Twin It – Le jeu à paires, oh !

Qui n’a pas déjà entraperçu le Twin It original ? Vous savez, ce grand poster bariolé devant lequel s’agglutine immanquablement un petit groupe de mes amis médusés à chacune de mes soirées. En vous demandant de discerner 5 paires de motifs identiques au milieu d’une mosaïque chamarrée, cet ornement ludique démontrait à tout le monde que, même si nos yeux fonctionnaient au poil, notre cerveau disjonctait dès qu’on lui demander d’avaler toutes ces formes et couleurs emberlificotées.

Véritable OVNI ludique signé Thomas Vuarchex, Twin It s’était dans la foulée vu décliné en application pour téléphone et tablette. Cinq ans plus tard, on le voit désormais arriver en version jeu de cartes pour 2 à 6 joueurs, histoire de taper le carton tout en plissant les yeux à l’heure de l’apéro. Transformation réussie ? Elle doit l’être, puisque le jeu s’est hissé dans la liste des nominés de l’As d’Or 2018. Regardons ça de plus près.

 

Boîte toute en couleurs. Dedans : du noir, et de la couleur. Surprise !

Boite toute en couleurs. Dedans : du noir, et de la couleur. Surprise !

 

 

Prise en main – « C’est bôôôô ! »

Édition Cocktail Games oblige, le dernier Twin It se présente sous la forme de quelques 135 cartes carrées bien serrées dans leur boitier de métal. Chacune porte sur ses deux faces des motifs différents repris au fameux poster, qui vous sautent aux yeux dès l’ouverture de la boite.

Les règles sont aussi simples que le matériel : on divise le paquet de cartes entre tous les joueurs. À son tour, chacun retourne la carte au sommet de sa pioche et la place sur un emplacement libre de la table. Si vous voyez une paire de cartes portant le même motif, que ce soit sur la table ou sur la pioche des autres, vous abattez vos mains dessus et vous remportez le pli, que vous laissez visible à côté de votre pioche. Le premier à remporter 5 plis a gagné. Bien joué, œil-de-lynx !

 

Alors, combien de paires sur cette photo ?

Alors, combien de paires sur cette photo ?

 

La partie – « TOUCHE PAS C’EST À MOA !!! »

Pour l’instant, rien de très nouveau. Ça rappelle étrangement le Jungle Speed, autre succès intersidéral lui aussi signé Thomas Vuarchex, mais… en mieux ! Le graphiste fou a eu le temps de peaufiner sa formule et nous livre là un jeu beaucoup plus nerveux.

Déjà, les paires sortent plus souvent. En dépit de la grande diversité de motifs, le fait que toutes les cartes jouées restent sur la table produit un nombre sans cesse croissant d’opportunités d’abattre ses mains sur deux cartes identiques. On pourrait croire que cette débauche haute en couleur perdrait les joueurs et qu’ils resteraient à regarder la table comme des poules devant une batterie de cuisine, mais non ! Les nouveaux symboles sont portés à notre attention un par un, ce qui nous permet de mieux les fixer en mémoire. Les joueurs repèrent rapidement – voir très rapidement – les paires offertes et les tours s’enchaînent de manière très fluide. De toute façon, si personne ne percute une paire au moment de sa sortie, vous finirez par la remarquer tôt ou tard.

Autre innovation, le fait de pouvoir voler les plis de ses copains. Oui oui, vous avez bien entendu : si vous avez une paire, elle ne va pas rester sagement  dans votre escarcelle. Si une troisième carte portant le même motif est révélée, n’importe qui s’en servir pour vous tirer votre pli, ce qui peut entraîner des retournements de parties marqués d’un concert d’exclamations outrées. La partie ne fait que progresser vers l’avant, cependant, pas de risque qu’elle s’enlise en jeu de tir à la corde monotone. Une manche ne dure que rarement plus de 5 minutes, ce qui appelle à recommencer jusqu’à plus soif.

 

Ma pioche, et mes points. Pas toucher !

Ma pioche, et mes points. Pas toucher !

 

Trop de variantes tuent la variante

C’est déjà pas mal, mais les auteurs ne s’en arrêtent pas là. Histoire de flatter toutes les sensibilités, ils fournissent non pas un, ni deux, ni trois, mais bien quatre modes de jeux (contrairement à ce qui est annoncé sur la boîte). Nous avons déjà décrit le mode compétitif, il y a également un mode en équipes, un mode coopératif  et même, accrochez-vous, une variante compétitive du mode coopératif ! Là, ça va trop loin.

Surtout que tous ces modes ne brillent pas. Le mode en équipes ouvre de belles perspectives : chaque membre de l’équipe n’a droit de jouer qu’avec une main. Une fois une paire repérée (re-pair-ée… vous l’avez ?) il faut que votre complice la voit aussi, sinon vous avez attiré l’attention de l’équipe adverse dessus pour rien. Ça présage une bonne petite ambiance autour de la table !

