Aquarena : Voyage en mare agitée

Pour moi qui apprécie me promener en pleine nature et randonner, il était difficile de ne pas mordre à l’hameçon d’Aquarena. Publié par Geek Attitude Games, ce jeu dont le thème est la chaîne alimentaire d’un étang, nous sort de l’imaginaire commun des mares paisibles et bucoliques (et remplies de moustiques). Avec Aquarena, Baptiste Le Corre, primo-auteur, nous propose un jeu familial, pouvant convenir autant aux enfants (de plus de huit ans) qu’aux adultes.

Dans ce jeu de bluff, chaque joueur utilise des cartes qui représentent pour la plupart des animaux d’environnement humide. La moitié de ces cartes est posée face visible, l’autre moitié, face cachée. Comme la résolution de ces cartes se déroule selon un principe d’initiative, c’est-à-dire que leurs effets sont appliqués carte par carte dans l’ordre croissant, il faudra élaborer sa stratégie tout en essayant de deviner celle des autres joueurs pour gagner le plus grand nombre de points et, ainsi, remporter la partie.

Première impression : un jeu d’enfants ?

Petite boîte, matériel minimaliste, couleurs vives… serait-ce un jeu pour enfants ? Il est vrai que l’ambiance de ce jeu est conviviale et que les interactions entre les animaux de notre étang peuvent prêter à quelques rigolades, pour les petits comme pour les plus grands – par exemple, j’ai trouvé drôle de mimer une grenouille qui gobe une mouche… mais je m’amuse peut-être très – ou trop – facilement !

En revanche, conseil d’ami : ne prenez pas Aquarena par-dessus la jambe et mettez tout vos éventuels préjugés de côté. Il va falloir cogiter pour rester à la surface ! 😉 

 

Un joli étang bien peuplé qui rentre pourtant dans une boîte compacte. Parfaite pour une soirée entre amis ou une valise dans laquelle il ne reste plus beaucoup de place.

 

Gobe ou tu seras gobé

On s’installe autour de la table, on prend quelques minutes pour retenir l’iconographie et comprendre le fonctionnement du jeu, et la partie est lancée. Dès la première carte posée, on se rend compte qu’il y a des choix stratégiques à faire pour les jeunes comme pour les vieux neurones. Pour gagner des points, nos batraciens peuvent gober des mouches. Le problème, c’est que nos batraciens peuvent à leur tour être mangés par des brochets et des hérons. Les poissons, quant à eux, peuvent être pêchés par les hameçons. Bref, on est plus tranquille sur un périph’ à 17h qu’à l’étang d’Aquarena.

Pour alimenter la chaîne alimentaire des différentes tuiles Étang, chaque joueur pose quatre cartes à tour de rôle, deux face visible et deux face cachée. La pose des cartes face cachée ouvre le bal des déductions puisque, une fois que la deuxième carte est posée, on ne peut plus que deviner les cartes jouées par nos adversaires. Comme les joueurs ont tous les mêmes types de cartes, on essayera d’imaginer les cartes qui ont été posées, mais on ne pourra jamais en être sûr car les cartes sont aussi défaussées.

Vous pouvez vous faire une idée plus complète des règles avec cette Ludochrono.

 

Ici, le brochet mangerait d’abord la grenouille. Le crapaud pourrait alors manger ses deux mouches en toute tranquillité (s’il en reste).

 

Un savant mélange de déduction et de pari

Loin de choisir ses cartes par hasard, chaque joueur pourra croiser la déduction avec le pari : sans être absolument certain des cartes posées et défaussées par les uns et les autres, on pourra alors réfléchir aux probabilités que tel joueur ait posé telle carte. Pour cela, il y a deux facteurs à prendre en compte : d’une part, le principe d’initiative qui fait que chaque carte produit un effet bien précis et que la résolution des cartes se fait dans l’ordre croissant ; d’autre part, les interactions entre les cartes. En effet, certaines cartes peuvent s’annuler ou ne produire aucun effet, mais, si vous vous débrouillez bien, ces interactions peuvent rapporter pas mal de points. La mécanique de prise de risque est donc bien présente mais équilibrée.

 

Ces trois hameçons s’emmêlent et ne pêchent donc aucun poisson. Les deux hérons vont se batailler et s’envoler, ils ne mangeront donc aucun batracien. Le triton, enfin, ne peut pas être mangé par les hérons.

 

Plus on est de fous, plus on gobe !

Suivant la configuration, Aquarena se jouera de façon plus ou moins fluide. À deux, on a l’impression qu’il manque un peu d’interaction, mais on se creuse quand même un peu les méninges. Le jeu est fluide et nécessite quelques petits moments de réflexion. À partir de trois joueurs, Aquarena fait carrément réfléchir. Alors, même si l’ambiance est bonne, il faut rester concentré et prendre le temps de la réflexion.

L’envers de ce fonctionnement stimulant, c’est qu’à quatre joueurs, on peut s’y perdre et oublier ou négliger certaines portions d’étang importantes. Suivant les sensibilités de chacun, on pourra autant avoir le temps d’un joyeux bazar que d’un jeu qui part dans tous les sens.

 

Voici un bon exemple d’un étang chargé…

 

Comme on joue quatre manches et qu’il n’y a pas de bonus de fin de partie, on reprend un peu chaque manche comme si c’était la première. Le fonctionnement du jeu n’est donc pas punitif, au contraire chaque fois que j’ai joué, j’ai assisté à d’intéressants coups de théâtre où un joueur perdait son avance et finissait deuxième voire avant-dernier.

 

Ainsi, le joueur violet qui avait pris de l’avance au début de la partie termine ici troisième (17 points), derrière rouge et blanc qui terminent premiers ex-æquo à 21 points. Le bleu finit derrière avec 13 points.

 

En revanche, on imagine que quelques joueurs puissent se coaliser – mais ce n’est arrivé pendant aucune des parties que j’ai faites – pour faire perdre un joueur qui aurait pris trop d’avance.

 

Des choix graphiques minimalistes pour un jeu accessible au plus grand nombre

S’il est vrai que les couleurs vives et le choix minimaliste des illustrations (surtout de l’étang et des cartes), peuvent laisser penser à un petit jeu pour enfants, on se rend vite compte qu’Aquarena prend le parti de la clarté et propose un matériel qui attire le regard sur les informations essentielles. 

En revanche et de façon paradoxale, même si les graphismes attirent l’œil, certains choix ergonomiques ne sont pas très réussis : ainsi, les pictogrammes ne sont pas très intuitifs, on s’emmêle le pinceau avec la couleur de certaines cartes (surtout le bleu et le gris) et, au début, on revient assez souvent au livret des règles pour se rappeler l’effet de chaque animal.

En conclusion, il me semble qu’Aquarena ne cherche ni à exacerber les antagonismes ni à installer une compétition sérieuse autour de la table. Même si à quatre joueurs ou plus, on peut avoir le sentiment de perdre pied sur le déroulement du jeu, Aquarena reste avant tout un jeu familial et abordable, par les grands et les petits, et par les experts et les néophytes. Il pourra faire le bonheur de tout le monde durant une demi-heure agréable, stimulante et rigolote.

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