C‘était le titre sur toutes les lèvres au salon d’Essen 2022, et le voilà localisé en France par Matagot, en boutique pour fin octobre.

Vous pensez que c’est enfin l’occasion de savoir si ce célèbre chat est mort ou vivant ? Oui, c’est bien le moment de se pencher sur cette épineuse question, car voilà un jeu de chat pas mignon (mais pas laid, rassurez-vous), et qui a du nouveau dans sa boîte.

Faire son pli

Autant commencer par les avertissements, il s’agit d’un jeu de plis pour les amateurs du genre. Car il est à ranger dans la catégorie des jeux de plis où il faut prévoir et miser sur le nombre de plis qu’on va faire avec sa main. Plus on en fait et plus on gagnera de points, c’est la partie du jeu où on est soumis à l’aléa de la distribution des cartes. Ce qui comptera vraiment, c’est de faire exactement le nombre annoncé. Un, deux ou trois plis, afin de gagner des points supplémentaires.

On en arrive à ce que ce titre à de nouveau sous le capot.

Tant qu’on n’a pas ouvert la boîte où se trouve le célèbre chat de Schrödinger, on ne sait pas dans quel état il est. Est-il mort, vivant, en train de réfléchir à sa prochaine bêtise ou à la couleur de ses poils ? Dans le jeu, cela se traduit par le fait que vos cartes n’ont pas de couleur, elles sont toutes noires, et ça sera à vous de déterminer la couleur de la carte que vous êtes en train de jouer à l’aide d’un petit jeton à placer sur une grille. Je joue un 4 et je place un de mes jetons sur l’emplacement 4 de la couleur que je souhaite. Si le 4 bleu est déjà occupé par un jeton, il faudra choisir une autre carte de valeur différente, ou une autre couleur. MAIS, si la couleur demandée est le bleu, en ne suivant pas à bleu, vous annoncez que vous ne pouvez plus jouer bleu durant cette manche.

Ça se matérialise sur son petit plateau personnel.

mise de faire 3 plis. Je n’ai plus que le vert comme couleur possible.

Vous pouvez alors couper en rouge (l’atout officiel et permanent ), ou pisser (pas comme le chat dans un pot de fleur, on est dans un jeu de plis, ça veut dire jouer une autre couleur sans couper).

Ne pas pouvoir jouer le 4 bleu va être bloquant en fin de manche, et si je ne peux plus jouer nulle part car je me suis grillé plusieurs couleurs et que j’ai mal géré les valeurs restantes en main (sans compter sur la fourberie de mes adversaires), je crée un paradoxe. Explosion de chat ! Ça vous fait rire, mais pas moi, je vais devoir compter en négatif les plis que j’ai effectués. J’ai aussi mis fin à la manche et sauvé ainsi les adversaires du paradoxe. Une manche se termine toujours par un paradoxe, il n’y a pas assez de place dans la grille pour jouer toutes les cartes. D’où l’importance de bien analyser son jeu au départ, sachant qu’il y a cinq cartes par valeurs pour seulement quatre couleurs. Nous écartons une carte de sa main en début de manche, ce qui nous permettra de survivre si le choix est bien fait.

Si je survis, et c’est l’enjeu principal, je vais marquer des points.

Un point par pli, et si mon annonce est réalisée, un point par jeton adjacent de ma couleur sur la grille.

On fait autant de manches qu’il y a de joueurs, et le plus haut score gagne.

Convergence quantique

Un jeu de plis habituellement demande de se concentrer sur les cartes qui sont passées, afin de dérouler son jeu en fonction des atouts qu’on a fait tombés, de la coupe. Ici la coupe est importante aussi. On décide quand couper, ça ne dépend pas de la couleur qu’on a en main puisque nous choisissons la couleur de la carte. En revanche, il faudra utiliser l’atout au bon moment, car ça signifie renoncer à une couleur, ce qui peut nous entraîner au paradoxe et se révéler fatal. Nul besoin de se rappeler des cartes qui sont tombées, notre mémoire est allégée par les jetons posés au fur et à mesure du jeu.

On cherche dans ce jeu en même temps à réaliser le bon nombre de plis et à poser ses jetons adjacents les uns aux autres. Ce qui est une autre contrainte de pose de cartes.

Ce jeu est un surf entre le risque de paradoxe, le pronostic à réaliser et la continuité des jetons. Et c’est addictif.

La stratégie tient donc, dans l’ordre : à survivre, faire le bon nombre de plis, aligner des jetons sur la grille, pousser les autres au paradoxe. Tout cela ne se dompte pas du premier coup. Nous avons de belles parties d’exploitation des possibles devant nous. Le jeu est donné pour un éventail large en nombre de joueurs (2 à 5), mais la bonne configuration est à quatre ou trois comme pour d’autres jeux de plis de survie comme Carro Combo ou Scout. Le jeu propose des mises en place différentes en fonction du nombre de joueurs (nombre de plis, nombre de cartes), et de l’habitude au jeu. Une configuration linéaire et une autre plus accidentée de l’alignement des chiffres sur la grille.

Configuration plus accidentée.

Vous pensez qu’il suffit de jouer atout au premier tour, afin de  faire tomber tous les atouts et ensuite dérouler son jeu ? Bien vu, mais Muneyuki Yokouchi y a pensé aussi : pas possible de jouer à l’atout tant que quelqu’un n’a pas coupé.

Expérience de pensée

Cette petite boîte est une belle édition, qui offre des cartes stylées en noir et blanc pour contraster avec l’explosion de couleurs des petits jetons en acrylique, et des plateaux double couche pour que tout tienne bien en place (version de luxe).

Vous ne saurez si le jeu qui est dans cette boîte est fait pour vous qu’en l’ouvrant, mais en l’ouvrant vous allez changer son état. Je vous laisse avec votre paradoxe, moi je suis contente d’avoir ouvert cette boîte. 

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