Superbement chaotique?

Je sors à peine de ma campagne de Soul Raiders (terminée hier soir, c’est encore tout chaud!) et je voulais me fendre d’un petit avis pour les curieux, alors c’est parti!
Le jeu se joue en une courte campagne de trois scénarii faisant suite les uns aux autres; ce qui est un format plutôt inhabituel dans un milieu où la durée de vie d’une campagne pour un jeu d’aventure tel que celui-ci se compte plutôt en dizaines d’heures. Mais l’une de ses forces réside peut-être justement dans ce format singulier: le jeu est très simple à prendre en main, vous l’expliquerez à de nouvelles joueuses en cinq minutes montre en main, avec une asymétrie franchement anecdotique (surtout en début de campagne) et aucun prérequis d’aucune sorte. Le système de gain d’expérience est assez sommaire, mais donc très fluide, et montre ses limites assez rapidement, ce qui correspond bien à une aussi courte campagne. Les mécaniques sont limpides et assez innovantes pour vous plonger dans l’action et surtout dans l’exploration le temps de ces trois aventures sans vous lasser.
Soul Raiders est en somme une parfaite introduction aux jeux à campagne puisqu’il n’intimidera personne sur sa longueur excessive, ni sur la complexité de ses règles.
Un autre de ses points forts et non des moindre est évidemment la qualité remarquable du matériel (à noter que je possède l’édition Grimoire): pions épais, figurines détaillées, cartes dorées et bien illustrées et, l’éléphant au milieu de la pièce, les magistrales illustrations des lieux par le génial Guillaume Tavernier. C’est bien simple on ne lâche pas un scénario, même gagné, avant d’avoir poussé l’exploration à fond histoire d’être sûrs de ne pas louper la moindre de ces merveilles.

Vous l’aurez donc compris: j’ai beaucoup apprécié Soul raiders, mais il n’est pas exempt de défauts pour autant! Rien de rédhibitoire, loin s’en faut, mais tout de même.
Il est par exemple à noter que le système d’exploration est pour le moins confus; vous débarquerez dans un scénario par plusieurs chemins possibles, souvent en même temps puisque le groupe peut tout à fait se séparer et chaque scénario vous proposera un petit labyrinthe qui pourra dérouter les moins opiniâtres. Comme on n’explore pas les différents lieux dans un ordre précis, l’histoire se dévoile par petits bouts et pas forcément dans le bon ordre; certains raccourcis sont aussi inattendus que brutaux et pourront mettre beaucoup de distance entre les différentes joueuses (bien sûr, rien de très grave puisque la mécanique de téléportation et de portails vous permettra toujours de rejoindre vos petits camarades si le besoin s’en fait sentir). Enfin, nous jouions à quatre et si le rythme de nos parties était assez rapide, il était souvent difficile voir impossible de suivre toutes les découvertes de chacun; en résulte un certain chaos plutôt amusant et créant des situations parfois très comiques.
Un autre point discutable est la place un peu absurde que demande le jeu si l’on veut étaler tous les lieux sur une même table (ce qui est le pied au vu de la qualité des illustrations, on ne le dira jamais assez), mais c’est le revers de la médaille du format très généreux des cartes lieux.
En dernier, mais c’est vraiment pour chipoter, en bon amateur de notre belle langue française j’aurais beaucoup apprécié que le terme « Soul Raiders » soit traduit dans les parties narratives, évitant ainsi une bizarre impression de franglais de mauvais aloi.

Un mot sur la rejouabilité: bien que je n’aie pas encore pu la tester concrètement, le jeu propose pour les deux premiers scénarii plusieurs enveloppes remplaçant certaines cartes-clés dans le jeu et qui modifient donc grandement la teneur de ce qui s’y passe. Je dois dire que la durée assez courte de la campagne me fera ressortir sans hésitation le jeu dans un autre groupe avec autant de plaisir que de facilité.

Bref, Soul Raiders est un jeu superbe aux illustrations à couper le souffle, très vite pris en main et qui vous fera vivre trois aventures aussi joyeusement bordéliques qu’immersives. Je recommande chaudement