Ilôs – Explorez l’archipel et maximisez vos revenus
Fin 2017, Frédéric Guérard nous gratifiait d’une coédition La Boîte de Jeu / Origames. L’homme n’est pas nouveau dans le monde du jeu puisqu’on lui doit déjà Titanium Wars, sorti en 2013 avec ses extensions. On le retrouvera cette année avec le très attendu Clash of Rage, dans une autre coédition avec Origames.
Ilôs est un jeu d’exploration et de collecte de ressource dans un archipel imaginaire pour 2 à 5 joueurs à partir de 10 ans. Il faudra compter environ 35 minutes à 2 joueurs et un peu moins d’une heure pour une partie à 5.
Nos explorateurs devront déployer leurs navires pour découvrir l’archipel et utiliser leurs colons pour collecter des ressources, explorer des ruines antiques, construire des bâtiments. Il faudra être le premier à se positionner sur les emplacements les plus recherchés et savoir faire évoluer les prix des ressources au bon moment pour qu’ils vous avantagent. Attention toutefois aux pirates qui vous rendront la tâche plus difficile.
Le matos d’Ilôs
On reconnaît la patte magistrale de Paul Mafayon dans les illustrations comme on a déjà pu le croiser dans des jeux comme Seasons ou Loony Quest. On sent également la direction artistique d’Igor Polouchine dans l’apparence générale du jeu avec son style sympathique sans être enfantin.
Les illustrations des tuiles, des cartes et des écrans sont vraiment agréables et donnent envie de se mettre autour de la table pour démarrer une partie.
Les petits bateaux et les colons sont très plaisants à manipuler et à placer sur l’archipel. Les écrans tiennent bien et permettent de cacher facilement ses ressources accumulées. Sur le verso on retrouve toutes les aides de jeux nécessaires illustrées de façon limpide. Dommage que, étant donné la taille de l’écran, il soit nécessaire de le mettre à plat sur la table pour pouvoir le lire (au risque de dévoiler ses richesses).
Les ressources sont taillées dans un carton de bonne qualité et faciles à manipuler. Durant la partie on passera beaucoup de temps à jouer avec et à faire de la monnaie. L’éditeur semble avoir prévu un peu juste et à 5 joueurs il arrive parfois qu’on se retrouve littéralement à court de certaines ressources pendant quelques minutes.
Toutes voiles dehors !
Ilôs commence par un premier tour à blanc, dans lequel chaque joueur va piocher une tuile, la disposer au centre de la table et poser un de ses bateaux dessus. Cela donne la configuration de départ de l’archipel.
Le tour de chaque joueur est décomposé en 3 phases :
- Les actions
- La production
- La pioche
Les cartes sont le moteur du jeu. Elles vont nous servir à effectuer nos actions et à les payer en en défaussant un certain nombre.
L’action principale, la plus utile et la plus abordable en début de jeu, est la carte « Navire ». Elle va nous permettre de déployer un nouveau bateau sur l’archipel, mais aussi, si on le souhaite, d’explorer davantage Ilôs en ajoutant une tuile parmi les 3 disponibles faces visibles.
Pour placer sa nouvelle tuile il faut respecter deux règles :
- Les dessins doivent correspondre aux tuiles contiguës
- La nouvelle tuile doit obligatoirement venir agrandir une île déjà en place
À la mise en place du jeu on dispose de 4 tuiles par joueur (soit entre 8 et 20 tuiles en tout). Autant dire que l’exploration n’est pas infinie et qu’il va falloir se positionner au plus vite pour ne pas se faire piquer les meilleurs emplacements.
En bons marchands nous allons utiliser au maximum l’espace disponible. En fin de partie, quel que soit le nombre de joueurs, la quasi-totalité des emplacements va être occupée.
Hissez ho ! Pirates en vue !
L’action « Navire » permet également de se positionner sur les repaires de pirates qui apparaissent dans l’océan sur certaines tuiles.
