Warehouse 51 : Quand l’arche perdue rencontre la boite de pandore

« Hum, si j’achète l’arche de l’alliance et la corne d’abondance, je n’aurai peut-être plus d’argent pour acheter le marteau de Thor. » Ce n’est surement pas le genre de questions que l’on pensait se poser un jour, mais c’est le genre de situations que Warehouse 51 vous propose de vivre.

warehouse51

Qu’est-ce que c’est donc ?

Warehouse 51 est un jeu d’enchères/collections/majorités, où vous incarnez de riches collectionneurs, qui vont racheter les reliques mythiques aux états en faillite qui les gardaient jalousement. Il faudra vous méfier de la validité de ces reliques (certaines sont des imitations et seuls certains joueurs sont au courant), mais surtout jongler avec les pouvoirs et malédictions octroyées par les reliques que vous achetez. Tout cela en gardant un œil sur votre porte-monnaie et celui de votre voisin.

C’est cool c’est de qui ?

On retrouve sur ce jeu la même équipe de trois auteurs qui ont travaillé sur Formula E. Soit deux brésiliens, André Zatz et Sergio Halaban, qui sont habitués à travailler ensemble (Sheriff of Nottingham), mais aussi le multirécidiviste frenchie Bruno Faidutti qu’on ne présente plus tant ses créations sont nombreuses (Mascarade, Raptor, Citadelles, Animal Suspect…). 

Mais je dois vous avouer que ce n’est pas le nom des auteurs qui m’a particulièrement attiré vers Warehouse 51. Je ne connaissais pas du tout les deux Brésiliens, et je suis souvent plutôt mitigé sur les jeux de Bruno Faidutti, qui ne sont pas tout le temps à mon goût. Mais le thème de ce Warehouse 51 laissait présager du très bon et un gros potentiel avec ses reliques mythiques et leurs effets. Je me suis donc laissé tenter par le jeu.

C’est beau, c’est qui qui dessine ?

C’est illustré par Rafael Zanchetin, dont c’est le premier jeu, et il faut féliciter FunForge pour avoir déniché un tel talent. Le jeu est vraiment de toute beauté. Autant les cartes reliques que les plateaux personnels sont très léchés, et permettent une bonne immersion dans le jeu.

Du bon travail.

Carte warehouse

Les bottes des 7 lieux

Y a quoi dans la boite ?

Le matériel est simple et efficace, avec un paquet de cartes reliques (vraies et fausses), 5 plateaux personnels et plein de jetons lingots qui vont être notre monnaie d’échange. Les  plateaux personnels reprennent les valeurs et les occurrences de chaque carte du jeu, et c’est très important pour compter les majorités.

Plateaux warehouse

Les plateaux personnels, reprenant toutes les cartes du jeu et le scoring

Lingots Warehouse

La monnaie d’échange : des lingots

 

Les lingots sont un poil petit, mais se manipulent plutôt aisément. Il y en a énormément, et une taille supérieure aurait débouché sur une plus grosse boite. Or en l’état je la trouve très bien pour le jeu, donc le compromis s’avère être bon à mon sens.

La règle est claire, et même si elle est peu illustrée, elle se suffit à elle-même.

On a affaire ici à une édition presque parfaite, comme souvent avec Funforge. Pourquoi presque ? Car il y a quand même un petit soucis avec le thermoformage. Une fois dépunché, le jeu rentre difficilement dans le moulage prévu à cet effet. Je ne comprends pas l’intérêt des deux sections trop petites, là ou une grande zone aurait fonctionné. Là les jetons ne rentrent pas et débordent. Un loupé.

boite warehouse

Le thermo trop petit qui déborde littéralement de jetons.

 

Donc beau jeu, bon matériel, belle boite même si thermo un peu loupé et petit prix. Il ne reste plus qu’à jouer !

Comment on joue alors ?

Pour vous faire un avis rapide du gameplay en vidéo, je vous envoi vers le Ludochrono.

Le but du jeu est de collectionner des reliques, et d’être majoritaire sur certaines collections pour engranger des points de victoire.

