Flatiron : Monsieur Manhattan

Gratte-ciel historique et emblématique de Manhattan, construit en 1902, cet immeuble doit son nom à un fer à repasser en fonte de part sa forme triangulaire. Si vous n’avez jamais posé le pied dans la Grosse Pomme, vous connaissez pourtant cet immeuble, on l’aura vu, par exemple, au cinéma dans Armageddon, Spiderman ou encore Radio days. 

 

 

Retour dans le passé puisque vous voilà architecte, dédié à la construction du fameux immeuble. Serez-vous plus doué que votre adversaire dans ce jeu uniquement pour deux, en le prenant de vitesse, en cumulant les actions, et en développant votre méthode de travail ? Pour cela il faut agir au bon moment et au bon endroit. Flatiron est un jeu de timing tout autant que de construction et développement.

 

Broadway

Le matériel, sobre, nous plonge dans un jeu abstrait thématisé. Oui, il va falloir poser des pions sur des lames de cartons symbolisant les différents étages. Ça paraît peu dit comme ça, mais la construction du décor en 3D est, pour moi, toujours un plus agréable (ce qui était une lacune dans New York 1901 de Blue Orange avec ses tuiles plates). 

 

 

Pour construire, il faut de l’argent, des piliers et des compétences. Comment les acquérir ? 

La ville est composée de deux lieux/plateaux communs : Manhattan et le City Hall. Ce dernier est l’endroit où on se rend un peu par dépit pour prendre de l’argent, activer un jeton Journal du jour (action/bonus) et, en cours de partie, pour acheter des objectifs (les décrets). Ce n’est pas vraiment là que ça se passe.

 

City hall

 

Manhattan affiche 4 rues qui proposent des cartes ressources/actions (obtenir des dollars, poser des piliers, activer une autre action de son plateau ou du City Hall, se servir du journal du jour, gagner des points etc).

 

4 rues, 4 choix

 

En les achetant vous allez les glisser sur votre plateau personnel composé de… 4 emplacements correspondant au nom des rues. Ces emplacements accueillent 3 cartes maximum, objectif compris, le choix de ces cartes et l’ordre dans lequel elles sont placées est primordial. 

 

 

Accumuler les cartes et les placer judicieusement, voilà comment créer son moteur à sous, actions, points etc. C’est la partie centrale du jeu. Celle qu’on va activer le plus souvent pour multiplier gains et actions, en mode chaînage si vous avez bien agencé vos prises. Les cartes peuvent être insérées au dessus ou en dessous du plateau, et selon leur position, on gagnera ou on perdra des points de réputation et donc des points tout court en fin de partie. Cela peut sembler anecdotique mais c’est un ajout pimenté bienvenu.

 

Broadway : gagner des sous, placer des piliers.

 

Le principe du jeu est simple. On déplace son pion architecte sur un plateau et on fait l’action. Dans Manhattan, on choisit une rue disponible. Trois actions possibles :

  • Acheter une carte afin de se développer
  • Activer les actions de ce lieu (la rue ou le City hall)
  • Prendre 2 dollars

Si au départ on va acheter des cartes pour les glisser sous son plateau, on va vite se concentrer sur l’activation de ces dernières. En choisissant une rue et en partant du haut vers le bas, on peut par exemple gagner de l’argent, acheter un pilier et le poser. Le but de la manœuvre est de créer le chaînage infernal. On peut acheter un pilier et marquer des points pour tous les piliers de la même couleur présent dans l’édifice etc. Il faudra penser à bloquer votre adversaire en se plaçant sur ses rues fortes pour qu’il ne s’envole pas trop vite. Il y a donc dans ce jeu une vraie courbe exponentielle, la création d’un petit moteur qui peut faire mal.

 

23ème rue

Poser des piliers rapportent des points selon leur couleur (les plateaux sont asymétriques, ce n’est pas le même coût ou le même gain). On peut aussi les vendre pour gagner de l’argent, ce qui est parfois utile mais est contre productif au sein de la partie. Flatiron est le type de jeu où chaque action doit servir. Si le jeu peut sembler répétitif (il l’est un peu) et naviguer entre j’achète/j’active, les bonus des étages viennent briser la monotonie qui pourrait s’installer, en proposant des effets. On va ainsi pouvoir gagner plus de sous ou se placer sur le même lieu que la concurrence etc. C’est aléatoire et cela force à s’adapter. Cela permet de se libérer de quelques blocages et court-circuiter momentanément  la stratégie d’autrui.

