Cortex Challenge, Cortex Challenge (et Cortex Challenge) !
Vous vous rappelez quand vous étiez petit et que vous rêviez d’avoir le livre-ordinateur de Sophie de l’Inspecteur Gadget ?
Quand vous rentriez de l’école avec l’intérieur de la main tâchée d’une encre couleur « bleue effaçable » ?
Que vous mâchiez des malabars juste pour récupérer le tatouage à l’intérieur ?
Et quand vous partiez à l’aventure avec votre bâton et votre sifflet dans la poche ?
Vous la sentez, là, l’odeur de vos préambules radieux et maladroits, ce léger parfum d’Astujeux et de collections panini, amène et sucré comme une joue d’enfant après une razzia sur les barbapapas ?
Et bien voilà, vous y êtes.
Cortex Challenge sent bon l’enfance.
C’est le jeu que l’on pose par terre et que l’on joue entre nos sandales et nos genoux écorchés. Il respire les petits défis que l’on se lance sur un bout de terrasse ensoleillée, après un ballon prisonnier et avant une partie de gameboy (comment ça plus personne ne joue à la Gameboy ?). Presque, j’ai bien dit presque, comme un jeux Opla.
C’est léger, simple, avec de l’observation et de la rapidité, et les grands amateurs de boîtes sérieuses, dont on parle souvent sur nos pages, hausseront sans doute leur large carrure en dégoisant d’un air fatigué : « ouais, un nouveau Dobble, quoi ».
Et bien, peut-être, oui. Au niveau des ventes, il est plutôt bien parti avec démarrage en trombe dans 15 pays. Et il ne compte pas s’arrêter là, des axes de développement, il y en a tellement qu’on se croirait sur un échangeur d’autoroutes (version jeu de mimes, version jeu de plateau…).
Et puis, qu’on se le dise, le nouveau Dobble, c’est le fantasme absolu de tous les éditeurs, ou presque (quand c’est pas le nouveau Aventuriers du Rail). Chacun ses petits rêves secrets, hein, on ne juge pas.
Cortex Challenge, j’ai la version de base et j’ai aussi pas mal joué à la version kids avec ma petite marmotte (je sais pas pourquoi je l’appelle marmotte vu le peu d’heures de sommeil dont elle a besoin, la bougresse) et l’effet wahou sur les cartes tactiles fut instantané. Un peu comme si je l’avais mise devant Zootopie. Cet article parlera donc surtout de la mouture « kids », parce qu’elle m’en a fait bouffé parce que j’ai eu moult occasions d’y jouer dernièrement.
Ils ont réalisé du beau job la=à-dessus chez Captain Macaque, c’est, techniquement, du jamais vu dans notre univers ludique et rien que pour ça, il me fallait prendre mon azerty à deux mains. Applaudir l’innovation, c’est important, et pourtant dieu sait qu’applaudir avec un azerty dans les mains, c’est pas commode. Alors saluons, c’est plus confortable, saluons l’invention, l’intention, l’attention portée à ces matières que l’on touche en fermant les yeux. Je ne sais pas si la gloire résonnera longtemps après eux dans les plaines de la ludicité humaine ni vers quel abîme de félicité ce pas en avant nous emmène, mais c’est quand même rigolo, allons donc, alors disons-le.
Les challenges de ton minus cortex
On retrouve donc divers défis qui ne réinventent pas vraiment la poudre, à base d’observation/rapidité/mémoire (on pense en effet à Dobble ou à Visual panic) ET on a ce truc, ce trick, ce gimmick avec des cartes tactiles qui rappelleront à certains parents les livres-pour-enfants-que-l’on-tripatouille avec sa progéniture en disant : « Touche, c’est de la laine de mouton mon amour ! Mais non c’est pas un vrai mouton dans le livre. C’est un peu pareil, en différent, parce que le mouton il tiendrait pas là, réfléchis deux minutes, il serait mort de faim en plus. Bon, touche la fausse laine et arrête de poser des questions, je m’agace et je mets des points d’exclamations partout après ! ! ! ». Bref, ça vous rappellera peut-être des choses.
On a donc des cartes challenge, tassées en une seule pile, qui proposent toutes des défis différents, catégorisés.
Retrouver le symbole qui est en double, cherchez l’intru, ou le dessin le plus représenté parmi plusieurs, sont les challenges les plus classiques qui vous seront par exemple proposés. Oui ici on aime la discrimination visuelle, et sachez que même si l’expression fait peur, ce n’est pas vilain.
Comment je fais ?
On retourne la première carte du haut de la pile et le premier joueur qui pense avoir la science infuse tape la carte, recouvrant cette dernière de sa paume moite mais néanmoins adroite. Puis, il expose tranquillement sa réponse, ôte sa patte de là, et on vérifie tous ensemble ses dires.
Quand il se trompe, il va au coin. Comprenez, il ne pourra pas proposer de réponse au tour suivant. La carte, elle, est défaussée, sans autre forme de procès.