On est sur un système d’enchères à l’apparence classique, où chacun à son tour, les joueurs pourront enchérir ou se rétracter. Là où le jeu est plutôt malin, c’est que le joueur remportant l’enchère donne l’argent de la mise à son voisin de gauche. L’argent va ainsi circuler entre les joueurs tout au long de la partie, faisant ainsi fluctuer allégrement le statut du joueur le plus riche autour de la table. Une balance des pouvoirs plutôt agréable.

Il y a aussi assez régulièrement des enchères fermées où l’on va révéler simultanément les mises.

En cas de pénurie d’argent, vous aurez aussi la possibilité de mettre en gage vos reliques pour récupérer un peu de liquidité ; que vous pourrez racheter en fin de partie.

Set up Warehouse

Situation de jeu

 

Les reliques que l’on achète acquièrent presque toutes des bénédictions ou des malédictions. Ce sont des pouvoirs qui vous seront octroyés temporairement ou de manière durable. Elles vont pimenter énormément les enchères. Certaines reliques sont intéressantes pour leur valeur (pour la majorité), tandis que d’autres le sont plus pour leur pouvoir. Les malédictions, elles, sont plutôt pénalisantes, mais il est difficile de renoncer à toutes ces cartes tant leurs valeurs restent très intéressantes pour gagner là encore les majorités. Il vous faudra donc jongler avec cela.

Warehouse malediction

Le Mortier de Baba Yaga à une malédiction qui peut s’avérer très pénalisante.

 

Le dernier twist du jeu concerne les cartes faux. En effet, chaque partie se verra choisir un certain nombre de contrefaçons, à savoir des reliques sans valeur qu’il faudra se défausser avant le décompte final mais qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à des vraies. Chaque joueur ne connaîtra que deux faux (leur nombre variant de 4 à 5 suivant le nombre de joueurs) ; et c’est une info à bien prendre en compte si on ne veut pas enchérir sur des cartes douteuses !

Warehouse Faux

Niark niark, je sais que la Harpe de David est un faux

 

Un paramètre très intéressant, mais qui peut s’avérer vite fatal lors d’une partie.

Alors ça donne quoi ?

La règle étant plutôt simple, l’explication se fait très rapidement, et on rentre facilement dans la partie. Nous n’aurons pas de retour aux règles avant la fin du jeu avec le scoring.

Au début bien sûr, on a envie de tout acheter tellement les pouvoirs et les valeurs des cartes semblent intéressants. La présence des malédictions est également très maline car on se retrouve à enchérir pour des cartes que l’on sait très dangereuses pour notre stratégie, juste pour ne pas voir une majorité nous échapper.

L’avantage des piles de cartes de chaque couleur, et des plateaux personnels, c’est que l’on sait à tout moment où l’on en est dans la partie, et ce qu’il reste possible de faire. C’est très agréable, et cela permet aux joueurs de profiter du jeu pleinement dès leur première partie.

Mais petite accroche durant la partie : l’un des joueurs à passé la moitié de la partie sans pouvoir jouer. Il a attendu que l’argent lui revienne, et ne pouvait pas utiliser le prêteur sur gage à cause d’une malédiction. Au final, on se retrouve désolé pour lui qui ne peut plus jouer, et on s’arrange pour que son voisin remporte une enchère pour qu’il récupère de l’argent.

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On peut terminer la partie avec relativement peu de reliques

 

La partie se termine, et on compte nos majorités. On s’étonne d’avoir des majorités un peu ridicules (1 carte…) car à 5 joueurs, après avoir enlevé les faux, il reste peu de cartes ! Au final, c’est le joueur qui n’a pas joué la moitié du temps qui remporte la partie, avec seulement 4 cartes devant lui (une majorité de 3 cartes et une d’une carte). Nous sommes très étonnés, et lui ne profite pas tellement de sa victoire.

Le temps de jeu était raisonnable, nous étions dans les 45 minutes explications comprises.

L’envie de refaire une partie à la suite n’est pas vraiment là, donc nous passons à autre chose. Je suis revenu sur le jeu la semaine suivante avec d’autres joueurs pour me faire un deuxième avis, mais le sentiment général était le même.

cartes

Et au final ?

