Le Seigneur des Anneaux – Le Jeu Livre d’Aventure – Revivez la trilogie en 8 pages !

Edité cette année par Ravensburger, Le Seigneur des Anneaux – Le Jeu Livre d’Aventure fait suite à deux autres épisodes de la même série : La Belle au Bois Dormant – Le Jeu Livre d’Aventure (2020) et Le Magicien d’Oz – Le Jeu Livre d’Aventure (2022), par le même auteur : Ryan Miller (Betrayal Legacy, Disney Lorcana). Si ces derniers n’ont pas particulièrement illuminé la sphère ludique, ce nouvel épisode s’inscrit dans une licence à fort potentiel commercial qui a forcément traversé les yeux ou l’esprit de nous tous. Une chose est sûre en regardant la boîte : le titre s’aligne fidèlement sur l’œuvre de J.R.R. Tolkien et particulièrement sur la trilogie de Peter Jackson, achevée il y a 20 ans déjà.

et PAF le coup de vieux… L’avez-vous senti venir ?

Ce qui est moins évident en revanche, c’est de deviner à quoi l’on doit s’attendre comme type de jeu : Aventure narrative, jeu purement mécanique, jeu familial, expert, réservé aux fans ? Nous allons tenter d’éclaircir tout cela ensemble !

 

 

Net et propre !

Première constatation en ouvrant la boîte : c’est un beau livre que voilà ! doté de pages cartonnées épaisses, chaque double-page représente un scénario et il y en aura 8 au total. Premier indice donc : c’est donc un jeu qui se joue en campagne.

L’édition est correcte. On y retrouve le visuel des films (eux mêmes inspirés des œuvres de l’illustrateur Alan Lee) dans un style graphique élégant. Pour les détails critiquables mais sans grande importance, les figurines de couleurs ne sont pas d’une qualité extraordinaire (l’épée d’Aragorn a des allures de spaghetti mollassonne). On aurait éventuellement préféré des figurines de couleur grise avec un support coloré, mais c’est une question de goût. Aussi, le livre supporte mal les ouvertures et fermetures au niveau de la reliure à la longue. L’ensemble est malgré tout de bonne facture.

La lecture des règles est facile et rapide. J’y reviens un peu plus loin. À chaque chapitre, tout est bien expliqué de manière succincte :

  • Sur la page de gauche : un contexte, une mise en place en quelques lignes, quelques règles spéciales.
  • Sur la page de droite : 3 ou 4 objectifs qu’il faudra atteindre pour obtenir la victoire.

Après 2 ou 3 minutes de lecture c’est plié : on joue. Pas de FAQ ni de recherche sur internet. Le tout est propre. C’est toujours appréciable, et je tiens à le signaler !

 

 

Enfin, concernant le format, là aussi pas de fioriture. Il est annoncé sur la boîte 20 minutes par chapitre et je dois avouer que l’on est dans le vrai. Et oui, un des points forts selon moi est la durée des parties : inférieures à 30 minutes. Le jeu s’y tient sans défaillir.

 

Défausser deux cartes Epée ? Pour sûr Mr Frodon !

Chaque chapitre aura son petit lot de règles spéciales mais dans l’ensemble, les règles de base sont assez sommaires. On dispose les figurines comme indiqué sur le paragraphe de mise en place, on ajoute les jetons spécifiques au scénario, puis on pioche chacun quatre cartes. Ensuite, chaque joueur joue à tour de rôle et effectuera seulement ces actions de base :

  • Déplacer n’importe quelle figurine de 2 cases maximum.
  • Échanger s’il (ou elle) le désire une carte avec un joueur.
  • Défausser des cartes pour étendre le déplacement d’une figurine.
  • Défausser des cartes pour faire des actions du scénario : éliminer un jeton ennemi, valider un objectif…

C’est à peu près tout !

Votre main de cartes sera au cœur du gameplay et constituera l’unique variable d’ajustement du jeu. Chacune porte un symbole, rien de plus ! Tout au long de la partie vous serez tenté(e) de les défausser pour augmenter le déplacement de vos personnages, car le temps qui vous est imparti est Ric-rac. Cependant, vous ne piocherez que deux cartes chaque tour, donc il faudra les économiser efficacement autrement vous allez en manquer.

