Les Artisans de Naqala – Six tribes ?
Si vous n’avez pas entendu parler de Five Tribes, c’est que vous avez sûrement des peaux de saucisson devant les yeux. Parce que c’est un jeu by Bruno Cathala, qui est un peu l’auteur français phare de 2014-15, avec Abyss, le futur Raptor, le Petit Prince (avec Antoine Bauza), 7 Wonders Duel (on ne change pas une équipe qui gagne). Bref, de coïncidence de calendrier en sortie planifiée, Cathala abat de bonnes montagnes de travail et le fait en général pas mal du tout. 5 Tribes a décroché le Grand prix 2015 de l’as d’or de Cannes, soit le saint Graal des jeux experts. Vous avez raté tout ça ? On en a un peu sur le site, et Five Tribes a son Just Played ici.
Et, depuis juin, Five Tribes a une extension, les Artisans de Naqala. Dans cette boîte oblongue, on trouvera quelques tuiles supplémentaires, des campements (ou chameaux de niveau 2), quelques nouveaux djinns et des mises à jour des djinns existants, des pièces de bois représentant des objets magiques, des montagnes et une nouvelle tribu : les Artisans de Naqala. Le tout s’intègre bien évidemment à la perfection avec le jeu de base, sans aucun hic graphique.
Donc, ça change quoi ?
Géographie en expansion
Eh bien d’abord, ça change le plateau. Dans 5 Tribes, on était sur du 5×6, et les six nouvelles tuiles nous font magiquement passer à un carré. Les six tuiles de l’extension doivent être mises parmi les 10 tuiles du centre, et hop, ça s’arrête là pour les complications de mise en place.
La géographie de Naqala pourrait s’en trouver chamboulée et le gameplay très alourdi pour cause de paralysis analysis, mais fort opportunément, des montagnes viendront briser les chemins et la continuité du paysage désertique de Naqala, bordant les atelierq des artisans (tuile en trois exemplaires : ça fait donc 6 montagnes). Et cette limitation de mouvements ne fait pas de mal. En sus, une tuile de crevasse est présente. Infranchissable, elle n’accueillera aucun meeple. Enfin, les marchés spécialisés font leur apparition, permettant d’acheter 1 ressource seulement, mais de fouiller toute la ligne d’achat ! (Ah, aussi, les marchés spécialisés valent 10 points quand on pose son chameau dessus. Pas négligeable.)
Pour pallier la taille un peu plus grande du plateau, un campement se rajoutera aux chameaux, et en sus, il accordera des points de victoire supplémentaires pour les cases rouges à proximité. De quoi stratégiser un peu plus le contrôle de zone, qui était jusque-là l’aspect le plus simple de 5 Tribes, sans pour autant lui donner une complexité qui ne conviendrait qu’aux ingénieurs de la NASA. De plus, cela encourage légèrement plus le jeu à se finir sur un épuisement des chameaux plutôt que sur les mouvements, donc pourquoi pas : l’expérience évolue et se complète.
Les artisans du changement
Les 15 nouveaux artisans apportent un mécanisme bien à eux. Pour chaque artisan ramassé, on prendra un objet face cachée, et on n’en gardera qu’un. Les artisans se gardent devant soi à la manière des vizirs ou des sages, et attribuent des points de victoire eux aussi en fin de partie. Enfin, lorsqu’on s’arrête sur un atelier, on pourra se fendre d’un achat à coup d’un couple de fakirs (appelés esclaves dans la première édition du jeu), ou d’un artisan. Cela nous donne le droit à un seul objet aléatoire.
Ces objets ont bien sûr des propriétés : soit ils vous donneront des points de victoire, soit ils vous permettront de faire des coups de Tafalgar avec leurs effets uniques surpuissants. Tuer deux meeples ? Le cimeterre ardent sait faire. Téléporter un meeple ? Le tapis volant est là. Regrouper des meeples ? On a la flûte enchantée pour ça. Déplacer un chameau ? Easy. En bref, ces objets vont permettre de chambouler le jeu si profondément qu’il faudra s’en méfier. Mais attention : pour tirer parti de ces artefacts surpuissants, il faut très bien analyser le plateau et trouver le point de rentabilité maximale. On n’a pas dit que c’était déséquilibré non plus.
Bilan
Les Artisans de Naqala changent la donne de 5 Tribes en profondeur. Pour moi, 5 Tribes n’était pas tout à fait assez expert pour mériter ce qualificatif ; il me manquait ce petit quelque chose de retors, d’occasionnel qui permette de retourner la partie. Bruno Cathala a donc exaucé mon souhait, tout en rendant le jeu plus carré, au sens propre comme au figuré : les campements remplissent un espace de design inoccupé, qui est reflété par les marchands, le scoring des artisans trouve sa voix (mais est peut-être légèrement déséquilibré, c’est sûrement un poil trop : il est impossible de les ignorer, alors qu’on peut tout à fait négliger chacune des autres tribus).
Pour moi, les Artisans de Naqala complète 5 Tribes – qui devient 6 Tribes, ohoho – de la façon la plus logique qui soit.
L’expérience de jeu ne devient pas à 100% différente, mais se différencie sérieusement du jeu de base en lui ajoutant une couche de profondeur qui ne brise pas le côté accessible de l’ensemble. 6 Tribes reste donc élégant et complexe, mais également froid et calculatoire : comme pour le jeu de base, l’histoire et le thème importent peu, on est surtout là pour exercer son cerveau. C’est un peu dommage, au vu de la qualité du jeu. Cependant, il faut bien reconnaître que les objets ont une saveur bien particulière, et que les nouvelles tuiles créent un paysage un peu plus immersif.
Si toutes les extensions étaient de cette facture, je serais bien content. Croyez-moi.
Five Tribes – Les Artisans de Naqala
Un jeu de Bruno Cathala
Edité par Days of wonder
Distribué par Asmodee
Langue et traductions : Anglais, Francais
Date de sortie : 19/06/2015
De 2 à 4 joueurs
A partir de 13 ans
Durée d’une partie entre 40 et 80 minutes
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M3th 23/09/2015
Tout à fait d’accord avec toi pour cette extension qyinrend le jeu meilleur encore.