Zoom sur deux projets indépendants : DINOBLIVION & WAY OF THE SAMOURAI

Salutations participatives !

On le sait, au milieu des grosses campagnes du trimestre de rentrée se cachent souvent des projets dont la modestie le dispute à l’intérêt ludique et lesquels, bien trop souvent, passent inaperçus. Du fond de ma bien malgré-moi torpeur hivernale, j’ai repéré deux de ces campagnes, actuellement en cours sur Kickstarter. Les deux jeux concernés, bien qu’offrant des gameplays totalement différents, ont de nombreux points communs.

Ce sont des jeux créés par une seule personne, et édités par cette même personne. D’où le côté modeste des projets. Les jeux en question, bien que reprenant des mécaniques éprouvées, font preuve d’une certaine originalité, pour ne pas dire une originalité certaine, dans leur traitement. Les deux jeux proposent un mode solo ainsi qu’un mode duel (à deux joueurs donc). Pour l’un, le mode solo est le mode principal, pour l’autre il est le secondaire, mais dans les deux cas il s’agit de VRAIS modes solo, pas de trucs pondus à l’arrache pour aguicher le chaland. Dernier élément commun à ces deux jeux, et non des moindres : ils  sont tous deux disponibles en français.

 

Le fils des âges farouches en balade au Jurassic Park

Dinoblivion jeuLe premier jeu dont je vais vous parler est de ceux dont j’attendais la campagne depuis plusieurs mois, tant j’ai aimé le précédent et premier jeu de son auteur. Dinoblivion, puisque tel est son nom, est le deuxième jeu de Jean-François Gauthier après Goblivion, auteur aussi québécois que sympathique. Ou l’inverse.

goblivion_coverGoblivion, c’est un jeu solo jouable en coop qui retranscrit avec bonheur les sensations d’un « castle defense ».  Ses qualités ludiques lui ont valu d’excellents retours, retours qui ont conduit Ôz Editions à le distribuer en francophonie de l’Europe.

Dinoblivion quant à lui est un jeu d’affrontement à deux joueurs, jouable en solo. Chaque joueur est le chef d’une tribu primitive à une époque imaginaire où l’homme côtoie les dinosaures. Autant dire que ça ne nous rajeunit pas. À ce titre, il est de son devoir de faire de son clan le plus fort et pour cela aller chasser, gérer au mieux ses ressources, construire des totems et combattre des dinosaures. Tout cela au travers de mécaniques de construction de tableau et de deck building.

dinoblivion-chasseresseChaque joueur commence donc la partie avec un paquet de 10 cartes. À 9 de ces cartes (5 cartes différentes dont 2 en 3 exemplaires) identiques pour les deux joueurs on adjoint de façon aléatoire (ou pas) une dixième représentant le chef de clan. Les chefs ont des capacités particulières qui leur sont propres. Toutes ces cartes sont mélangées, on en tire 4 et c’est parti !

À son tour de jeu, chaque joueur peut effectuer autant d’actions parmi 5 qu’il le désire et dans l’ordre qu’il veut, dès lors qu’il a les moyens de les réaliser. Ces 5 actions sont :

  • Chasser (permets de gagner de la nourriture et de révéler des cartes que l’on peut potentiellement acquérir)
  • Attaquer un dinosaure (permet de gagner des œufs de dinosaure, générateurs de précieux points de victoire en fin de partie)
  • Jouer une carte action (permets, entre autres, de construire des totems qui apportent un bonus permanent et des points de victoire en fin de partie)
  • Agrandir la population de son clan en unissant deux membres (points de victoire en fin de partie)
  • Utiliser le pouvoir unique d’une carte

 

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Mise en place d’une partie solo

À la fin de ces 5 actions, les cartes non utilisées sont défaussées. Lorsque l’un des 3 espaces du plateau de chasse est vidé, la partie s’arrête et on procède au décompte des points. Ce bref aperçu du jeu ne permet pas de saisir toutes les possibilités et subtilités du gameplay. Je vous encourage donc à visionner les différentes vidéos (en français !) disponibles sur la page de la campagne ou de consulter les règles (également en français).

