Un des plus grands plaisirs de l’été, c’est se poser dans un champ, la nuit, loin de toute nuisance lumineuse citadine, regarder le ciel puis se perdre dans les étoiles de la voûte céleste, à la recherche des constellations les plus connues. Et qui sait, voir une étoile filante et faire un vœu. Par contre, un conseil, n’oubliez pas votre duvet…

Dans Look at the stars, jeu de Romain Caterdjian, édité chez Bombyx, 2 à 8 joueurs vont dessiner pendant une petite demi heure des constellations, refaire le ciel étoilé, sans nuage. Prenez vos ardoises, votre stylo, et c’est parti !

Dessinez votre ciel se fera en trois manches, et vous allez devoir relier des étoiles présentes sur votre ardoise selon des critères imposés. Nous sommes dans un jeu de Flip&Write, où tous les joueurs vont dessiner en simultané.

Durant chaque manche, six cartes « nuit » vont être piochées. Une carte « nuit » décrit une manière de relier des étoiles. Angles droits, diagonales, vous serez assez libre de positionner vos liaisons à votre convenance, à quelques restrictions près, et en respectant la forme proposée, évidemment.

En simultané, chaque joueur va donc prendre son petit stylo blanc et compléter son ardoise noire. Au fur et à mesure des cartes piochées, votre ciel va s’illuminer de constellations scintillantes.

Bon, dessiner des constellations, c’est sympa, mais pour quel but ? On retombe un peu sur terre ludique : il va falloir faire des points de victoire. Et pour cela, faire des constellations distinctes de différentes tailles. Disons plutôt d’un nombre de traits différents. Une constellation de 3 traits, 3 points. 4 traits, 4 points, etc… Bref, vous avez compris.

Ça a l’air simple comme cela, mais la place dans votre ciel est limité et il ne faut pas que nos constellations aient d’étoiles communes. Rajoutons qu’une seule constellation de chaque taille comptera et ça complexifie un peu les choix. Cerise sur la comète le gâteau, entre chaque manche, le soleil se lève un peu plus, donc le ciel s’éclaircit, et il ne sera alors plus possible d’utiliser les étoiles des lignes inférieures.

Nous avons aussi des planètes dans le ciel, qui prennent de la place et ne peuvent faire partie d’une constellation (car une planète ne génère pas directement de la lumière, elle la réfléchit). En revanche, mettre des constellations autour des planètes rapportera quelques points.

Et enfin, il y a les étoiles filantes, qui pourront être dessinées si une carte piochée vous le propose. C’est beau une étoile filante, ça rapporte aussi quelques points, mais il faudra compter sur la gêne occasionnée dans la construction de vos dessins astronomiques.

Des objectifs communs, en général une forme pénible à reproduire, pourront aussi vous apporter quelques points supplémentaires ou bonus.

Vous préférez regardez le ciel ou un Ludochrono ?

Couronne boréale

Il y a un peu d’onirisme et de sérénité dans Look at the star. C’est un des points forts du jeu : dès l’ouverture de la boîte, on est transporté dans une nuit féerique. On a envie de prendre nos stylos et commencer à relier les petits points pour y faire figurer des formes géométriques. Plus le jeu avancera, plus nos plateau se chargeront de constellations, d’étoiles filantes, presque un petit cosmos.

Au fur et à mesure de la partie, on prend plaisir à dessiner nos constellations. On se surprend même à leur donner un petit nom, si une forme évocatrice fait son apparition. « La petite chaise », « la girafe », chacun est libre de voir ce qu’il veut, comme on pourrait le faire dans le ciel étoilé.

Bien sûr, si elle n’empêche pas l’imagination, la mécanique du jeu nous rappelle vite à l’ordre. Il va falloir tracer nos traits dans un sens, dans un autre, de manière à éviter les chevauchements, à reproduire une forme demandée par les objectifs. On entendra souvent : « Mais qu’est-ce qu’elle fait là, cette planète ? » ou « J’ai pas d’endroits où mettre cette forme sans tout casser ce que j’ai fait ». L’arrivée du crépuscule donne aussi du tempo au jeu, car on sait que les zones inférieures seront vite inaccessibles. Une petite course contre les rayons du soleil levant imposera un petit rythme. Finalement, la nuit ne sera pas si sereine.

On s’aperçoit aussi que nous ne sommes pas tous égaux devant la représentation dans l’espace, même en 2 dimensions. Certains joueurs auront besoin de prendre la carte proposée, la tourner et la retourner pour essayer de la positionner sur leur ardoise, ce qui pourra gêner le dynamisme de la partie. Oubliez aussi l’interaction entre les joueurs, Look at the stars n’est pas un jeu où on pourra éclairer l’autre de sa lampe torche pour l’embêter. Chacun fait son petit monde étoilé et que le mieux organisé gagne.

Météorite ou comète ?

Plusieurs éléments viennent assurer une rejouabilité du jeu, qui fait que votre ciel ne sera jamais vraiment le même. En plus des cartes piochées qui seront le principal vecteur de vos traits dessinés, tous les joueurs partent d’un plateau asymétrique, s’illustrant par une illustration cosmique d’une population (Grèce, Chine, Inuits, …). Cette asymétrie ne joue pas sur l’équilibre du jeu et permet juste un départ un peu différent. Une petite anecdote étoilée de chaque peuple est d’ailleurs décrite à la fin du livre de règles, petite attention dont je suis toujours friand.

Le matériel, qui donne toute sa contenance au jeu, a son revers de médaille par l’utilisation de ces stylos feutres blancs. Certes, les formes blanches sur fond noir sont du plus bel effet mais, comme tout stylo feutre qui se respecte, sa durée de vie est limitée et les signes de fatigue arrivent vite. Au bout de quelques parties, certains montrent déjà des signes de faiblesse. Or si il est facile de trouver des stylos feutre dans le commerce, les feutres blancs sont moins courants. Peut-être essayer un crayon blanc…

En synthèse, Look at the stars est donc une proposition ludique plaisante et originale, pour tout public, et qui devrait plaire à tous les voyageurs nocturnes aimant vivre les yeux au ciel. Une mécanique simple, demandant un peu d’orientation et d’anticipation, avec toujours une satisfaction, au moins du ciel dessiné. J’y retournerai avec plaisir, tant que les feutres me le permettront.

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