Quand la réponse est bonne (bonne bonne boonne !) en revanche, le joueur, tout luisant de joie et de fierté contenue, remporte la carte, et ivre d’allégresse, la pose devant lui. Il sait tout de même qu’il ne pourra pas en collectionner plus de quatre de la sorte, car il est important de ne pas abuser des bonnes choses sur terre.
Mais dès qu’il en a deux du même type, alors chapeau bingo, il récupère un morceau de cerveau.
Oui, oui, vous avez bien lu. Un morceau de cerveau ! ENFIN un jeu qui rend intelligent ! C’est là que Cortex Challenge sort véritablement du lot. Non mais imaginez le potentiel ! On pourrait en distribuer à la sortie des meeting de Trump ! Le joueur qui gagne la partie est d’ailleurs celui qui complète intégralement son cerveau. C’est pas magique ça ? Surtout quand on considère que le cerveau humain est ici constitué de 4 petits morceaux. On se dit qu’on comprend mieux pourquoi le monde court à sa perte. Oui, soudain, tout prend un sens. Les Crocs, l’inflation, la chasse au loup-garou, les motos décoratives, l’appendice, le poulet basquaise, ou les trampolines sur le toit des grattes ciel. Tous les trucs importants qui nous échappaient jusqu’à alors quoi.
Bref, on gagne des bouts de cerveau et ça, je crois que c’est un argument majeur dans l’acte d’achat de ce jeu, bien au-delà des cartes tactiles qu’on nous survend un peu.
Et justement le truc tactile là, t’y viens ?
Et quand soudain on tombe sur une carte tactile,
Diantre, chacun s’interroge, que se passe-t-il ?
Oui, des 10 cartes spéciales j’ai encore si peu dit !
Voilà 10 belles à amadouer avant la partie…
Tâtez donc la balle de tennis, caressez le sable, palpez les coquillages, pétrissez les serviettes, pelotez la tortue, effleurez le serpent, massouillez la vache, domestiquez la fraise, pelotez l’empreinte et pressez les bonbons. Si on m’avait dit que j’écrirais ça aujourd’hui, je me serais levée plus tôt !
Quand vous tombez sur le challenge tactile, il vous faudra donc reconnaître à l’aveugle un relief parmi ces 10, uniquement guidé par votre sens impertinent de la palpation soutenu par votre infaillible mémoire digitale. Il est courant de se servir de nos extrémités articulées de façon ludique, mais rarement ainsi, reconnaissons-le.
Vous le comprenez Cortex Challenge, c’est en fait plusieurs mini-jeux qui se relayent à un rythme presque aussi soutenu que les battements de cœur d’un hyperactif sous ritaline après une volée de marches. Et oui car c’est le plus rapide qui tape la carte qui peut tenter sa chance.
Le challenge « raisonnement » (n’oubliez pas, on joue pour gagner des morceaux de cerveau tout de même. Quand je pense à toutes ces heures que je vais pouvoir passer à végéter sur Internet maintenant ! – Ha bah ça changera rien en fait ! -) vous proposera de deviner la pièce manquante d’un puzzle. Comme ça :
Pour le « labyrinthe », il s’agit de trouver, le plus rapidement possible (comme toujours) le chemin pour faire correspondre deux éléments (on pense à A la bouffe) :
Et bon, pour la « coordination » c’est un peu plus technique (photo ci-dessous). Le verso de la carte attribue des chiffres et une couleur à chacun de vos 10 petits doigts. Et le recto de la même carte indique quel doigt il faut positionner, et où. Je vous rassure, il ne s’agit toujours que du visage, enfin, si je ne me mets pas le doigt dans l’oeil (gros niveau de blague dans cet article, attention). Après, libre à chacun d’imaginer des variantes, selon la personne avec qui vous jouez.
En quelques mots, attendez-vous à un petit jeu très grand public d’observation-rapidité-doigté qui époussette le genre de son attrait palpable. Vous le voyez, le jeu est bien édité, bien calibré, avec une durée de partie environ égale à l’engouffrement et l’ingestion d’un choco-goûter. Bien foutu je vous dis.
Retenons que Cortex aura avant tout le mérite de vous faire acquérir du cerveau, ce qui n’est pas le cas de bien d’autres activités auxquelles nous nous soumettons pourtant de bon coeur (je laisse à chacun le loisir et la discrétion de compléter cette phrase en demi-suspens par des exemples inavouables tirés de son expérience toute personnelle).
Bref, dans son style, c’est sympa. Ma fille, qui a bientôt 6 ans, ne s’en lasse pas, et quand je lui demande de développer sur le pourquoi du comment elle aime tant ce jeu, elle me dit avec une grande inspiration : « C’est sympa ».
C’est bien ce que je disais.
La gamme Cortex Challenge, aujourd’hui c’est :
Un jeu de Johan Benvenuto, Nicolas Bourgoin
Edité par captain macaque
Distribué par Asmodee
Langue et traductions : Anglais, Français
Date de sortie : 06-2016
De 2 à 6 joueurs
A partir de 9 ans
Durée moyenne d’une partie : 15 minutes
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