Nimalia : prenez du poil de la bête

Nimalia est un jeu de cartes créé par William Liévin, illustré par Pauline Détraz et édité par La Boite de Jeu. C’est le premier jeu de cet auteur, mais on avait déjà pu profiter des talents de l’illustratrice sur plusieurs titres, notamment le récent Akropolis. Elle avait également œuvré pour Au creux de ta main, un précédent jeu de cet éditeur qui nous montre là son éclectisme, mais elle collabore en réalité avec Benoît Bannier (La Boîte de Jeu) depuis ses débuts dans l’édition (10′ to kill). Un peu d’expérience donc, cela tombe bien, car le jeu repose beaucoup sur la lisibilité des éléments sur les cartes.  

Nimalia se joue de 2 à 4 joueurs à partir de 10 ans, pour des parties d’environ 30 minutes. Un petit jeu, une petite boite qui comporte essentiellement des cartes représentant des terrains et des animaux (60), ainsi que de cartes objectifs recto verso (11) qui permettront de renouveler les parties.

Dans Nimalia, vous allez placer des cartes animaux sur votre plateau personnel en tâchant de remplir des objectifs variés et évolutifs afin de créer la plus belle rentable des réserves animalières (Ludochrono). Les mécaniques sont relativement simples, et le jeu est accessible dès 7-8 ans, dès lors que l’enfant sait déjà un peu jouer et perdre (car le sel du jeu repose sur la compétition au scoring qui restera dure).

 

 

Les règles du jeu tiennent en quelques lignes, la partie se déroule en cinq manches, et à chacune, on va distribuer 3 cartes à chaque joueur ; chacun va en prendre une, la jouer, et passer les restantes à son voisin deux fois de suite avant de passer au décompte de la manche en cours. Cette petite phase de draft simplifié sur trois cartes est une bonne entrée en matière pour les joueurs occasionnels qui ne connaîtraient pas cette mécanique.

Pour jouer une carte, seules trois contraintes doivent être respectées : il est obligatoire de recouvrir au moins partiellement une carte jouée précédemment, il
est interdit d’en glisser une sous une autre et enfin le tableau ainsi construit ne peut excéder un carré de 6×6.

Et le placement successif de ces cartes est bien au cœur du jeu puisqu’il va falloir agencer sa réserve en fonction des objectifs de la manche en cours mais
idéalement aussi en fonction des objectifs des manches suivantes. Cette réflexion à très court mais aussi à moyen terme pour les manches suivantes sont à la
fois le moteur du jeu et la limite d’accessibilité aux plus jeunes joueurs. À la fin de la cinquième manche, celui ou celle qui a le plus de points au total remporte la partie.

Et c’est tout. Les règles sont donc succinctes et très claires, mais le jeu occasionne tout de même de la réflexion, de l’opportunisme et de la tactique, davantage que de la stratégie. Cette petite boîte sort régulièrement chez moi en ce moment, que ce soit entre deux grosses parties plus velues avec des joueurs aguerris, ou en famille avec les ados et le plus petit.

En effet, Nimalia ne manque pas d’atouts : le mini draft évoqué plus haut même si limité, le système de placement simultané des cartes et la rejouabilité assurée grâce à de nombreux objectifs variés (22 en tout, dont quatre seront joués à chaque partie). Le gameplay n’est pas simplet et nécessitera une double vision puisque seuls deux ou trois de ces objectifs permettent de scorer à chaque manche : il faudra à la fois viser les objectifs de la manche en cours – et à plus long terme – les objectifs à venir.

Tout n’est pas parfait dans le monde des animaux mignons cependant. Tout d’abord, s’il s’agit d’un titre agréable et bien conçu, il n’a rien de vraiment révolutionnaire – on pense d’ailleurs beaucoup à Just Wild, sorti deux ans plus tôt chez Helvetiq.

À part ça, et plus spécifiquement, on pourra regretter le draft à trois cartes qui rend le tout un peu aléatoire car vous serez obligé de poser une des cartes qui peut ne correspondre en rien aux objectifs en cours ou à venir, ce qui est autant plus pénalisant pour la dernière carte que vous ne pourrez recouvrir.

D’autre part, on peut également reprocher à Nimalia le manque quasi-total d’interaction : chacun joue dans son coin en faisant au mieux avec les cartes
reçues. C’est probablement moins un inconvénient dans un Nimalia de 20-30 minutes que dans un Earth de 90, mais ça peut être un frein selon vos attentes.

 

Néanmoins, dans le flot (ou le flow !) des jeux ayant la nature et les animaux pour thématique, Nimalia se distingue par plusieurs points qui en font selon moi un bien bon petit jeu dans sa catégorie, à savoir les jeux simples mais offrant tout de même des choix tactiques, dans un temps et un matériel limités.

 

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