Café de Fleur – dites-le avec du bois

Depuis une trentaine d’années, Michael Kiesling est un auteur très actif, on dénombre plusieurs dizaines de titres, approchant même la centaine si on compte les extensions, parfois accompagné de son co-auteur Wolfgang Kramer. Après la pratique de la mosaïque dans Azul, voilà un nouvel atelier artisanal proposé par Kiesling, celui de la marqueterie. Le fameux Café de Fleur a besoin de rénovation, et nous sommes en compétition pour redessiner son parquet. Sortez les outils, on va au chantier de Café de fleur pour un concours de marqueterie. Édité sous le nom de cet art, Intarsia par Deep Print Games (on en parlait ici), le voilà localisé chez nous par Matagot cet automne.

 

 

Tarsia, l’art de la marqueterie

Travailler le bois, ça ne semble pas si difficile, un outil, une essence et hop. Café de fleur c’est un peu pareil, ça ne semble pas compliqué : des cartes, des règles de pose et on s’amuse. Les règles, vous allez voir, sont très simples. La complexité se situe dans l’organisation.

Nous allons poser chaque tour une pièce de bois sur notre plateau. Pour chaque motif, on doit commencer par le cadre, puis la pièce médiane, ensuite le centre, et on pourra terminer l’assemblage du motif par une table. On peut également commencer d’autres motifs, tant qu’il y a un connecteur, qui est une pièce en bois à construire également. Pour construire chacune de ces pièces, il faudra dépenser des cartes de sa main, de la même couleur que le motif. Une carte pour le cadre, deux pour la médiane… On part avec une main de départ de dix cartes à chacune des trois manches du jeu, et on ne repioche pas. La partie va être rapide alors !

Toute la tension du jeu tient dans les cartes et la façon de se procurer ces cartes pour pouvoir continuer la manche, car tant qu’on peut ou veut jouer, le tour continue.

Comment se fournir des cartes ? En posant des éléments. On prendra une carte de moins que le coût de la pièce. Pour une pièce centrale qui requiert trois cartes de la couleur du motif, je pourrai reprendre deux cartes, mais d’une couleur différente du motif.La main s’épuise et c’est un élément clé qu’il faut apprendre à gérer.

 

Une main de départ, et les 4 autres cartes de main de départ.On reprend l’une de ces cartes en début de manche.

 

Les motifs rapporteront des points en fin de partie, en fonction de leur complétude, entre 1 et 12 PV. Et en cours de partie, l’interaction va prendre la forme d’une course à l’outil. Lorsque nous avons posé une pièce, nous pouvons revendiquer une carte outil si le motif de la carte est réalisé. On score tout de suite. La prochaine fois qu’on prendra une carte de ce même outil on marquera les points de la carte et de toutes les cartes du même outil, alléchant non ? Mais l’auteur ne nous facilite pas la vie, il ne suffira pas de se spécialiser dans du violet, pour chaque outil, il faudra faire des motifs très différents. Ce n’est pas du tout un jeu de collection.

Le rabot au milieu va rapporter 3 PV, puis 3+2 lors de la réalisation du deuxième pattern, puis 3+2+1, 14 PV au total pour cet outil.

 

Le tempo est important également : nous cherchons à viser les récompenses qui nous intéressent et attendront le bon moment pour déclencher une pièce à quatre cartes qui en rapporte trois. Pour ces pièces-là, nous prendrons les cartes que nous indique le cercle, avec la liberté d’avancer de une ou deux cases. Mais si je suis intéressée par les cartes jaunes, j’attendrai qu’une personne ait avancé le pion commun pour pouvoir décrocher mon bonus. La fin de manche est un autre moment de temporisation du jeu, on peut s’arrêter quand on veut, mais il faut savoir que la dernière personne à passer choisira en premier son lot de cartes de début de manche, et surtout sera la première à commencer la nouvelle manche, un point à ne pas négliger dans la course aux outils, car bien sûr il n’y en a pas pour tout le monde.

 

Je viens de construire un connecteur ou une table en dépensant 4 cartes, je peux avancer le pion sur la première ou la deuxième case pour prendre le lot de 3 cartes indiquées.

 

D’un point de vue mécanique, le jeu est intéressant et nous sort un peu de nos habitudes de gestion de main, cette mécanique assez élégante est sublimée par le matériel avec lequel on joue. Les pièces de marqueterie que l’on pose sur notre plateau sont faites de bois peint, des pièces bien ciselées, qui s’emboîtent parfaitement, et nous procurent une sensation d’un beau travail qui prend forme. Vraiment une édition au service du jeu, pour le plaisir des joueurs. Cette mécanique est cependant assez vite comprise et absorbée et n’offrira pas une courbe de progression suffisante pour se challenger à s’améliorer.

 

En fin de partie : 1 PV pour un cadre, 3 PV pour cadre + médiane (le jaune), 7 PV si centrale en plus (vert à gauche), et 12 PV pour la totale avec la table au centre (les quatre autres). Les connecteurs sont scorés eux à chaque manche.

 

Bien ciselé pour quelques parties

Café de fleur est un jeu très agréable à découvrir. Pour la rejouabilité, il faudra compter sur l’aspect compétitif lié à la course d’outils, et peut-être que cela ne sera pas suffisant pour lui garantir une grande envie de revenir au chantier, il n’y a pas tant de stratégies différentes pour produire des cartes, car tout le jeu réside dans notre organisation de dépense et de récolte de cartes. Mais le plaisir de construire, de comprendre comment gagner du temps procure une bonne satisfaction, le thème est suffisamment rafraîchissant et mis en valeur par une belle édition, pour aimer ce jeu comme une belle pièce de collection.

 

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1 Commentaire

  1. Ihmotep il y a 1 jour
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    Le visuel fait envie.

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