 

Les cartes anneau encombrent votre main. Elles sont un joker efficace mais les défausser vous rapproche de l’œil de Sauron…

 

Chaque scénario vous proposera de défausser des cartes avec un symbole précis pour obtenir des effets spécifiques. Par exemple, pour atteindre un objectif du scénario, il faudra défausser une carte « Épée » et une carte « Corne ». Idem, il faudra défausser une carte « Œil de Sauron » pour que la figurine de Gimli occise un gobelin. Etc. Le plus compliqué sera de collectionner les bonnes cartes à défausser pour valider des objectifs.

 

 

À la fin du tour, on piochera une carte du paquet Evènement. Ce paquet de quinze cartes de valeur 1 à 15 vous permet de gérer le temps. Chaque chapitre interprétera ces valeurs de façon différente. Plus on avance, plus on aura un indice sur les chiffres restants et donc ce qui va potentiellement se produire.

 

 

La structure du tour de jeu rappelle sans hésiter la mécanique de base d’un Pandemic-like. On est quand même éloigné du titre original, mais le cœur du gameplay est le même : il consistera à obtenir les bonnes cartes au bon moment, sans trop gaspiller de temps, puis à subir un événement en fin de tour. Il faudra anticiper qui jouera quoi avec ses cartes, qui aura la main la plus avantageuse pour valider un objectif, et quelles cartes il pourra au passage obtenir des autres joueurs.

Si vous prenez trop de temps pour effectuer vos déplacements et pour valider les objectifs, vous allez d’une part épuiser la pioche événements, et d’autre part vous rapprocher des conditions de défaites, spécifiques elles aussi à chaque objectif.

 

Les Ameritrashers : Fuyez, pauvres fous !

À la lecture du chapitre précédent, on répond à une première question : Le Seigneur des Anneaux – Le Jeu Livre d’Aventure est un jeu purement mécanique, à base de gestion de mains de cartes et d’optimisation d’actions. On n’est pas du tout dans un style de jeu d’aventure, avec des jets de dés, des cartes que l’on retourne pour y découvrir des péripéties ou trouvailles surprises. Il y a peu de liberté d’action : on se déplace sur les cases et on valide les objectifs ! Je ne dirais pas que le principe est déplaisant, mais il vaut mieux savoir à quoi s’attendre.

 

 

La narration est assez succincte. À chaque chapitre, outre les détails techniques, le contexte est replacé dans la chronologie des événements de la trilogie et certains passages emblématiques des films (ou plutôt des livres) sont cités.

Attendez… Un jeu basé sur un univers médiéval fantastique, où dans le fond on accomplit une épopée héroïque, mais où dans la forme, il ne s’agit que d’organisation logistique et d’optimisation d’actions ? Je ne sais pas vous, mais à lire ces mots, un titre bien connu me vient en tête…

Andor, sort de ce corps !

Oui, je le pense, le public amateur d’Andor peut éventuellement accrocher au Seigneur des Anneaux – Le Jeu Livre d’Aventure. Ce ne sera pas le cas à tous les coups, mais on peut apprécier ou pas ces deux titres pour des raisons assez similaires. Ils ont en commun qu’ils favorisent des mécaniques fluides et un gameplay à base d’optimisation d’actions au détriment du fun et de l’immersion. Ainsi, ils se placent à l’extrême opposé des attentes d’un public Ameritrasher, ne cochant pas les cases qui leurs sont chères.

Ici le jeu est tout de même plus léger qu’Andor, simple, court, sans trop de surprises et sans dés. C’est d’ailleurs pour cette raison que je conseillerai d’y jouer en solo ou à 2 joueurs. Au-delà, il risque de ne pas y avoir assez à manger, surtout que chaque joueur gère toute l’équipe. Ajouter plus de joueurs ne fera que diviser encore plus la part d’actions que chacun aura à réaliser durant la partie.

 

De la Comté à la Montagne du Destin, sous l’œil de Sauron

Si le jeu est mécanique, il n’est pas exempt d’un thème fort et omniprésent. Comme je le disais en introduction, il est surtout très fidèle à l’œuvre de J.R.R. Tolkien et à la trilogie de Peter Jackson. Les illustrations (non créditées) reprennent les images du film. Chacun des 8 scénarios correspond à un passage épique de l’histoire et nous propose de le revivre à l’identique. On se surprend même à réciter les citations clés de l’œuvre inscrites çà et là dans le livre de scénarios. Les plus déséquilibrés d’entre nous iront bien entendu jusqu’à imiter Gollum en jouant.