En s’installant là on mobilise un précieux bateau, mais on va surtout pénaliser grandement l’activité des autres marchands sur les îles qui jouxtent le repaire en question.
Toutes les actions de construction ou d’exploitation de ressources coûteront plus cher lorsque l’île sera soumise à la piraterie. Et ce surcoût est loin d’être négligeable.
Il n’y a que deux manières de se protéger de la piraterie :
- Être soi-même un pirate et donc occuper les repaires à proximité de vos îles
- Ou construire un fort (via l’action « Bâtiment ») qui ne protégera que vous et uniquement sur l’île où il est construit
Tout un monde à exploiter
Nous avons abordé l’action « Navire » mais il y a bien d’autres.
À son tour, le joueur actif va réaliser autant d’action(s) qu’il le peut / souhaite. Chaque action possède un coût et parfois une condition. La plupart de coûts se payent en carte à défausser. Les conditions sont relatives à un certain nombre de bateaux qui doivent être positionnés sur les côtes de l’île où se situe l’action.
Par exemple, je souhaite jouer l’action « Bâtiment ». Elle me coûte 2 cartes à défausser (en plus de mon action) et m’impose 2 bateaux autour de l’île ou je souhaite construire. Il faudra donc s’assurer de pouvoir déplacer, via l’action « Navire », 2 bateaux sur ces côtes avant d’entamer la construction.
En dehors de « Navire », les actions les plus importantes pour faire avancer le jeu sont celles concernant la collecte de ressources. Une action « Plantation » concerne les ressources simples (Ébène, Teinture et Épices). Une autre « Mine d’or » est spécifique pour l’Or et une dernière permet de piller des « Ruines ».
Dans tous les cas il faudra s’acquitter du prix de l’action, en respecter les conditions et poser un pionnier de sa réserve sur l’emplacement tant convoité d’Ilôs. C’est à ce prix que l’on pourra prendre une ressource de la banque et la placer sur son plateau de production.
Il est également possible d’utiliser l’action construction sur un emplacement disponible pour y bâtir un comptoir. Celui-ci va vous permettre de copier une ressource déjà produite sur la même île par un des joueurs.
Phase de production
On aborde ici la partie qui semble la plus difficile à appréhender pour les joueurs débutants. Il est important de comprendre que, lorsque vous exploitez une nouvelle ressource, celle-ci ne vient pas directement derrière votre écran. Elles viennent uniquement s’accumuler sur le plateau de production.
Ce plateau représente ce que vous gagnerez durant chacun de vos tours.
Lors de cette phase on comptabilise donc toutes les ressources sur notre plateau de production et on en prélève la même quantité à la banque.
Nos revenus iront donc toujours croissant, au fur et à mesure de l’avancée du jeu. En acquérant une ressource en début de jeu, on s’assure de toucher cette rente jusqu’à la fin de la partie.
Donc, plus les ressources sont prélevées tôt et plus elles seront rentables sur la longueur.
Le pillage des ruines est la seule exception à cette règle. Cette action permet de gagner 3 ors directement derrière votre écran. C’est donc un gros gain instantané. Mais ce n’est pas un revenu pérenne dont vous continuerez à tirer parti lors des prochains tours.
Du bon usage de la pioche
À la fin de son tour, le joueur pioche 3 cartes + 1 par bateau à sa couleur dans l’archipel + 1 par fort construit à sa couleur.
En fin de partie on se retrouve facilement à piocher 8 ou 9 cartes et à en dépenser autant chaque tour. Le deck et la défaussent tournent donc très vite (surtout à 5 joueurs).
On comprend facilement que le fait d’avoir beaucoup de cartes en main est un sérieux atout. Un joueur qui récupère 8 cartes en main à chaque tour pourra potentiellement accomplir deux fois plus d’actions qu’un joueur n’en piochant que 4. Sortir ses bateaux le plus vite possible est donc une stratégie à considérer pour maximiser sa pioche.
