Chaque mois, notre chronique Petits joueurs vous propose plusieurs jeux pour différents âges de l’enfance. Joués entre parents chroniqueurs et enfants. 

Sim’Meeple est un petit joueur de 7 ans. Il ne joue pas (encore) à Agricola, mais il est tombé dans le chaudron ludique depuis ses 2 ans (bien aidé par son papa). Sortir une boîte de jeu est un vrai plaisir pour lui. Ne pas faire un jeu au retour de l’école ? Impensable. Par contre, si comprendre des règles ne lui pose pas de difficultés, ne pas gagner est encore difficile à accepter.

Maxiloutre : 7 ans, nourri aux cubes en bois par son papa voxien & auteur de jeu, Maxiloutre a commencé à baigner dans les jeux de société dès 2 ans. Jouant principalement à deux avec papa ou maman, il refuse rarement une partie.

Les ptits Nems ont 8 et 9 ans et subissent depuis leur plus jeune âge un infernal prosélytisme ludique. En résulte un goût pour le j2s un peu plus développé que la moyenne. Les coopératifs ont leur préférence, mais ils ne sont pas contre un petit jeu où « on est contre » de temps en temps.

Bubble Stories

Bubble Stories est un jeu sorti fin 2021, qui a pas mal fait parlé de lui à l’époque notamment grâce à sa sélection à l’As d’or en 2022, récompensant ainsi un jeu narratif sans texte pour les plus petits. Les enfants sont projetés dans une aventure dans laquelle ils doivent faire des choix, parfois découvrir des choses, et cela grâce à des embranchements d’histoire proposés uniquement via un deck de cartes illustrés.

Passée la vraie bonne surprise de la découverte de cet « escape game pour enfants », le jeu était assez vite consommé, car une boite est composée de 3 histoires non-rejouables de 10 minutes environ. À la manière d’un Unlock Kids, on a donc vu apparaître de nouvelles boîtes une fois par an, ce qui commence à constituer une gamme. L’occasion pour l’éditeur et l’auteur de proposer d’autres histoires, tout en gardant le même Game Play, via des boîtes appelées « Vacances » dans un premier temps, puis « Contes » pour la boîte n°3.

Ces deux boites fonctionnent de la même manière que le jeu initial, les enfants ne seront donc pas dépaysés, et c’est important pour des jeux pour des enfants de 4 ans, qu’ils retrouvent leurs marques (contrairement à des adultes qui voudraient de l’originalité). Sur ce point donc, contrat rempli. Les histoires proposées par la boîte « vacances » sont plutôt sympathiques. J’étais très curieux de celles des « contes », qui sont des revisites agréables, sans pour autant m’avoir complètement convaincu : obligé de faire des concessions sur les contes tels qu’on les connaît, sinon les choix auraient été trop évidents, ce qui amène parfois à brouiller le message sur l’objectif du scénario.

Notamment, il est parfois difficile de comprendre exactement ce que veut nous faire faire le jeu. Étant donné qu’il n’y a aucun texte, ni de briefing de début de partie (comme on a dans Unlock kids, qui est pour un peu plus grand) et que tout passe pas l’image, c’est souvent à l’adulte de deviner quelle est la finalité de la mission, et de l’expliquer à l’enfant, quitte parfois à se rattraper en cours de route quand il fait fausse route. Je pense qu’un petit briefing de troid phrases sous l’image de base ne gâcherait rien au plaisir de jeu.

Malgré cela, j’ai particulièrement apprécié qu’à travers ces deux nouvelles boîtes, les défauts de la première ont été corrigés, à s’avoir une trop grosse part d’aléa dans les choix. En effet, on avait beaucoup trop souvent dans la première boîte, des choix complètement arbitraires à faire, qui nous emmènent sur des erreurs sans raison valable. Ici, il reste de l’aléa, mais bien souvent un indice visuel, aussi petit soit-il, peut nous mettre en garde sur des pièges à éviter, et j’ai trouvé ça très plaisant.

Preuve en est, Maxiloutre 7 ans et demi avait joué à la première boîte quand il avait 5 ans, a fait 0 ou 1 erreur à chaque fois sur ces nouvelles aventures, là où son petit frère de pas encore 5 ans, qui découvrait le concept, faisait systématiquement 3 ou 4 erreurs, par manque d’attention aux détails. L’analyse est donc récompensée, comme dans une vrai jeu d’escape, et donc valorisant pour l’enfant (et l’adulte peut justifier les erreurs de l’enfant, plutôt que le « pas de chance !»).