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Mise en place d’une partie duel

Comme dit plus haut, le jeu est aussi jouable en solo. Les règles du jeu sont bien évidemment modifiées en conséquence, mais ce mode solo n’est pas là pour faire vendre. C’est un vrai et bon mode solo, développé en tant que tel. C’est un peu la particularité de Jean-François Gauthier que d’arriver à créer des jeux jouables avec autant de bonheur aussi bien à deux qu’en solo.

Comme pour Goblivion, les illustrations sont également de Jean-François Gauthier. Son style particulier (que je qualifie personnellement de « comico-naïf ») peut rebuter, mais personnellement je trouve qu’il correspond bien au style de ses jeux. La campagne est en cours depuis 2 semaines, le jeu est financé et 10 stretch goals (dont 5 sociaux) ont été débloqués. Celle-ci se termine le 10 décembre, ce qui vous laisse une grosse semaine pour vous décider.

À noter tout de même que si le prix du pledge est tout à fait raisonnable (plus ou moins 23 €), les sempiternels frais de port d’environ 11 € plombent ce tarif. Mais sincèrement, à mon humble avis à moi que j’ai, même à près de 35 € le jeu reste intéressant au vu de la qualité d’édition de son prédécesseur et du plaisir ludique annoncé.

 

La voie du Samouraï : trancher dans le vif du sujet !

way-of-the-samurai-ksLe deuxième jeu dont je tiens à vous parler est lui arrivé de nulle part et s’appelle Way of the Samuraï. Il est proposé par un nouvel éditeur bordelais, Alone Editions, dont la tête pensante n’est autre que l’auteur du jeu, Yossef Farhi.

Way of the Samuraï est à la base un pur jeu solo, mais auquel a été adjoint un mode compétitif pour deux joueurs. D’ailleurs, la raison d’être de Alone Editions, ainsi que son nom l’indique, est la création de jeux solo. Deux autres sont d’ailleurs prêts et gardés sous le coude pour être édités dans un futur plus ou moins proche. Mais revenons à notre Samouraï.

Le jeu a pour ambition de retranscrire, en mode solo, un combat du célèbre (enfin célèbre, des connaisseurs hein…) sabreur Miyamoto Musashi contre un ennemi way-of-the-samurai-samuraiquelconque, le tout en une vingtaine de minutes. Le gameplay est un mélange de deck building, de prise de risque et de combos. Le jeu se compose quasi uniquement de cartes, le reste du matériel étant composé de cristaux en plastique rouges et bleus symbolisant la vie et le ki des combattants, ainsi que d’une piste de score. La direction artistique est sobre et épurée et donne un aspect un peu parchemin aux cartes. Les illustrations sont elles aussi sobres, en noir et blanc. Les touches de couleur sur les cartes ne sont là que pour distinguer leurs effets, ce qui les rend très lisibles. Et pour un jeu de cartes, c’est quand même important.

Le déroulement d’une partie est simple, mais promet de bonnes doses de réflexions stratégiques en fonction de sa main. Le but est de faire perdre la totalité des points de vie de son adversaire. Une partie se déroule en plusieurs manches, chacune d’entre elles permettant d’effectuer deux attaques. Ces attaques sont matérialisées par la pose de 3 cartes Action parmi une main de 6 cartes, lesquelles permettent de gagner ou de perdre de la force, de la technique ou de la garde.

On pose tout way-of-the-samurai-carte-gemmesd’abord deux cartes, on applique les bonus ou malus de force, technique ou garde puis on tire ensuite une carte de l’adversaire. Cette carte nous donne les conditions pour faire perdre à l’adversaire ou a nous même des points de vie ou de ki. Enfin, on termine l’attaque en posant une troisième carte que l’on aura judicieusement choisie pour essayer de remplir ou contrer les conditions sus-citées.

