LES PETITS JOUEURS #33 : Affamés – costu’monsters – Défis Nature Protect
Chaque mois, notre chronique Petits joueurs vous propose plusieurs jeux pour différents âges de l’enfance. Joués entre parents chroniqueurs et enfants.
Maxiloutre : 7 ans, nourri aux cubes en bois par son papa voxien & auteur de jeu, Maxiloutre a commencé à baigner dans les jeux de société dès 2 ans. Jouant principalement à deux avec papa ou maman, il refuse rarement une partie.
Roxy : 3 ans. Trop petite pour jouer à la majorité des jeux, mais saute sur les genoux de ses parents dès qu’un jeu est sur la table. Alors, toujours partante pour les jeux de son âge.
Tutur : 7 ans qui a joué avec son papa. Biberonné aux jeux, ses deux parents sont fanas, il les voit jouer depuis la maternité. Il a toujours très envie de jouer aux jeux de grands, d’avoir ses cartes, et de manipuler le matériel. Bon public, il aime à peu près tout.
Costu’ Monsters
Costu’Monsters est un jeu d’observation et de rapidité dans lequel il va falloir costumer des monstres. Comme quoi, le titre est bien choisi. Les joueurs sont répartis en deux équipes. À chaque tour, on retourne une carte qui indique à chaque équipe quels monstres elle va devoir déguiser et comment. Les monstres sont des grosses cartes transparentes, et les déguisements des jetons. Il va falloir être l’équipe la plus rapide pour trouver les déguisements et les mettre sur les bons monstres.
C’est vrai, le jeu est vite expliqué, on a compris tout de suite de quoi il s’agissait. Il fonctionne bien, sans aucun doute, mais malheureusement, il nous a aussi assez vite lassé : à chaque manche, il y a très peu d’accessoires à ajouter à nos monstres, probablement pour que ceux-ci restent identifiables. Ainsi les manches sont vraiment très rapides, et on s’extasie peu devant le résultat final.
De plus, il fait partie de ces jeux qui ne marchent pas vraiment si un enfant joue avec un adulte (la configuration la plus fréquente chez nous). Résultat, le parent doit volontairement jouer lentement pour laisser une chance à l’enfant, ce qui n’est pas fun. Vous me direz que c’est souvent le cas pour de nombreux jeux, mais dans un jeu qui ne demande pas de vitesse, on peut guider ou aider l’enfant à faire des choix. Pas de ça ici malheureusement.
Le résultat chez nous a donc été que le jeu a assez vite lassé : adulte comme enfant n’appréciant que l’un doive laisser l’autre gagner. Mon avis est donc à relativiser : une partie avec uniquement des enfants donne peut-être des résultats différents.
Un jeu de Thomas Favreliere
Illustré par Alexandre Roux
Edité par Blue Orange Games
À partir de 5 ans
Affamés
Affamés est un jeu coopératif de pose d’ouvriers, pour des enfants à partir de 6 ans. On y incarne les membres d’un village assailli par des monstres, qui doivent récolter de la nourriture pourrie pour nourrir les monstres affamés qui assiègent le village. Les joueurs devront donc se coordonner pour générer la nourriture afin de subvenir aux vagues successives de monstres qui approchent du village : récolter des œufs, planter des salades, aller chercher du lait…
Côté concept, on est sur un jeu coopératif des plus classiques, où il faut tenir bon jusqu’au bout. En jeu, même si cela n’a rien de très original pour les joueurs habitués, ce n’est pas très courant pour les plus petits et c’est bien retranscrit, on voit bien la menace qui s’entasse et s’approche au fil des tours. L’édition du jeu en elle-même est plutôt réussie, avec ces palissades qui représentent les points de vie (même si thématiquement, les monstres sont quand même bien gentils d’attendre que toutes les palissades soient détruites, plutôt que de s’engouffrer dans un trou pour aller bouffer les villageois !).
Coté équilibrage et difficulté, j’ai quand même trouvé le jeu très difficile. Impossible de gagner alors même que j’essaye de conseiller au mieux les enfants (présence du joueur alpha omniprésente dans le jeu, ce qui est dérangeant pour un jeu adulte, mais pas tant pour un jeu enfant). On a beau essayer de planifier au mieux, on est complètement dépendant des jets de dés. Le dé donne des résultats entre 0, 1 ou 2, alors lesjets à 0 sont extrêmement frustrants, et cela met à mal tous nos plans. J’aurais aimé un plus de contrôle, ou moins de marge entre les valeurs. Le contrôle on l’a un peu grâce aux cartes pouvoirs des joueurs, mais étant à usages uniques, on n’en profite pas longtemps.
Le jeu peut souffrir de la comparaison avec Fluffy Valley, sorti à peu près en même temps, qui a un concept assez proche mécaniquement (on en parlait ici). Fluffy Valley jouit d’une édition plus élaborée et peut-être plus avenante, mais il a une moins bonne accessibilité avec tous ses effets (annoncé pour 7 ans, et encore c’est difficile à cet âge). Affamés est beaucoup plus accessible, car j’ai pu jouer avec mes enfants de 7 ans et demi, et de tout juste 5 ans sans soucis. Les actions sont simples, visuellement clair, et le jeu est vite assimilé. Les enfants ont d’ailleurs immédiatement demandés une deuxième partie après notre première défaite.
