Elle est passée où la chouette (de l’Apocalypse…) ? [Escape Box]
« Le Temps est proche. »
Paris, 2018…
Vous recevez une boîte envoyée par un tueur en série du nom d’Abaddon, l’ange exterminateur de l’Apocalypse biblique.
À l’intérieur, divers indices et un défi : saurez-vous retrouver à temps la cinquième victime ?
« – C’est l’heure… »
« – L’heure de quoi ? »
« L’heure de mourir »
Cet extrait du communiqué de presse fourni par Argyx Games permet d’introduire « Apocalypse » le jeu qu’ils proposeront bientôt en financement participatif.
Appelée « Episode 1 : signe de croix », la campagne de « Apocalypse »: escape box fut lancée le 4 juin dernier sur Kickstarter. Les auteurs sont les créateurs de la société, Mathias Daval et Johanna Pernot.
En parallèle, l’éditeur proposera une sorte d' »Escape Box », qui fonctionnera par abonnement (sur le même principe que les Thé Box, Bière Box et autre cosmétique Box…), et proposera de vous envoyer une nouvelle énigme chaque mois. Appelée « Pocket Investigation« , elle sera indépendante de la campagne Kickstarter, mais pourra parfois croiser l’univers d’Apocalypse.
Concept d’escape à la maison
L’idée de l’éditeur est de faire vivre aux joueurs une expérience proche de celle de l’escape room, mais chez soi, avec pour ça une partie matérielle, je cite : « Le livre de l’Apocalypse, un journal intime et une quinzaine d’objets et documents », mais également une partie en « réalité alternée », qui fera intervenir vos moyens de communication modernes, avec des e-mails, des interactions via les réseaux sociaux, ou même des appels téléphoniques… Connexion internet et malinphone (ou au moins ordinateur) indispensables, et ils ne sont pas fournis dans la boite bien sûr !
L’idée est assez intéressante, et bien que déjà tentée par quelques éditeurs, Argyx semble essayer d’améliorer l’expérience pour la rendre un peu plus interactive. Afin d’en avoir un avant goût, l’éditeur à mis à notre disposition une version de démonstration de leur jeu, baptisé « Episode 0 : Prélude », nous permettant de nous rendre compte de ce que contenait vraiment le jeu, et comment nous pourrions interagir. Une version « light » du jeu présenté pour la campagne de financement, avec les mêmes mécaniques, mais indépendante. Pour information, l’éditeur nous a indiqué que cet épisode 0 pourrait faire partie de leur gamme « Pocket Investigation ».
Pour faire ce retour, je vais essayer au maximum de ne rien révéler, mais il faudra tout de même que je vous raconte un peu, donc vous êtes prévenus…
« Paris, mai 2018 » ou presque…
Bon, dans les faits, on est plus proche de la banlieue lyonnaise. Mais on est encore en mai 2018 quand j’écris ces lignes, donc tout va bien. Nous avons pour cette démonstration une enveloppe et une adresse internet sur laquelle nous rendre (avec un gros 666, de quoi mettre dans l’ambiance tout de suite…). Rien de plus.
Nous décidons donc de tenter l’expérience. Nous, c’est moi-même, ma promise, un cousin et une cousine. En ce qui concerne les deux premiers, une solide expérience du jeu de société moderne, et quelques Escape Games au compteur, et pour ma part également quelques jeux d' »enquête » aussi bien sur support jeu de société que informatique. Nous savons à quoi nous en tenir, mais nous savons aussi que chaque nouvelle expérience peut être très différente, du coup il y a un peu de méfiance envers ce manque d’explication, de mise en place de contexte (parfois on perd du temps juste pour essayer de comprendre la logique du jeu). Pour les deux derniers, des novices, bien que la cousine ait déjà participé à un jeu d’évasion (cessons les anglicismes, pansebleu ! ).
Nous nous réunissons donc un soir de Pentecôte. Les volets fermés, les bougies et l’orage qui se prépare nous mettent bien dans l’ambiance. L’ordinateur est sur la table, et piaffe d’impatience de voir vers quoi pointe cette mystérieuse adresse web (ou alors c’est moi qui piaffe, peut-être, ou alors c’est Edith, mais on ne saura jamais…).
C’est parti !
Sur l’écran s’affiche un compte à rebours (pas le temps d’niaiser ! On peut quand même l’arrêter et le redémarrer au besoin), des liens vers des indices, et un lecteur de musique d’ambiance intégré. Allons-y pour la musique (ne vous attendez pas à de la techno trans-saharienne, c’est tout à fait raccord au thème).
