Last Bastion : que se cache-t-il derrière ces murs ?
Feng Li fit danser la flamme au creux de sa main avant de jeter un coup d’œil à ses compagnons. Twindalli tirait inlassablement sur les cordes de ses arbalètes, tandis que Elmer affûtait son épée sous les notes mélodieuses du luth de Mylfaar.
Ils étaient parés à recevoir la Reine funeste et sa Horde de démons. Nul doute qu’ils ne tarderaient pas à assaillir le château pour récupérer les reliques qui avaient été dérobées.
Peu importe, retranchée dans le bastion, l’équipe de Feng Li était prête à les recevoir. Ses muscles se bandèrent lorsqu’un homme hurla des remparts :
– Ils arrivent !
Pas de doute, le combat allait être sanglant…
Last Bastion est un tower defense coopératif prévu pour 1 à 4 joueurs et des parties d’environ 30 à 60 minutes… tout dépendra de votre capacité à survivre aux assauts de la Horde 😉. Pour la plupart d’entre vous, ce jeu ne sera pas totalement inconnu, tout du moins sous sa forme taoïste, puisque Last Bastion n’est autre qu’un reskin du fameux Ghost Stories (2008) qui a donné du fil à retordre à plus d’un joueur !
L’auteur Antoine Bauza, l’illustrateur Piero (accompagné cette fois de Nastya Lehn) et Repos Production ont donc décidé de remettre le couvert avec cette version med-fan, dont les différences avec son aîné ne sont pas énormes mais suffisamment présentes, à mon sens, pour améliorer l’expérience de jeu globale, comme nous allons le voir.
Des héros pour dernier rempart
Vos personnages sont retranchés dans un bastion composé de 9 tuiles – chacune ayant un pouvoir spécial – entouré, au-delà des remparts, par 4 zones où vont apparaître les Hordes de la Reine Funeste.
Ces cartes Hordes, qui viendront tourmenter les joueurs, possèdent une couleur, une force et des effets : immédiats, permanents ou ponctuels et parfois même lorsqu’ils sont battus. Ne vous leurrez pas, ces effets sont grandement négatifs : perte d’équipements, lancer du dé de la malédiction, apparition d’une nouvelle carte Horde, ce genre de jolies choses vous attendent.
Au début de son tour, le joueur actif commence par réaliser les effets des cartes Hordes surplombant son plateau joueur, puis pioche une nouvelle carte à placer sur le plateau de la couleur correspondante (à défaut, sur le sien) et en applique les effets immédiats. C’est ainsi que les forces obscures progressent et mettent la pression sur les joueurs.
Vient ensuite sa phase d’action durant laquelle il peut, dans l’ordre de son choix, se déplacer et réaliser une action. Tout simplement. En guise d’action il peut soit combattre des cartes Horde, soit activer la tuile sur laquelle il se trouve.
Le combat suit tout à fait le même procédé que dans Ghost Stories : obtenir au lancer de dés autant de faces de la couleur du Monstre que sa force, sachant que les jetons d’équipements permettent, au besoin, de compléter.
Activer une tuile permet au joueur d’appliquer immédiatement son pouvoir : déplacer un allié et lui redonner 1 PV, obtenir des équipements, détruire une carte Horde en sacrifiant 1 PV, etc
C’est d’ailleurs la principale différence avec Ghost Stories, la plupart des pouvoirs ont été remaniés pour apporter plus d’efficacité au jeu, à l’instar des bouddhas qui nécessitaient deux tours pour être joués (récupération + pose) qui ont été judicieusement remplacés par le chariot de la mine, certes unique, mais placé dès l’activation de la tuile.
Les fantômes, eux, ont disparu au profit des figurines « Emprise du mal » : elles peuvent toujours condamner le pouvoir d’une tuile (anciennement case hantée) ou d’un joueur, mais elles deviennent également plus faciles à retirer grâce à la tuile … qui en supprime deux d’un coup. De quoi se tirer à coup sûr d’une mauvaise posture !
Tel le roseau, on plie mais ne rompt pas
Les tours s’enchaînent ainsi avec fluidité entre effets des cartes Hordes du joueur actif, pioche d’une (ou plusieurs, attention aux enchaînements en cascade) carte Horde et action du joueur actif (déplacement + combat ou activation de la Tuile).
Comme souvent dans les coopératifs, il y a plusieurs de façons de perdre (tous les joueurs sont morts, 3 tuiles Bastion sont sous l’emprise du mal, ou plus de cartes Hordes lorsqu’il faut en piocher), mais une seule pour gagner : éliminer le boss avant d’avoir épuré/terminé le deck.
