1942 USS Yorktown – Porte-Avions en secteur B6
Mai 1942
Dans les îles paradisiaques du Pacifique s’est jouée une guerre d’un genre nouveau. Une guerre maritime où la suprématie était tant sur mer que .. dans les airs. Les océans ont vu des monstres d’acier se lancer dans une lutte acharnée pour le contrôle de l’espace aérien : Les porte-avions.
Deux grandes nations vont s’affronter : Les Etats-Unis, fortement contrariés par une attaque surprise sur leur base de Pearl Harbor (décembre 1941), et l’Empire du soleil levant.
Celui des deux belligérants qui gagnera le contrôle du Pacifique marquera un tournant dans la Seconde Guerre Mondiale.
Retour en 1942
On ne le sait pas beaucoup, mais la fin de la seconde guerre mondiale, ou en tout cas sa durée, aurait pu prendre une autre tournure en raison de la bataille du Pacifique entre japonais et américains. Particulièrement pendant la bataille de Midway.
La victoire des américains sur ce côté du globe a mis un coup d’arrêt à l’expansion japonaise, puis a conduit à leur capitulation en 1945 (après 2 bombes nucléaires quand même…). Mais la victoire américaine s’est faite à une aile de fuselage près. Les japonais auraient pu gagner et rayer la flotte adverse de l’océan Pacifique. On attribue souvent leur défaite à leur respect trop aveugle du commandement. Mais si les japonais avaient gagné, ils auraient pu mettre pied sur les côtes californiennes, obliger les américains à se concentrer sur ce front, et moins en Europe. Le débarquement n’auraient peut-être pas pu se faire…
Ne refaisons pas l’Histoire !
Retenons juste que les porte-avions, véritables forteresses flottantes, ont joué un rôle essentiel dans la guerre du Pacifique, et c’est ce morceau d’Histoire que propose de nous faire revivre 1942 USS Yorktown un coopératif signé Esteban Fernandez.
À vos postes de combat, avions en approche
L’USS Yorktown est un porte-avions américain. 19 800 tonnes. 85 appareils. 3 000 personnes à bord. Un beau poisson. Face à lui, le Shōhō (en japonais : 祥鳳 – Phoenix apportant la chance) : 14 000 tonnes. 30 appareils, 785 personnes à bord. Moins gros mais quand même.
Dans 1942 – USS Yorktown, vous incarnez une escadrille de pilotes américains avec pour objectif collectif de couler le porte-avions japonais Shōhō. Une première bataille historique très particulière car la première de l’histoire maritime où les navires ne se voient pas en vue directe pour s’affronter, mais par avions interposés.
Chaque joueur prend les manœuvres d’un avion SBD Dauntless (SB pour Scout Bomber, en français « appareil de reconnaissance et bombardier en piqué », D pour Douglas). Dans le ciel de l’océan, il faudra dénicher le porte-avions ennemi, lâcher des bombes en piquée sur le navire japonais , et abattre les avions nippons qui ont le même objectif que vous : couler le USS Yorktown.
Trois coups au but et ça sera gagné. Mais cela ne va pas être facile.
D’autant que la partie est limitée à 30 minutes chrono.
Le plateau de jeu est composé des deux porte-avions qui se font face et d’îles qui les séparent. Lors d’un tour de jeu, les joueurs vont simultanément définir les actions qu’ils veulent réaliser (une par joueur). Il va falloir discuter stratégie pour ne pas s’éparpiller ! L’union fait la force, on le verra plus tard.
Il faudra aussi prendre en compte l’expérience de votre pilote qui devra progresser pour espérer lancer sa bombe avec succès.
Coup d’œil au moteur
Les actions possibles sont les suivantes :
- Déplacer son avion de une ou deux îles : Indispensable pour avancer vers l’ennemi ou revenir sur votre porte-avions.
