Karak : on krak !
Pendant des petites vacances improvisées à la montagne avant un « ce dont on ne doit pas prononcer le nom » (un confinement quoi), nous avons retrouvé le chemin d’une boutique de jeux que nous aimions beaucoup à l’époque où mon zom habitait en Haute-Savoie (parce qu’en fait zom, à savoir Ziold, qui a écrit quelques articles par ci par là, n’est autre que mon cher et tendre, bref c’est juste pour contextualiser un peu). Je m’égare ! Alors reprenons : la dernière fois que nous avions poussé la porte de Terre de Jeux, nous étions deux. Sept ans plus tard, nous avons eu le plaisir d’y aller à quatre. Qui dit quatre, dit aussi des jeux un peu différents de ce que l’on pouvait chercher à l’époque… En tout cas, c’est ce que nous pensions.
Au-delà du plaisir de retrouver des personnes que nous apprécions, nous étions à la recherche d’un jeu un peu nouveau qui pouvait plaire à nos deux loulous de 6 ans et demi et 4 ans et demi (même si la petite pounette a tendance à suivre un peu – beaucoup – le plus grand)… Après une présentation de plusieurs boiboites, notre super conseiller-vendeur nous a sorti Karak.
Le graphisme sobre mais tout de même un peu « envoutant » de la boite, la thématique médiéval-fantastique (une initiation au dungeon crawler), l’explication rapide des règles, la référence à Descent qui fait mouche, tout semblait être là.
En bonus : petit coup de cœur du papa sur la thématique, sans compter les yeux du grand qui brillent devant le mage Argentus dessiné et notre petite Schtroumpfette qui nous dit « on va butter des monstres ? » … (A priori, cela n’a pas été rapporté à l’école, ouf !)
Karak est un jeu annoncé à partir de 7 ans, mais on nous dit que la petite va pouvoir suivre le rythme tranquillement avec un peu d’aide (notamment sur la phase combat de monstre avec le calcul des points sur les dés, mais j’y reviendrai plus tard). Il se joue de 2 à 5 joueurs, et a été créé par Roman Hladik et Petr Miksa. Les illustrations ont été réalisées avec brio par Roman Hladik.
On quitte donc la boutique, bien contents de notre trouvaille (et moi un peu surprise d’être passée à côté de cette pépite visiblement). Qu’à cela ne tienne, nous allons nous rattraper. Et s’il n’y a pas d’article sur Ludovox, je rattraperai cela en le mettant à l’honneur.
C’est parti, les enfants trépignent dans la voiture (on n’est pas venus beurrer des sandwichs, on a un donjon à nettoyer, nous) ! Le temps de rentrer, d’avaler un goûter, la phase de dépunchage peut commencer (cette activité étant de plus en plus sous-traitée aux enfants, mais bon j’ai quand même réussi à m’en garder un peu… il faut savoir se sacrifier quand on est parent !). Les règles sont assez bien écrites et facilement accessibles (et je ne suis pas une championne de la lecture de règles), ce qui me met tout de suite dans de très bonnes dispositions pour la 1ère partie.
Karak … le bruit d’un os de roi squelette après un câlin à base de hache à deux mains ?
Karak est donc un jeu d’initiation au dungeon crawler. Pour ceux qui ne connaissent pas le terme (je vous rassure, j’ai appris l’expression pour le bien de cet article), cela vient de l’univers des jeux de rôles où les personnages naviguent (« rampent ») dans un donjon à la recherche de trésors. Pour cela, les joueurs doivent tuer des monstres, sauver leur vie, se cacher, boire des potions, jeter des sorts, bref survivre dans un monde hostile. Si vous gagnez vos combats, souvent à base de jet de dés, alors vous avez des avantages, vous gagnez en expérience.
Et oui, n’oublions pas, qui dit jeu de rôles dit également personnages avec des capacités spéciales qui peuvent évoluer au cours de la partie. À la différence d’un jeu de rôles sur table, ici il n’y a pas de maitre du jeu, tout le monde joue et évolue contre les évènements générés de façon aléatoire. Et ici, pas de coopération !