Cela fait de Last Bastion, comme son aîné, un jeu toujours aussi exigeant et stratégique. D’ailleurs la présence de hasard peut frustrer (on n’est jamais à l’abri d’un mauvais enchaînement qui nous oblige à piocher 3 cartes Hordes d’affilée et précipite vers la fin une partie qu’on pensait dominer), mais ne retire rien à l’aspect tactique. Last Bastion fait partie de ces jeux où il faut prendre des risques, parfois faire des sacrifices, mais surtout chaque choix doit être bien réfléchi et pondéré au risque d’en payer cher les conséquences.
C’est d’ailleurs cette réflexion commune qui est intéressante, garantissant une interaction maximale et une mise en ébullition de plusieurs cerveaux pour optimiser les actions, voire trouver des issues aux situations à priori désespérées.
Pour les solistes, pas de soucis, une adaptation des règles existe faisant intervenir des joueurs neutres, mais coopération oblige il est tout à fait possible de jouer seul 4 personnages.
Question rejouabilité, elle est assurée par le placement aléatoire des tuiles Bastion, les nombreuses cartes Hordes et leurs effets, les cartes Boss, ainsi que les 8 personnages. Au lieu d’avoir 4 pouvoirs de joueur double face, il y a 8 pouvoirs de joueur différents. Cela signifie qu’il y a plus de combinaisons de pouvoirs de joueur disponibles à chaque partie.
Ces 8 pouvoirs ont été adaptés voire totalement modifiés pour Last Bastion, comme celui de Twindalli qui peut combattre deux cartes Horde orthogonales sans être adjacent ou encore de Teagaan qui peut retirer une figurine « Emprise du Mal » s’il renonce à son déplacement. Une partie (surtout si elle est vite perdue ^^) en appelle donc une autre, pour essayer de nouvelles stratégies, mais surtout pour découvrir toutes les combinaisons de personnages ! Et pour les plus téméraire, le jeu propose également des niveaux de difficulté qui pimenteront les combats.
L’autre nouveauté bienvenue (mais est-ce que cela va vraiment aider les joueurs ?!) ce sont les conséquences d’un plateau Horde plein. Dans Ghost Stories, si celui du joueur actif était rempli au début de son tour, il ne piochait pas de nouvelle carte et perdait un Qi (ou point de Vie). Dans Last Bastion, tout dépend maintenant du plateau en question : perte d’un PV, lancer du dé de la Malédiction, perte du prochain déplacement ou défausse de la dernière carte Horde du paquet (tictac tictac tictac, vous entendez le compte à rebours s’accélérer ?).
Last Bastion est donc un bon reskin (au thème un peu plaqué donc) qui reprend intégralement le concept de Ghost Stories, tout en apportant des améliorations non négligeables : un matériel de haute qualité avec des dés qui ne risquent plus de s’effacer après quelques parties, des pouvoirs de Tuiles et de personnages remaniés, le tout pour une meilleure expérience ludique.
Le seul reproche repose sur le changement de thème, devenu plus mainstream (exit le mysticisme chinois), et en même temps plus trash (présence de membres tranchés, de cadavres sanguinolents…). Paradoxalement, on tente de viser un public plus large, tout en éloignant les plus jeunes qui pourtant pourraient venir s’attabler, surtout avec cette version simplifiée et cette ergonomie améliorée. Dommage.
Si en effet la difficulté semble avoir été légèrement revue à la baisse dans cet opus, plusieurs niveaux de difficulté sont toujours présents pour que les plus téméraires puissent corser leurs combats !
Les habitués de Ghost Stories ne devraient donc pas être dépaysés, pour les autres je ne saurais que vous conseiller de découvrir cet opus, représentant streamliné de l’un des précurseurs du coopératif qui n’a rien perdu de sa splendeur au cours de ces années.
Et qui sait, si Last Bastion réussi à trouver son public, peut-être que les extensions de Ghost Stories seront adaptées…!
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TheGoodTheBadAndTheMeeple 16/04/2020
La question surtout, interet de le posseder si on a deja Ghost stories ? Pour moi la reponse est non. Et certaines regles peuvent s’appliquer a Ghost tres facilement.
Last Bastion demeure un Ghost Stories 2.0 avec un theme different (tellement plate… a mon gout)
Je prefere me faire retourner par des incarnations de Wu-Feng, tout en profitant des extensions existantes et perdre assez souvent ! Sans compter les tres nombreux goodies de GS…
salmanazar 17/04/2020
Tu m’intéresses. Quelles règles peux tu transférer à la V.1 ? Les bouddhas par exemple ?