La reprise des festivals : entretien avec un organisateur de Ludinord

Il y a eu, à la fin de l’hiver 2020, deux derniers festivals de jeux avant confinement, le FIJ de Cannes et Jeux et Cie d’Epinal. La menace n’était pas encore bien présente, tant la vie suivait son cours. Depuis, nombre de festivals ont dû être annulés en raison des conditions sanitaires, en raison aussi des risques encourus et du manque de forces vives pour les organiser. Car de nombreux festivals sont portés par des associations, dépendants de l’énergie bénévole pour se faire, peu de festivals étant organisés par des collectivités.

En 2021 une petite poignée de festivals ont pu avoir lieu : un FLIP (organisé par la Communauté de communes de Parthenay-Gâtine) en formule contrainte, Orléans joue (association), et Vichy (organisé par Vichy Destinations).

Nous avions pris l’habitude qu’il se tenait, en moyenne sur l’année, un festival par semaine. Est ce que 2022 comptera autant de festivals ? Pas si facile de relancer la machine après deux années blanches. Cette année commence sur une note encourageante car le FIJ a bien tenu sa promesse annoncée début janvier de maintenir le festival fin février. Le public était en attente et au rendez-vous avec 80000 entrées en trois jours, et des files de gens qui n’ont pas pu rentrer.

Pour les mois à venir, nous allons voir renaître ces événements si importants pour les différents acteurs du monde du jeu, éditeurs, animateurs, auteurs, et pour la diffusion du jeu auprès du public, permettant d’ouvrir la porte d’une découverte, d’une future nouvelle passion, de la culture du jeu.

Si beaucoup de festivals annoncent une édition 2022, ce n’est pas le cas de tous malheureusement, malgré une équipe motivée, des difficultés économiques forcent à repousser le festival Ludiquest de Saint Etienne à 2023.

 

 

Tandis que Ludinord, dont les éditions 2020 et 2021 avaient dû être annulées, et malgré la menace d’une troisième annulation, se tiendra bien ces 26 et 27 mars. 

A l’aube de ce week-end qui verra renaître Ludinord 22, Sylvain Machen, organisateur, raconte le festival de Mons-En-Barœul.

 

 

 

Sylvain, tu fais partie de l’organisation de LudiNord, raconte-nous comment on se relève de cette période faite de doutes, de reports, d’annulations, d’espoir ?

Nous avons vécu deux annulations différentes. Celle de 2020 a été très difficile à acter car tout était prêt et le confinement n’était encore qu’une hypothèse. Finalement, le public a été grandement compatissant.
En 2021, nous avions un petit espoir. Nous avons lancé l’organisation avec le recrutement de nouvelles têtes, notamment des personnes qui n’avaient jamais mis les pieds à LudiNord. C’était positif de se dire qu’on pouvait motiver des personnes qui ne nous connaissaient pas directement. Ceci étant, avec notre apprentissage dans un contexte sanitaire fluctuant, nous avons fini par nous faire une raison, et acter de nouveau l’impossibilité de réaliser le festival.

Pour se relever, il suffit de penser à toute l’énergie déployée par des dizaines de femmes et d’hommes qui a permis de construire LudiNord. Aucune envie de voir disparaître notre événement, un événement de plus en plus attendu au sein de la région et même au-delà.

 

LudiNord est un festival complètement organisé par des bénévoles ? Après deux ans, quelles sont les forces vives à l’œuvre ?

 

Chaque année des personnes sont surprises d’apprendre que LudiNord est un événement à l’organisation 100% bénévole. Être considéré comme des pro c’est plutôt flatteur, mais cela nous impose également un certain niveau de qualité pour celles et ceux qui n’ont pas cette information.
LudiNord voit ses troupes se renforcer “naturellement” à chaque édition. Certains visiteurs devenant bénévoles… et les bénévoles devenant pour certains organisateurs de l’édition suivante.

L’absence de festival pendant 3 ans a tari cette source. Là où nous étions une cinquantaine pour organiser l’édition 2019, nous ne sommes plus qu’une quinzaine pour l’édition 2022. Cette édition nous permettra de remobiliser du monde pour la suite.

 

Qu’est ce qui fait un maintien ou une annulation ?

La baisse du nombre d’organisateurs a accru la charge de travail pour chaque organisateur restant. L’arrivée de nouvelles restrictions en décembre/janvier a freiné l’enthousiasme de notre équipe qui voyait venir une potentielle troisième annulation. Nous en avons été très proche mais un compromis a été trouvé : réduire la taille du festival.
Cette décision a permis de limiter les risques financiers mais aussi de réduire la charge globale de travail.

 

Quels sont les risques à court terme et à plus long terme ?


À court terme, réduire la charge globale a posé une nouvelle question : avec moins d’espace, à quoi devons-nous renoncer ? Quels partenaires conserver ? Comment communiquer ? Comment limiter l’affluence le Jour J ? Des questions auxquelles nous avons essayé de répondre au mieux.

À moyen et long terme,  la pérennité du festival reste à assurer. La première mission de cette édition 2022 est d’abord et avant tout de relancer la source de nos bénévoles, en l’occurrence nos visiteurs. Nous devons trouver les organisateurs de demain.

 

 

Ludinord affiche COMPLET, pour quelle raison ?

En temps normal, LudiNord accueille entre 10 et 12 000 visiteurs. La réduction de l’espace a diminué cette jauge à 4 000. Nous avons donc fait le choix de limiter l’accès au festival aux préventes.

Nos habitués ont donc assuré leur venue à LudiNord en réservant leurs places très vite. Quelques déçus forcément, mais super nouvelle pour l’équipe bénévole de voir que nous sommes toujours très attendus.

La Ruche Ludique est née durant cette période de confinement, qu’est ce qui se passe dans cette ruche ?


La Ruche Ludique est une plateforme d’entraide entre organisateurs de festivals. Tous impactés par ces périodes de confinements et de règles sanitaires strictes, nous avons cherché conseil les uns auprès des autres et c’est comme cela qu’est née la Ruche Ludique. Aujourd’hui nous sommes un regroupement de 43 festivals partout en France et même au-delà (Belgique et Cameroun). 

Nous nous enrichissons mutuellement les uns les autres sur toutes les étapes de l’organisation sachant que cela va de créateurs de nouveaux festivals à ceux riches de plus de 10 ans d’expérience. Cela couvre un large panel de domaines, allant de l’accessibilité pour tous, les échanges avec les éditeurs, le recrutement de bénévoles, l’impact écologique et comment réussir à tendre vers un festival éco-responsable.

La Ruche Ludique devient aussi un interlocuteur privilégié des autres groupements ludiques comme la SAJ (auteurs), l’UEJ (éditeurs), le GBL (boutiques) ou encore le RCL (cafés) et l’ALF (ludothèques). Nous avons eu l’occasion de cosigner l’appel à la reconnaissance du jeu comme objet culturel.

On vous souhaite de belles retrouvailles, et un beau festival, LudiNord !

 

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ce dernier week-end de mars, il y a aussi des festivals à Blagnac (Blagnac joue), à St Nazaire (100% jeux), à Plélo (J’peux pas j’ai JEUX).

Et une vision plus large et lointaine de là où jouer ici.

Pour que les festivals renaissent dans vos régions, ils ont besoin de vos soutiens.

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