En comparaison, les deux modes coopératifs ont bien peu à offrir. Tous les joueurs jouent contre la montre, cherchant à scorer un maximum de paires en une minute. Puis tout le monde compte ses points ensemble ou séparément et se compare à un tableau de résultats pour savoir s’il déchire ou s’il peut s’acheter des lunettes. Mouais…. C’est vraiment trop court pour rentrer dedans, et il manque toute l’interaction et le piquant des modes compétitifs. Les auteurs auraient mieux fait de rester fidèles à l’excitation en couleurs vives qui fait tout le charme du jeu plutôt que de chercher à y caser de la coop parce qu’ils peuvent et que c’est à la mode.

 

Conclusion : Bon boulot – encore…

Cette version apéro de Twin It n’est pas loin du sans-faute. Elle en met plein les mirettes, elle se joue vite, bien et avec très peu d’explications. On a là un parfait petit jeu de discrimination visuelle pour 2 à 6 joueurs. Certes, elle ne brille pas par sa profondeur, et les règles sont inutilement alourdies par deux modes de jeu un peu mous. Mais au fond, le plus gros reproche qu’on pourrait lui faire, c’est que des jeux de discrimination visuelle à l’apéro, il commence à y en avoir beaucoup. Est-ce que celui-là changera le monde comme son grand frère l’avait fait ? L’avenir nous le dira.

 

Un jeu de Nathalie SaunierSaunier RémiThomas Vuarchex
Illustré par Thomas Vuarchex
Edité par Cocktail Games
Distribué par Asmodee
Pays d’origine : France
Langue et traductions : Français
Date de sortie : 07-2017
De 2 à 6 joueurs 
A partir de 6 ans 

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11 Commentaires

  1. TheGoodTheBadAndTheMeeple 26/01/2018
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    J’avais pas mal joué à l’appli et force est de constater que c’était addictif et terriblement psychédélique. Je lui prédis un bel avenir, sans pour autant remplacer Jungle Speed, indéboulonnable avant un temps de par son implantation grande surface.

  2. benoit 27/01/2018
    Répondre

    la version coopérative est géniale pour faire commencer les enfants à Twin it. Mon fils en rafole et mes élèves la préfèrent à la compétitive car il y a justement moins de tensions entre joueurs (et que c’est encore plus court). mon jeu le plus joué de 2017 et déjà en tête pour 2018

    • El Cam 28/01/2018
      Répondre

      Ah ? Comme quoi il en faut bien pour tous les usages. Merci pour ce contre-avis, Benoit 🙂

  3. Tom Vuarchex 29/01/2018
    Répondre

    Il faut dire que l’on sent bien que l’auteur n’a essayé que le premier mode. Dommage 😉

    • El Cam 29/01/2018
      Répondre

      Ah, si si 🙂 J’ai bien essayé la coop et j’en suis pas convaincu. J’ai pas essayé en équipe, par contre, mais la plus-value saute aux yeux. Comme quoi y a pas de règles.

      • Tom Vuarchex 29/01/2018
        Répondre

        Le mode « équipes » est celui que je fais désormais essayer en premier lors des anims, une majorité de joueurs le préférant aux autres.
        Curieux tout de même de sentir qu’un mode a une plus-value et de ne pas l’essayer pour confirmer ou infirmer cette impression ^^

      • Tom Vuarchex 29/01/2018
        Répondre

        Concernant le mode coop. Nous sommes d’accord, c’est le moins original en termes mécaniques.
        Cela dit, il existe exactement pour la raison qu’évoque Benoît. Permettre à des plus jeunes de ne pas se sentir en difficulté ou en échec et de prendre du plaisir à un jeu d’observation et de rapidité. Rares sont les jeux de discrimination qui proposent cela.
        Un joueur aguerri à ce type de jeu n’est pas forcément la cible (pour lui nous avons pensé les modes 1 et 2), cela ne veut pas dire qu’il est superflu.

        • benoit 29/01/2018
          Répondre

          c’est ce qui fait que Twin it est pour moi le jeu de l’année, devant les autres excellents jeux (mais plus limités en terme de public visé). Il se joue avec tout le monde, de 5 ans aux adultes et il s’adapte au public plutôt que l’inverse. en choisissant le mode de jeu, j’arrive à faire jouer tout le monde, et ça plait à chaque fois. Top!

          • Tom Vuarchex 29/01/2018

            Merci d’avoir compris notre intention Benoît 😉 (je parle de l’adaptabilité … pas qu’il soit ton jeu de l’année même si ça fait plaisir ^^)

  4. Matthieu d’Epenoux 29/01/2018
    Répondre

    Ne pas tester l’un des 3 modes principaux et, malgré tout pondre une critique du jeu, c’est quand même dément.

    • Shanouillette 29/01/2018
      Répondre

      Bonjour Matthieu

      Même si nous comprenons en quoi cela peut contrarier les créateurs et nous en sommes désolés, le Just played s’est toujours défini comme un retour à chaud non exhaustif, et à ce titre, nous ne demandons pas à nos reviewers d’avoir joué tous les modes/variantes ni dans toutes les configurations avant d’écrire ce premier retour. C’est le format « Test » qui joue ce rôle-là, d’aller explorer plus avant les diverses facettes du jeu, et ce de façon la plus exhaustive possible.

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