- Effectuer une recherche pour trouver le porte-avions ennemi : Sur la dernière rangée d’îles, il faudra se mettre en observation pour augmenter sur une piste reconnaissance du navire nippon. Tant qu’on ne sait pas où il est, on ne peut pas lui balancer de bombes. Et avoir un bon niveau de reconnaissance peut même donner un bonus salutaire.
- Attaquer des avions ennemis : Armez les mitrailleuses et dégommez ces oiseaux métalliques du soleil levant. Mais certains sont plus costauds que d’autres… Cette action permet aussi de lâcher une bombe.
- Atterrir/Décoller de votre porte-avions : Indispensable pour aller recharger en essence et surtout prendre une bombe à larguer. Mais n’attendez pas trop pour revenir, où vous pourriez tomber en mer, manquer votre atterrissage et casser votre avion avec pour finalité de sortir de la partie.
Chaque action va vous coûter de l’essence, qui sera gérée sur la piste éponyme de votre avion. Tomber à sec n’est pas une bonne idée, donc il faudra anticiper un retour sur l’USS Yorktown pour se recharger.
Pour réussir les actions, il va falloir jeter des dés. La réussite de nombreuses actions est en fonction de dés d’une même valeur que vous avez obtenus.
Par exemple, shooter un Nakajima B5N « Kate » nécessitera 2 dés de mêmes valeur (qu’importe la valeur). Par contre, un Mitshubishi A6M « Zeke » requiert 4 dés de même valeur. Plus difficile, surtout quand on ne commence qu’avec 3 dés…
Il est possible de rejeter autant de dés qu’on le veut et du nombre de fois qu’on le souhaite. Mais chaque dé de valeur « 1 » est devient bloqué et inutilisable. De plus, il fera perdre de l’essence à votre avion. Il va donc falloir estimer les risques.
Cela sera de même pour les actions de recherche, atterrir et larguer une bombe. On peut même gagner en une fois en réussissant un largage de bombe faisant sombrer le Shōhō, si on obtient à 5 dés identiques. Cela ne sera pas possible avant d’avoir acquis un peu d’expérience.
L’expérience est indispensable pour la réussite de votre mission. Et c’est en volant qu’on devient un as de l’aviation.
Chaque action réussie va vous donner des points d’expérience. Descendre un « Kate », c’est un point. Un « Zeke », c’est 3 points. Comme sur une borne d’arcade.
Plus vous augmenterez en expérience, plus vous disposerez de dés à lancer. Les apprentis aviateurs débuteront avec 3 dés, mais pourront grimper jusqu’à 7 dés avec de la bouteille. De quoi devenir un pilote d’exception.
Pour améliorer vos jets de dés, il sera aussi possible de voler conjointement. Les joueurs peuvent décider de faire la même action sur une même case pour donner un bonus de 1 dé supplémentaire à l’action d’un des 2 joueurs. Et un dé de plus, ça peut faire la différence.
Mais ne croyez pas que les Japonnais vont se laisser canarder comme ça ! Une fois toutes les actions faites, une carte « activation des avions nippons » va être dévoilée.
Elle aura plusieurs effets :
- Baisser le niveau de reconnaissance du Shōhō. Il va se cacher dans les îles, le fourbe !
- Rajouter des « Zeke » en protection du Shōhō, qui aura pour effet de réduire votre nombre de dés pour un largage de bombe.
- Rajouter des avions nippons sur les îles du plateau.
- Si une ligne directe d’avions nippons est possible entre le Shōhō et le USS Yorktown, ce sont les japonais qui tentent un largage de bombe sur le bâtiment américain. Au troisième coup au but, le porte-avions américain coule et les joueurs perdent la partie.
Navire en vue aérienne, mon capitaine
1942 USS Yorktown a été un véritable coup de cœur découvert lors du salon d’Essen 2020. Une petite boîte qui ne paie pas de mine. Et pourtant, une petite pépite.
Le premier point est son thème extrêmement présent.
Déjà, avant chaque partie, on a 4 pilotes autour de la table faisant « vvvvvvvvvrrrr » en simulant les ailes d’un avion en approche. De vrais gosses (ce qu’étaient les pilotes qui ont sacrifiés leur vie, cela dit en passant, la vingtaine tout au plus).
