Break the cube : déduction en 3D

Après Break the code, Ryohei Kurahashi nous propose un nouveau jeu de déduction. Cette fois-ci, ce n’est plus un code numérique qu’il faudra trouver, mais une construction en 3D.

Chaque joueur va créer derrière son paravent une construction avec trois pièces de type Tetris sur un plateau de neuf cases. Il est interdit de placer une pièce au dessus d’un trou, et il faut forcement monter au deuxième étage, sans dépasser le troisième niveau. Un kit de pièces identiques accompagné d’un plateau de neuf cases est placé devant le joueur à sa droite. Chaque joueur a pour objectif de trouver en premier la construction de son voisin de gauche.

 

Sur les plateaux visibles à gauche, les joueurs commencent à essayer de trouver le bon emplacement de chaque pièce.

 

Un jeu minimaliste…

La mécanique est similaire à celle de son grand frère, et encore plus épurée. Lors de son tour, on devra poser à son voisin de gauche l’une des trois questions suivantes :

  • Question A : que vois-tu sur la case n ? (vue du dessus)
  • Question B : que vois-tu selon l’orientation X ? (vue de coté, lecture de bas en haut).
  • Question C : est ce que j’ai correctement recréé ta construction ? (avec exactement la même position sur la plateau)

Si la réponse à la troisième question est « oui », on termine le tour, et la partie est remportée par le ou les joueurs qui se sont fait confirmer qu’ils avaient trouvé la construction.

Quant à la question B, qui donne beaucoup d’informations puisqu’elle renseigne sur les différents étages visibles, tous les joueurs devront y répondre, y compris celui qui a posé la question. Ce qui aidera le joueur à sa droite à identifier sa construction. Il faudra donc bien choisir quel renseignement demander pour ne pas trop avantager son adversaire de droite.

 

 

Par exemple, avec la construction ci-dessus, si mon adversaire me demande ce que je vois en case 6, je répondrai « gris ». Si je demande à mon adversaire ce qu’il y a selon l’axe K, je devrai ensuite donner l’information sur ma construction : « jaune – jaune- gris ».

Le paravent rappelle l’intégralité des règles de la phase de construction et de la phase de questions, et la ludochrono vous résume les règles.

 

… voire trop minimaliste

Les japonais sont connus pour faire des jeux avec peu de matériel.

Ici, on regrettera l’absence d’un pion/jeton « joueur actif ». En effet, lorsqu’un joueur pose la question B, à laquelle tout le monde doit répondre, le tour de jeu est un peu plus long et il n’est pas rare d’oublier qui sera le prochain joueur puisque tout le monde parle successivement et avance dans le montage de sa construction.

De même, à 3 ou 4 joueurs il n’est possible de faire que des constructions avec trois pièces. On aurait souhaité avoir plus de pièces et éventuellement avec d’autres formes pour faire des constructions d’un autre genre ou plus complexes avec 4, 5 ou même 6 pièces. Avec 5 pièces par exemple, il est possible de cacher entièrement la petite pièce rectangulaire, ce qui peut être assez perturbant pour l’adversaire. Certes, la durée de partie et le prix de la boite aurait gonflés, mais passer de 15-20 mn à 30 mn pour ce type de jeu ne me semble pas un problème.

 

Une variante quasi obligatoire

La règle de base stipule qu’il faut retenir les informations que l’on acquière au fur et à mesure de la partie, mais quand une nouvelle réponse contredit la construction qu’on avait commencé à créer, il est parfois difficile de se souvenir des indices précédents et de recommencer sur de nouvelles bases. C’est pourquoi notre groupe de joueurs a immédiatement adopté la variante proposée dans les règles, qui est de noter les réponses sur une feuille prévue pour cela. Dommage que le bloc contienne aussi peu de feuilles. Il faudra rapidement plastifier les dernières.

Break the cube est à mon sens un jeu de déduction et de vision dans l’espace, et la compétition entre les joueurs doit rester sur ce domaine. Il est inutile, voir même préjudiciable de vouloir rajouter une surcouche de jeu de mémoire.

 

Feuille pour noter les réponses obtenues. Une variante quasi obligatoire.

 

Un bon architecte et un bon enquêteur

Après plusieurs parties, on se rend compte que la victoire se joue aussi bien sur le choix des questions à poser que sur l’assemblage des pièces pour faire une construction difficilement identifiable.

En effet, si on laisse une colonne ou ligne vide et qu’on doit indiquer cette information (lorsque la question B est posée), on va grandement faire avancer son adversaire de droite puisqu’il aura d’un coup les informations des deux orientations opposées ainsi que sur trois cases (par exemple sur la photo plus haut, la question sur l’axe de vision L renseigne aussi sur l’axe de vision D et sur les cases 1,2 et 3). On pourra cependant retourner la situation en sa faveur en interrogeant sur l’axe inverse (axe D dans mon exemple), ce qui ne donnera aucune nouvelle information à l’adversaire.

Le plateau sur lequel on essaie de recomposer la construction de son adversaire de gauche est visible, on sait donc en tout instant s’il est encore loin ou non de la résolution. On peut ainsi choisir sur quelle lettre faire porter sa question, de sorte à ne pas le faire progresser, voire même le conforter dans un mauvais placement qu’il aurait fait.

On préférera la configuration à deux joueurs, puisque elle offre la possibilité de faire des constructions plus complexes avec quatre à six pièces, mais aussi un plus grand contrôle. En effet à 3 ou 4, un joueur adverse peut poser une question B qui avantage énormément un adversaire aux dépends des autres joueurs.

Signalons enfin qu’il peut y avoir une petite part de chance dans la victoire. En effet, il est possible qu’avec les informations dont il dispose, un joueur puisse hésiter entre deux ou trois constructions possibles très proches et proposer la bonne lorsqu’il pose la question C. Cette prise de risque participe à la tension du jeu, puisqu’il s’agit d’une course à la résolution et qu’en cas de mauvaise proposition, le joueur aura perdu un tour. Ceci est d’autant plus vrai quand on est premier joueur et qu’un autre joueur risque de mettre un terme à la partie à la fin du tour en cours.

 

Conclusion

Break the cube apporte un petit vent de fraîcheur dans la famille des jeux de déduction, puisqu’il ne s’agit pas de logique ou de mathématiques, mais de vision dans l’espace. Il pourra ainsi s’adresser à un autre type de public. On aurait souhaité avoir un plus large panel de pièces pour corser les parties, mais en l’état, la rejouabilité est suffisamment grande pour donner envie de tenter différents types de constructions (éclatée, compacte, avec beaucoup de hauteur…) pour voir laquelle est la plus difficile à retrouver.

 

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