E.D.I.T.O. : Quand les illustrations annoncent la couleur

Haaa les covers ! Vous connaissez notre passion pour les illustrations de boîte ! Nous profitons de l’occasion donnée par le prix Ludia pour revenir un peu sur ce sujet. Le prix Ludia (j’en parlais ici) va en effet annoncer ses finalistes d’ici quelques jours. Patience !

 

Une belle cover, c’est une belle cover (ou pas)

Il ne s’agit pas uniquement de bon goût. Oui, il est possible d’estimer l’application dans la réalisation, d’apprécier la maîtrise du geste, de reconnaître l’originalité quand on la croise, de jouir des partis pris, de savourer les références… Et il y a aussi l’inconscient qui parle (ou qui hurle, ou reste muet) derrière chaque choix, de traits, de couleurs, de contrastes, de contours, de masses, de cadres, d’équilibres, de compositions…

Mais au-delà de ça, l’illustration sait-elle soutenir le gameplay tout en proposant un imaginaire captivant ? Sait-elle figurer ce qui va se dérouler autour de la table ? Annonce t-elle le public cible ? Car une illustration n’est pas juste une image, elle doit être le lien entre une idée et un regard, tout en respectant des contraintes fortes (liées à l’impression, au format de la boîte, à l’éventuelle charte de la gamme éditoriale ou des impératifs de la direction artistique quand il y en a une…). Tout ça, c’est de la technique, et pas juste une inspiration divine. 

Gammes chromatiques 

Avez-vous déjà remarqué comme les illustrations ont des codes couleurs dans le fabuleux monde du jeu de société moderne ? Prenez des jeux qu’on va qualifier ici – pour faire simple – d’Américains, ou d’Ameritrash si vous voulez : ils font souvent la part belle aux palettes sombres, tandis que les jeux qui tirent plus sur le style germain aiment le bleu, et les jeux familiaux chérissent les oranges. Les boîtes qui veulent marquer les esprits en se différenciant osent le blanc.

Mais non. Je blague. Il n’y a bien sûr aucune règle. Quoi que …

Les jeux américains et le noir. 

La signification marketing du noir : le mystère, les ténèbres, mais aussi la néant, et la mort. Et comme disait ma mère, ça se marie avec tout. 

 

Les jeux allemands et le bleu.

La signification marketing du bleu : la sagesse, la confiance, mais aussi le dirigisme et la froideur. 

L’orange familial

La signification marketing de l’orange : la proximité, la bienveillance, mais parfois considéré comme kitch. 

ubongo

Le modern white

La signification marketing du blanc : l’équilibre, la pureté. Un petit côté Apple en mode « Ceci est une révolution ». 

tokaido

Bon d’accord, je m’amuse je m’amuse.

Kawai ou pas

Mais on remarque tout de même bien que des grandes écoles de covers se dessinent, et évoluent. L’illustration à la française est d’ailleurs reconnue aujourd’hui comme étant la hype de la créativité, malgré une tendance au bonhomie-kawai un peu montré du doigt dernièrement. Tout est soudain devenu trop rond, jovial, enluminé, souriant. Ça sentait le piège. C’est trop meugnon pour être honnête. Envoyez-nous du rugueux, du tortueux, de l’Auberge Sanglante ou de l’Eric Sabee ! Ou, peut-être, juste un peu de renouveau… Et tout le monde sait qu’il y a suffisamment de talents qui traînent – ne serait-ce que du côté de la BD franco-belge – pour proposer des visions non encore explorées. 

 

Oui mais le renouveau, c’est hasardeux. On ne peut pas pondre des covers à la Abyss tout le temps non plus. Sortir des sentiers battus peut potentiellement mener nulle part. Les volontés tranchées s’adresseront à des niches. Viser la niche dans un marché de niche, c’est avoir du chien certes, mais ça ne paiera peut-être pas les factures. Quand on a un bon jeu, on n’a pas forcément envie de le risquer, sauf si on sait que le public nous suivra où qu’on aille… Bref, n’est pas Pearl games qui veut.

 

Gallery jaune

À l’heure où des jeux tel que Scythe balance des illustrations qui sont vendues en tableau, amusons-nous à sombrer du côté obscure de la force. Je sais. C’est mal. Mais allez, on est entre nous… Que dites-vous de ça ? 

moral-conflict-1939

 

Ou, plus connu, ça : 

 

wallenstein

 

Je crois que j’ai trouvé la pire cover de tous les temps :

 

global-conflict

 

Bon, d’accord, j’arrête. Je laisse à chacun le soin d’imaginer ce que cette dernière composition peut bien vouloir dire à l’inconscient collectif et je vous dis à très bientôt pour les résultats du prix Ludia !

 

 

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14 Commentaires

  1. fouilloux 14/09/2016
    Répondre

    Tiens c’est effectivement intéressant cette répartition en couleur.

    Alors pour moi la pire de tous les temps ça doit être la nouvelle de Saint Petersbourg. Les goûts, les couleurs tout ça.

    • Shanouillette 14/09/2016
      Répondre

      Ha oui, celle de St Petersbourg est assez remarquable. La première et la deuxième d’ailleurs.

      Pour les couleurs, je me suis amusée hein. On peut imaginer une ludothèque rangée par couleur comme ça. je suis sure que ça serait joli.

      • fouilloux 15/09/2016
        Répondre

        Avant c’est comme ça qu’étaient rangés les jeux à la triche.

  2. -Nem- 14/09/2016
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    Ah ah ah merci pour les trois dernières couvertures ! Elles sont terribles !!

    • Shanouillette 14/09/2016
      Répondre

      Héhé ! Moral conflict m’intrigue beaucoup j’avoue.

      • atom 15/09/2016
        Répondre

        Celui la c’est pas possible, on se demande ce que pensait l’illustrateur quand il l’a faite, car elle est plus que connotée …

      • motlockbob 15/09/2016
        Répondre

        On crée le off….le prix citron de la pire couv?…allez quoi !

  3. Guiz 15/09/2016
    Répondre

    Y a tellement d’exemple et de contre exemple que ça reste difficile à juger quand même ! Ma petite palme à Concordia, aussi bien le cover que le format de la boite ! Heureusement que le jeu est bon…

    • Shanouillette 15/09/2016
      Répondre

      tout à fait, je le répète, je me suis amusée, mais on peut aisément imaginer d’autres sélections qui viendraient contredire tout ça. Je pense néanmoins qu’il y a quelque chose concernant les palettes noires et les blanches.

  4. Fredovox 15/09/2016
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    Wallenstein : Oh my god, ils ont une table invisible sur laquelle ils ont posé une carte

  5. eolean 15/09/2016
    Répondre

    Enorme ces couv ! Dans le genre byzarre, il y a celle de Orléans je trouve. Il y a un chevalier bleu avec un heaume pour le moins étrange ! Quand on regarde sur le côté de la boite, on ne sait pas s’il fait face ou s’il est de dos ! Faudrait faire un sondage ^^

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