Plusieurs éléments sont mis en jeu pour augmenter la partie immersive : Le nom des avions et des zones de combat, les illustrations… et surtout la tension durant la partie. J’ai vraiment vécu les parties de 1942 USS Yorktown comme un film de guerre où je serais le protagoniste.
La mécanique est assez efficace. Deux facteurs font la réussite du jeu mais peuvent aussi rendre des joueurs un peu réfractaire :
Déjà, la partie est limitée en temps. Elle doit durer maximum 30 minutes pour prétendre à la victoire. On peut dire que c’est un moyen artificiel d’augmenter la difficulté du jeu. Qu’est-ce qu’il est difficile de couler ce porte-avions nippon ! Il n’est pas rare qu’au bout de 30 minutes, nous n’ayons pas réussi à lui mettre un seul dégât. Mais cela amène une frénésie durant ces 30 minutes : Pas un instant à perdre, les actions s’enchaînent, on discute hâtivement. Il ne faut pas être cardiaque.
Ensuite, on pourra reprocher une part de hasard trop grande, les dés de valeur « 1 » étant très punitifs. Mais cela fait partie du charme du jeu. Ce hasard peut aussi être atténué par l’expérience et les actions communes. Et puis la mécanique du jeu tourne grandement autour de la prise de risques. Rappelons aussi que les combats aérien en 1942 étaient aussi de grandes parties de prise de risques … Autant pour l’immersion.
Quelques éléments sont mis à disposition dans la boîte pour, non pas augmenter la difficulté, mais la diminuer : des capacités pour les aviateurs, des bonus sur les îles à découvrir, du rechargement d’essence en vol. Cela n’est pas indispensable mais apprécié.
Au final, 1942 USS Yorktown est un petit jeu de prise de risque, sans prise de tête, en coopératif. Ce n’est pas de la simulation, ce n’est pas de la gestion. Juste du fun.
Pourtant, après avoir joué à 1942 USS Yorktown, cela m’a donné envie de lire des reportages et de regarder des documentaires. Quand le jeu amène à se cultiver, c’est en bonus un pari réussi.
La guerre est finie, les porte-avions restent
Le Shōhō fut le premier porte-avions coulé pendant la seconde guerre mondiale. L’USS Yorktown ne résistera pas à la bataille de Midway où il fut durement touché par l’aviation nippone et fini par un sous marin. Ah oui … la guerre se passait aussi sous l’eau …
Après la guerre, les américains ont cru obsolètes les porte-avions avec l’amélioration du rayon d’action des bombardiers. Mais, durant la guerre de Corée, avec la capture par les Nord-Coréens d’une base aérienne américaine, ils se sont empressés de les remettre à flot. Encore aujourd’hui, ce sont de véritables forteresses dissuasives naviguant dans les eaux internationales.
« Un porte-avions, c’est 100 000 tonnes de diplomatie » Henry Kissinger, secrétaire d’état américain
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alain 25/04/2020
Bonjour,
OU peut on le trouver ?
merci
Meeple_Cam 25/04/2020
C’est un petit éditeur espagnol, donc pas de version française. Peut être une localisation un jour ? Ce qui serait bien car il y a d’autres jeux dans cette gamme au même format de boîte, toutes thématique autours d’une date. J’ai 1906, jeu de collection/gestion autour du séisme de San Francisco, jeu qui m’a bien plu aussi. Pour 1942, il n’y a pas de texte sur le matériel, et les règles sont bien expliquées et claires
alain 25/04/2020
Merci pour ta réponse. Par contre, je viens de trouver la règle sur bgg…. Pour 1906, ca à l’air bien par contre de 2 à 4j et je privilégie les solos…
Achéron Hades 12/05/2020
Ca a l air très sympa, par contre pour le trouver sans des fdps exorbitants c’est une autre paire de manche. Si vous avez des plans 🙂