Les auteurs de Karak ont donc repris l’essence même de ces ingrédients en les adaptant à des enfants à partir de 7 ans (pour le plaisir des parents). Si vous êtes des joueurs aguerris et que vos enfants baignent dans cet univers, je vous fais le pari que ça marche avant 7 ans.
D’ailleurs, comment ça marche ?
Pour commencer, on tire son personnage au hasard. Pour moins de drame familial et plus de plaisir, les enfants ont choisi le personnage qui les faisait rêver. Notre petite puce, rebaptisée désormais par le nom de son personnage favori, Taia la prophétesse, a gardé le même perso au fil des 1ères parties afin de l’aider à se familiariser au décor et aux règles. À partir de maintenant, notre grand sera appelé Argentus le magicien, afin de respecter l’anonymat des héros de cet article. Chaque personnage a des capacités spécifiques, les joueurs de jeu de rôles y reconnaîtront les classes respectant les classiques du genre (un mage, un voleur, un guerrier…)
Le principe du jeu est donc d’explorer le donjon du Château de Karak, de faire évoluer son personnage en « buttant » des monstres (pour citer Taia) afin de récupérer des armes, des parchemins magiques, des clés tout ça dans le but d’ouvrir des trésors (le but ultime du jeu est quand même d’avoir le plus de trésors possibles), jusqu’à vaincre le dragon pour récupérer son trésor (qui vaut 1 et demi au lieu de 1 pour le comptage de points final).
Le vainqueur est le joueur ayant récupéré le plus de trésors.
Pour cela nous disposons de quatre actions par tour, avec plusieurs possibilités :
- Révéler un élément du donjon, et réagir à l’évènement associé ;
- Visiter le donjon déjà révélé ;
- Combattre un monstre ;
- Récupérer du matériel laissé au sol par un valeureux camarade (qui n’a pas eu le choix !).
Chaque personnage dispose de cinq points de vie qui se perdent en cas de combat perdu contre un monstre. Il y a possibilité de recharger son compteur de vie évidemment, et la mort n’est jamais définitive, elle est juste punitive en termes de temps. Dans différents cas (comme ramasser un trésor, combattre un monstre), notre tour s’arrête automatiquement même si nous n’avons pas effectué nos quatre actions.
Ambiance générale
Je ne sais pas si notre expérience a été la même dans d’autres familles, mais là, je dois reconnaître que nous commençons à vivre autre chose avec nos enfants autour du jeu de société. C’est peut-être aussi pourquoi nous avons tellement apprécié Karak. Il y a des histoires qui se créent, comme des petites aventures. Lorsque nous avons ressorti le jeu avec d’autres adultes (car il fallait absolument jouer à ce jeu-là et pas un autre), nos invités ont même pu entendre les histoires vécues dans les autres parties. Les enfants font vivre leur personnage (bon ils ont beaucoup d’imagination, mais ce ne sont pas les seuls, c’est souvent une caractéristique de l’enfant en général me semble-t-il). Le petit plus est que le jeu a été bien apprécié de ma maman (qui n’a pas l’habitude de jouer du tout) ou de ma cousine (même topo). Le jeu dure entre 30 et 45 minutes.
Notre petite Taia la prophétesse ne décroche pas trop, même si elle joue avec son héroïne (imaginez vous en train de jouer votre partie et vous entendez à côté « Viens Taia, on va butter ce monstre… [changement de voix] Nooooon il est terrible… [rechangement de voix] Mais non, regarde et paf… Aaaaaahhhh… ». Concrètement, l’histoire la tient assez bien en haleine. Le but n’est pas de la faire jouer à tout prix à un jeu qui n’est pas de son âge, le but est qu’elle joue avec nous. Si elle a besoin d’aide pour choisir la meilleure stratégie, on la lui propose (ce n’est pas forcément pour cela qu’elle ne choisit pas autre chose à faire). Concrètement, ça tourne assez bien pour elle. Pour Argentus, notre mage de 6 ans et demi, c’est parfaitement adapté. Il peut vraiment penser aux différentes stratégies, il lui arrive même de nous donner des idées auxquelles nous n’aurions pas pensé. Il en est assez fier, nous aussi d’ailleurs.
