Pandemic – Montée des Eaux : Panique au pays de la tulipe !

Après le succès mondial de Pandemic, sorti en France en 2008 (puis réédité en 2013), une légion de versions revisitées a vu le jour (sans compter les extensions) : Le Remède (2014), Contagion (2014), Pandemic Legacy (2015), Iberia (2016), Règne de Cthulhu (2016), Montée des Eaux (2017), La Chute de Rome (2018) et Intervention d’Urgence (2019). Ouf ! D’ailleurs pour éviter la confusion entre les divers titres jouables de Pandemic, Z-Man a imaginé une catégorie officielle : « À l’avenir, les jeux dont les fondements sont enracinés dans le gameplay de Pandemic seront connus sous le nom de « Pandemic System games ». Nous voulons que les joueurs sachent que le moteur sous le capot est basé sur la mécanique coopérative primée de Matt Leacock, tandis que le décor, qu’il soit historique ou fantastique, nous permet d’adapter le gameplay pour créer une expérience plus nuancée et thématique. »

pandemic system game

Nominé « Golden Geek Best Cooperative Game 2017 », Pandemic : Montée des Eaux s’est vu rafler la mise par Gloomhaven. On pourrait se demander ce que cet opus va apporter de plus au concept de Pandemic, déjà bien rodé.
Réponse ici-même !

 

 

Rappel : Pandemic, c'est quoi ?

 

Pandemic, c’est quoi ?

Pour les connaisseurs, passez au chapitre suivant !

Pour les néophytes, en deux mots : Pandemic est une série de jeux coopératifs, pour joueurs familiaux, amateurs ou experts, ayant introduit un nouveau style dans le jeu de société. Le but est de gérer et de stabiliser une situation de crise (épidémie, catastrophes naturelles…) avant qu’elle n’atteigne un stade trop avancé.

Le plateau de jeu représente une carte (monde, continent, pays, …). Chaque tour de jeu, des cubes représentant le danger (virus, inondations, …) vont être ajoutés sur des zones déterminées au hasard, aggravant la situation. Chaque joueur disposera de 4 actions à chaque tour de jeu (se déplacer, soigner ou réparer, construire des infrastructures, …) pour contenir et prévenir le danger. Si trop de cubes s’accumulent sur une même région, c’est le drame ! D’autres cubes se propagent dans les zones voisines, vous rapprochant un peu plus du seuil critique…

 

Qu’est ce qui n’a pas changé dans Montée des eaux ?

  • La qualité du matériel est au rendez-vous, dans une boîte peu volumineuse, bien remplie et bien rangée. Un beau design graphique du plateau et des cartes, sans non plus tomber dans l’extase. Par contre, plus de matériel (éléments plastiques, nouveaux types de cartes, plus d’événements…). C’est beau, c’est propre et ça sent bon !

 

Il y a de quoi faire…

 

  • La mécanique de jeu n°1 : On nettoie des cubes, toujours des cubes ! Ici il s’agit de l’eau apportée par la mer et les tempêtes. On devra dépenser de nombreuses actions pour la retirer.

  • La mécanique de jeu n°2 : Après chaque tour de jeu, on pioche des cartes pour générer des effets afin d’aggraver la situation. C’est ainsi avec Pandemic ! Les cartes Région sont toujours réparties en 4 couleurs.

  • La mécanique de jeu n°3 : On joue des personnages ayant chacun 4 actions par tour, et on dépense des cartes Région pour effectuer des actions. Ces dernières sont globalement proches du jeu original (mais on voit cela tout de suite après).

     

    La mise en place est similaire. Il faut placer les digues, puis les détruire en piochant 9 cartes, puis préparer le paquet de cartes joueurs. 7 minutes au compteur.

     

Qu’est-ce qui a changé alors ?

  • Evidemment, le thème : on retrace deux siècles de travaux titanesques pour lutter contre la menace des tempêtes et de l’élévation du niveau de la mer. L’objectif sera ici de construire les infrastructures de lutte contre les inondations et la submersion marine : digues, pompes à eaux, ports (pour le transport), et grands projets en béton ! Tous représentés par des pions en plastique.
  • Pas de virus mais un nouveau concept : l’infiltration de l’eau. On réfléchit différemment que pour Pandemic. Au lieu de générer des cubes à chaque fin de tour de jeu, on pioche des cartes Région pour les « dégrader », c’est-à-dire détruire les digues encore présentes. Il faudra alors gérer l’écoulement de l’eau depuis la mer vers les régions voisines en faisant circuler les cubes bleus. Plus la mer monte, plus l’eau ira loin dans les terres, alors gare aux cartes Tempêtes ! Ce concept est astucieux et il créé une mécanique qui colle parfaitement à la thématique. La tension due au risque de rupture de digue reste en permanence et on craint l’arrivée de l’eau à tout moment.

     

    La digue nous séparant de la mer a cédé, et c'est déjà la chienlit ! Heureusement, la station de pompage va limiter la casse.

    La digue nous séparant de la mer a cédé, et c’est déjà la chienlit ! Heureusement, la station de pompage va limiter la casse.

