La Mascarade des Frères Grimm ♫ Au bal masqué ohé ohé ! ♩
Si le titre et les illustrations de la boîte vous rappellent quelque chose, c’est sans doute que vous avez déjà croisé son grand frère : La Forêt des Frères Grimm (Tim Eisner), arrivé en 2019 grâce à KS. Pour La Mascarade des Frères Grimm (Tim Eisner, Ben Eisner, James Hudson), en revanche, point de financement participatif, le jeu n’est d’ailleurs actuellement disponible qu’en anglais, mais Lucky Duck Games vient d’ores et déjà d’annoncer sa localisation en France pour le mois de mai 2020.
Dans La Mascarade des Frères Grimm, vous pouvez tout de suite oublier les récoltes en forêt, les balades au marché et les rencontres inopinées avec Pinocchio ou Aladdin.
En effet, les auteurs vous invitent à un bal, oui mais un bal masqué ! Entre bluff, suspicions et déductions, il faudra compter environ 40 minutes pour démasquer les participants et remporter la partie.
À vos masque, prêts ? Feu, partez !
Bas les masques
La Bête vous a convié dans son manoir pour participer à un bal masqué. En distribuant judicieusement les Artefacts aux invités, vous parviendrez (peut-être) à les démasquer pour gagner les précieuses roses magiques qui feront de vous le Roi ou la Reine du bal.
Pour mener à bien votre mission, vous disposez de 3 manches durant lesquelles il faudra protéger votre identité secrète par tous les moyens et percer à jour celle des autres.
Les joueurs commencent chaque manche en piochant au hasard la carte du personnage qu’ils vont incarner (il n’y en a que 8, c’est une petite fêtounette). Chaque personnage est affecté par deux types d’Artefacts : son Artefact fétiche, qu’il faudra posséder en trois exemplaires pour remporter la manche, et son Artefact maudit, dont 2 occurrences seulement suffisent pour le faire démasquer.
Bien entendu, ces Artefacts sont assez raccord avec le thème et l’Artefact fétiche de l’un sera le maudit d’un autre. À l’instar du Grand Méchant Loup qui doit éviter les Chaudrons mais cherche à réunir les Déguisements (pour flouer le Petit Chaperon Rouge), alors que Hansel, lui, redoute les Friandises trop alléchantes mais sera en quête de Chaudrons (vous savez pour brûler cette vilaine sorcière !), etc.
À son tour, le joueur actif pioche deux cartes et choisit celle qu’il conserve pour lui et celle qu’il donne à un adversaire. Oui mais, il pioche les cartes l’une après l’autre et doit prendre immédiatement sa décision : ainsi s’il veut donner sa première carte, il sera obligé de conserver la seconde, même si ça ne l’arrange pas, et vice versa.
On a alors une petite prise de risque qui est intéressante : si je garde cet Artefact, est-ce que je ne risque pas de piocher ensuite mon Artefact maudit ? Mais est-ce pour brouiller les pistes je ne devrais pas garder mon Artefact maudit… au risque de faciliter le travail à mes adversaires s’ils en piochent un autre ?
Après moult débats intérieurs, le joueur peut ensuite défausser une paire d’Artefacts présente devant lui pour réaliser une Action parmi les 3 disponibles.
L’action Pointer du doigt est la seule disponible à toutes les manches, elle permet bien sûr d’essayer de démasquer un adversaire. Mais attention, si viser juste vous donne deux roses, se tromper en donne une à l’adversaire bafoué. Dans cette Mascarade, on accuse pas à tort et à travers.
Deux autres actions sont placées aléatoirement à chaque manche et permettent de pimenter le tout : regarder deux cartes parmi les personnages non incarnés cette manche-ci, désigner deux joueurs qui doivent avouer quel personnage ils n’incarnent pas ou encore donner un Artefact à un adversaire qui doit nous en redonner deux au hasard.
La fin d’une manche peut survenir de deux manières : soit l’un des joueurs parvient à réunir ses 3 Artefacts fétiches, soit un joueur est le dernier à ne pas avoir été démasqué. De manière assez rapide et fluide, on enchaîne les 3 manches, changeant de personnage à chaque fois, à l’issue desquelles le joueur possédant le plus de roses est déclaré vainqueur.