Les tours s’enchaînent jusqu’à ce que nous ayons fait perdre à l’adversaire tous ses points de vie, ou que lui nous ait fait perdre tous les nôtres. Il y a bien entendu des subtilités de règles qui enrichissent le gameplay, notamment l’utilisation du ki, et d’ailleurs à cet égard je vous engage à visionner la vidéo d’explication en français qui vous donnera de plus amples détails. Pour terminer avec le mode solo, plusieurs adversaires sont disponibles ainsi qu’un mode compétition dans lequel il faudra combattre plusieurs Samouraï en un seul combat.

Way-of-the-Samourai-ksLe jeu étant financé, l’un des stretch goals débloqués apporte un mode duel en 1 vs 1. Ce mode remplace en quelque sorte le joueur virtuel par un de chair et de sang et la partie se déroule en gros comme deux parties solo en face à face, modulo des petites différences de règles. Ce mode promet des parties pleines de fourberies et de coups de péripatéticienne, l’idéal pour se faire un nouvel ami de trente ans.

Mais ce n’est pas tout, car il se murmure qu’un mode coopératif proposé par un des soutiens pourrait bien se retrouver officiellement ajouté d’ici la fin de la campagne.

Le matériel minimal du jeu autorise un prix contenu : 15 € pour la version de base, 20 pour la version Deluxe (laquelle comprend surtout des cartes exclusives à cette version, en plus d’autres bricoles), prix auxquels il faudra ajouter 4 € de frais de port. 24 € maximum, c’est peu dire que ce n’est pas très cher pour un jeu qui promet des heures de plaisir ludique, plaisir qui pourrait être sérieusement augmenté si le palier des 16 000 €, voire des 20 000 €, est atteint. A 16 000 €, un mode campagne sera offert en PDF, à 20 000 il sera « en dur ». Il reste un peu plus d’une semaine de campagne pour y arriver.

 

Choisir, c’est renoncer. Et renoncer est un signe de faiblesse.

Voilà donc deux jeux aux antipodes des monstres bardés de figurines, aux pledges affichant des tarifs à 3 chiffres et aux all-in coûtant le prix d’une petite voiture (bon, j’exagère peut-être un chouïa pour la voiture) mais qui vous apporteront, pour peu que vous adhériez au thème et aux mécaniques, largement autant d’heures de jeu, si ce n’est plus. Tant Dinoblivion que Way of the Samouraï proposent des modes de jeu variés et donc de la rejouabilité, ceci amplifié par la relative rapidité des parties.

La seule question a se poser alors est : lequel prendre ? Vous vous doutez bien que j’ai résolu le dilemme avec l’élégance qui me caractérise en prenant les deux. D’abord parce que c’est bien, et ensuite parce que cela risque d’être le seul moyen de les obtenir. Pour Way of the Samouraï, c’est même une certitude, car il ne sera jamais (enfin, c’est ce qui est annoncé) en boutique. Pour Dinoblivion, on peut tout de même penser que Ôz Éditions devrait se laisser tenter de le distribuer en France, Belgique et Suisse comme c’est le cas pour Goblivion.

Je vous engage donc à agir comme moi car ce faisant, vous soutiendrez réellement de petits créateurs, de vrais artisans du jeu fait à l’ancienne, c’est-à-dire avec amour et passion.

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3 Commentaires

  1. -Nem- 05/12/2019
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    Merci pour cet article. Je le suis laissé tenter par way of the samurai du coup, j’adore le principe. Ça me rappelle un peu le jeu vidéo bushido blade 🙂

  2. Nidhogg 06/12/2019
    Répondre

    J’ai pledge également Way of Samuraï pour le coup… Pour Dinoblivion, je sais pas encore vraiment mais les frais de port me font mal quand ça coûte la moitié du jeu presque… j’opterai surement pour Goblivion (qui est peut-être moins complet pour le coup?).

    • Gougou69 06/12/2019
      Répondre

      Goblivion n’est pas moins « complet », il juste complètement différent. Goblivion est surtout un jeu solo jouable en coopératif, Dinoblivion est un jeu compétitif à deux jouable en solo.

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