’est un jeu où on ne cherchera pas à prendre la main, à faire tomber les cartes, mais plutôt à jouer l’attente.

Une belle tête de super atout.

Bonne pioche

Beaucoup de twists dans ce jeu, mais qui s’assemblent bien pour donner un jeu de plis d’un genre différent et avec un sacré bon goût. J’aime la phase de draft où les possibilités se dessinent petit à petit, jusqu’à la révélation du dé super atout. Durant la partie, on jouera de façon peu classique, aucune certitude de pouvoir remporter avec les grosses valeurs, car le chiffre atout pourra prendre le pli. Il nous force à penser le jeu autrement. Il me donne l’impression de marcher sur du sable mouvant, et procure la satisfaction d’être arrivée en lieu sûr quand je réalise mon contrat. Ce moment est assez fort, tout comme les moments où on se ligue pour faire tomber un adversaire. 

Il ne se maîtrise pas à la première partie, tous ces changements en font un jeu qui demande d’y retourner. C’est une belle découverte, un grand jeu de plis pour les amateurs du genre. L’ajout de la phase de draft de dés nous ajoute du contrôle sur notre tirage de main, le chiffre plus fort que la couleur nous demande de penser différemment et enlève du contrôle pour les habitués du plis. Le seul problème est que le jeu qui date pourtant de 2016 n’est pas localisé en France et pas facile à trouver. Espérons qu’un éditeur français nous offre la joie de bientôt déguster cette belle salade.

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L’image de la bannière est issue d’un site anglais qui s’appelle Whats Eric Playing. Eric son créateur nous a donné son aimable autorisation.

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