D’autres éléments alimentent le déroulement de la partie. Les journaux sont des actions gratuites qui permettent de désengorger certaines situations (je te bloque, tu me bloques…). On peut ainsi échanger des piliers, gagner de l’argent, acheter des cartes etc. Une bonne façon de griller l’adversaire et de ne pas attendre bêtement de pouvoir activer l’action nécessaire. On en récupère en avançant sur la piste de score et en croisant le livreur de journaux.

 

Les actions des journaux.

 

La partie s’arrête quand on posé le cinquième étage du bâtiment Flatiron. Vous voilà prêt à passer à la postérité. Une petite  photo de cette réalisation avant d’ajouter aux points obtenus, ceux de votre réputation et objectifs.

 

5e Avenue

Honte à moi ou tant mieux, je me suis aperçu après ma première partie que les deux bâtisseurs de ce jeu, Sheila Santos et Israël Cendrero, ne sont ni plus ni moins que l’équipe derrière La Cathédrale  Rouge et Le Château Blanc. Mea culpa. Cela m’a au moins permis d’aborder le jeu en toute innocence.

 

Les décrets, objectifs.

 

Flatiron a plein de qualités. La simplicité de ses règles donne envie de s’y pencher, le nombre de pictogrammes donnent, à la première partie, envie de fuir. On passe littéralement son temps dans le livret de règles, heureusement clair et bien orchestré.

Simplicité du propos, on comprend vite que rien n’est évident et que les places sont chères, mais déplacer son architecte et faire une action reste minimaliste comme condition de jeu. Prendre des cartes, les activer également, mais ce sont les petits à côtés qui vont gripper la machine et notre cerveau. Trois cartes par emplacement c’est peu, surtout quand l’architecte adverse vous prend celle que vous convoitez. La pose des rues est un véritable casse tête, tout doit (devrait) couler avec un flux logique (je récupère de l’argent pour acheter….) mais c’est sans compter l’apparition des cartes et nos choix, parfois précipités. L’interaction est ici indirecte, on bloque un lieu, on prend une carte, cela n’ira pas plus loin, on construit dans son coin. Cela peut prendre, par moment, des allures de coopération forcée : poser un troisième pilier c’est donner la possibilité à l’autre de construire un étage. Il faut alors bien évaluer ce que l’on perd et gagne dans ce genre de pari. C’est là que rentrent en jeu les journaux, permettant des actions supplémentaires, cassant alors le rythme tout en l’accélérant.

 

Si tu veux redorer ta réputation, lève le pouce !

 

Si ce jeu a des allures de course (prendre la « bonne » carte avant l’autre, poser le pilier le plus cher ou bâtir l’étage…), il est clairement un jeu de timing où il faut temporiser mais pas trop et surtout au bon moment. Cela s’acquiert après quelques parties, une fois les symboles assimilés.

 

Reconstruire Flatiron

La rejouabilité est assurée par les 4 plateaux personnels, asymétriques et réversibles, les jetons journaux, les 15 étages et leur bonus et les cartes décrets. Les rues se dépilant au hasard, il faut s’arranger avec ce qui tombe. Bien sûr, il y a un moment où certains combos paraîtront plus rentables que d’autres, mais si on n’est pas un expert de ce type de jeu, cela ne saute pas aux yeux de suite. Il faut en tous cas panacher les gains pour acheter, les moyens de construire mais aussi des façons de gagner des points tout au long de la partie en misant, par exemple, sur une couleur.

Le seul reproche que l’on peut faire est celui des jeux à moteur, une fois trop à la traîne, on ne peut plus revenir. 

 

Jeu solo et sous promo

 

Flatiron est une bonne surprise, affichant à la fois une réelle simplicité de présentation et une vraie profondeur de jeu. Il est dense et il faut rentrer dedans, mais l’effort est payant. On prend sans hésiter son billet pour ce Manhattan de 1902. Allo Marty !!

 

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