Au final, Affamés arrive à porter des mécanismes de jeu adulte pour les plus petits, avec une tension et des choix intéressants tout le long de la partie. Une édition plutôt honorable ainsi qu’une ergonomie assez claire, il ne souffre que de cette frustration liée aux jets de dés dont les résultats peuvent être bien trop punitifs pour les plus jeunes comme pour les plus grands.
Un jeu de Julk
Illustré par Apolline Etienne
Edité par Auzou
À partir de 7 ans
Défis Nature Protect
J’ai eu l’occasion de découvrir Défis Nature Protect, qui est la version Jeu de cartes à collectionner (JCC) du célèbre jeu des Défis Nature, ces petits jeux de cartes représentant des animaux qui fonctionnent sur un mécanisme de bataille à avoir une plus grosse caractéristique que l’adversaire. (poids, longueur, durée de vie ou gestation).
Surfant sur la vague des JCC actuels (Lorcana, Star Wars, Pokemon…), Bioviva se lance sur le créneau, pour essayer d’ajouter l’option collectionnite à son best Seller. On voit vite l’intérêt commercial derrière cette proposition, consistant à envahir les cours de récré de ces petites cartes animaux qui sont bien mieux vues par les enseignants que des cartes Pokémon ou autres. À noter que le jeu est en financement participatif au moment où j’écris ces lignes, et que je n’arrive pas à comprendre ce choix de lancer cela sur un participatif, tant c’est inadapté puisque le client cible est loin de celui qu’on retrouve d’habitude sur ces sites de prévente. (La campagne a fini le 14 juin NDLR).
Outre ces questionnements marketing, j’ai eu l’occasion de jouer avec mon grand fils de 8 ans, qui n’avait joué à aucun jeu de la gamme Défis nature, il n’avait donc aucun point de comparaison avec le « jeu de base » comme on pourrait l’appeler.
Il a vite compris le fonctionnement du jeu, et a rapidement pris du plaisir à découvrir et analyser ses cartes et les placer sur les emplacements d’affrontement pour découvrir au moment de la révélation, qui avait la plus grande caractéristique.
Coté sensations, il a été plutôt très convaincu par ce système de batailles choisies. On fait au mieux, et si on perd, on se dit que la carte de l’adversaire était trop forte, on avait aucune chance. Pas mal de fois mon enfant s’est trompé de lieux pour poser la carte. En effet, je trouve très dommageable que les icones présentes sur les lieux pour rappeler la caractéristique ne soient pas répercutés sur la carte ! Quel intérêt de mettre un icone qui n’est présent qu’à un seul endroit. Si l’icône avait été présent sur les cartes, il aurait été bien plus simple de se projeter sur le bon endroit où placer la carte, voir même pouvoir jouer avec des enfants de moins de 7/8 ans comme recommandé. Pour moi c’est une erreur d’édition assez importante.
On a eu pas mal de soucis avec les cartes pouvoir, ces cartes qui permettent de changer les règles, ou de modifier les caractéristiques des animaux. En effet, en plus d’être assez complexes à comprendre pour des enfants de 7/8 ans, elles se sont avérées très frustrantes lors de la révélation. L’enfant qui a placé son animal judicieusement et qui perd non pas parce que l’adversaire a une plus grosse carte, mais parce qu’il a joué une carte qui inverse les caractéristiques des animaux procure un sentiment très négatif pour l’enfant. Je ne vous parle même pas de la carte qui inverse les positions des cartes adverses, c’est odieux. Bref, après une première partie à jouer les règles normales du jeu, mon fils a demandé à rejouer uniquement si on enlevait ces cartes qu’il ne supportait pas.
Au final, il a beaucoup aimé le cœur du jeu, à savoir jouer avec les cartes animaux et faire des batailles, mais ce qui se trouve être le fonctionnement des boites de Défis Nature classique… Il n’a en revanche pas du tout convaincu par les cartes pouvoir trop frustrantes, ni par l’aspect collectionnite proposé par le jeu. Du coup plutôt que de se lancer dans ce projet de jeu à collectionner, il est possible qu’on se contente des Défis Nature classiques et de leur efficacité redoutable.
Un jeu de œuvre collective (équipe Bioviva)
Illustré par photographes naturalistes
Edité par Bioviva
À partir de 7 ans
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Quinarbre 27/06/2024
La logique du JCC c’est surtout un peu contradictoire avec le positionnement « écolo » d’un éditeur comme Bioviva non ? En tous cas ça fait se questionner sur la sincérité des valeurs qu’ils affichent…
Fredovox 28/06/2024
Pas complètement, car le jeu reste made in France. Si c’est le coté « produire en quantité et pour des années durant » du JCC qui vous fait dire ca, j’ai envie de dire oui en théorie, mais en pratique, cela fait déjà des années qu’il vendent des centaines de milliers de défi nature classique avec des millions de cartes. Là c’est une proposition alternative, qui à mon avis ne détrônera pas le classique et sa petite boite facile à offrir en cadeau d’anniversaire.
L’éditeur le plus écolo est celui qui n’existe pas ^^