Je suis ici devant un petit dilemme. Autant je le trouve très beau et très bien édité, autant il me paraît mécaniquement un peu sous exploité. Il est bourré de très bonnes choses, avec un très gros potentiel, mais plein de petits points pèchent au final.

Le fait de passer son argent à son voisin de gauche est à la fois intéressant (car l’argent tourne), à la fois un peu lent, voire bloquant. En effet, à 4 ou 5 joueurs, l’argent va mettre un temps fou à refaire le tour, et l’on peut passer facilement 6 ou 7 enchères à ne rien pouvoir faire du tout, tellement l’argent met du temps à nous revenir. Je ne dirais pas que la mécanique se retourne contre le jeu, mais presque, et cela donne un sentiment de ne pas vraiment participer au jeu. Et autant il est agréable d’attendre le bon moment pour faire LE bon achat, autant il est très frustrant de passer tour sur tour sans pouvoir jouer. La mécanique de préteur sur gage compense un peu cela, mais cela fait un peu « patch » pour corriger un défaut du jeu.

Concernant les pouvoirs, ils sont sympas mais j’aurai aimé un peu plus de punch. Il y a pas mal de reliques sans pouvoirs, et il n’y a finalement que peu d’interactions entre les joueurs. Aucun pouvoir ne permettant de voler de l’argent par exemple. Cela me donne un sentiment général de bonnes idées, mais pas fouillées à 100%.

Je suis un peu désorienté sur le fait que l’on prenne pitié des joueurs qui ne jouent pas durant de nombreux tours (confirmé lors d’une deuxième partie et par des retours d’autres joueurs), car pour un jeu qui semble familial, il est dur de concevoir que l’on écarte un joueur de la partie si longtemps. Nous sommes finalement sur un jeu plein de subtilités, un peu exigeant, mais qui semble s’adresser à un public plus familial.

Les cartes contrefaçons sont indéniablement une super idées, mais cela augmente encore un peu plus la disparition des reliques récupérées par les joueurs en fin de partie. En effet, faire des majorités sur si peu de cartes disputées est un peu ridicule. Il est étonnant de remporter la première place avec juste une carte d’une couleur. Pour autant, il n’aurait pas été possible de doubler le nombre de cartes dans le jeu en l’état, car cela l’aurait rendu trop long. Par contre il aurait peut être été intéressant de le doubler, en changeant la mécanique d’enchères, par exemple d’enchérir sur 2 reliques simultanément…

Bref, un jeu dans lequel je mettais plein d’espoir, à la réalisation irréprochable, plein de bonnes idées, mais qui souffre de pas mal de petits défauts qui font que la sauce ne prend pas vraiment.

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Edité par FunForge
Langue et traductions : Anglais, Français
Date de sortie : 07-2015
De 3 à 5 joueurs
A partir de 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 35 minutes

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3 Commentaires

  1. morlockbob 23/10/2015
    Répondre

    un bel article qui m a presque donné envie (pourtant je suis nul aux enchères) jusqu’au final où, je pense, c est la marque de fabrique de Faidutti qui ressort. Il me semble bien que l’homme n’aime pas les jeux équilibrés et milite pour toujours laisser une part de hasard dans la boîte. le thème est bien trouvé en tous cas

  2. El Gringo 23/10/2015
    Répondre

    Le thème est en effet vraiment intéressant, et c’est ce qui m’avait fait suivre ce jeu depuis les premiers annonces.
    Après, ca reste un Just played sur 2 parties, mon avis reste très personnel. Essayes le jeu à l’occasion pour te faire ton propre avis.

  3. fouilloux 23/10/2015
    Répondre

    Ahhh les thermoformages, j’ai l’impression que c’est leur gros soucis chez FunForge. Le summum étant pour moi Tokaïdo: la boîte est énorme par rapport au matos (à part pour le plateau) et pourtant il ne rentre pas dans les emplacements prévus. Le pire exemple de rangement que j’ai rencontré jusque là. Et comme pour warehouse 51, c’est dommage pour un jeu à la réalisation par ailleurs au top.

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