JDR | Les Souvenirs du Protecteur – L’exploration d’un monde ouvert en solitaire
Un peu de contexte pour commencer : Les Souvenirs du Protecteur est une création d’Enzo Salviato, à la fois auteur et illustrateur, épaulé au dessin par Natalia Mancio. Pour la version française, c’est l’équipe des Fondations de l’Imaginaire qui s’est chargée de l’édition, avec une distribution assurée par Néoludis.
Les Souvenirs du Protecteur est un JDR solo qui nous met dans la peau d’un Protecteur qui veille sur le monde et ses souvenirs. Ainsi, il s’agit d’un voyage à effectuer en solitaire. Vous allez explorer tout un univers, rencontrer une faune et une flore inspirante, découvrir des mondes oubliés, récolter des secrets, des souvenirs et des ressources qui vous aideront à progresser dans votre quête. Le tout en utilisant votre imagination.
Vous serez bien sûr guidé·e à chaque étape de votre voyage, mais le but est d’écrire votre propre histoire, qui n’appartient qu’à vous, et dans laquelle vous aurez plaisir à avancer et à découvrir plus encore.
Le matériel pour jouer :

Vous aurez besoin de deux dés à 6 faces, et d’un jeu classique de 52 cartes. Imprimez aussi la feuille de personnage, ainsi que la carte vierge de la région que vous allez explorer hexagone par hexagone. Des crayons de couleur sont plus pratiques pour délimiter les biomes sur la carte.
La lecture des règles reste agréable, la mise en page nous transporte dans une ambiance très « chill » ; les règles sont claires et suffisantes.
La création de notre explorateur
Après s’être plongé dans la lecture des règles, il est temps de partir à l’Aventure ! Et cela commence par la création de notre Protecteur, et notamment le choix de son Archétype.
Chaque protecteur est défini par trois Attributs : le Courage représente nos capacités à réaliser des actions (valeur utilisée pour les tests), l’Âme est notre force vitale (PV), enfin, l’Endurance est la capacité à continuer d’avancer (détermine l’encombrement et le temps de l’Horloge – j’en reparle plus loin).

Nous avons le choix entre trois archétypes, qui possèdent des valeurs d’attributs différents, et qui proposent aussi un peu de rolepay :
Le Guerrier démarre avec plus de Courage. Je pense que c’est le plus facile à jouer ; c’est celui que j’ai choisi pour ma première partie. Il est armé d’une épée qui lui permet de fuir un combat sans malus. « Pour sauver le monde, combattre sera inévitable. »
Le Pèlerin a plus d’Endurance. Il est équipé d’un bâton qui lui permet de n’avoir besoin de manger qu’une fois par jour. « Pour accomplir votre mission, tout dépendra de ce voyage. »
Le Troubadour a plus d’âme. Sa mandoline lui permet de chanter une chanson à chaque première visite d’un village et de gagner de l’argent (je trouve cela très cool). « Pour remplir votre mission, il faudra que votre cœur soit ouvert et votre esprit curieux pour collecter les histoires qui vous attendent en chemin. »
Aperçu du jeu
Les lancés de dés : effectuer un Test de Courage
Classiquement, chaque action qui peut échouer va demander un Test de Courage : on lance 1d6 et si le résultat est inférieur ou égal à la valeur de Courage, c’est réussi. Simple, efficace. On peut dépenser un point d’Endurance pour relancer le test.
Les Tables Aléatoires
Comme beaucoup de JDR solo, le jeu propose des tables aléatoires. Le jeu avance ainsi : on jette les dés et/ou on tire des cartes sur ces tables pour découvrir ce qu’il se passe ; tel résultat du dé correspondant à une ligne de ces tables : par exemple, un résultat de 1 sur mon dé correspond à « La Forêt des Ombres » sur la table que je suis en train de consulter ; avec une autre valeur sur mon dé, j’arriverais sur un autre biome.
De cette manière, on pourra par exemple découvrir la créature que l’on rencontre, ce qu’on parvient à miner dans la foret, la petite histoire d’un habitant…
Les tables sont nombreuses et variées. Même si on tire un résultat une deuxième fois plus tard, on pourra y réagir différemment, ayant désormais plus d’expérience.
Un gameplay complet
Ce jeu combine plusieurs mécaniques, et le mix fonctionne très bien, c’est ce qui le rend si complet mais aussi si ouvert sur la façon de jouer. À nous de voir notre façon d’explorer et de consigner ou non des informations, de manière détaillée ou pas, mais aussi notre rapport aux villageois et créatures que l’on rencontre. Le jeu offre ces libertés.
L’aspect journaling est intéressant. Il nous permet de garder une trace des étapes de notre périple, mais aussi de rendre le monde canonique : ce que l’on y inscrit sera toujours présent sur l’hexagone en question. Et en parlant d’hexagone…
L’exploration est la mécanique principale, au cœur du gameplay. En mode monde ouvert, nous avons toute une région à parcourir ! À chaque « tour » de jeu, on va commencer par se déplacer sur un hexagone adjacent (personnellement j’ai fait des flèches sur la carte, et j’ai noté dans mon journal les coordonnées au fur et à mesure). On lance un dé pour connaître le biome que l’on découvre, puis la rencontre que l’on y fait.