Pas d’instruction, ouvrons donc l’enveloppe (d’un rouge très suggestif).
On n’est pas mal, tout est prêt…
À partir de maintenant, ça va spoiler (un minimum), vous êtes prévenus !
À l’intérieur de l’enveloppe de démo, on retrouve donc un mètre ruban, une lime à ongle, un mot du fameux Abaddon (qui, entre nous, n’a pas l’air très sympa), quelques extraits de la bible en latin (aucun prosélytisme, rassurez-vous, juste un support pour les énigmes et l’envie de coller au thème « mystique »), et une boîte d’allumettes. Le message du vilain pas gentil nous prévient que des personnes de sexe féminin qui ne trouvent pas grâce à ses yeux verront leur existence fortement raccourcie, à moins que nous les sauvions. Pour cela, il nous faudra trouver la chouette rouge, je cite : « mon messager céleste, qui voit et entend ce que nul ne perçoit ».
Aucune indication sur la forme que pourra prendre ce volatil nocturne à la coloration incongrue, tout est ouvert, mais il va falloir la trouver !
Pas d’instruction, on commence donc par une inspection en règles (parce que Abaddon est quand même sympa, il nous laisse des indices) : des traces de sang, des indications écrites au stylo, un message mystérieux mais qui donne quelques indications à celui/celle qui sait les interpréter. Il est à noter que tout le matériel semble bien avoir été préparé à la main, c’est vraiment agréable et bien fait !
Je ne vais pas vous spoiler davantage, mais sachez que le mystère est bien conçu pour vous envoyer sur des voies diverses et parfois sans issue. L’interaction entre les joueurs bat son plein, les indices sont suffisants, sans trop en révéler, les aller-retours avec l’ordinateur sont nécessaires (faire des recherches, trouver des tables de correspondance, entrer des adresses, trouver du contenu audio-visuel…), mais nécessitent vraiment une recherche avec les objets physiques, et c’est un très bon point.
Le matériel contenu dans l’enveloppe de démonstration
En cas de besoin, la page « indices » du site web d’origine permet de ne jamais être totalement bloqué. Un seul bémol, on ne tombe pas forcément sur l’information que l’on cherche, et on risque de découvrir des informations trop avancées en cas de clic au mauvais endroit ! La page est rangée par « sous-énigmes », ce qui permet de limiter ce risque, mais d’un autre côté cela donne aussi la structure de l’énigme globale. Nous avons eu affaire une seule fois à cette page, pour nous rendre compte que nous n’avions pas développé suffisamment l’affichage d’une page intermédiaire du jeu, et nous n’avons rien révélé de crucial, juste de quoi se débloquer. Ouf !
Et là, poum. La chouette. Rouge.
Comme prévu. Un message de félicitations, nous avons réussi ! Comment, mais déjà ? 33 minutes et 38 secondes au chrono. C’est passé vite. Très vite. Trop vite !
Court, mais intense, et très plaisant !
Bon. Je ne vous le cacherais pas, l’expérience ne remplace pas le « vrai escape game » dans une série de salles équipées d’énigmes « physiques », et où la recherche et la réflexion sont vécues encore plus intensément, mais franchement tout le monde a vraiment apprécié cette mise en bouche. Car oui, on a vraiment envie de continuer, d’aller plus loin, de tâter du cadenas, de se faire encore plus mal aux cheveux ! Un vrai succès ! Tout est fluide, on retourne chaque objet des dizaines de fois, on avance régulièrement, sans blocage majeur (et au cas où, l’aide fait bien le boulot), la seule frustration étant d’avoir trouvé la chouette si vite finalement. La version complète du jeu annonce des parties de 3h (lu sur le communiqué de presse, entre 2h et 4h). M’est avis que 3h, si les énigmes tiennent aussi bien la route, ça devrait être vraiment une excellente expérience.
Par rapport au reste des essais « sur table » que j’ai pu faire (« Unlock » pour ne citer que lui), j’ai vraiment trouvé l’interaction très présente, et la manipulation des objets est un argument indéniable !
Si je devais donner des pistes d’améliorations, je pense que la gestion du temps pourrait être un plus. Pour le moment, aucune limite de temps n’est imposée, vous pouvez terminer le jeu comme bon vous semble, le mettre en pause si vous le souhaitez (sans possibilité de « sauvegarder » : il faut mettre le chrono en pause soi-même et s’y tenir), mais il n’y aucune sanction liée au temps.