Pour rappel, ces roses se gagnent de la manière suivante : en forçant l’adversaire à se démasquer en lui donnant son 2ème Artefact maudit (1 rose), en démasquant un adversaire par accusation (2 roses, 1 rose à l’adversaire si échec) ou en remportant la manche (1 rose au 1er tour, 3 au second et 5 à la dernière).
Miroir, Miroir, dis-moi qui est la plus belle…
Forcément, après avoir vu passer le sympathique « La Forêt des Frères Grimm » et son super matos, je dois bien avouer que j’avais quelques attentes concernant son successeur. Si La Mascarade des Frères Grimm ne fournit aucune figurine, le matériel fait son job sans être remarquable, mais l’univers reste toujours aussi magnifiquement représenté grâce aux illustrations de Lina Cossette & David Forest. On apprécie tout particulièrement la présence du plateau central qui reprend tous les personnages et leurs Artefacts, mais qui sert surtout d’aide mémoire pour se rappeler qui n’incarne pas quel personnage.
L’ambiance globalement est y un peu plus sombre et on comprend comprend très vite que ce bal masqué n’est pas du tout le même type de jeu que notre balade champêtre précédente. Et si cette dernière laissait une place non négligeable au bluff et au guessing, La Mascarade des Frères Grimm en fait son terreau principal. Savoir lire sur le visage de vos adversaires ou cerner rapidement leur façon de jouer devient alors un atout indéniable pour les démasquer !
À votre avis, Rumplestiltskin a-t-il défaussé ses deux Fuseaux, alors qu’il était si près du but, pour détourner tout soupçon ? La Méchante Reine ne garde-t-elle pas jalousement ses deux Couronnes dans l’attente d’une troisième qui lui donnera la victoire… à moins qu’elle ne veuille vous le faire croire ?
Autant vous dire que les dérangés du bluff, guessing et autres pokers passeront leur chemin ! Ils risquent de ne pas y trouver leur compte, même s’il peut être marrant de jouer à l’aveuglette ou de semer la zizanie dans le jeu de vos voisins grâce aux Actions. Tout le sel du jeu repose quand même sur votre capacité au Poker-Face.
La part importante de hasard pourra également refroidir plus d’un joueur, tant il est désagréable de se faire démasquer dès le premier tour sur un coup de pas de bol, ce qui heureusement n’empêche en rien de continuer à jouer pour traquer les autres invités. Pas d’élimination, c’est un vrai plus.
La partie est très rapidement rythmée par les soupçons qui se font et se défont, on joue souvent sur le fil du rasoir, à tenter des choses (sur un malentendu…), en essayant de varier les techniques d’une manche à l’autre pour ne pas être lu comme un livre ouvert. Les regards scrutateurs sont la norme, à la recherche de la moindre information visuelle (sourire ou crispation), ce qui est assez fidèle à l’ambiance et au thème du bal masqué.
Je reste néanmoins sceptique sur le décompte de points (augmentation du nombre de roses selon la manche sans bonne raison à cela), il n’a pas été rare de constater qu’un joueur n’ayant démasqué personne, mais réussissant à passer entre les mailles du filet en dernière manche, récolte les 5 roses lui permettant de reporter la partie. Vous pouvez donc gagner les deux premiers tours… et perdre contre le gagnant du troisième tour. Une façon assez injuste de resserrer l’étau sur les joueurs.
Pour renouveler un peu l’expérience, deux variantes sont déjà disponibles : la première ajoute encore un peu plus de bluff, tandis que la seconde propose un effet catch-up, donnant un petit coup de pouce au joueur ayant le moins de roses. Bonne idée pour rééquilibrer notre problème de scoring ? Ou pas. Il pourrait inciter à perdre dans les premiers tours pour obtenir des récompenses de rattrapage qui aideront à gagner les derniers tours qui valent beaucoup plus de points. La sensation d’aléatoire qu’il résulte de tout ça laisse un peu dubitatif. Il est à noter que l’autre Mascarade, celle de Faidutti, avait le mérite de pouvoir se jouer jusqu’à 13 personnes. Celui-ci s’arrête à 5 joueurs.
Toutefois, si on prend La Mascarade des Frères Grimm pour ce qu’il est, un petit jeu de bluff et de guessing un peu random et sans prétention, rapide et très fluide, alors la soirée au bal pourra être une réussite. L’univers est bien plus sombre que le premier opus, mais il est toujours aussi agréable à découvrir, et s’il reste assez simple à prendre en main, je saurais surtout le conseiller aux adultes qui seront moins désorientés par le côté Poker-Face du jeu.
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