Les biomes ont des accroches différentes. On trouvera parfois des créatures, des ressources ou des objets, des ennemis, mais aussi des villages.
La création de villages est vraiment très cool. Elle permet de tirer aléatoirement des bâtiments, qui peuvent être des services ou des boutiques, notamment. On peut retourner dans ces villages par la suite et les retrouver intacts. Certains bâtiments octroient des bonus, d’autres vous donnent accès à des objets très utiles, et pour le reste je vous laisserai le découvrir par vous-même 🙂
Associée aux villages, la création d’habitants amène toute une partie de dialogues et d’interactions. J’ai choisi de créer trois habitants par village, en utilisant toujours les tables aléatoires. Chacun arrive avec une petite histoire personnelle. J’ai expérimenté des moments de pause vraiment touchants.
Dans ces Souvenirs du Protecteur, on est soumis au temps qui passe : c’est la mécanique de l’Horloge. En fonction de notre valeur d’Endurance, les cycles jour/nuit sont plus ou moins longs. Certaines interactions ne sont pas possibles dans la nuit, et il faut se nourrir à chaque fois que l’on franchit la ligne entre le jour et la nuit.
La magie est aussi présente dans le jeu, et se veut plutôt subtile : « elle se manifeste dans des petites choses, le souffle du vent, l’écoulement des rivières, le bruissement des feuilles. » peut-on lire dans les règles. On pourra apprendre des sorts, en échange de 5 points d’Inspiration. Ceux-ci sont octroyés par nous-même, quand nous sentons qu’une de nos actions mérite d’être récompensé – je trouve le principe cool. Les sorts permettent de modifier le résultat de n’importe quel dé, de 1 vers le haut ou vers le bas. Pratique. Cela demande aussi de dépenser un point d’Inspiration.
Enfin, un autre aspect que j’ai beaucoup apprécié est l’exploration des ruines, et les secrets que l’on y découvre. Mais ce serait vraiment dommage de vous gâcher la surprise, aussi, je m’arrête ici !
Verdict après 7 heures de jeu
Comme vous l’avez compris, j’ai beaucoup apprécié mon expérience avec Les Souvenirs du Protecteur. J’ai été bluffée par sa prouesse de proposer un gameplay si complet tout en restant tout à fait accessible.
Le système d’exploration est vraiment bien ficelé, on se projette dans une aventure où les surprises sont assez nombreuses. J’ai souvent été ravie de tomber sur des choses auxquelles je ne m’attendais pas du tout. Chaque nouvelle rencontre était une aventure en soi. Et… j’ai pris plaisir à colorier ma carte !
Mais ce qui personnellement le plus m’a marquée s’avère la création des villages et des habitants. C’est sur ces moments-là que j’ai le plus développé la partie roleplay, je me suis bien fait plaisir !
Après 7 heures, je suis finalement arrivée à la « fin » du jeu. Mais comme je n’ai pas encore toutes les réponses, je vais continuer l’Aventure, et ce sera avec grand plaisir. De plus, il y a encore des créatures que je n’ai pas encore rencontrées, et probablement encore quelques bonnes surprises.

Bref, voici un jeu solo agréable, rafraîchissant, on ne s’y ennuie jamais, notre curiosité est toujours récompensée. Chaque nouveau pas est un plaisir. Je pense que c’est actuellement mon JDR solo préféré. C’est dit !
Je le recommande donc à tous ceux qui aiment pratiquer le JDR en solo, mais aussi à celles et ceux qui ne connaissent pas encore ce hobby et qui souhaitent tenter l’aventure. Malgré tout, j’ai un petit doute sur la rejouabilité. Ce doit être possible de rejouer, en faisant d’autres choix, j’imagine. D’ailleurs, le livre propose à la fin un Mode Histoire, avec un gameplay différent. Je pense que je vais l’essayer, et cette fois-ci je jouerais le Troubadour 🙂
N’hésitez plus, lancez-vous dans cette aventure épique avec tout votre enthousiasme, et venez m’en dire des nouvelles !
***
Depuis sa création en juin 2014, Ludovox a à cœur la pertinence et l’intégrité des contenus proposés par une rédaction indépendante et l’établissement d’une charte que vous pouvez retrouver ici. L’article que vous avez lu ici a été écrit avec l’aide d’une boîte envoyée par la maison d’édition, que nous remercions au passage. Si vous aimez notre travail, pensez à nous soutenir sur Tipeee. Merci 🙂