Où l’on boursicote intelligemment
Une dernière action n’a pas encore été abordée car elle sort totalement du cadre de toutes les autres. Il s’agit de l’action du marché qui permet de modifier les prix de vente des ressources.
Lorsque la partie commence, l’ébène, la teinture et les épices valent chacune 1 peso (je choisis cette monnaie par commodité car elle n’est pas précisée dans Ilôs). L’or en vaut 2 d’entrée de jeu.
L’action de modification des prix ne se paye pas en défaussant des cartes. Il faudra dépenser une ressource de son précieux magot pour y accéder (et pas plus d’une fois par tour de jeu).
En jouant cette action un joueur va pouvoir modifier le prix d’une ressource progressivement. Par exemple pour faire passer le prix de l’ébène de 1 à 2 pesos par unité, ou l’or de 2 à 4 pesos par unité.
Mais ce nouveau prix sera valable pour tous les joueurs. Il faudra donc être certain que cette modification sera à notre avantage et qu’elle le restera jusqu’à la fin de la partie. Si je multiplie le prix des épices par 4, il y a de fortes chances pour que les autres joueurs se jettent furieusement sur les gisements d’épices…
Les changements de prix ne peuvent se faire qu’à la hausse. De plus, ils sont limités puisque seuls 8 changements (matérialisés par des petits jetons caches qui viennent masquer les anciennes valeurs) sont possibles en tout, et 4 seulement pour une même ressource.
Fin de partie
Lorsqu’un joueur a posé son dernier pionnier, on s’assure que chaque joueur a joué le même nombre de tout et la partie prend fin.
Il suffira alors de convertir notre réserve de ressources en pesos en multipliant chaque quantité par la valeur affichée sur le tableau des prix. Le gagnant est bien évidemment le plus riche une fois ses ressources converties.
Prêt à explorer l’archipel ?
Ilôs est pour moi un bon jeu « gateway », dans le sens où il vous permettra d’amener un public plutôt familial vers des jeux plus complexes. Le jeu n’est pas forcément très simple à expliquer, mais au bout de 2 tours on en a vite compris les mécaniques.
J’ai pu le tester dans deux configurations extrêmes : à 2 et à 5 joueurs. En duo il fonctionne incroyablement bien, avec une bonne dynamique et une stratégie pas trop prise de tête. À 5 joueurs, il faut être honnête, les tours commencent à être longs et le rythme est cassé. Une mauvaise configuration de départ vous laissera de longues minutes à ruminer pendant que vos adversaires jouent actions sur actions.
Je pense que la configuration idéale se situe entre 3 et 4 joueurs. Mais il faut lui reconnaître cette qualité d’être aussi intéressant à 2 pour un jeu qui n’a pas été conçu spécifiquement pour cette configuration au départ. Seul Five Tribes m’avait déjà fait cet effet là.
Ilôs est pour moi une vraie jolie découverte et je le ressortirai souvent avec tout type de public. Il parvient à être ludique et malin avec une vraie profondeur qui satisfera aussi bien les néophytes que les esthètes du jeu de stratégie. À voir comment il tient sur le long terme dans un futur test !
Illustrations issues du site de l’éditeur
Un jeu de Frédéric Guérard
Illustré par Paul Mafayon
Edité par La Boite De Jeu, origames
Distribué par Blackrock Editions
Langue et traductions : Français
Date de sortie : 09-2017
De 2 à 5 joueurs
A partir de 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 35 minutes
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morlockbob 31/01/2018
un jeu qui vous donne envie de faire une partie supplémentaire dans la foulée est un jeu qu’il faut choyer. Ce fut le cas avec Ilos. Une belle surprise
edugon 31/01/2018
Les tuiles rappellent Archipelago…
Doc.Fusion 01/02/2018
C’est en effet une sorte d’Archipelago light et épuré, dans la mécanique d’exploration/exploitation. Mais la comparaison s’arrête là.
C’est marrant, sur mon exemplaire gagné, les picto sur les cartes sont différents en haut à gauche.