Ce que nous avons tous particulièrement aimé
L’univers adapté aux enfants, sans bébétiser les choses et en gardant un esprit médiéval fantastique très fort. Le binôme thématique/mécanique tourne parfaitement. La diversité des parties est intéressante, car chaque session est vraiment unique (en tout cas pour ces 1ères parties effectuées). Nous avons apprécié l’accessibilité, et le renouveau de ce qu’on a pu partager en famille jusqu’ici.
J’ai également été sensible au matériel, et principalement aux plateaux individuels, de bonne qualité, avec des emplacements prévus pour les points de vie, la plaque personnage et les objets que l’on ramasse. L’édition fait le job sans en faire trop (à noter qu’on a des silhouettes cartonnées, pas de figurines). J’ai également beaucoup aimé les illustrations des personnages et de la boîte en elle-même.
C’est vraiment une excellente introduction au genre, en gardant une mécanique simple (mais pas simpliste), et également une bonne façon de faire découvrir l’univers heroic-fantaisy aux plus jeunes.
Si nous devions changer quelque chose
Notre mage débutant aimerait qu’on le transforme en coopératif… Avis à l’éditeur, s’il peut nous faire une extension coopérative ! L’univers s’y prêterait bien. À cet âge, c’est bien d’apprendre à perdre, c’est sûr, mais être tous ensemble contre le monstre, cela pourrait aussi être chouette pour eux.
Il y a une grande part de chance dans le tirage des monstres et des dés. Quand ce n’est pas le jour, ce n’est pas le jour (on a tous connu ces loooooongues parties où les dés sont contre nous). J’ai vécu une partie où je n’ai pu avoir des armes qu’à la fin, c’est long, et il y a peu de chance d’avancer. Il faut dans ces cas-là tout miser sur les clés et les coffres (encore faut-il tomber sur le monstre de la clé et le vaincre dans l’espoir de ramasser un coffre…). Quand ce sont les enfants qui sont dans cette position, c’est un peu difficile, et la partie peut être laborieuse (surtout si le dragon ne sort pas). Ça n’empêche pas de recommencer. On s’en lassera peut-être plus vite que les enfants, à cause de cet aspect chance… Nous verrons sur le long terme. Ou nous nous pencherons sur l’extension Regents, elle offre un nouveau mode de jeu qui semble rééquilibrer les choses.
Sortons du donjon
Pour finir, Karak est un jeu que je conseille vraiment aux familles qui aiment jouer. Je ne pense pas que ce serait très judicieux de commencer par là si on n’a pas l’habitude de jouer avec ses enfants. Pour ce qui est de l’âge des petits, je ne vais pas m’aventurer à dire que vous pouvez aisément le sortir à 5 ans, il faut un certain nombre de conditions réunies. Cela dépend aussi de l’appétence de votre loulou pour les jeux, de l’habitude aussi à suivre des règles de jeux et de sa capacité à jouer assez longtemps. Si tout est réuni, il sera surement heureux de pouvoir « enfin » jouer à un jeu « de grand », et de pouvoir profiter de l’ambiance de la partie. La mécanique reste assez accessible. Il n’aura pas autant de stratégies que les plus grands, mais est-ce vraiment l’objectif à cet âge ? Pour nous, l’objectif était de passer un bon moment tous ensemble. Pari gagné. Et on est assez impressionné par notre petite prophétesse qui a compris les enjeux et bien profité de ses parties. Entre 6 et 7 ans, il n’y a aucun souci d’accessibilité, à partir du moment où votre enfant aime déjà jouer, a déjà joué à des jeux de société un peu stratégiques et arrive à rester « assis », ou tout du moins attentif pendant 30-45minutes.
Jeu adopté par la famille au complet. Nul doute que nous allons nous pencher bientôt sur l’extension !
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Shanouillette 24/02/2021
Et la famille s’agrandit avec désormais des figurines accessibles séparément. 🙂