Un jeu qui mérite de s’investir
Dans la lignée de Gloomheaven, voici un nouveau rpg sans maître du jeu. Les puristes m’en voudront peut-être, mais Etherfields me semble s’inspirer des Contrées du rêve et/ou de Rêve de Dragon. Pour celles et ceux qui veulent se retrouver régulièrement sur une longue durée. La trame narrative est forte, la progression lente, exigeante. Les personnages alternent les aventures courtes (les songes) et longues (les rêves). Un songe peut prendre 15 minutes, un rêve plus d’une heure. Un dispositif de sauvegarde permet des sessions de 90mn -2 heures pour celles et ceux qui ne peuvent y consacrer des nuits entières. Le matériel est de bonne qualité.
Côté négatif, on pourra reprocher au plateau central un défaut de design. Il en existe des versions modifiées en tapis néoprène qui améliorent son ergonomie. Pour ma part, j’ai utilisé le dos du plateau et une imprimante pour replacer ses éléments dans une configuration différente qui me convient mieux. Après une dizaine de parties, je trouve également la mécanique des masques superflue, eu égard à leur utilisation peu fréquente. Les figurines sont de très bonne qualité et raviront les passionnés, mais un peu gadget et il faudra parfois recourir à des jetons PNJ au lieu desdites figurines.
Côté positif, le jeu se joue très bien en solo comme il permet une forte interaction en groupe. La progression est lente et il faudra revenir plusieurs fois sur certains rêves pour aller à leur fin. Elle est lente car la progression des personnages – et donc l’augmentation de leurs capacité à agir – est liée à une mécanique de deck building à l’opposé de Dominion : les occasions d’obtenir des objets (cartes partagées par tous) comme des influences (cartes perso) additionnels sont rares et chères. Mais l’envie « d’ouvrir’ de nouveaux rêves est forte car chaque nouveau rêve ouvre des embranchements narratifs et de nouvelles mécaniques dans la lignée de Chartestone. Etherfields, bien que sévère, génère toutefois peu de frustration, l’échec n’étant pas synonyme de remise à zéro.
J’aime l’idée de sceller certaines de ses cartes (les extraire temporairement de son deck) pour déclencher des effets puissants, combinée à celle qui génère de la fatigue à chaque fois que l’on doit remélanger sa défausse. Faute de provoquer la « mort » de son personnage par épuisement, il faudra parfois se « réveiller » afin de récupérer l’intégralité de son deck (cartes scellées notamment) et d’effacer sa fatigue, au prix toutefois de tous les « progrès » (cartes à effets permanent) accomplis dans le sommeil. C’est donc la communauté des rêveurs qui va décider de ce reset des decks et non le jeu lui-même, une innovation qui concoure à l’immersion, au sentiment de maîtriser son destin de rêveur.
Plongez-vous dans Etherfields si vous aimez vivre des aventures longues et riches, où le succès se mérite et où le rêve devient la réalité.



