DRAKON – Smaug on the Water
Vous avez été pris la main dans le sac dans l’antre du Dragon. Pour cela vous devriez être exécuté, mais le Dragon a décidé de s’amuser avec vous avant de vous croquer. Vous êtes donc lâché dans un labyrinthe mortel. Certains d’entre vous repartiront riches, les autres seront dévorés… Un donjon à explorer, un dragon à combattre, des héros, des trésors, des pièges… Les plus vifs d’entre vous ont déjà cité Donjons et Dragons ou Descent… Alors, vu et revu ?
Drakon, jeu de Tom Jolly aussi responsable de Wiz-War, arrive ici dans une 4e édition pour les US et une toute première pour la France.
Vous ne connaissiez pas ? Alors suivez le guide, l’entrée du donjon c’est par là… (Non il n’y a pas de sonnette !).
4e édition ?
L’histoire du jeu commence en 2001. Drakon débarque alors avec une boite de moyen format et une formule simple, qui n’évoluera pas vraiment avec les années : 6 héros (en carton), 64 tuiles donjon et des pièces d’or.
Une resortie sous une boîte différente suivra en 2002. Agrémentée d’une extension de 48 nouvelles tuiles et du pion dragon qui s’ajoutera à la base. Petit souci, le dos des tuiles n’est pas compatible avec la première édition. Elles sont également plus fines. Dommage.
En 2006, la troisième édition remet les choses à plat, transformant les héros de carton en figurines plastiques plus grandes, et en mélangeant certaines tuiles de la deuxième édition et de l’extension, en en retirant certaines. Les pièces d’or ont des valeurs différentes et des aides de jeu sont livrées avec la boîte.
Drakon 2015 kezako ?
Cette 4 ème édition reprend les grandes lignes de la troisième édition. Sur la boîte, le dragon regarde de l’autre côté ! Waow.
Mais Drakon, à part un titre un peu ridicule (surtout en français)… C’est quoi ?
Drakon reprend les thèmes chers aux explorateurs de donjons : les couloirs, les pièges, pas trop les monstres, les trésors et les héros.
Les héros sont au nombre de 6, c’est aussi la configuration maximale de joueurs pouvant venir se perdre dans le donjon. On y trouve les archétypes classiques : le voleur, la sorcière, le ranger, le druide, le chevalier et le guerrier (Nain). Chacun à un pouvoir qu’il peut utiliser 1 fois par partie (c’est vraiment histoire de dire). Par exemple, le Ranger a un déplacement en plus, le guerrier peut défausser autant de salles de sa main pour en piocher des nouvelles… C’est vraiment pas foufou, mais bon, c’est toujours ça.
Enter the Drakon
Dans Drakon ce sont les aventuriers qui construisent leur donjon. Chacun commence avec 4 tuiles qu’il placera, une par une, où il veut, de façon adjacente à une tuile déjà posée et en respectant la signalétique des flèches. Ces dernières limitent la possibilité de faire demi-tour (et ainsi abuser de avant/arrière/avant pour « boucler » dans une salle aux trésors par exemple et ramasser ainsi plein de sous en ne fichant rien).
Chaque aventurier a 1 action par tour : poser une tuile /se déplacer et ainsi faire l’action de la tuile sur laquelle il arrive. Il n’y a pas de monstre dans le jeu, ni de rencontres. Tout est conçu à la façon d’un « Indiana Jones » 1er opus avec force couloirs et pièges.
Oui, des pièges, et des tuiles spéciales, il y en a beaucoup. On peut presque tout faire : se téléporter, détruire des tuiles, jouer une action supplémentaire, faire pivoter une salle, perdre un or, voler un or, bouger un autre héros, faire demi-tour, voler une tuile, échanger des salles… Le but étant d’être le plus riche et le plus vivant aussi. Le jeu s’arrête quand un aventurier a acquis un certain total (8 ou 10 ou 15 si vous voulez traîner).
Une action par tour, c’est peu, mais cela évite des plans genre « Je prends un or et détruis la salle que je viens de quitter pour qu’on ne me suive pas ». On s’y accommode et finalement cela créé ainsi une certaine frustration bienvenue au sein des joueurs.
On l’a dit, une fois qu’on a avancé, on ne peut plus revenir en arrière (sauf tuiles spéciales) : faut-il alors rester en groupe, ou partir en solitaire ? Vous faites bien ce que vous voulez, mais si vous partez seul, ne vous croyez pas à l’abri des autres pour autant, ce serait une grave erreur…
Et le dragon dans tout ça…?
Le Dragon était donc la petite nouveauté de l’extension. Il apparaît grâce à la carte… Dragon (ouiiiiii !).
