Décrocher la Lune, la tête dans les nuages

Ne vous êtes-vous jamais pris à rêver en observant cet astre à la forme et à la couleur changeantes ? À l’instar d’un mirage, la lune a toujours l’air si proche et si lointaine à la fois. Elle semble si mystérieuse, flottante dans un ciel qui n’a pourtant pas l’air d’avoir la force de la porter. Bien avant que l’homme ne l’atteigne en 1969, elle fut le fantasme de nombreux rêveurs. Dans mes souvenirs, mon premier contact réel avec cette demoiselle s’est fait par l’intermédiaire de Jules Verne et son célèbre ouvrage « De la Terre à la Lune ».

Heureusement pour moi, j’ai eu depuis des échanges plus intellectuels grâce aux Lapins Crétins qui cherchent désespérément à la toucher en cumulant un tas d’ordures dans « La Grosse Aventure » ou encore à « Moi moche et Méchant » dans lequel le super méchant Gru tente de s’en emparer.

 

 

Dans Décrocher la Lune, vous devrez empiler des échelles à partir d’un nuage, et trouver votre chemin dans cet enchevêtrement de barreaux sans faire perler des larmes de l’objet de vos désirs…

 

UN PLAN SANS ACCROC

Dans cette ascension vertigineuse vers l’astre céleste, il vous faudra être prudent et faire preuve de doigté afin d’atteindre les sommets : à vous baudriers, mousquetons, cordes… En réalité, inutile de vous encombrer de tout ce matériel : votre seul compagnon dans cette folle escalade sera l’échelle ! C’est d’ailleurs ce que contient en plus grand nombre, la boîte de jeu. Celle-ci comporte tout un lot d’échelles en bois pour la plupart fortement biscornues, probablement dessinées par l’architecte Numérobis.

On dispose également d’un dé à six faces, de larmes bleues, et d’un support en plastique représentant le nuage qui nous servira d’appui dans notre escapade lunaire.

Le matériel est de bonne facture et devrait nous permettre d’atteindre notre but avec un brin de réussite. Le thermoformage feutré est d’ailleurs impeccable. Cependant, il faut reconnaître que, contrairement à l’illustration de la boîte, il ne nous transporte pas immédiatement dans un monde de rêves et de poésies.

 

Heureusement, le livret de règles est beaucoup plus onirique et les dessins de Emmanuel Malin y sont grandement mis en valeur.

Les règles sont simples, accessibles et sans ambiguïté. On y retrouve même un astucieux carnet de figures qui permettra de se la raconter devant les copains : « Hier, j’ai réussi un Péché d’orgueil ! J’ai bien cru que ça n’allait jamais tenir mais l’équilibre était parfait ! ». C’est sûr, la réussite de certaines figures permettra au réveil, de briller en société !

 

Bref, c’est du beau boulot d’édition et quand on sait que la forme compte autant que le fond surtout quand on parle de poésie, on se dit que la moitié du chemin est déjà parcourue.

 

 

VERS L’INFINI ET AU-DELA

Décrocher la Lune est donc un jeu de dextérité (saupoudré d’un zeste de malice et de perfidie) dans lequel les joueurs vont à tour de rôle devoir lancer un dé et poser une échelle selon une contrainte imposée.

En début de partie, on met en place deux échelles droites dans les trous du socle « nuage » : cela permettra de varier les plaisirs en ayant des situations de départ diverses (on pourra également ajouter plus ou moins de difficulté de cette façon).

 

L’appui honteux – une figure bien pratique !

 

 

Après le lancer du dé, les rêveurs s’élèvent vers la lune en plaçant une échelle sur la structure existante en utilisant une seule main :

  • La face du dé montre une échelle : le nouvel élément ne doit toucher qu’une seule échelle déjà en place ;

  • La face du dé montre deux échelles : le nouvel élément doit toucher deux échelles déjà en place, ni plus, ni moins ;

  • La face du dé montre une lune : le nouvel élément doit toucher une ou deux échelles déjà en place et son point le plus haut doit dépasser toutes les autres !

 

Dans le cas où, une fois l’élément lâché, la contrainte n’a pu être respectée ou que des éléments touchent la table ou le nuage, la lune attristée par la maladresse des rêveurs, verse une larme : on donne alors un jeton au joueurs fautif.

La partie se termine lorsque la septième larme a été donnée. Le joueur qui reçoit ce dernier jeton est éliminé, et celui qui en cumule le moins est le gagnant !

 

TOUCHER LES ETOILES

Difficile de dire si cet opus de Bombyx restera ou non dans l’histoire des jeux ou s’il décrochera un convoité prix ludique. En tout cas, après quelques parties, force est de constater qu’on se rapproche des étoiles. Accessible dès six ans, jouable de 2 à 6 rêveurs, avec un temps de partie n’excédant pas les 20 minutes, Décrocher la lune possède un joli potentiel pour s’imposer dans les familles.

Depuis quelques temps, j’avoue que je tournais relativement en rond avec des opus familiaux convenus et peu originaux, qui ne parvenaient pas à m’émouvoir ou à me donner une quelconque envie d’y revenir.

C’est finalement en revenant aux fondamentaux, avec un jeu qui m’a évoqué certaines scènes avec mes grands-parents lors de mémorables parties de Mikado étant enfant (fibre nostalgique touchée), que j’ai retrouvé du plaisir sur un jeu dit familial.

Ce jeu est donc une vraie réussite ludique à mon sens, passée peut-être un peu en dessous des radars des joueurs. Si vous appréciez les jeux d’équilibre et que vous avez su conserver votre âme d’enfance, alors Décrocher la Lune se fera une place de choix dans votre ludothèque.

 

 

 Merci à LSD graph pour les illustrations de l’article.

 

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1 Commentaire

  1. Karpot 19/11/2017
    Répondre

    Effectivement ce jeu est une véritable perle ludique qui n’apparait pas avant d’y avoir jouer…Je l’ai d’ailleurs acheté sans vraiment y croire mais il suffit d’une partie pour en tomber amoureux tellement il est beau et onirique.

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