Je ne sais pas si une limite imposée serait une bonne chose dans l’absolu, mais elle ferait quand même monter un peu plus la pression, et augmenterait un peu le challenge. Une version améliorée du chronomètre pourrait être mise en place (limiter les reset, arrêter automatiquement lors de la fin du jeu…), rien qui ne me semble irréalisable. Par contre, le temps de résolution peut être très fortement influencé selon les performances de votre moteur de recherche et les outils associés qui seront trouvés (casser un code avec une table double entrée est beaucoup plus long qu’avec un site qui se propose de le faire à votre place, sans trop en révéler…).
L’aide pourrait aussi être améliorée, avec peut-être le besoin de valider des étapes (là on peut directement afficher la conclusion si on le souhaite…), avec des indices qui se débloquent avec le temps, une structure plus liée aux objets. Enfin, quitte à être interactif, pourquoi ne pas permettre à chaque équipe de rentrer ses statistiques sur une base complète, et ainsi pouvoir jauger sa performance ?
Notons que le jeu a fait le pari de se passer totalement de maître du jeu, ce qui est un choix à la fois risqué et compréhensible. Certes, dans ce genre d’expérience on a tous envie de jouer plutôt que de masteriser, mais qui sait… Avoir un maître du jeu pourrait aider à fluidifier la progression dans l’énigme, et la gestion de l’aide. L’immersion serait encore plus intense (le recours à l’aide fait un peu sortir de l’histoire).
Notez que l’ambiance du jeu est à créer soi-même. La musique de fond proposée et le matériel aident un peu à se « mettre dedans », mais on reste quand même chez soi. À vous de faire quelques efforts ! Pour ma part je me suis un peu senti dans une ambiance type Dan Brown (Da Vinci Code, Inferno…), ce mélange de policier / biblique / mystique, mais je pense qu’on peut facilement en sortir. Pour peu que vous lanciez le jeu une après-midi radieuse avec les oiseaux qui chantent dehors, ça doit être un peu plus compliqué !
Bilan
Un très bon moment donc, passé avec 4 personnes aux profils assez différents. Je n’ai pas senti d’effet leader, chacun a pu participer, trouver des éléments que d’autres n’avaient pas vu, auxquels ils n’avaient pas pensé. C’était vraiment une très belle (grosse) demi-heure.
Le jeu est promis pour Noël, espérons qu’il pourra être sous le sapin (et s’il est là un peu avant, on ne lui en voudra pas !). Il ne reste plus qu’à attendre qu’il pointe son nez sur KS pour voir le niveau des offres proposées. Selon le résultat de la campagne, il est possible que l’épisode 1 fasse des petits, et se poursuive avec une nouvelle enquête, potentiellement préparée par d’autres auteurs.
Pour en savoir plus : la campagne est en cours jusqu’au 7 juillet.
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Mahg 06/06/2018
Cette idée de box mensuelle, c’est du putain de génie à classer dans la catégorie « Mais pourquoi personne n’y avait pensé avant? »
fouilloux 06/06/2018
Alors, faut quand même tenir sur la durée, et trouver des enigmes toujours intéressantes. Et ça, c’est à mon avis pas si évident que ça. parce qu’un truc comme ça, ça a vite fait d’être raté.
Mahg 06/06/2018
On est on ne peut plus d’accord! Faut avoir de quoi tenir au moins un an, soit 12 bonnes énigmes avant de proposer cette box je pense.
Adesco 07/06/2018
Merci de l’actu j’ai participé au KS
Espérons le sous le sapin !
Argyx Games 10/06/2018
Petite remarque pour @Mahg, pour éviter toute confusion:
le Kickstarter propose une escape box de durée longue (entre 2 et 4h, comme le précise bien Ziold (merci pour ton chouette article!), et on en créera une seconde l’an prochain, si celle-ci fonctionne. C’est comme tu le soulignes énormément de travail, en raison des énigmes mais surtout de tous les objets et docs qu’on fabrique pour le jeu.
Par ailleurs, à la rentrée, il y aura un abonnement bimensuel, puis mensuel: et là, tu recevras dans ta boîte aux lettres une enveloppe avec une énigme (l’équivalent de ce que Ziold a testé)! Plus d’infos sur le Kickstarter
Johanna, pour Argyx Games
JP Allain 25/06/2018
moins de 10% restant sur Kickstarter ! allez un petit effort