Invoquer le Dragon ajoute une certaine tension. Il apparaît dans une salle vide et peut être déplacé jusqu’à 3 cases. Bien sûr, il aime l’or et il le vole. Le pauvre aventurier agressé repart en exploration avec un or de moins en poche (oui, ça reste gentil).
Attention, c’est une arme à double tranchant, le dragon pouvant plus tard être déplacé sur celui qui l’avait invoqué, s’il se trouve à portée de ses ailes !
Drakon, c’est bien ou c’est kon ?
Drakon est un jeu dont la durée varie selon votre quantité d’or à ramener. Il peut être rapide si vous parvenez à générer un « moteur » permettant de trouver des pièces à l’aide de téléportation sur 2 ou 3 tuiles. Il peut être lent, si les sous ne sortent pas en début de partie et que vous passez votre temps à vous bloquer les uns les autres.
Vous l’avez compris, ce jeu n’est pas empreint d’une très forte stratégie. Sans être complètement chaotique (il faut quand même essayer de placer ses tuiles dans la meilleure configuration) il reste tributaire du hasard (impossible de prédire ce que vont poser vos adversaires) et du tirage de tuiles.
À l’instar d’un Dungeon Roll, Drakon réussit le pari de faire vivre aux joueurs un donjon en un laps de temps record (enfin, si vous jouez bien) et en y incluant tout ce qui fait le charme du jeu de rôle : couloirs, pièges, etc… Si ce n’est les rencontres ! On se serait bien battus à un moment, lancé les dés et défoncé du gobelin ! Comme seul monstre, le dragon parvient à insuffler une certaine tension, se promenant, telle la Créature de la crypte (jeu de F.Friese) à la recherche de son repas. Mais on aurait bien aimé que sa présence soit encore plus exploitée.
Autre bémol : les rôles des personnages ne sont pas spécialement développés.
Le moteur du jeu est donc la pose de tuile, et le blocage de l’adversaire : poser une tuile intéressante en essayant d’en profiter tout seul, détruire une tuile adverse, etc… Et attention de ne pas se faire chiper un artefact ou un or ! Bref, on se met des bâtons dans les roues, c’est ça qui est drôle et qui rappelle un peu l’autre titre phare de l’auteur, Wiz-War. Autour de la table, les joueurs comprennent d’ailleurs très vite qu’il s’agit plutôt d’un jeu d’ambiance et qu’il ne faut pas tenter de mettre sur pied un plan machiavélique.
Hasardeux le jeu l’est donc, et le tirage des tuiles favorise, d’un moment sur l’autre, l’un où l’autre héros, ainsi que la vendetta sur celui qui semble en tête. Malgré le sens des flèches pour éviter de se servir plusieurs fois de la même tuile, certaines configurations peuvent survenir et il est alors possible créer des boucles où l’on refait encore et encore la même action.
Mais tout est possible, et c’est aussi ça qui est bien.
Drakon n’est pas un grand jeu d’exploration, ni un vrai donjon crawling, c’est un jeu de tuiles et d’affrontement, de contres et de pouvoirs. Il est parfois bancal ou un peu léger par certains côtés. La fin survient précipitamment, mais être le vainqueur n’est qu’un prétexte pour l’amusement qui précède.
Voilà donc un jeu rapide, amusant, générant une ambiance de coups pourris (mais toujours avec le sourire). Malgré ce qui est indiqué sur la boîte (jusqu’à 6 joueurs), 3 ou 4 joueurs me paraît un maximum. Pas que l’attente soit longue entre les tours, mais le nombre de tuiles n’étant pas extensible, on a un choix moindre et on peut moins fomenter ses tours pendables.
Au moment de l’écriture de cet article, le jeu n’était disponible qu’en anglais. La VF vient de se concrétiser dans vos boutiques, plus la peine de se munir d’un dictionnaire !
Un jeu de Tom Jolly
Illustré par Andrew Navaro, Brian Schomburg, Henning Ludvigsen
Distribué par Asmodee
Langue et traductions : Français…
Date de sortie : 09/2015
De 2 à 6 joueurs
A partir de 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 40 minutes
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Grovast 09/10/2015
Toujours un plaisir de te lire, c’est clair et sans concession.
Et de toutes façons rien que pour le jeu de mot du titre, ça vallait le coup 🙂
Shanouillette 10/10/2015
+1 !
morlockbob 10/10/2015
et dire que Ruquier veut pas de moi, je ne comprends pas ..:-)
atom 06/07/2016
ça se comprends il aurait peur de se faire virer. En même temps je sais pas si c’est un compliment lol ^^
Shanouillette 06/07/2016
moi j’ai bien rigolé lors de ma partie découverte, il y a quelques jours. ça m’a fait pensé à wizwar, j’avais zappé que c’était le même auteur. Il a vraiment une patte à part.