Battlestar Galactica : bienvenue à bord !
Le thème, si vous ne connaissez pas : dans un temps très lointain, les robots (appelés Cylons ou grille-pains) en veulent aux humains, parce qu’ils ont été excessivement mal traités. Du coup, blasés, ils anéantissent toute l’humanité. Les 12 colonies. Paf, rayées de la carte.
Il ne reste que quelques vaisseaux (dont le fameux Battlestar Galactica) humains survivants, qui vont se mettre à la recherche d’une planète légendaire désignée sous le nom de… Terre.
Mais les Cylons ne lâchent rien. (Généralement, c’est pas le genre à faire des compromis.) En plus de ça, mauvaise nouvelle : on comprend que l’ennemi peut prendre apparence humaine. Peut-être même que certains membres de l’équipage sont des "agents dormants" : des humains qui ne savent même pas eux-même qu’ils sont en fait cylons…jusqu’à ce qu’on les éveille.
Battlestar Galactica, la série, donne tout son sens au mot « spoil ».
Spoil est un mot anglais qui signifie en gros, le fait de gâcher la surprise, une révélation qui tue l'intérêt de regarder (ou lire) la suite.
Si je vous spoilais maintenant qui dans le Battlestar n'est pas humain, vous me maudiriez sur 4 générations. Mais vous savez sûrement tout ça, puisque vous êtes probablement de l'espèce humanis grogeekissimus (comme nous), si je puis me permettre.
La série, un gros morceau
Nous avons eu le jeu il y a deux ans.
Quand on nous offre la boite, on ne veut pas que le jeu nous "spoil" quoi que ce soit. Et puis, on veut savoir de quoi ça parle. On décide donc, en bon grogeekissimus, de d'abord commencer par regarder la série.
Oui bon, de toute façon, il est indubitable que cela manquait à notre culture SF. Mais la série, c'est un gros morceau. Plusieurs saisons, sans parler des épisodes spéciaux de 90 minutes… Mais disons-le, son excellente réputation n'est pas usurpée. A part plusieurs longueurs maladroites, l'ensemble se regarde excessivement bien.
L'intérêt ?
Voir comment l'humanité s'organise pour survivre, comment elle reconstruit un modèle politique (sans oublier le pouvoir militaire et religieux), observer comment les hommes n'ont pas besoin des cylons pour se détruire, et puis se rendre compte que les Cylons, haïssables à souhait de prime abord, deviennent parfois plus humains que les humains, avec une foi inextinguible, avec des émotions complexes… et c'est ainsi que certains d'entre eux nous deviennent plus sympathiques que certains humains.
On comprend donc comment et pourquoi certains hommes vont devenir pro-cylons, et inversement, certains cylons s'avèrent des « sympathisants humains ».
Le tout avec une brochette d'acteurs plutôt convaincants, dans l'ensemble.
Archi au taquet.
Deux ans plus tard, on est chauds bouillants.
Zom a lu et relu les 30 pages de règles. Oui c'est de "l'ameristrash", pas de doute, quand y a 30 pages de règles, plus une FaQ et qu'il demeure des doutes sur des points de règles, c'est de l‘ameristrash.
Oui mais quand le jeu nous plonge dans un véritable scénario riche en suspens et qu'on a l'impression d'y être comme ça, c'est de l'ameritrash. Oui. Aussi.
Pour sûr, les attentes sont grandes.
Thématiquement parlant, on est dedans jusqu'aux épaulettes. On s'est retroussés les manches, on ouvre grand nos esgourdes. Rien ne nous échappera de ce jeu tellement apprécié, tellement admiré, un des meilleurs, et pour certains connaisseurs, LE meilleur.
Rien que ça.
Voilà, autrement dit, BSG (pour les intimes) est un jeu qui a la pression sur le plateau quand on y joue pour la 1ere fois.
WELCOME ON BOARD
4 spécimens montent à bord du vaisseau :
Gro Chief
Notre ami Monsieur Grogro endosse la combinaison du « chief » l'ingé-mécano-réparateur.
Son perso ?
Il est téméraire mais il a une petite main, allez savoir pourquoi, ça nous fait rire.
Grogro a hâte de réparer quelque chose.
Apollo, les yeux revolvers
Kadama
Mlle Kapaf, choisit le beau gosse Apollo, Adama fils, un des meilleurs pilotes de vipers & successeur du grand Amiral, William Adama.
