Calico – Entre chats et boutons, votre quilt balance !
L’hiver est là, froid et très pluvieux (si si, venez donc en Bretagne, vous verrez !), n’est-ce pas le meilleur moment pour vous confectionner une courtepointe bien épaisse en prévision de vos longues soirées au coin du feu ? C’est peu ou prou ce que vous propose le jeu Calico de l’américain Kevin Russ.
Son arrivée sur Kickstarter en 2019 (via la maison Flatout Games) avait attiré mon attention, sans doute pour les mauvaises raisons, puisque c’est surtout le thème de Calico qui m’a donné envie de plonger dedans. Non pas le quilt – que j’ai en horreur, le jeu Patchwork en a déjà fait (injustement) les frais – mais pour les chats. Déjà que j’ai un faible pour les félins, mais quand j’ai réalisé que le poilu qui ornait la boîte ressemblait poil pour poil au gros roux qui ronronnait sur mes genoux… j’ai su qu’il faudrait me le tester !
C’est chose faite ! Largement financé il y a plus d’un an, Calico a été localisé en France par nos canards chanceux [Ndlr – Lucky duck games], et à l’instar d’un livre qu’on ne doit pas juger à son quilt sa couverture, j’ai voulu savoir ce que Calico avait vraiment dans le ventre…
Un chat-rmant jeu plein de chat-llenge
Calico est un jeu abstrait de pose de tuiles. Ces dernières correspondent à des tissus, ornés d’une couleur et d’un pattern (il en existe 6 de chaque), qu’il faut agencer judicieusement dans son plateau pour obtenir le plus beau quilt. Des points seront ainsi attribués en fonction des motifs, des couleurs, des boutons et même des chats qui orneront les grosses couvertures.
Les règles de Calico sont à mon sens d’une simplicité enfantine et se résument à une phrase : déposer à son tour une des tuiles en main sur son plateau, avant d’en choisir une nouvelle parmi les trois disponibles.
Et c’est tout ?! Eh oui, au départ, j’ai été assez déroutée par ces règles épurées à l’extrême : un jeu de pose de tuile, sans aucune condition de placement… si ce n’est bien sûr celles que l’on s’impose pour répondre aux objectifs ! Et c’est là que Calico révèle toute sa complexité. Un jeu en apparence simple mais qui mettra à rude épreuve votre matière grise.
Tension & adaptation
En effet, dans Calico, on est en permanence en train de réfléchir, d’anticiper et d’optimiser, tant les éléments à prendre en compte sont variés. En cause, les trois façons différentes de scorer : boutons, patterns et objectifs.
Grouper trois tuiles de même couleur permet d’orner son quilt du bouton de la couleur correspondante, tandis que l’agencement des patterns donnent la faveur des chats.
Mais comment réussir tout ça quand il faut également compléter des objectifs jouant sur les couleurs ou les patterns des tuiles qui les entourent… quand ce ne sont pas les deux !
Bref, autant vous dire que Calico se révèle très vite un véritable casse-tête, provoquant souvent des situations d’analysis paralysis.
Et même si c’est tentant lors des premières parties, vous vous doutez qu’il ne sera pas possible de tout faire. Mieux vaut se concentrer sur certains objectifs et quelques félins, même s’il faut également apprendre à s’adapter pour retomber sur ses pattes, ce qui signifie parfois sacrifier à contrecœur un objectif alléchant qui dépend uniquement de l’arrivée de LA tuile dont on a besoin.
Dans Calico la répercussion du hasard sur la stratégie s’avère parfois frustrante : on passe des fois plusieurs tours à attendre vainement cette-tuile-qui-colle-pile-poil-parfaitement. Parfois vous serez assez chanceux (lors de ma première partie, LA tuile qui me permettait de valider mon double objectif est sortie lors de mon dernier tour !), mais bien souvent cette tuile-là risque de vous glisser entre les pattes, vilement chapardée par vos adversaires. Elle peut aussi ne pas sortir de la partie, ruinant ainsi tous vos efforts ! Ce tirage aléatoire des tuiles est ô combien frustrant, mais c’est aussi la source de tension et d’adaptation constante dans Calico.
Une interaction indirecte mais impactante
À noter que le chapardage de tuile est la seule source d’interaction dans Calico, qui s’intensifie d’ailleurs un peu en fin de partie. Plutôt froide et indirecte, elle est parfois punitive, et nécessite de surveiller les plateaux adverses pour savoir ce dont ils ont vraiment besoin.
Je suis encore loin d’avoir poncé Calico, dont la mise en place aléatoire des objectifs, chats et patterns, semble offrir une belle rejouabilité. Sans compter le livret des accomplissements, proposant des challenges intéressants, prompts à renouveler les parties et donnant un petit goût sympathique au mode solo.
Joli matou
Si le thème ne plaira pas à tous (sans doute un peu trop girly-mamy-kitsch-rayez-la-mention-inutile), on ne peut que saluer la qualité et l’ergonomie du matériel. Entre les illustrations, les tuiles épaisses qui prennent place dans un plateau dénivelé offrant un carcan à notre quilt pour éviter de faire bouger en permanence les hexagones, le petit sac en tissu, la boîte toilée… Calico bénéficie d’une finition soignée ! Petit plus pour les daltoniens pour qui les couleurs ne seront plus un obstacle grâce aux symboles (les boutons) représentés sur les tuiles.
Malgré son immersion et son interaction limitées, Calico s’avère un petit coup de cœur à la maison. Jouable à partir de 10 ans, Calico est beau grâce aux doux traits de Beth Sobel et qualitatif par son gameplay agréable où il y a toujours quelques chose à faire. S’il reste simple et efficace, il représente pourtant un véritable challenge avec des parties tendues, entre réflexion, calcul, optimisation et choix cornéliens.
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