 

Chaque scénario a son petit lot de jetons dédiés

 

Un système de campagne permet une légère évolution entre les scénarios. D’une part, vous allez compléter votre paquet de cartes en gagnant des cartes spéciales aléatoires lorsque vous réussirez vos objectifs. Il n’est pas question de deckbuilding mais d’enrichir légèrement le gameplay et cela fonctionne plutôt bien.

D’autre part, il arrive que l’on compare Le Seigneur des Anneaux – Le Jeu Livre d’Aventure au jeu de Reiner Knizia Le Seigneur des Anneaux, paru en 2000 (le coup de vieux en est encore plus violent !). Il n’y a pas grande comparaison à faire si ce n’est qu’il s’inspire de sa mécanique de piste de Corruption. Celle-ci est un autre système d’héritage entre les parties.

 

Chaque carte anneau défaussée vous fait avancer sur la piste de Corruption

 

Les cartes Anneau Unique encombreront votre main à la pioche. Chaque fois que vous défausserez une d’entre elles, soit pour l’utiliser comme joker à la place d’une autre, soit pour un pouvoir propre à chaque scénario, vous avancerez sur cette piste tout au long de la campagne. Des checkpoints vous feront piocher des effets désagréables. L’idée m’a semblé bonne, car elle met une petite pression tout le long. Nous avons peut-être mis la barre trop haut en cherchant à éviter à tout prix ce recours, ce qui n’était peut-être pas nécessaire. Au final, nous n’avons pas été inquiétés outre mesure et avons terminé le jeu sans grand fracas, à l’exception de deux scénarios recommencés.

 

La fin de l’aventure

J’ai exploré le jeu avec une ado de 15 ans, fan de l’oeuvre. Si je l’ai abordé avec beaucoup d’a priori et si les deux premiers scénarios ne m’ont pas convaincu, parcourir l’ensemble des 8 scénarios a été au final une expérience plutôt agréable. Le fait d’y avoir joué avec la bonne personne a joué en sa faveur, car le public ciblé est bien précis. 

On déplace les personnages sur les lieux prioritaires, on échange les cartes entre joueurs, on défausse les cartes requises pour atteindre les objectifs et bingo. Le jeu est épuré et ne s’encombre pas avec des règles lourdes. Avec un gameplay très simple, il fait revivre les grandes étapes de la trilogie à travers 8 parties courtes et un livre joliment illustré, avant de le refermer pour toujours.

Après l’avoir terminé, il m’apparaît que Le Seigneur des Anneaux – Le Jeu Livre d’Aventure est un jeu qui ne s’adresse ni à un public trop familial, de par son aspect parfois exigeant sur l’optimisation et ses règles changeantes, ni à un public expert qui n’y trouvera pas du tout assez de profondeur. De même, la proposition sera bien insuffisante pour un public Ameritrasher ou en recherche de mécaniques originales.

En revanche, il peut tout à fait séduire un public initié fan de la licence, amateur d’optimisation, à cause de des qualités qu’il présente. Il faudra cependant correspondre à ce public-là précisément pour que cela fonctionne.

En définitive, le spectre de compatibilité est relativement étroit, il ne faut donc pas l’acheter au hasard. Je le vois idéal en tant que cadeau de Noël ou d’anniversaire d’une connaissance dont on connait bien le profil.

 

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2 Commentaires

  1. Ihmotep 18/01/2024
    Répondre

    Intéressant ^^. Bien que jouant plutôt à des jeux « expert » ce genre de jeu peut m’intéresser avec mon épouse car cela permet de se faire une soirée relax sans prise de tête (comme avec le jeu Robin des bois). Surtout que le gros avantage des jeux en « livre » c’est la rapidité de mise en place, comme pour Gloomhaven la mâchoire du lion.

    • Groule 18/01/2024
      Répondre

      Oui en effet dans ce cas de figure ça peut le faire, à condition une fois de plus d’être du genre à aimer se repasser les passages clés des films 🙂

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