…and then we held hands, un peu de poésie dans ce monde de brutes

Le jeu de société est un objet culturel presque comme un autre. Il peut aborder des thèmes sérieux, voire intimes, et même faire une excursion dans la poésie. Sur ce point, ils ne sont pas si nombreux que ça à s’y essayer. C’est pourtant le cas du jeu dont je vais vous parler aujourd’hui. Il s’agit de …and then, we held hands. Rien que le titre est déjà poétique. Enfin, sauf quand on le prononce, nous français, ce qui est tout de suite compliqué. Et ça n’aide pas pour parler du jeu. Je fais d’ailleurs l’abréger dans la suite par « … And then… ». Mais voyons un peu de quoi il retourne.

Toi, plus moi, plus des cartes des jetons et un plateau

Le thème de … And then... est celui de la relation entre deux personnes en train de se détériorer et qu’il va falloir reconstruire. Moi qui l’avais présenté avant de le recevoir comme « un jeu qui parle de la relation entre deux personnes, hey, chérie ça doit être sympa à jouer tous les deux. », je me suis senti un peu bête quand il a fallu préciser que c’était une relation « en train de se détériorer ». Mais passons. Les joueurs vont donc devoir passer par différents états émotionnels afin de réparer leur relation et finir par se retrouver et donc, se tenir la main.

En pratique, on joue sur un plateau composé de cases colorées disposées en trois cercles concentriques reliés entre elles.
Chaque couleur représente un état émotionnel simple (joie, tristesse, calme, énervement).
Chaque joueur va déplacer un pion de case en case, à l’aide de cartes, en atteignant certains objectifs, et ils devront finir par se rejoindre au centre du plateau.

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À première vue, le matériel n’est pas ouf. Les cartes, illustrées par Marie Cardouat, collent parfaitement au thème et sont plutôt de bonne qualité. Hélas, les couleurs choisies se ressemblent beaucoup et on aura du mal à différencier parfois le bleu du vert. Il y a bien des symboles qui viennent en renfort mais hélas encore, ils sont aussi de formes pas toujours évidentes à différencier. Le plateau lui, n’a pas l’air parti pour tenir longtemps le choc au niveau des pliures, et si les pions sont ici des billes en verres plates, elles sont trop grosses par rapport à la taille des cases et on s’y perd parfois. Bref, pas glop comme premier contact.

Bon, mais et le jeu en détails ?

 

Donne moi la main que je ne la prenne pas

En détails, pour gagner le jeu, les joueurs vont devoir remplir 24 objectifs, 8 sur chacun des cercles du plateau, tout ça, sans parler. Du moins sans parler du jeu.

Au début de la partie, les joueurs n’ont accès qu’au cercle extérieur. Les objectifs sont des cartes représentants un état émotionnel simple. Pour remplir l’objectif en cours, il suffit qu’un joueur finisse son tour sur une carte correspondant à l’état émotionnel en question. Dans la suite, je parlerai de couleur pour parler d’état émotionnel simple, ce sera plus, eh bien, plus simple.

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Des cartes objectifs

À son tour, un joueur se déplace d’autant de cases qu’il le souhaite/le peut, avec un minimum de 1 déplacement. Il faut dire que s’il ne le peut pas, la partie est perdue.
Pour se déplacer, un joueur peut utiliser une des cartes posée devant lui ou devant son partenaire. La carte utilisée doit afficher la couleur de la case vers lequel le joueur veut déplacer son pion. Bien sûr, il faut que celle-ci soit adjacente.

Les cartes des joueurs correspondent à des états émotionnels complexes, c’est-à-dire qu’elles sont une association de deux couleurs, une sur chaque bord. Mais un seul des bords sera visible, en fonction d’où se trouve le pion du joueur sur le plateau : s’il est dans la moitié gauche, ce sera le bord gauche de ses cartes qui sera visible. En changeant de côté, il change ainsi les couleurs proposées par ses cartes.

Les cartes ne sont néanmoins pas récupérées comme ça par l’opération du Saint-Esprit. Un joueur commence la partie avec 6 cartes devant lui. Il ne pourra en piocher de nouvelles que s’il est dans un état « émotionnel équilibré » à la fin de son tour. C’est dans cet état qu’il peut évaluer sereinement la situation, et donc piocher des cartes.

En pratique, chaque joueur a devant lui une petite piste d’équilibre émotionnel. Chaque fois qu’il jouera une carte d’émotion positive, il se déplacera vers la droite de cette piste, et vers la gauche s’il joue une carte avec une des deux émotions négatives. Le joueur est dans un état équilibré s’il est bien sûr sur la case du milieu de cette piste. Mais cette piste ne sert pas qu’à ça, puisque si un joueur est à une des extrémités, il ne peut plus se déplacer vers une case qui le ferait sortir de la piste. Voilà une difficulté supplémentaire dans le jeu !

Pour gagner, il faut que les joueurs arrivent l’un après l’autre dans la zone centrale, et leur dernier déplacement doit les amener à l’équilibre. Attention, ils doivent obligatoirement y rentrer en deux tours consécutifs, sinon c’est perdu.

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Ici par exemple, le bleu ne plus aller ni sur une case bleue ou verte

 

Quand parfois je ne suis pas, ce que tu attends de moi

Lorsque j’ai présenté le jeu, ma femme était très emballée, notamment par la poésie du thème. On a fait une première partie qui s’est vite soldée par un échec. Hop, on a remis ça pour voir, en se disant qu’en s’éloignant moins du centre ça devait être plus facile. Et paf victoire. Du coup, la magie s’est complètement dissipée.

Au final, le jeu est très mécanique, et on oublie très (trop) vite le thème. De plus, il y a peu de choix à faire et ceux-ci s’avèrent souvent évidents. On peut même avoir des séries de tours où un seul des joueurs sera chargé de remplir les objectifs, et l’autre qui reste au centre pour avoir un large éventail de cartes à lui proposer.

Et puis voilà, victoire à la deuxième partie ? Certes, on n’est pas des lapins de trois semaines en matière de jeu, mais quand même. Bon, il existe des modes qui accroissent la difficulté, avec des objectifs à remplir en mettant les deux joueurs sur la même case. Le jeu à l’air ainsi beaucoup plus difficile. Mais aussi peut-être plus hasardeux.

Faire un jeu avec un thème poétique n’est pas évident. Peut-être que je n’y ai pas été sensible ici, et que j’en demandais trop au jeu.
Dommage. 

Fiche de jeu

Un jeu de David Chircop, Yannick Massa
Illustré par Marie Cardouat
Edité par LudiCreations
Langue et traductions : Anglais
Date de sortie : 10-2015
Pour 2 joueurs seulement
A partir de 12 ans
Durée d’une partie entre 30 et 45 minutes

 

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5 Commentaires

  1. TheGoodTheBadAndTheMeeple 04/05/2017
    Répondre

    Je dirais… pas mieux sur la conclusion. Une partie a Essen sur un stand up, et une victoire… j’ai pas bien compris la subtilité. J’ai vite oublié.

  2. znokiss 04/05/2017
    Répondre

    Ouaip, pareil ici, testé 2x, ça m’a pas passionné.

  3. motlockbob 04/05/2017
    Répondre

    ah ben moi qui croyait que c était un jeu sur les oiseaux…..

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