Il a bonne haleine et peut activer jusqu'à 6 vaisseaux s'il s'énerve.
Mlle Kapaf a hâte de dégommer du grille-pain.
Adama et son teint de pêche
Williamarilyne
C'est mon tour.
Je choisis d'incarner son papa, l'Amiral, le grand manitou, celui qui a tout vu tout entendu et qui reste toujours maître des situations de crise.
Chef militaire, je contrôle les charges nucléaires. MOUHAHA.
J'ai grand hâte de prendre des décisions difficiles en réajustant mes lunettes.
Laura, tout est dans le brush
ZomLin
Enfin, Zom doit choisir.
Il nous manque un leader politique.
Le choix est raide entre Roslin, Zarek et Baltar, mais il finit par trancher et incarnera donc Madame Laura Roslin, la Présidente.
Il devra surveiller son brushing, soigner ses crises de visions religieuses (Laura est atteinte d'une maladie incurable et ses médocs lui fait avoir quelques hallus plus ou moins intéressantes).
Zom a surtout hâte de regarder les cartes « quorum », des pouvoirs spéciaux que seul le Président peut piocher.
La pression monte Commandant
On reçoit tous une carte « Loyauté » : une carte majeure qui restera secrète. C'est là qu'on apprend si on sera humain-ascendant humain ou humain-ascendant cylon. Personne ne souhaite être une saleté d'androïde à ressort.
Après avoir pris connaissance de notre véritable nature, la partie est lancée et la pression monte. On se méfie, on se regarde en biais, on s'observe pour voir s'il y a des trucs louches. Le moindre geste peut être interprété de travers, comme dans la série, c'est ce qu'on appelle la paranoïa.
"Elle est restée longtemps devant sa carte Loyauté. C'est qu'elle est Cylon…peut-être".
Je me méfie toujours particulièrement de ceux qui lancent des rumeurs. Souvent, ils font ça pour faire diversion sur leur propre cas. Au début, j'ai donc Chief à l'œil, car il parle beaucoup.
Je ne suis pas la seule, puisque Zom la Présidente, avec un de ses supers pouvoirs pourra regarder la carte ‘loyauté' de quelqu'un d'autre, et choisira en effet le Chief. "Fais voir ta carte, tu parles trop". On se rappelle alors que notre ami Grogro parle toujours trop.
On sent un vrai soulagement à la table. D'après ce qu'il en ressort, on est tous clean. Ouf.
Nobody has been tortured
Je détruis un Basestar ennemi et j'envoie mon fils nettoyer ces crasses de Raiders qui nous harcèlent mais s'avèrent relativement fragiles.
On surveille le moral de nos hommes. A force de pénurie d'eau et d'autres problèmes de sécurité interne, la population finit par avoir un peu le bourdon. Mais on se sert les équerres. On est tous ensemble dans le même bateau après tout.
Il y a des petits accidents, mais pas d'accusations cylons. Faut dire que dès qu'elle le peut, Laura lance des Commissions d'enquête pour assurer la cohérence des décisions.
So say we all !
On parvient à faire un premier joli saut sub-luminique triple lutz piqué qui nous rapproche un peu de notre objectif, la planète Kobol. Bon, on perd un peu de carburant et surtout on tombe dans une véritable embuscade d'astéroïdes. 14 Juillet chez les galets de l'espace.
"Argh ! Moi qui voulais des choix difficiles, je suis foutrement servie…" oui, faudra que je sacrifie un vaisseau civil pour sauver tout le reste de notre flotte.
Heureusement, dans ma veine, le vaisseau sacrifié s'avérera… inhabité !
« Parfois il faut lancer les dés et faire un double six » comme je me la pète. Quel Amiral je fais.
Starbuck, ramène nous un café, il est 2H du mat'
« Ramenez la miss Starbuck, elle a encore fait sa tête brulée… elle grandira jamais celle-là… »
On gère les crises, les unes après les autres, du mieux qu'on peut tout en maintenant les cylons hors de portée. Chief n'a toujours rien à se mettre sous le tournevis, c'est plutôt bon signe, bien que ça commence à le frustrer.
Alors qu'une nouvelle série de Raiders nous assaillent on parvient à réaliser un autre saut sub-luminique, yes, bien joué ! On se congratule, on s'embrasse…
Mais bientôt, c'est le drame.
