Un peu molasson

60%

Archon bénéfice d’un visuel bien léché, même si le style choisi peut diviser. Il souffre par contre de quelques couacs éditoriaux.
Première incompréhension, pourquoi un plateau si grand sachant qu’un bon tiers (là où se trouvent les différents bâtiments) surcharge inutilement l’ensemble ?
Seconde anicroche de taille, un choix de couleurs de ressources désastreux. Entre blanc, gris, et noir, le tout sur des fonds différents, c’est à s’en arracher les yeux sur les cartes de mise en place et d’action. Solution palliative : poser un cube sur les endroits litigieux (pour sa part, le matériel en bois se distingue bien, ouf).
Enfin, quelques points de règles pas suffisamment explicites dans la règle. Alors les cases actions supplémentaires avec une flèche, exécutable une seule fois ou à volonté ? Le courtier remplacé par le Magister acheté, forcément dans la main ou pas ? Mystère.

Sorti de ces premiers écueils, l’explication est somme toute assez simple et ne posera pas de problème à un habitué des jeux de gestion. C’est du très classique, mais le fait d’avoir couplé la pose de carte à un emplacement lui confère un gameplay bien à lui. J’aime beaucoup cette idée.
On est donc dans de la pose d’ouvriers où on voudrait tout avoir, et tout avant les autres : les ressources qui vont bien, un Magister pour faire bonne mesure, construire tel bâtiment, 3 sous dans la foulée, le tout aux emplacements les moins chers, bien sûr. Comme les adversaires bloquent des possibilités entre temps, dilemme.

Autre aspect original et réussi, l’obligation de scinder sa main de 10 cartes en 2 lots de 5, programant ainsi sur deux manches les cartes à disposition.

J’aime un peu moins le côté majorité (sur 3 types de cartes) décomptées toutes les 3 manches, vraiment éculé pour le coup. Collecter puis convertir des ressources en éléments de majorité, ça va une fois, mais trois fois dans la partie, on tourne un peu en rond.
Un peu de combo est heureusement possible sur les bâtiments, dont le principe de prix dégressif au fur et à mesure de la partie fonctionne bien.

La phase d’attaque, déclenchée toutes les 3 manches, est quand à elle assez bizarre dans la mesure où la pénalité est, le cas échéant, la même pour tous. L’intérêt de défendre la ville réside donc uniquement dans les points de majorité afférents (je passe sur le +1PV pour les deux premiers Garde Royaux qui est de l’ordre du pourboire). Pas compris.

Au niveau de la rejouabilité, le fait est que tous les types de Magister sont bien sympas, et qu’on peut donc rejouer en partant sur des types initiaux différents. On en fait cependant vite le tour, d’autant plus que le recrutement de Magister est vraiment essentiel, tant par les points donnés que part leur nécessité pour ne pas être bloqué dans son choix d’action (jouer deux fois de suite, jouer sur un emplacement déjà pris, jouer sur un emplacement double en 1 seule carte).
Idem sur les actions variables : ce sont des actions d’appoint qui peuvent être utiles, mais qui ne changent pas une partie du tout au tout
Reste quelques enchaînements de bâtiments à explorer.

Au final, Archon est un jeu à la fois tactique et stratégique, dont le principe de Magister constitue le noyau vraiment intéressant. Il souffre malheureusement d’une certaine longueur (9 manches !) et manque de quelques subtilités supplémentaires dans les finalités de scoring.
Bien à découvrir, mais pas certain qu’il se renouvelle suffisamment pour justifier un approfondissement.

Un autre avis ?

Qualité du materiel : 3.5/5
Accessibilité des règles : 3.5/5
Mecanismes : 3.5/5
Durée de vie : 3/5
Thème : 4/5

Il s’agit d’un jeu de Nikolas Sakaloglou et Sotirios Tsantilas, superbement illustré par Antonis Papantoniou et Giota Vorgia, d’une durée annoncée de 90mn, mais mieux vaut en compter 120 tout de même. pic1819382 Dans Archon, nous allons poser des meeples sur des cases pour en jouer les actions correspondantes. Il n’y a pas de la place pour tout le monde, et le-dit monde va souvent chercher à prendre les emplacements les plus douillets, vous savez, ceux que vous convoitez depuis deux tours en espérant que personne n’aura noté vos préparatifs pour votre tour complet de la piste de score. Donc oui en effet, jusque là, rien de bien original, sauf que pour poser vos meeples, il vous faudra jouer des cartes de personnages, cinq disponibles à chaque tour. Certaines places coûtent deux de ces cartes, ce qui réduira d’autant votre nombre d’actions. Outre les Courtiers, que vous aurez en nombre et qui sont des personnages de base, vous pourrez acquérir des Magisters aux pouvoirs différents, renforçant vos actions, et vous permettant même de faire payer les autres!C’est le petit côté deckbuilding-branchouille du jeu, et en effet, aller chercher des Magisters pour remplacer vos Courtiers donne de la pêche à votre main de cartes, mais offre également pas mal de points de victoire. Pour le reste, les actions permettent de compléter des objectifs dont la valeur se modifie au fil des trois saisons que dure le jeu, acheter des tuiles à points, encore une fois, rien que du très classique dans la catégorie jeu de pose. Classique, mais vraiment bien fichue, comme beaucoup des jeux de chez Artipia games, un éditeur qui au niveau des mécaniques se calque sur de gros succès, mais offre toujours de la qualité, améliorant fluidité ou rythme, et avec de jolis ajouts. pic1752693 Très bonne surprise que ce Archon – Glory & Machination, avec un plateau certes un peu chargé, mais dont le rythme devient rapide après un tour ou deux à appréhender les manières de scorer. Les fans ont relevé le petit souci du premier joueur, qu’il est difficile de détrôner, mais cela implique un sacrifice de cartes pour prendre cet avantage ici important. Cela ne m’a pas perturbé plus que ça et sa position dans l’ordre de tour est également, et comme souvent, un élément primordial à prendre en compte à certaines phases d’une stratégie. J’ajoute que le jeu, encore une fois comme beaucoup des Artipia games, est visuellement original et très coloré. Cela donne une identité forte et permet, à mes yeux en tout cas, de se démarquer plus facilement dans la jungle des produits ludiques. Je ne peux que vous recommander chaudement ce jeu, à cependant réservé à un public de ludovores habitués.