Bref, une gamme qui s’enrichit et qui fonctionne de mieux en mieux à mon goût. Ça reste un jeu vite consommé, mais les enfants sont très demandeurs d’y jouer quand je ramène une boîte à la maison.

Un jeu de Matthew Dunstan
Illustré par Simon Douchy
Edité par Blue Orange Games
À partir de 4 ans

Ludochrono

Sur le fil

L’ultime phase du jeu est la plus drôle et fait enfin véritablement honneur au matériel, puisqu’on va devoir faire s’envoler presque tous les oiseaux présents sur un des fils (le presque est très important). On tire donc sur la queue d’un des oiseaux, le fil se tend, le temps s’arrête… Et hop on lâche tout ! Soit tout tombe (90% des cas), soit rien ne tombe (10% des cas), soit tous les oiseaux tombent sauf un et là vous avez réussi (0 % des cas en ce qui me concerne). On peut alors valider gratuitement un objectif, mais soyons clair, la vraie récompense est la fierté immense d’avoir réussi pareil exploit !!

Un jeu de Juan Rodriguez, Julien Prothière
Illustré par Jonathan aucomte
Edité par Gigamic

À partir de 7 ans

Ludochrono

1,2,3 Faufile toi 

Qui n’a jamais joué à 1,2,3 soleil ? Si vous avez des p’tits meeples, c’est tout bonnement inimaginable. Et bien il est possible d’y jouer en… une déclinaison jeu de plateau. 

1,2,3 Faufile toi est un jeu de cache-cache associé à ce jeu qui envahit toutes les cours de récré d’écoles élémentaires. À chaque manche, les joueurs incarnent des ratons laveurs qui veulent se frayer un chemin à travers le jardin, tandis qu’un autre sera le jardinier voulant empêcher ces insupportables bestioles de se rapprocher de la maison (et ainsi accéder à la poubelle…). 

Pour progresser, les ratons laveur se cacheront derrière arbres et broussailles, se rapprochant de leur but petit à petit. Pour cela, ils auront juste le temps que le jardinier, caché derrière la fenêtre de sa maison, prononce “1,2,3 Faufile toi”. Ce dernier ouvre alors la fenêtre de sa maison et observe le jardin.

Un de ces rongeurs montre une de ces oreilles ? Un joueur imite un raton laveur en train de grignoter (obligatoire si on est derrière un abri jaune) ? Le jardinier pourra alors désigner un abri à découvrir. Tout raton laveur découvert sera renvoyé au fond du jardin. On gagne en atteignant l’entrée de la maison en tant que raton laveur, ou en obtenant 5 points en tant que jardinier.

Je dois avouer que j’ai été un peu dubitatif avant de jouer à 1,2,3 Faufile toi. D’abord parce que 1,2,3 soleil, quoi…Mais aussi parce que le jeu est très tape-à-l’oeil avec sa maison gigantesque où le joueur jardinier doit y cacher sa tête. Très visuel sur un salon, mais n’est-ce pas un artifice ? 

Et non ! Tout le matériel du jeu exposé sur la table a un effet “whaouu” immédiat sur les enfants. Et ils n’ont qu’une envie : que cela soit leur tour pour être le jardinier pour scruter via la fenêtre. 

Les règles s’expliquent très rapidement et permettent une immersion immédiate dans le jeu. Être raton laveur a aussi une bonne dose de fun, avec ce petit aspect prise de risque au fur et à mesure qu’on avance. Les adultes doivent jouer le jeu car il peut leur être facile, avec un peu d’attention, de déterminer l’emplacement d’un p’tit meeple (qui en général avance toujours vers l’avant et jamais latéralement pour brouiller les pistes). 

Coté raton laveur, on marque des points en se cachant derrière un buisson jaune sans se faire prendre, mais le véritable intérêt est d’arriver au bout du parcours. 1,2,3 faufile toi est une vraie réussite tant visuellement que ambiance de jeu. 1,2,3, on refait une partie ?

Un jeu de Fabrice Chazal
Illustré par Jiahui Eva Gao
Edité par Ravensburger
À partir de 6 ans

Ludochrono

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