     

  • Un gameplay un peu plus varié que dans Pandemic : même si dans l’ensemble les actions restent similaires, l’intérêt est porté sur les infrastructures. On aura plusieurs stratégies envisageables pour lutter contre l’eau selon le contexte, chacune au prix d’une action. Citons : ♦ Construire un port ♦ pour faciliter le déplacement : pour une action, chaque joueur pourra ainsi se « télé-porter », sur un port donc (blague brevetée). ♦ Construire une digue ♦ pour barrer l’écoulement de l’eau : on pose alors une petite barre marronne entre deux régions, et on croise les doigts pour que la prochaine tempête ne la fracasse pas. ♦ Construire une station de pompage ♦ Elle est compliquée à mettre en œuvre mais efficace : elle fonctionnera toute seule en retirant un cube d’eau à chaque fin de tour, chouette.

  • Des objectifs variables : voilà un concept intéressant. Comme dans le Pandemic original, l’objectif de base consiste à construire 4 grandes infrastructures (dont je tairais le nom imprononçable !) en réunissant pour chacune 5 cartes Région de la même couleur. Mais ici, pour casser la redondance, il y a la possibilité de déterminer 4 objectifs au hasard, parmi 3 types : Objectif de Base, Objectif Spécial, et Population. Ces 12 cartes objectifs associées à plusieurs options de régulation de la difficulté, ainsi qu’un nombre augmenté d’événements, vous garantissent une durée de vie très longue si le jeu vous prend aux tripes.

    Les cubes Population. Une nouvelle option de jeu qui arrive avec les objectifs variables. Au lieu de chercher à retirer ces cubes, on va ici devoir les protéger en les plaçant sur des Régions sûres, pour lesquelles on va redoubler d’effort. Cela rajoute du challenge et une dimension stratégique.

     

    On récapitule. On a déjà 4 pertes humaines. Si la digue d'en haut cède, on est cacahuète !

    On récapitule. On a déjà 4 pertes humaines. Si la digue d’en haut cède, on est cacahuète !

 

Vous reprendrez bien un peu de Utrechtse-Heuverlug ?

On l’entend ou on le lit souvent en ce qui concerne ce jeu, la lecture du plateau n’est pas évidente, du moins au début. Les développeurs ont choisi de rester fidèles à la géographie et la topographie du pays. On aura donc un tracé des régions digne d’un dessin fait lors d’un voyage en calèche sur des gros galets, avec des noms tels que votre chat les aurait écrits en marchant sur votre clavier. Pas simple d’expliquer que l’on veut construire une digue à « Vijfherenlanden ». On finira par appeler les régions « Là ». Cela dit, après une ou deux parties, la gêne de lecture s’est estompée pour mes compagnons de jeu et moi-même, autant que pour la lecture du plateau. Vraiment, il n’y a pas de quoi en faire un plat.

Petite astuce : si vous avez des difficultés à prononcer le Néerlandais, sachez que « ij » se prononce « eil », et la vie deviendra plus facile pour vous  😎 

 

Mon rêve, c’est de construire des digues aux Pays-Bas

Le thème peut rebuter les non-initiés. Moi le premier, je me suis posé la question du pourquoi : N’y-a-t-il pas un thème plus sexy ? Peu de gens en France sont sensibilisés au problème des tempêtes et de la montée des eaux et pourtant c’en est un chez nos voisins. Les Pandemic ne sont pas connus pour leur degré d’immersion, mais ce n’est pas le but recherché. Une fois la partie lancée, on est sensibilisé au problème, on le comprend, on a envie de le résoudre : pour ma part, j’ai adopté le jeu et c’est cela le principal.

 

Un petit condensé des nouveautés : plus d’événements, des objectifs variables, des infrastructures, de l’eau, des gens innocents.

 

Bon alors, ça vaut le coup ?

Si vous ne possédez aucun opus Pandemic et que vous n’êtes pas allergique au thème, la réponse est oui ! Pour avoir largement testé les deux, cette version me paraît plus convaincante que la première, pour son matériel très honnête, son gameplay plus varié et son excellente rejouabilité. Il charmera une large gamme d’amateurs de jeu coopératif et de stratégie.

Si vous connaissez déjà Pandemic, que vous l’avez bien poncé et que vous saturez, je ne saurais vous le conseiller car vous retrouverez beaucoup de points en commun avec celui-ci.

Si vous êtes attaché(é) à Pandemic mais aimeriez changer de style, on est malgré tout dans des mécaniques et un thème suffisamment différents de l’original pour ne pas avoir une impression de rebelote. Il y a une adaptation réfléchie sur le fond et la forme, qui nous fait vite oublier le premier opus. Les fans de la première heure ne seront donc pas déçus !

 

Quelques liens utiles

 

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7 Commentaires

  1. Shanouillette 29/08/2019
    Répondre

    Bienvenue à bord mister Groule ! Bravo pour ce premier article !

  2. Arnauld VM 29/08/2019
    Répondre

    Le « ij » ne se prononce pas « è », c’est un son mouillé. :-p

    • Groule 29/08/2019
      Répondre

      Ah je me doutais qu’on allait me corriger la dessus ^^ C’est plutôt le « eil » de « pareil » alors, il me semble ?

      • Arnauld VM 30/08/2019
        Répondre

        C’est ça ! Le néerlandais, c’est facile à lire une fois qu’on connaît les règles de prononciation 😉 (Le comprendre, c’est autre chose 😀 )

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