Love Letter – En amour comme à la guerre !

Il était une fois une belle princesse dont vous étiez éperdument amoureux. Son père de roi lui ayant confisqué son portable, impossible de lui envoyer un texto « OMG t’es trop chaude je te kiffe !!! 😉 ». Il vous a fallu vous en remettre à une méthode d’un autre temps, et coucher vos sentiments sur papier avec votre plus belle plume.

Maintenant la partie difficile : il faut faire passer votre mot doux de main en main à travers la faune de la cour jusqu’à ce qu’il atteigne votre dulcinée. Vous n’êtes pas seul sur le coup, les autres joueurs font de même. Concrètement, ces va-et-vient à l’eau de rose prennent la forme d’un jeu de carte minimaliste pour 2 à 4 joueurs. Love Letter est un jeu de déduction dépouillé et rapide où chaque erreur est sanctionnée d’une élimination directe.  Ça rigole pas à la cour, vous êtes prévenu !

 

Prise en main – Il en faut peu pour être amoureux

Vous ai-je dit qu’il s’agissait d’un jeu minimaliste ? Eh bien, c’est un jeu minimaliste. Je vais le redire une fois parce que j’aime bien ce mot : minimaliste ! Love Letter contient en tout 16 cartes et une poignée de petits cubes pourpres pour marquer les points de victoire (courtoisement rebaptisés « marqueurs d’affection » pour l’occasion). C’est tellement peu que pour donner l’impression au joueur qu’il achetait quelque chose, l’éditeur s’est donné la peine d’envelopper le tout dans une bourse de velours écarlate brodée d’or (du faux, je vous rassure). Cette bourse est complétement inutile, mais elle vous donne une idée du décorum feutré du jeu.

 

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Le matériel du jeu au grand complet. Tout ça tient dans la petite bourse rouge en haut à gauche (donc dans une poche de taille normale).

 

Chaque carte représente un des personnages de la cour, des gardes omniprésents à la princesse interdite. Les illustrations sont somptueuses, avec un tracé fin, une rare recherche du détail, des couleurs harmonieuses mises en valeurs par une douce lumière tamisée. Il n’y a pas grand-chose, mais c’est bien fait !

Shanouillette sera également heureuse de constater que Love Letter est plus que paritaire : sur huit personnages différents, 4 sont des femmes, et elles sont généralement associées aux rôles les plus importants du jeu. Dans ce jeu d’intrigue et de romance, les deux cartes les plus fortes sont la princesse et sa confidente la comtesse, qui surpassent le roi (autoritaire mais un peu gros sabot) et ses deux grands benêts de fils princiers. Et si ces deux précieuses font coquettement étalage de leurs charmes avec des bustiers qui laissent rêveurs, la plupart des femmes que vous croiserez sont boutonnées jusqu’au menton. Ultime pied de nez au patriarcat : les gardes sont des filles. Elles sont beaucoup, et quand vous en voyez une vous filez droit.

 

La galerie de personnages au grand complet. Que du beau monde !

La galerie de personnages au grand complet. Que du beau monde !

 

Le jeu – Quand on aime, on compte quand même les cartes

Le jeu se joue en plusieurs manches, le vainqueur de chacune marque un point de victoire et le premier à atteindre un score donné gagne la partie.

Au début de chaque manche, on écarte une carte au hasard. Chaque joueur pioche ensuite une carte, qui constituera sa main. Oui : durant toute la partie, votre main est constituée d’une seule et unique carte. Minimaliste, vous dis-je !

Tous les personnages disposent d’une valeur chiffrée représentant leur proximité avec la princesse. Cela va de 1 (pour les gardes) à 8 (pour la princesse elle-même). Le joueur qui termine la manche avec la carte de valeur la plus élevée a réussi à se rapprocher le plus de sa cible et a pu lui transmettre une lettre (et hop ! un point de victoire).

 

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Quelques personnages de la haute. Des effets très puissants, mais difficiles à utiliser.

 

À son tour, chaque joueur pioche une carte et doit en jouer une. Chaque carte vient avec un effet qui permet de secouer un peu la cour : regarder la main d’un autre joueur, échanger des cartes, ou éliminer un joueur s’il tient une carte moins forte que la vôtre… ce genre de choses.

Les personnages se répondent astucieusement, et une servante fidèle servira à détourner les questions d’un prêtre un peu trop moralisateur, tandis que les frasques de la comtesse et de ses amants princiers couvriront les amourettes plus discrètes de la princesse. Le petit brouhaha de la cour donne de brefs aperçus d’où en sont les autres joueurs. Il n’est pas très dur de compter les cartes, et au fur et à mesure que l’on s’approche de la fin de la manche, on a une assez bonne idée de quel personnages les autres joueurs ont en main. À ce moment-là, envoyez un garde saisir la lettre et paf ! Vous avez éliminé l’un de vos rivaux.

 

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D’autres personnages de plus basse extraction, dont la servante si rassurante et le garde si redouté.

 

La carte qui vous fera le plus remuer sur votre chaise est la princesse elle-même. Cette adorable peste est la clé de la victoire, bien sûr. Si vous la gardez en main jusqu’au bout, vous êtes sûr de gagner. Mais si vous la défaussez pour quelque raison que ce soit, vous êtes aussitôt éliminé. Cela raidit votre jeu et vous rend très vulnérable aux perfidies des autres joueurs.

Les manches sont rapides et sans pitié. Les éliminations sont fréquentes, et souvent c’est le dernier joueur en lice qui l’emporte. Cette agressivité des mécanismes s’accorde très bien avec la succession rapide des manches.

 

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La princesse, enfin. La seule, l’unique, l’incomparable, la chipie !

 

Conclusion – Va ! Je ne te hais point

Parlons peu, parlons bien : c’est grave de la bombe. Love Letter s’explique en un éclair, et il vous faudra quelques manches pour bien saisir les subtilités de la vie à la cour. C’est méchant, malin, marrant et (vous l’attendiez tous…) minimaliste ! Même s’il n’accepte au plus que 4 joueurs, le jeu se sort très facilement en raison de sa rapidité (une grosse demi-heure, ajustable à volonté) et il convient à n’importe quel public.

La connexion entre son thème aussi sirupeux qu’original et sa mécanique n’est pas évidente, mais elle est là. Mais le jeu est si rapide et si léger qu’on a à peine le temps d’y prêter attention. Les cartes s’abattent, et avant qu’on s’en rendent compte on s’est laissé prendre dans ce petit monde de ragots et de dentelle.

 

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5 Commentaires

  1. Shanouillette 14/05/2015
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    merci pour le clin d’oeil 😉 un article qui a du style pour un jeu qui n’en manque pas. Mais tu as oublié de préciser que c’était du minimalisme par contre.

    • El Cam 14/05/2015
      Répondre

      Oh m****e ! Heureusement que tu me le rappeles !

      • Shanouillette 14/05/2015
        Répondre

        à ton service ^^

        • Umberling 14/05/2015
          Répondre

          Je trouve que l’article n’est pas assez minimaliste. Il aurait fallu dire : « pour gagner, il faut jouer des cartes mais pas trop. Le jeu est cool. Bisous ».

          • TSR 18/05/2015

            Oui enfin le « bisous » serait de trop.

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