Le drame
Une deuxième série de carte « Loyauté » est tirée. Comme dans la série, certains agents dormant se réveillent. D'autres changent de camps.
Coup de théâtre !
Chief a dû tomber amoureux d'un grille-pain, car le voilà ouvertement « sympathisant cylon » !
Il se "révèle" directement et quitte le Battlestar pour s'exiler sur Caprica. "Scélérat, tu nous déçois beaucoup."
De là-bas, Chief n'aura de cesse de mettre des bâtons dans les roues de ses congénères hominiens.
Et puis je regarde ma carte…
« VOUS ETES UN CYLON ».
Quoi ?
QUOI de ? WHAT THE WHAT ???
Moi ? Un cylon !!??? Non.
Impossible. Je suis le commandant Adama, le chef de l'ordre militaire, le cerveau du Battlestar, l'espoir de l'humanité.
Oui, d'abord, c'est le déni.
Puis, vient la colère.
Je songe alors au coup d'Etat. Je vais à bord du Colonial One, dans le quartier administratif avec l'idée secrète de récupérer le titre de Président, mais je manque de temps pour truquer les élections.
Les phases du deuil
Ensuite, vient la dépression. ("Pourquoi moi…Je ne reverrais plus mon fils…Je ne sers plus à rien…") Coup de blues. De courte durée. Je suis William Adama quand même.
Et enfin… c'est le stade de l'acceptation.
Mais comme je passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, Laura et mon fils, qui me connaissent excessivement bien, n'ont pas de mal à lire mon jeu.
A dire vrai, c'est comme s'ils lisaient ma carte Loyauté.
Les limites de l'immersion
Je suis jetée en cellule comme un mal-propre. Mon titre d'Amiral m'est arraché des mains et revient à mon fils. Dans mon bureau celui-ci trouve le code pour le contrôle des deux têtes nucléaires. J'ai le cœur brisé. Eux aussi. Ils se retrouvent deux contre tous les problèmes internes, les cylons et les traitres. Je croupis en cellule, cherchant une solution pour me sortir de là.
Seul Chief semble bien vivre la nouvelle situation. Il envoie des troupes de choc pour harceler les humains. Je tente de sortir de mon trou à chaque tour. Sans aide externe, impossible. Mais Chief est un bon allié, il veut épuiser les humains par multiples diversions pour que je puisse me faufiler hors des barreaux. Cela prendra un peu de temps.
Je commence à sérieusement vouloir rejoindre la flotte cylon. J'en ai marre de manger de la brioche. (Oui car en vrai, je mangeais de la brioche, c'est pas très réaliste, mais il y a des limites à l'immersion).
This is your end…your only friend !
Je sabote le vaisseau en deux endroits avant de rejoindre Chief sur Caprica. Haha ! Vous verriez la tête des humains ! Ils n'ont plus de passerelle et plus d'armement ! ça va les calmer !!
Mayday mayday
Maintenant, on va tout faire pour épuiser leurs ressources. Leur moral n'est plus très bon. Leur population diminue doucement. Leur carburant est à un niveau critique. Les rations aussi. Autrement dit, presque tous les cadrans sont dans le rouge. On va sonner le glas de l'espèce humaine, parole d'Adama !
Ils sentent leur fin arriver, sinon ils ne seraient pas aussi à cran. Faut dire qu'ils y étaient presque, à quelques sauts PRL, si peu, si peu…
Les humains sont à bout, la tension est plus que palpable.
Je tente d'apaiser mon Zom.
« Voyons Laura, pensez à votre brushing…
– Ta gueule sale robot !! ».
Robot, moi ? Non ! C'est bien plus compliqué que ça, je suis un être biologique mais tu ne peux pas comprendre, les humains sont trop limités.
C'est d'ailleurs pour ça que vous êtes tous voués à disparaître.
Impressions
Malgré des retours laborieux au livret de règles, BSG s'avère à la hauteur des espérances (ce qui n'est pas peu dire dans notre situation). L'ambiance est intense. Plus de 4H de jeu (on boucle à plus de 3h du matin) sans les voir passer, c'est pas tant banal.
Le lendemain, au ptit dej', Zom cherche des infos sur Pegasus, la 1ere extension… juste par curiosité bien sûr. ^^
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